De Panama à Groenland, un Trump provocateur réitère ses visées expansionnistes

Photo d'archives du président américain Donald Trump (REUTERS)
Photo d'archives du président américain Donald Trump (REUTERS)
Short Url
Publié le Mercredi 08 janvier 2025

De Panama à Groenland, un Trump provocateur réitère ses visées expansionnistes

  • Le président élu a déjà affirmé à plusieurs reprises vouloir reprendre le canal de Panama, construit par les États-Unis et inauguré en 1914, si le prix des péages pour les navires américains n'était pas réduit.
  • Juste avant Noël, le président élu avait également jugé que le contrôle du Groenland était « une nécessité absolue » pour « la sécurité nationale et la liberté à travers le monde ».

PALM BEACH, ETATS-UNIS : Lors d'une conférence de presse décousue et provocatrice, Donald Trump a répété  mardi ses ambitions d'annexer le canal de Panama et le Groenland, par la force si besoin, suscitant des réponses fermes des pays concernés.

Ce rendez-vous avec la presse, qui se tenait depuis sa résidence Mar-a-Lago en Floride, était censé porter sur un investissement émirati pour construire de nouveaux centres de données aux États-Unis. Mais le futur président américain a rapidement évacué cette question pour aborder de nombreux sujets pendant plus d'une heure.

Comme à l'accoutumée, il est difficile de distinguer les annonces réelles des exagérations dans ses déclarations fracassantes.

Interrogé sur sa capacité à garantir qu'il n'aurait pas recours aux forces armées pour annexer le canal de Panama, artère vitale du transport maritime mondial, et le Groenland, territoire autonome du Danemark, Donald Trump a répondu : « Je ne peux pas vous l'assurer, sur aucun des deux. »

Le président élu a déjà affirmé à plusieurs reprises vouloir reprendre le canal de Panama, construit par les États-Unis et inauguré en 1914, si le prix des péages pour les navires américains n'était pas réduit.

Il a de nouveau fustigé mardi l'accord passé en 1977 par le président Jimmy Carter, qui a abouti à un transfert du contrôle du canal au Panama en 1999.

« Pas négociable »

« Ils ne nous traitent pas de manière juste. Ils font payer nos navires plus cher que ceux des autres pays », a lancé Donald Trump.

« Ils se moquent de nous parce qu'ils pensent que nous sommes stupides. Mais nous ne sommes plus stupides à présent », a-t-il encore déclaré.

Mais la souveraineté du Panama sur ce canal « n'est pas négociable », lui a répondu Javier Martinez-Acha, le ministre des Affaires étrangères de ce pays d'Amérique centrale.

Juste avant Noël, le président élu avait également jugé que le contrôle du Groenland était « une nécessité absolue » pour « la sécurité nationale et la liberté à travers le monde ».

Mardi, il a exhorté le Danemark à « renoncer » à ce territoire autonome.

Son fils, Donald Trump Jr., se trouvait alors au Groenland pour une visite privée à titre privé.

« Le Groenland est aux Groenlandais », a insisté la Première ministre danoise Mette Frederiksen à la télévision, à l'arrivée de Donald Trump Jr à l'aéroport de Nuuk.

Donald Trump a également menacé de faire usage de la « force économique » contre le Canada, qu'il accuse d'être un allié « subventionné » par les États-Unis pour sa protection.

Peu après l'annonce de la démission de Justin Trudeau, Premier ministre canadien, lundi, Donald Trump avait estimé que le Canada devrait « fusionner » avec les États-Unis, une remarque qui irrite les Canadiens.

- « Golfe de l'Amérique » -

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, lui a répondu que le Canada ne reculerait « jamais face aux menaces », tandis que Justin Trudeau a ajouté : « Jamais, au grand jamais, le Canada ne fera partie des États-Unis. »

Ce qui n'a pas empêché Donald Trump de poster, quelques heures plus tard, sur son réseau Truth Social, une carte des États-Unis incluant le Canada.

Le milliardaire républicain a aussi relancé ses accusations envers l'OTAN, dont il n'a jamais caché faire peu de cas, répétant à l'envi que ses membres ne contribuent pas suffisamment pour bénéficier de la protection des États-Unis.

Selon lui, les États membres doivent accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB, alors que les 2 % actuellement requis. « Ils peuvent tous se le permettre », a-t-il ajouté.

Autre annonce choc, a priori plus symbolique : Donald Trump a affirmé que les États-Unis changeraient le nom du golfe du Mexique en « golfe de l'Amérique » dès son retour à la Maison Blanche, le 20 janvier.

Il a ensuite fustigé le Mexique, l'accusant de laisser des millions de personnes se déverser dans son pays, en référence à la traversée de la frontière sud par des milliers de migrants clandestins.

Donald Trump s'en est également pris aux éoliennes en mer, « qui rendent les baleines folles », ainsi qu'au chauffage électrique. Selon lui, la chaleur du chauffage au gaz est « bien meilleure » et ne provoque pas de « démangeaisons ». 


En Corée du Sud, Yoon n'assistera pas à la première audience de son procès pour destitution, mardi

Des manifestants pour et contre Yoon Suk Yeol se sont rassemblés presque quotidiennement dans la capitale sud-coréenne depuis le début de la crise. (AFP)
Des manifestants pour et contre Yoon Suk Yeol se sont rassemblés presque quotidiennement dans la capitale sud-coréenne depuis le début de la crise. (AFP)
Short Url
  • Yoon Suk Yeol s'est retranché dans la résidence présidentielle et est protégé par une garde d'élite.
  • La Cour constitutionnelle a prévu cinq dates de procès, du 14 janvier au 4 février.

SEOUL : Le président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol n'assistera pas à la première audience de son procès pour destitution, qui démarre mardi à la Cour constitutionnelle, a indiqué dimanche l'un de ses avocats, invoquant des inquiétudes relatives à la « sécurité ».

« Des inquiétudes concernant la sécurité et de potentiels incidents ont émergé. Le président ne pourra donc pas assister au procès, prévu le 14 janvier. Le président a l'intention de se présenter (...) une fois que les problèmes de sécurité seront résolus », a expliqué Me Yoon Kab-keun dans un communiqué transmis à l'AFP.

Yoon Suk Yeol a été destitué par le Parlement pour avoir tenté d'imposer la loi martiale début décembre, dans un coup de force rapidement contrecarré par les députés. La Cour constitutionnelle a été saisie de son cas le 14 décembre, dans la foulée de l'adoption d'une motion contre lui par l'Assemblée nationale, et a jusqu'à la mi-juin pour confirmer ou infirmer cette décision.

La juridiction a fixé cinq audiences entre le 14 janvier et le 4 février. Le procès se déroulera comme prévu, même en l'absence de M. Yoon.

Les anciens présidents sud-coréens concernés, Park Geun-hye (destituée et emprisonnée) et Roh Moo-hyun (réinvesti), n'ont jamais assisté à leurs procès.

Yoon Suk Yeol, âgé de 64 ans, est sous le coup d'un mandat d'arrêt et de plusieurs enquêtes, dont une pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort.

Il échappe pour le moment aux enquêteurs qui cherchent à l'appréhender et à l'interroger, retranché à son domicile et protégé par sa garde. Il avait auparavant assuré qu'il comparaîtrait lors de son procès.


Le procureur spécial qui a instruit les procédures contre Trump a quitté le ministère de la Justice

Cette combinaison d'images créées le 2 octobre 2024 montre l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump lors d'un événement de campagne à Milwaukee, Wisconsin, le 1er octobre 2024 ; et l'avocat spécial Jack Smith s'exprimant au ministère de la Justice des États-Unis à Washington, DC, le 1er août 2023. (Photo AFP)
Cette combinaison d'images créées le 2 octobre 2024 montre l'ancien président des États-Unis et candidat républicain à la présidence Donald Trump lors d'un événement de campagne à Milwaukee, Wisconsin, le 1er octobre 2024 ; et l'avocat spécial Jack Smith s'exprimant au ministère de la Justice des États-Unis à Washington, DC, le 1er août 2023. (Photo AFP)
Short Url
  • Fin novembre, le procureur spécial avait recommandé et obtenu l'arrêt des poursuites fédérales contre Donald Trump pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020.
  • Après consultations, le ministère de la Justice a conclu que sa politique, en vigueur depuis le scandale du Watergate en 1973, consistant à ne pas poursuivre un président en exercice, « s'applique à cette situation » inédite, avait-il expliqué.

WASHINGTON : Jack Smith, le procureur spécial qui a instruit les deux procédures fédérales contre Donald Trump, a quitté le ministère de la Justice après avoir transmis son rapport au ministre, Merrick Garland, selon des documents judiciaires publiés samedi.

Fin novembre, le procureur spécial avait recommandé et obtenu l'arrêt des poursuites fédérales contre Donald Trump pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020, et pour rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Après consultations, le ministère de la Justice a conclu que sa politique, en vigueur depuis le scandale du Watergate en 1973, consistant à ne pas poursuivre un président en exercice, « s'applique à cette situation » inédite, avait-il expliqué.

Il a en revanche finalisé et transmis le 7 janvier son rapport confidentiel sur son instruction de ces deux dossiers au ministre de la Justice.

Le ministre compte rendre public le volume du rapport consacré aux accusations d'ingérence électorale en 2020 et le transmettre au Congrès.

Il a toutefois indiqué qu'il ne publierait pas le volume consacré à la rétention de documents classifiés par Donald Trump dans sa propriété Mar-a-Lago après son départ de la Maison Blanche. Il justifie cette décision par le fait d'éviter de « porter préjudice » à ses deux coprévenus, qui restent poursuivis dans ce dossier, ses deux assistants personnels.

Jack Smith, cible privilégiée des attaques de Donald Trump, a quitté le ministère de la Justice vendredi, selon les documents judiciaires présentés samedi devant le tribunal fédéral de Floride compétent dans cette affaire.

Ce tribunal a bloqué provisoirement la publication du rapport à la demande des deux coprévenus de Donald Trump, mais le ministère de la Justice a fait appel de cette décision. 


En Allemagne, des manifestants ont retardé un congrès de l'AfD

Des policiers sécurisent la zone alors que des manifestants bloquent une route pour protester contre un congrès du parti d'extrême droite allemand Alternative pour l'Allemagne (AfD), le 11 janvier 2025 à Riesa, dans l'est de l'Allemagne (la banderole indique : « Empêchez le fascisme - résistez maintenant ». (Photo AFP)
Des policiers sécurisent la zone alors que des manifestants bloquent une route pour protester contre un congrès du parti d'extrême droite allemand Alternative pour l'Allemagne (AfD), le 11 janvier 2025 à Riesa, dans l'est de l'Allemagne (la banderole indique : « Empêchez le fascisme - résistez maintenant ». (Photo AFP)
Short Url
  • Plusieurs milliers de manifestants rassemblés sous le slogan « Non aux nazis ! » dans l'est de l'Allemagne ont retardé samedi  le début du congrès du parti d'extrême droite AfD, organisé en vue des élections législatives.
  • « Notre protestation est efficace : le congrès fédéral de l'AfD ne peut pas commencer », a déclaré sur le réseau X le groupe d'action Widersetzen (« Résister »), qui coordonne la mobilisation.

RIESA, ALLEMA GNE : Plusieurs milliers de manifestants rassemblés sous le slogan « Non aux nazis ! » dans l'est de l'Allemagne ont retardé samedi  le début du congrès du parti d'extrême droite AfD, organisé en vue des élections législatives, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les manifestants convergent vers le centre des congrès de Riesa, une ville située entre Leipzig et Dresde, où le parti d'extrême droite se réunit tout le week-end pour adopter son programme électoral.

La police a indiqué s'attendre à environ 10 000 manifestants, décrivant un rassemblement globalement calme, mais avec des points « dynamiques » où des manifestants ont tenté de forcer des barrages.

Les différents convois mis en place par les organisateurs perturbent les accès à la commune de quelque 30 000 habitants, dans le but d'empêcher les 600 délégués du parti de rallier le lieu de réunion.

Peu avant 12 heures locales (11 heures GMT), le congrès avait pris du retard et n'avait pas pu démarrer, selon un journaliste de l'AFP et les images retransmettant l'événement.

« Notre protestation est efficace : le congrès fédéral de l'AfD ne peut pas commencer », a déclaré sur le réseau X le groupe d'action Widersetzen (« Résister »), qui coordonne la mobilisation.

Les organisateurs ont fait état de l'utilisation par les forces de l'ordre de gaz poivré et de coups contre des groupes de manifestants.

« Aujourd'hui, nous remplissons les rues de Riesa de diversité, de solidarité et d'ouverture, et nous nous rassemblons en masse devant les accès au congrès de l'AfD », ajoute Widersetzen.

Parmi les milliers de manifestants rassemblés dans un froid mordant et criant « Non aux nazis », Julia explique à l'AFP être venue pour dénoncer un parti synonyme « d'exclusion, de comportement discriminatoire, de haine et d'agitation ».

« Nous voulons montrer très clairement que nous sommes la majorité, que nous sommes en faveur de l'ouverture des frontières, d'une société solidaire, d'une société du plus grand nombre », a ajouté cette jeune fille d'une vingtaine d'années qui a souhaité garder l'anonymat.

À Riesa, les délégués de l'AfD vont confirmer la candidature de leur co-présidente, Alice Weidel, comme candidate pour la chancellerie, et adopter une feuille de route qui prévoit notamment une sortie de l'UE et de l'euro, ainsi qu'une ligne dure en matière de politique migratoire.

Selon les sondages, l'AfD est crédité de la deuxième place aux élections du 23 février, avec un score situé entre 18 et 21 % des voix, derrière les conservateurs du camp CDU/CSU autour de 30 %, mais devant les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz autour de 16 %, et les Verts à 13 %. La droite comme la gauche ont exclu de s'allier avec l'extrême droite.