Liban: 22 morts dans le sud, l'accord de trêve avec Israël prolongé, annonce Washington

L'armée, qui se redéploie au fur et à mesure qu'Israël se retire, a annoncé dimanche soir qu'elle "continuait d'accompagner les habitants". (AFP)
L'armée, qui se redéploie au fur et à mesure qu'Israël se retire, a annoncé dimanche soir qu'elle "continuait d'accompagner les habitants". (AFP)
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Publié le Lundi 27 janvier 2025

Liban: 22 morts dans le sud, l'accord de trêve avec Israël prolongé, annonce Washington

  • Israël a affirmé que ses soldats avaient lancé "des tirs de sommation pour éliminer des menaces dans plusieurs zones où des suspects ont été identifiés en train de s'approcher des troupes", ajoutant avoir "appréhendé des suspects"
  • Les Casques bleus, qui ont estimé que les conditions d'un retour des habitants n'étaient "pas encore réunies", ont déclaré qu'il était "impératif d'éviter toute détérioration supplémentaire de la situation"

BOURJ-EL MOULOUK: L'accord de cessez-le-feu au Liban a été prolongé jusqu'au 18 février, ont annoncé les Etats-Unis, après que des centaines d'habitants du sud du Liban ont tenté de retourner dans leurs villages dimanche, certains toujours occupés par les forces israéliennes qui ont tiré dans leur direction et fait 22 morts selon les autorités libanaises.

Des correspondants de l'AFP ont vu des convois de dizaines de voitures, où flottaient les drapeaux jaunes du Hezbollah, converger vers des villages dévastés par la guerre entre l'armée israélienne et le mouvement pro-iranien.

L'armée israélienne a tiré dans plusieurs localités frontalières sur "des citoyens qui tentaient de revenir dans leurs villages", faisant 22 morts, dont un soldat libanais et six femmes, et 124 blessés, selon le ministère libanais de la Santé.

Israël a affirmé que ses soldats avaient lancé "des tirs de sommation pour éliminer des menaces dans plusieurs zones où des suspects ont été identifiés en train de s'approcher des troupes", ajoutant avoir "appréhendé des suspects".

Les Casques bleus, qui ont estimé que les conditions d'un retour des habitants n'étaient "pas encore réunies", ont déclaré qu'il était "impératif d'éviter toute détérioration supplémentaire de la situation" et appelé l'armée israélienne à "éviter de tirer sur des civils en territoire libanais".

En vertu de l'accord qui a mis fin le 27 novembre à la guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien, l'armée israélienne était censée avoir achevé dimanche son retrait du sud du Liban où seuls l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU pourront être déployés. Mais Israël a annoncé vendredi que l'opération se poursuivrait au-delà de cette date, affirmant que l'accord n'a pas été totalement appliqué par le Liban.

La Maison Blanche a finalement annoncé dimanche la prolongation de "l'accord entre le Liban et Israël, supervisé par les Etats-Unis, (...) jusqu'au 18 février 2025", dans un bref communiqué.

"Le gouvernement libanais réaffirme son engagement (..) à poursuivre la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu jusqu'au 18 février 2025", a confirmé tôt lundi le Premier ministre libanais Najib Mikati dans un communiqué, après s'être concerté avec le président Joseph Aoun et le chef du Parlement Nabih Berri "au sujet (..) des résultats des contacts menés avec la partie américaine chargée de superviser l'accord".

"Nous allons revenir" 

Dans une première réaction officielle, le Hezbollah, sorti affaibli de la guerre, a salué "un jour glorieux" et une "scène de fierté écrite par le grand peuple de la résistance (à Israël, ndlr) qui prouve à nouveau son attachement profond à sa terre".

Le mouvement a appelé les pays garants de l'accord à "assumer leurs responsabilités face aux violations et aux crimes de l'ennemi israélien, et à l'obliger à se retirer entièrement".

Un mécanisme de surveillance réunissant la France, les Etats-Unis, le Liban, Israël et les Casques bleus a été mis en place pour surveiller l'application de l'accord.

Un correspondant de l'AFP a vu des centaines d'habitants dans la ville de Bint Jbeil se rassembler dans la rue principale pour prier collectivement, avant de se diriger en cortège vers les villages voisins.

Selon lui, des dizaines d'habitants de la localité frontalière de Maïss al-Jabal se sont dirigés à pied vers le village dévasté, où l'armée israélienne est toujours déployée.

Ils brandissaient des portraits de l'ancien chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, tué par Israël fin septembre, et des photos de leurs proches qui ont péri durant la guerre.

"Nous allons revenir dans nos villages et l'ennemi israélien va partir, même si cela fera des martyrs", a affirmé à l'AFP Ali Harb, un jeune homme de 27 ans qui tentait de revenir dans le village dévasté de Kfarkila.

Parallèlement au retrait israélien, l'accord prévoit que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire restante dans le sud.

Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait appelé sur X les habitants du sud à "attendre" avant de revenir.

"Accompagner les habitants" 

Le président libanais Joseph Aoun a invité les habitants à faire preuve de "sang-froid" et à "avoir confiance en l'armée libanaise", "soucieuse d'assurer votre retour en sécurité dans vos foyers et vos villages".

L'armée, qui se redéploie au fur et à mesure qu'Israël se retire, a annoncé dimanche soir qu'elle "continuait d'accompagner les habitants".

Elle a ajouté "se tenir à leurs côtés pour les protéger face aux attaques israéliennes", accusant l'armée israélienne de "refuser de respecter le cessez-le-feu et de se retirer" du territoire libanais.

Le président français Emmanuel Macron a demandé au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'un entretien au téléphone, de "retirer ses forces encore présentes au Liban", selon l'Elysée.

Il s'agit du plus grave développement depuis l'élection de Joseph Aoun, soutenu par la communauté internationale, le 9 janvier.

Disant agir en soutien au Hamas, le Hezbollah avait ouvert un front contre Israël au lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza. Ce front avait dégénéré en guerre ouverte en septembre dernier.

 


Trois personnes tuées par une attaque israélienne dans le nord du Liban

Le Liban a fait état mardi de trois personnes tuées par une attaque israélienne près de la ville de Tripoli, où l'armée israélienne a dit avoir tué un activiste du Hamas, le premier dans le nord du pays depuis la trêve avec le Hezbollah. (AFP)
Le Liban a fait état mardi de trois personnes tuées par une attaque israélienne près de la ville de Tripoli, où l'armée israélienne a dit avoir tué un activiste du Hamas, le premier dans le nord du pays depuis la trêve avec le Hezbollah. (AFP)
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  • L'attaque est intervenue alors que des négociations indirectes de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas se déroulent au Qatar et que cinq soldats israéliens ont été tués au combat à Gaza, dans l'une des journées les plus meurtrières
  • Une deuxième attaque israélienne a fait un mort mardi soir dans le sud du Liban, a indiqué le ministère de la Santé libanais, précisant qu'elle a été menée à l'aide d'un drone sur une voiture à Babliyé

BEYROUTH: Le Liban a fait état mardi de trois personnes tuées par une attaque israélienne près de la ville de Tripoli, où l'armée israélienne a dit avoir tué un activiste du Hamas, le premier dans le nord du pays depuis la trêve avec le Hezbollah.

L'attaque est intervenue alors que des négociations indirectes de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas se déroulent au Qatar et que cinq soldats israéliens ont été tués au combat à Gaza, dans l'une des journées les plus meurtrières pour l'armée israélienne dans le territoire palestinien cette année.

Une deuxième attaque israélienne a fait un mort mardi soir dans le sud du Liban, a indiqué le ministère de la Santé libanais, précisant qu'elle a été menée à l'aide d'un drone sur une voiture à Babliyé.

Israël continue de bombarder au Liban malgré la trêve conclue en novembre avec le Hezbollah, affirmant viser principalement les sites et combattants du mouvement libanais, mais aussi, à l'occasion, des membres de son allié palestinien, le Hamas.

A propos de l'attaque dans le nord du Liban, l'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "éliminé le terroriste Mehran Moustafa Baajur", qu'elle présente comme "l'un des principaux commandants du Hamas au Liban", dans une frappe aérienne.

Elle fait savoir qu'elle "continuera d'agir contre l'implantation du Hamas au Liban et poursuivra ses opérations contre les terroristes du Hamas, où qu'ils se trouvent".

Au Liban, le ministère de la Santé a indiqué qu'une attaque israélienne contre un véhicule avait fait "trois morts et 13 blessés", dans une zone proche d'un camp de réfugiés palestiniens.

Un photographe de l'AFP a vu une voiture incendiée entourée par des secouristes et des passants.

Le Hamas a revendiqué des attaques contre Israël depuis le Liban au cours de plus d'un an d'hostilités transfrontalières initiées par le Hezbollah en octobre 2023, en soutien au mouvement palestinien.

Israël a visé des membres du Hamas au Liban, y compris après la trêve.

En mai, le Hamas a annoncé la mort de l'un de ses commandants lors d'une attaque sur la ville méridionale de Saïda, Israël affirmant avoir visé "le chef des opérations de la Brigade occidentale du Hamas au Liban".

Les attaques israéliennes dans le sud du Liban sont fréquentes, mais les raids dans le nord restent rares.

En octobre, le Hamas avait indiqué qu'un de ses membres, ainsi que sa femme et ses deux filles, avaient été tués dans une attaque sur leur maison dans le camp de réfugiés palestiniens de Beddawi, près de Tripoli. L'armée israélienne avait dit viser "un haut responsable de la branche militaire du Hamas au Liban".

Les dirigeants libanais se sont engagés à imposer le monopole de l'Etat sur la détention des armes, tout en exigeant qu'Israël respecte la trêve de novembre.

Plus tôt mardi, l'armée israélienne a annoncé avoir tué deux membres du Hezbollah la veille dans le sud du Liban.


Gaza: le Qatar dit «avoir besoin de temps» pour parvenir à un accord de cessez-le-feu

20 personnes tuées, dont six enfants, dans deux raids aériens israéliens menés peu après minuit sur le territoire palestinien. (AFP)
20 personnes tuées, dont six enfants, dans deux raids aériens israéliens menés peu après minuit sur le territoire palestinien. (AFP)
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  • Deux trêves en novembre 2023 et début 2025, déjà négociées sous médiation du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, avaient permis le retour d'otages en échange de la libération de prisonniers palestiniens
  • Mais Israël a repris les combats en mars, faute d'accord sur la poursuite du cessez-le-feu

DOHA: Le Qatar, pays médiateur, a dit mardi "avoir besoin de temps" pour que les discussions indirectes en cours à Doha entre Israël et le Hamas aboutissent à un accord de cessez-le-feu après 21 mois de guerre à Gaza.

Au troisième jour de négociations indirectes entre Israël et le Hamas à Doha en vue d'une trêve assortie de la libération d'otages israéliens, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, Majed al-Ansari a indiqué que les médiateurs parlaient "séparément" avec les deux délégations "pour établir un cadre pour les discussions".

"Je ne pense pas pouvoir donner de calendrier à ce stade, mais je peux dire qu'on a besoin de temps pour ça", a-t-il dit à des journalistes qui l'interrogeaient sur l'issue des discussions.

Deux trêves en novembre 2023 et début 2025, déjà négociées sous médiation du Qatar, de l'Egypte et des Etats-Unis, avaient permis le retour d'otages en échange de la libération de prisonniers palestiniens.

Mais Israël a repris les combats en mars, faute d'accord sur la poursuite du cessez-le-feu.


Le prince héritier saoudien rencontre le ministre iranien des Affaires étrangères

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi et sa délégation au palais Al-Salam à Djeddah mardi. (SPA)
Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi et sa délégation au palais Al-Salam à Djeddah mardi. (SPA)
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  • Les dirigeants discutent des liens et de la stabilité régionale
  • Le prince Mohammed exhorte au dialogue et à la diplomatie comme moyens de résoudre les différends

DJEDDAH : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi et sa délégation au palais Al-Salam à Jeddah mardi, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Leur rencontre s'inscrit dans le cadre des efforts continus visant à renforcer les liens entre les deux pays et à naviguer dans un paysage régional turbulent.

Au cours de la réunion, le prince Mohammed et M. Araghchi ont passé en revue l'état des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran et ont échangé leurs points de vue sur les récents développements dans la région.

Le prince héritier a souligné que le Royaume espérait que l'accord de cessez-le-feu actuel entre l'Iran et Israël contribuerait à jeter les bases d'une sécurité et d'une stabilité régionales renforcées.

Réaffirmant le soutien de longue date de l'Arabie saoudite aux solutions diplomatiques, le prince héritier a souligné l'importance du dialogue pour résoudre les différends régionaux et réduire les tensions.

Pour sa part, M. Araghchi a exprimé sa gratitude pour la position du Royaume dans la condamnation de l'agression israélienne et a salué l'engagement personnel du prince Mohammed dans la promotion de la paix et de la stabilité au Moyen-Orient.

Plusieurs hauts responsables saoudiens ont assisté à la réunion, notamment le ministre de la défense, le prince Khalid bin Salman bin Abdulaziz, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan bin Abdullah, et le conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban.

Plus tôt dans la journée, le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a reçu son homologue iranien à La Mecque, où les deux responsables ont également discuté des relations bilatérales et exploré les moyens d'encourager la coopération régionale.

Leurs entretiens ont porté sur l'évolution de la situation dans la région et sur les efforts mutuels visant à préserver la sécurité et la stabilité.