L'Arabie saoudite en tête du CCG pour les émissions de dette et de Sukuk en dollars, ce qui stimule la croissance régionale

Fitch s'attend à ce que le Royaume joue un rôle central dans l'émission de dette et de sukuk en dollars américains en 2025 et 2026. (Shutterstock)
Fitch s'attend à ce que le Royaume joue un rôle central dans l'émission de dette et de sukuk en dollars américains en 2025 et 2026. (Shutterstock)
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Publié le Samedi 15 février 2025

L'Arabie saoudite en tête du CCG pour les émissions de dette et de Sukuk en dollars, ce qui stimule la croissance régionale

  • L'Arabie saoudite détient la plus grande part du marché de la dette du Conseil de coopération du Golfe, avec 44,8% des émissions en cours, selon Fitch Ratings
  • L'Arabie saoudite, avec les Émirats arabes unis, possède le paysage financier le plus mature, les deux pays étant en tête des émissions de Sukuk et d'obligations

RIYAD : L'Arabie saoudite détient la plus grande part du marché de la dette du Conseil de coopération du Golfe, avec 44,8% des émissions en cours, selon Fitch Ratings.

L'agence américaine affirme que le total du DCM du CCG a dépassé la barre des 1 000 milliards de dollars à la fin du mois de janvier, reflétant une croissance de 10% en glissement annuel, toutes devises confondues.

L'Arabie saoudite, avec les Émirats arabes unis, possède le paysage financier le plus mature, les deux pays étant en tête des émissions de Sukuk et d'obligations.

Fitch s'attend à ce que le Royaume joue un rôle central dans l'émission de dette et de Sukuk en dollars américains en 2025 et 2026, car les institutions financières et les entreprises saoudiennes se tournent de plus en plus vers les marchés internationaux de la dette pour diversifier leurs sources de financement, les banques à elles seules devant émettre plus de 30 milliards de dollars de dette libellée en dollars américains cette année.

Dans un autre rapport publié au début du mois, Fitch s'attend à ce que le marché des capitaux d'emprunt de l'Arabie saoudite atteigne 500 milliards de dollars d'ici à la fin de 2025, grâce aux efforts de diversification économique déployés dans le cadre de Vision 2030.

Le marché des capitaux de la dette, qui implique la négociation de titres tels que les obligations et les billets à ordre, est un mécanisme essentiel pour lever des capitaux à long terme pour les entreprises et les gouvernements.

Dans son dernier rapport, Fitch Ratings a confirmé que "la chute des prix du pétrole pourrait entraîner une nouvelle croissance du DCM, car la baisse des recettes publiques pourrait conduire à une augmentation des emprunts."

Le rapport explique également que la réduction prévue des taux d'intérêt de la Réserve fédérale américaine en 2025 devrait créer un environnement de financement plus favorable, les banques centrales du CCG étant susceptibles de suivre le mouvement.

L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, en particulier, devraient bénéficier de cette tendance, renforçant ainsi leur position de centres financiers régionaux et mondiaux.

Le rôle croissant du CCG sur les marchés mondiaux de la dette

Le CCG représentait un quart de l'ensemble de la dette des marchés émergents en dollars américains émise en 2024, à l'exclusion de la Chine, l'Arabie saoudite, la Turquie et les Émirats arabes unis étant en tête...

Les émissions de DCM en dollars du CCG ont augmenté de 65,8% en 2024 pour atteindre 133,4 milliards de dollars, soulignant la dépendance croissante de la région à l'égard des marchés internationaux de la dette. Les nouvelles règles de passeportage des fonds du CCG pourraient améliorer les opportunités d'investissement dans le cadre du DCM.

Les Sukuk sont restés un outil de financement clé, représentant 40% du DCM total du CCG en janvier. L'Arabie saoudite et ses homologues régionaux ont contribué à plus de 40% de l'émission mondiale de Sukuk, les volumes du CCG augmentant de 43% par rapport à l'année précédente en 2024 pour atteindre 87,5 milliards de dollars.

Notamment, près de 80% des Sukuk du CCG notés par Fitch sont de bonne qualité, la majorité entrant dans la catégorie "A", tandis que le reste se répartit entre les notations AA, BBB, BB et B.

La plupart des émetteurs sont notés "perspective stable", les autres étant principalement notés "positive". Les banques islamiques ont joué un rôle crucial dans l'écosystème des Sukuk, à la fois en tant qu'émetteurs et en tant qu'investisseurs, renforçant ainsi le leadership du Royaume dans le domaine de la finance islamique.

Des défis tels que la complexité de la conformité à la Charia pourraient avoir un impact sur la structuration et l'émission de Sukuk, a averti Fitch.

L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis dominent le marché de la dette ESG

Le marché de la dette environnementale, sociale et de gouvernance du CCG a dépassé les 50 milliards de dollars d'encours d'émissions à la fin du mois de janvier, selon l'agence de notation.

L'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont dominé ce segment, la dette ESG représentant 7,3% du total des émissions de dette en dollars du Royaume en 2024.

Les émissions de dette ESG représentaient également une part non négligeable (17%) des émissions de dette en dollars aux Émirats arabes unis.

"La dette ESG pourrait aider les émetteurs à répondre à la demande des investisseurs internationaux des États-Unis, d'Europe et d'Asie qui sont sensibles aux questions ESG", a déclaré Fitch.

Défis et perspectives d'avenir

Malgré son expansion rapide, le DCM du CCG est confronté à des obstacles, notamment une base d'investisseurs dominée par les banques, une préférence pour le financement bancaire par rapport au financement par le marché des capitaux, et une émission limitée de dette en monnaie locale en dehors de l'Arabie saoudite.

Le marché du Royaume, libellé en riyals, est le plus développé de la région, mais "a encore une marge de croissance", selon Fitch.

Le Koweït est devenu le troisième plus grand émetteur de dette en dollars du CCG en 2024, avec un total de 13,6 milliards de dollars, mené par les banques. Et ce, malgré l'absence de loi sur la dette publique, qui permettrait d'emprunter de manière souveraine.

Historiquement, les émissions en dollars du Koweït ont été sporadiques et rares, avec seulement 11,8 milliards de dollars émis entre 2018 et 2023. "Le nouveau gouvernement du Koweït prévoit de réviser les lois sur les liquidités afin de faciliter les emprunts sur le marché des capitaux, mais le calendrier est incertain", a confirmé Fitch.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.