Levée des sanctions en Syrie: un enjeu vital pour l'avenir du pays

Le dialogue national syrien a marqué un moment important dans la transition politique du pays, mais les sanctions imposées par les États-Unis entravent la reprise économique et nuisent aux Syriens fatigués par la guerre. (AFP)
Le dialogue national syrien a marqué un moment important dans la transition politique du pays, mais les sanctions imposées par les États-Unis entravent la reprise économique et nuisent aux Syriens fatigués par la guerre. (AFP)
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Publié le Mardi 04 mars 2025

Levée des sanctions en Syrie: un enjeu vital pour l'avenir du pays

  • La reconstruction syrienne suspendue aux décisions occidentales
  • Les experts alertent sur les risques d'un retour au conflit

LONDRES: À la veille du dialogue national syrien organisé à Damas le 25 février, l'Union européenne a posé un geste significatif en levant partiellement les sanctions imposées au régime déchu de Bachar el-Assad.

Toutefois, la suppression complète et durable de l'ensemble des sanctions reste incertaine, les dirigeants occidentaux demeurant sceptiques quant à la mise en place d'une administration véritablement inclusive et réformatrice.

Le 24 février, Bruxelles a annoncé la suspension immédiate des restrictions visant les secteurs pétrolier, gazier, électrique et des transports syriens, tout en assouplissant l'interdiction des relations bancaires pour faciliter les transactions humanitaires, la reconstruction et les échanges énergétiques.

Cinq entités financières - la Banque industrielle, la Banque populaire de crédit, la Banque d'épargne, la Banque coopérative agricole et les Lignes aériennes arabes syriennes - ont été retirées de la liste de gel des avoirs, permettant aux fonds d'atteindre la banque centrale syrienne.

Cette décision est intervenue la veille du lancement du dialogue national par le gouvernement intérimaire syrien, lors duquel le président Ahmad Al-Sharaa, nommé en décembre pour diriger jusqu'au 1er mars, s'est engagé à constituer un gouvernement transitoire inclusif.

Légende: Les agences d'aide et les économistes avertissent que de nouveaux retards dans la levée des sanctions pourraient faire plus de mal que de bien. (AFP)
Les agences d'aide et les économistes avertissent que de nouveaux retards dans la levée des sanctions pourraient faire plus de mal que de bien. (AFP)

Al-Sharaa et son groupe armé, Hayat Tahrir Al-Sham (HTS), qui a renversé le régime d'Assad le 8 décembre après une offensive éclair depuis Idlib, ont présenté ce forum comme une étape cruciale vers la démocratie et la reconstruction.

Malgré les critiques dénonçant une préparation précipitée, l'événement a réuni environ 600 délégués et marqué une avancée significative vers l'élaboration d'une nouvelle constitution, la réforme des institutions et une feuille de route économique.

Pour que ces initiatives aboutissent, organisations de défense des droits et experts appellent à la levée des sanctions pesant sur la Syrie, particulièrement les restrictions américaines, condition préalable indispensable à la reprise économique, sociale et politique.

"La levée des sanctions est aujourd'hui cruciale pour favoriser une transition politique stable et pacifique en Syrie," affirme, à Arab News, Nanar Hawach, analyste senior pour la Syrie à l'International Crisis Group.
 
Ibrahim Al-Assil, chercheur principal au Middle East Institute, souligne que "reconstruire la classe moyenne syrienne est essentiel pour toute transition politique significative" - un objectif irréalisable sans allègement des sanctions.

"La dévastation économique limite considérablement la capacité des Syriens à participer à la transition politique," explique-t-il.

 "Les sanctions ont gravement endommagé l'économie syrienne et paralysé le fonctionnement de la société. Prolonger ces mesures risque de compromettre la fragile transition du pays et pourrait anéantir les efforts visant à construire un avenir stable et inclusif."

"Les Syriens ont besoin de soutien, pas de restrictions économiques prolongées, pour avancer," ajoute-t-il.
Human Rights Watch alerte également sur le fait que les sanctions occidentales "entravent la reconstruction et aggravent les souffrances de millions de Syriens qui peinent à accéder à des droits fondamentaux, comme l'électricité et un niveau de vie décent."

En février, l'organisation rapportait que plus de la moitié des Syriens manquaient d'accès à une alimentation adéquate, tandis qu'au moins 16,5 millions nécessitaient une aide humanitaire.

Des enfants syriens remplissent leurs seaux d'eau dans un camp pour personnes déplacées internes près de Sarmada, dans la province syrienne d'Idlib au nord. (AFP)

"Il est extrêmement difficile d'évaluer la gravité réelle de la situation," confie Karam Shaar, chercheur principal au New Lines Institute for Strategy and Policy.

 "Sans levée des sanctions ou injection massive de fonds étrangers, comme l'a promis le Qatar, la situation pourrait imploser à tout moment."

Les préoccupations concernant la poursuite des sanctions américaines ont récemment conduit Doha à reporter le versement de fonds destinés au secteur public syrien, qui devait bénéficier d'une augmentation salariale de 400%.

L'UE fait également preuve de prudence, précisant dans sa déclaration du 24 février que la pérennité de l'allègement des sanctions dépendra des performances du gouvernement intérimaire. Bruxelles avertit que ces mesures pourraient être réimposées si les nouvelles autorités syriennes ne mettent pas en œuvre les réformes nécessaires.

"Si tout ne se déroule pas comme prévu, nous sommes prêts à rétablir les sanctions," prévient Kaja Kallas, haute représentante de l'UE pour les affaires étrangères, ajoutant que "tout gouvernement doit être pleinement inclusif et prendre en compte l'ensemble des composantes de la société syrienne."

Alors qu'un gouvernement technocratique n'a pas été formé comme prévu le 1er mars, Al-Sharaa a annoncé le 2 mars la création d'un comité de sept membres chargé d'élaborer une constitution provisoire.

"Le nouveau dirigeant syrien fait face au défi colossal de concilier les attentes des factions libérales et ultraconservatrices," analyse Camille Otrakji, expert syro-canadien. "Bien que les inclinations personnelles d'Al-Sharaa le rapprochent des conservateurs, il ne peut ignorer les recommandations pressantes de ses interlocuteurs occidentaux et arabes modérés."

"Jusqu'à présent, sa réponse reste largement symbolique - nomination de représentants chrétiens au sein des comités et invitation de groupes minoritaires aux sessions de dialogue," observe-t-il, soulignant que "ces gestes symboliques ne suffiront pas."

Selon des sources médiatiques, la formation du gouvernement pourrait être repoussée jusqu'à fin mars, voire au-delà, retardant potentiellement l'assouplissement de nouvelles sanctions.

Organismes humanitaires et économistes mettent en garde contre les conséquences néfastes de nouveaux délais dans la levée des sanctions, particulièrement durant cette phase critique de transition.

Des tentes abritant des réfugiés syriens sont photographiées dans un camp à Arsal, dans l'est du Liban, avant d'être démantelées pour le retour en Syrie. (AFP)
Des tentes abritant des réfugiés syriens sont photographiées dans un camp à Arsal, dans l'est du Liban, avant d'être démantelées pour le retour en Syrie. (AFP)

"Plutôt qu'une attitude attentiste qui risquerait de compromettre cette opportunité historique pour une nouvelle Syrie, les gouvernements occidentaux devraient lever les sanctions dès maintenant, sous condition que le pays poursuive dans une voie respectueuse des droits," préconise Kenneth Roth, ancien directeur exécutif de Human Rights Watch.

"Malgré quelques assouplissements, notamment pour l'aide humanitaire, les sanctions persistantes constituent un obstacle majeur au progrès économique," ajoute Roth, dont l'ouvrage "Righting Wrongs" s'ouvre sur un chapitre consacré à Idlib. "Si nous célébrons la chute du brutal régime d'Assad, la Syrie demeure néanmoins dans une situation précaire."

Humam Aljazaeri, conseiller économique syrien, partage cet avis : "Nous comprenons la volonté internationale de conditionner la levée des sanctions aux progrès politiques, notamment vers un gouvernement représentatif, mais il pourrait bientôt être trop tard."

Hawach de l'International Crisis Group met en garde contre le risque d'une reprise des hostilités en l'absence d'allégement des restrictions économiques et commerciales.

"Après plus d'une décennie de conflit, les nouveaux dirigeants sont confrontés à l'immense défi de reconstruire les institutions et stabiliser l'économie," souligne-t-il. "Si la Syrie veut avoir une chance de réussir, elle a besoin d'un allégement des sanctions, faute de quoi le pays risque de sombrer dans de nouveaux cycles de violence."

Tout en reconnaissant que "les efforts européens pour assouplir les sanctions vont dans la bonne direction," Al-Assil du Middle East Institute rappelle que "les sanctions américaines demeurent l'obstacle principal. Sans leur levée, les autres gouvernements et institutions financières hésiteront à s'engager avec la Syrie."

Le dirigeant intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, rend visite à des habitants d'un camp abritant des personnes déplacées par la guerre civile. (AFP)
Le dirigeant intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Sharaa, rend visite à des habitants d'un camp abritant des personnes déplacées par la guerre civile. (AFP)

La Syrie subit des sanctions occidentales depuis plus de quatre décennies, les plus sévères ayant été imposées après la répression du soulèvement populaire de 2011 et l'utilisation présumée d'armes chimiques contre des civils.

 

Ces mesures comprennent de vastes restrictions commerciales et financières, ainsi que le gel ciblé d'avoirs et des interdictions de déplacement.

Les sanctions américaines, particulièrement rigoureuses, interdisent pratiquement toutes les transactions commerciales et financières avec Damas, hormis une aide humanitaire limitée. La loi César, promulguée en 2019, a étendu ces restrictions aux entreprises étrangères collaborant avec le régime.

Après plus de 13 ans de guerre civile, environ 90% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le conflit a ravagé les infrastructures essentielles - écoles, hôpitaux, routes, réseaux hydrauliques et électriques - paralysant les services publics et provoquant l'effondrement de l'économie.

Malgré la chute d'Assad le 8 décembre, la majorité des sanctions occidentales demeurent en vigueur, entravant la reconstruction post-conflit.

Le 6 janvier, le Trésor américain a émis la licence générale n°24 (GL 24) pour la Syrie, autorisant les transactions avec le gouvernement transitoire, allégeant les restrictions sur les opérations énergétiques et permettant le traitement des transferts de fonds personnels.

Valable jusqu'au 7 juillet 2025, cette licence pourrait être prolongée selon l'évolution de la situation, a indiqué le Trésor américain le 27 février.

EN CHIFFRES 
•    250 milliards de dollars Coût projeté de la reconstruction de la Syrie.
•    923 milliards de dollars Coût estimé de la guerre civile syrienne. (Sources : HRW et PNUD)

"Le plus urgent serait de réactiver les transactions financières avec la Syrie," estime Shaar du New Lines Institute. "Actuellement, malgré la GL 24 américaine et les exemptions européennes, aucune mesure n'est suffisante pour réintégrer le secteur bancaire syrien dans le système mondial. C'est l'enjeu principal."

Otrakji se montre pessimiste quant à un assouplissement significatif des sanctions américaines à court terme. "Tout recul majeur reste improbable dans l'immédiat. L'histoire nous enseigne que les sanctions, une fois instaurées, tendent à perdurer - celles imposées à l'Irak après l'invasion du Koweït en 1990 sont restées largement en place pendant deux décennies, avec seulement un allègement partiel accordé en 2010 et un assouplissement supplémentaire en 2013."

Malgré les préoccupations quant aux effets contre-productifs d'une conditionnalité trop stricte, les responsables occidentaux souhaitent voir l'administration dirigée par HTS honorer ses engagements d'inclusivité et de protection des différentes communautés ethniques et religieuses.

De nombreux Alaouites, Chrétiens, Druzes et Kurdes craignent pour leur avenir face aux informations faisant état de représailles et de violences sectaires depuis la prise de pouvoir de HTS et ses alliés.

"Al-Sharaa tient un discours inclusif et respectueux des droits," reconnaît l'ancien directeur de Human Rights Watch. "Néanmoins, son passé extrémiste et la présence de nombreux djihadistes au sein de HTS sont indéniables."

L'assouplissement des sanctions est vital pour le redressement de la Syrie et pour aider sa population à surmonter une décennie de dévastation économique. (AFP)
L'assouplissement des sanctions est vital pour le redressement de la Syrie et pour aider sa population à surmonter une décennie de dévastation économique. (AFP)

HTS, issu du Front al-Nosra, est désigné comme organisation terroriste par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU adoptée en 2015. Anciennement affilié à Al-Qaïda, le groupe a depuis rompu avec les extrémistes, et Al-Sharaa prône désormais la coexistence.

"La question est de savoir quelle direction prendra Al-Sharaa," s'interroge Roth. "Sa capacité à résister aux pressions extrémistes dépendra largement de son aptitude à apporter des améliorations économiques concrètes aux Syriens, mais les sanctions, initialement destinées à Assad et non au nouveau gouvernement, constituent un obstacle majeur."

Si les sanctions occidentales visaient à empêcher le régime déchu de commettre des violations des droits humains, elles ont considérablement aggravé les conditions de vie des Syriens ordinaires. Leur maintien après la chute d'Assad ne fait qu'approfondir la crise.

Avant son renversement, le régime bénéficiait du soutien de ses alliés politiques, principalement l'Iran et la Russie, offrant un certain répit à un pays dévasté par la guerre. L'évolution de cette dynamique ces trois derniers mois pourrait avoir créé un vide, rendant d'autant plus urgente la levée des sanctions occidentales.

"Avant sa chute, le régime s'appuyait sur un réseau de commerçants, d'affidés et sur le soutien politique de ses alliés pour contourner les sanctions," explique le conseiller économique Aljazaeri. "Cela permettait au gouvernement de maintenir une certaine stabilité économique, notamment grâce à l'approvisionnement continu en ressources énergétiques."

Des forces de sécurité dépendant du gouvernement transitoire syrien patrouillent dans les rues de Dummar, une banlieue de la capitale syrienne Damas. (AFP)
Des forces de sécurité dépendant du gouvernement transitoire syrien patrouillent dans les rues de Dummar, une banlieue de la capitale syrienne Damas. (AFP)

"Bien que cette stabilité ait été progressivement compromise par une corruption grandissante et des politiques économiques défaillantes, particulièrement après 2019, elle contribuait néanmoins à préserver le statu quo," poursuit-il.

"Aujourd'hui, en l'absence de ce réseau et de ces intermédiaires, que ce soit pour maintenir les flux financiers ou l'approvisionnement en produits essentiels, notamment en énergie et en blé, et malgré le large soutien politique dont bénéficie l'administration actuelle, l'économie et, par conséquent, la stabilité sociale et politique sont exposées à un risque croissant de fragmentation."

"Dans ce contexte, lever les sanctions, même progressivement mais substantiellement, est absolument crucial pour atteindre un certain équilibre."

Hawach de l'International Crisis Group souligne également l'importance d'assouplir les sanctions pour le redressement de la Syrie et l'amélioration des conditions de vie de sa population.

"L'allègement de ces restrictions stimulerait non seulement la reprise économique et réduirait la dépendance à l'économie informelle, mais renforcerait également la gouvernance, offrant aux Syriens de meilleures conditions de vie et davantage d'opportunités."

"Pour le peuple syrien, la levée des sanctions se traduirait par des améliorations concrètes dans leur quotidien."

Si l'analyste Otrakji reconnaît l'importance cruciale de lever les sanctions pour la reconstruction syrienne, il souligne que cette mesure seule "ne suffira pas à reconstruire le pays et sa société."

"La nouvelle administration de Damas doit prendre l'initiative - mais cela comporte des risques considérables," conclut-il, ajoutant que tout échec dans cette nouvelle orientation "révélerait les profondes divisions entre Syriens, qui restent polarisés et meurtris après 14 années de conflit."

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com  


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com