Arabie saoudite : Les transactions de capital-investissement enregistre 2,8 milliards de dollars en 2024

Le marché du capital-investissement en Arabie saoudite en 2024 a été fortement influencé par les tendances sectorielles, l'industrie des télécommunications et des communications captant la plus grande part de la valeur totale des investissements. (Dossier)
Le marché du capital-investissement en Arabie saoudite en 2024 a été fortement influencé par les tendances sectorielles, l'industrie des télécommunications et des communications captant la plus grande part de la valeur totale des investissements. (Dossier)
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Publié le Mercredi 05 mars 2025

Arabie saoudite : Les transactions de capital-investissement enregistre 2,8 milliards de dollars en 2024

  • Le marché saoudien du capital-investissement a atteint un total de 2,8 milliards de dollars d'investissements répartis sur 15 transactions en 2024
  • Malgré la contraction générale du marché, les transactions de capital-investissement axées sur la croissance ont été le segment le plus actif

RIYAD : Le marché saoudien du capital-investissement a atteint un total de 2,8 milliards de dollars d'investissements répartis sur 15 transactions en 2024, maintenant ainsi son échelle de plusieurs milliards de dollars malgré un ralentissement, selon le dernier rapport de MAGNiTT.

Cela représente une baisse de 27 % en glissement annuel par rapport aux 3,9 milliards de dollars enregistrés en 2023, signalant un changement dans l'allocation des capitaux dans un contexte économique en évolution. Le nombre de transactions de capital-investissement a également chuté de manière significative, enregistrant une baisse de 60 % par rapport aux 37 transactions de l'année précédente.

Ce recul intervient après trois années consécutives de croissance entre 2020 et 2023, période durant laquelle le marché a affiché un taux de croissance annuel composé de 67 %. Des facteurs tels que la hausse des taux d'intérêt, les pressions inflationnistes, les fluctuations des prix du pétrole et les tensions géopolitiques régionales ont contribué au ralentissement observé en 2024.

Philip Bahoshy, PDG de MAGNiTT, a déclaré à Arab News que le marché saoudien du capital-investissement avait connu une « croissance significative » entre 2020 et 2024, avec une augmentation de la valeur des investissements, passant de 215 millions de dollars en 2020 à un sommet de 3,9 milliards de dollars en 2023.

« L’année 2024 a enregistré une baisse de 27 % en valeur d’investissement et une chute de 60 % du volume des transactions, en raison d’une réorientation du marché vers des opportunités de croissance de moyenne envergure de meilleure qualité, plutôt que des rachats à grande échelle », a-t-il expliqué.

Malgré la contraction générale du marché, les transactions de capital-investissement axées sur la croissance ont été le segment le plus actif, représentant 67 % des transactions en 2024, contre 43 % l'année précédente. En revanche, les transactions de rachat, qui dominaient en 2023, ont connu une baisse brutale de 76 %, leur part dans l’ensemble des transactions de capital-investissement chutant de 57 % à 33 %.

Ce changement reflète une préférence croissante des investisseurs pour les entreprises en phase d’expansion ayant un fort potentiel de croissance, plutôt que pour des rachats axés sur le contrôle. L’évolution de la valeur des investissements souligne également cette transition.

Bien que les rachats aient encore représenté la plus grande part du capital-investissement, avec 82 % en 2024, ils ont enregistré une baisse significative de 39 % en glissement annuel, atteignant 2,3 milliards de dollars. À l’inverse, les investissements en phase de croissance, qui ne représentaient que 18 % de la valeur totale du capital-investissement, ont connu une progression notable, après n’avoir compté que pour 1 % en 2023. Cela suggère une orientation vers des investissements minoritaires et en phase d’expansion dans la répartition des transactions.

Philip Bahoshy, PDG de MAGNiTT, prévoit que le marché saoudien du capital-investissement se stabilisera au cours des cinq prochaines années, évoluant d’une forte volatilité entre 2020 et 2024 vers un paysage d’investissement plus mature et stable.

« À l’avenir, plusieurs facteurs influenceront le marché du capital-investissement, notamment une participation accrue des institutions, alors que des fonds souverains comme le PIF continueront d’ancrer les investissements en capital-investissement aux côtés d’un nombre croissant de LPs (limited partners) régionaux et internationaux », a-t-il déclaré.

Répartition sectorielle
Le marché du capital-investissement en Arabie saoudite en 2024 a été fortement influencé par des tendances sectorielles spécifiques, avec l'industrie des télécommunications et des communications captant la plus grande part de la valeur totale des investissements. Le secteur a attiré 2,3 milliards de dollars d'investissements en capital-investissement, représentant 81,8 % du financement total du capital-investissement.

Cette hausse a été largement alimentée par une importante transaction de rachat impliquant Telecom Towers Co., soulignant la confiance continue des investisseurs dans l'infrastructure des télécommunications du Royaume.

Au-delà des télécommunications, le secteur de la durabilité a émergé comme le deuxième plus grand bénéficiaire des investissements en capital-investissement, obtenant 225 millions de dollars, soit 8 % du total des financements.

Le secteur de la santé suit avec 190 millions de dollars d'investissements, représentant 6,7 % du total, bénéficiant à la fois des transactions de croissance du capital-investissement et des rachats, avec 188 millions de dollars spécifiquement alloués aux investissements en croissance. Les transports et la logistique ont obtenu 83 millions de dollars (2,9 %), tandis que les services financiers ont enregistré l'activité d'investissement la plus faible parmi les cinq principaux secteurs, attirant 17 millions de dollars, soit 0,6 % du total.

Bien que les télécommunications dominent en termes de valeur d’investissement, le volume des transactions dans le secteur raconte une histoire différente. Le secteur de l’alimentation et des boissons a été le plus actif en termes de nombre de transactions, enregistrant trois opérations, toutes étant des rachats. Le secteur de la santé a également enregistré trois transactions, réparties entre deux transactions de croissance et un rachat. Les services financiers ainsi que les transports et la logistique ont chacun enregistré deux transactions, représentant 13,3 % de l’activité totale du capital-investissement. L’éducation, bien que représentant une part plus modeste en termes de financement, a comptabilisé une transaction, soit 6,7 % du total des opérations de capital-investissement.

La répartition globale des transactions de capital-investissement en 2024 reflète une transition stratégique vers des secteurs alignés sur les objectifs de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite. Si les rachats ont dominé en termes d’allocation de capitaux, captant 82 % du total des financements en capital-investissement, les transactions de croissance du capital-investissement ont représenté près de la moitié (47 %) du volume total des opérations dans les secteurs clés.

Cette tendance suggère un appétit croissant des investisseurs pour les entreprises de taille moyenne et en phase d’expansion, notamment dans les domaines de la durabilité, de la santé et des services financiers.

Philip Bahoshy a souligné que la diversification sectorielle jouera un rôle clé dans l'évolution du marché du capital-investissement saoudien.

« Les télécommunications, la santé et les services financiers restent dominants, tandis que les secteurs émergents comme la durabilité et la logistique attireront probablement davantage de capitaux. »

La participation continue des fonds souverains, l'amélioration de la réglementation et les investissements étrangers devraient renforcer ces tendances, ouvrant la voie à un marché du capital-investissement plus stable et mature dans les années à venir, a-t-il ajouté.

« De plus, la maturité réglementaire et la profondeur du marché, où les réformes et les initiatives de la Vision 2030 favorisent la transparence et les investissements étrangers, permettront un écosystème plus fluide pour les sorties et le développement de marchés secondaires », a-t-il déclaré.

Taille des transactions
La taille des transactions reflète également l’évolution du paysage du capital-investissement en Arabie saoudite. Les transactions comprises entre 10 millions et 200 millions de dollars sont restées le principal moteur du marché saoudien du capital-investissement, bien que leur part soit passée de 72 % en 2023 à 58 % en 2024.

Parallèlement, la proportion des transactions supérieures à 200 millions de dollars a rebondi, atteignant 29 % en 2024, contre 14 % en 2023.

Paysage de l’investissement
« L’écosystème d’investissement en Arabie saoudite est en pleine transformation stratégique, porté par la Vision 2030, les réformes réglementaires et une participation institutionnelle croissante », a déclaré Bahoshy.

Il a souligné que le capital privé, englobant le capital-investissement, le capital-risque et la dette à risque, joue un rôle complémentaire dans l’évolution du paysage financier du pays.

Alors que le capital-investissement se concentre sur l'expansion des entreprises matures, le capital-risque reste un moteur essentiel de l'innovation à un stade précoce, en particulier dans les domaines de la fintech et du commerce électronique.

Le financement en capital-risque en Arabie saoudite a atteint un sommet de 1,3 milliard de dollars en 2023, avant de redescendre à 750 millions de dollars en 2024. Dans le même temps, la dette à risque émerge comme une solution de financement alternative pour les startups.

À mesure que l’écosystème d’investissement saoudien se maturera, l’interaction entre le capital-investissement, le capital-risque et les véhicules d’investissement alternatifs jouera un rôle clé dans la diversification économique à long terme et l’optimisation des capitaux.

« À mesure que le capital-investissement arrive à maturité et que les fusions-acquisitions se multiplient, les startups financées par le capital-risque disposeront de meilleures options de liquidité, ce qui renforcera le cycle d'investissement », a expliqué Bahoshy.

L’évolution du marché saoudien du capital-investissement révèle une approche plus mesurée et stratégique de l’allocation des capitaux, positionnant le pays pour une croissance stable et durable à long terme.

« Le paysage de l'investissement en Arabie saoudite évolue vers un écosystème à plusieurs niveaux où le capital-investissement favorise l'expansion, le capital-risque encourage l'innovation et les véhicules d'investissement alternatifs apportent liquidité et diversification », a déclaré Bahoshy.

« L’interaction entre ces trois piliers sera essentielle pour soutenir la diversification économique à long terme, améliorer l’efficacité du capital et renforcer la confiance des investisseurs », a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.