L'artiste saoudienne Rana Alsaggaf : "J'espère que mon travail incitera les gens à explorer ces lieux"

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Publié le Jeudi 20 mars 2025

L'artiste saoudienne Rana Alsaggaf : "J'espère que mon travail incitera les gens à explorer ces lieux"

  • Rana Alsaggaf s'est taillé une place à part sur la scène artistique saoudienne grâce à ses croquis complexes de monuments du Royaume
  • Alsaggaf présente "Sacred Journeys" (Voyages sacrés) à la biennale, qui se tient jusqu'au 25 mai

DJEDDAH : Rana Alsaggaf s'est taillé une place à part sur la scène artistique saoudienne grâce à ses croquis complexes de monuments du Royaume. Avec une formation en architecture d'intérieur et des maîtrises en entrepreneuriat et innovation ainsi qu'en gestion internationale de l'art et de la culture, sa pratique est profondément ancrée dans les connaissances techniques et la passion pour le patrimoine.

Récemment, elle a eu l'honneur de présenter son travail à la deuxième édition de la Biennale des arts islamiques à Djeddah, une expérience qu'elle qualifie à la fois de significative et d'humiliante.

"C'est l'occasion de présenter mon travail dans un espace qui célèbre l'intersection de la foi, de la culture et de l'expression artistique", a-t-elle déclaré à Arab News.

Alsaggaf présente "Sacred Journeys" (Voyages sacrés) à la biennale, qui se tient jusqu'au 25 mai. Il s'agit d'une collection d'œuvres qui racontent visuellement le voyage de Djeddah à La Mecque, un chemin emprunté par des millions de pèlerins. Elle a été installée au Pilgrims Gateway (passerelle des pèlerins) de l'aéroport de Djeddah, un lieu qui résonne naturellement avec l'œuvre.

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Porte de Bab Al-Salam. (Fourni)

"Cette route est plus qu'une simple route, c'est une transition vers une expérience sacrée", explique Alsaggaf. "En dessinant ses principaux points de repère, j'ai voulu mettre en évidence les passerelles que les pèlerins empruntent pour se rendre à La Mecque. J'espère que mon travail incitera les gens à explorer ces lieux et à se rapprocher de leur histoire d'une manière qui soit tangible et pertinente aujourd'hui."

Le processus artistique d'Alsaggaf commence toujours par une exploration de première main. Elle visite les sites, fait des croquis sur place lorsque c'est possible et affine ses compositions en se concentrant sur la perspective, les détails architecturaux et les émotions que ces lieux évoquent. La recherche joue également un rôle clé dans son travail ; elle se plonge dans l'histoire de chaque site, découvrant des anecdotes qui ajoutent de la profondeur à l'expérience.

Pour renforcer ce lien, elle joint à chaque œuvre une carte qui donne des informations sur le lieu. En conservant une palette de couleurs minimale, elle s'assure que l'accent est mis sur la forme, l'histoire et le caractère de chaque point d'intérêt.

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"Mur d'enceinte historique de Djeddah" par Rana Alsaggaf. (Fourni)

Alsaggaf a choisi de mettre en valeur les portes de pèlerinage en raison de leur importance historique et fonctionnelle, ainsi que de leur lien étroit avec l'emplacement de la Biennale d'art islamique.

"Ces portes marquent des points d'entrée importants pour les voyageurs et les pèlerins, ce qui les rend à la fois symboliques et pertinentes. Chacune représente un seuil, un moment d'arrivée et de transition sur le chemin de La Mecque", a-t-elle déclaré.

À travers son art, Alsaggaf espère susciter la curiosité et inspirer les gens à visiter ces sites, afin qu'ils en perçoivent l'importance de première main. "Je veux que mes croquis créent un sentiment de connexion", a-t-elle déclaré. Pour renforcer ce lien, elle dessine à partir d'une perspective à hauteur d'œil, ce qui donne aux spectateurs l'impression qu'ils se trouvent juste devant les sites. Ses illustrations servent de pont entre le passé et le présent, préservant l'héritage spirituel et culturel du Hajj.

"Ces lieux ne sont pas seulement des vestiges du passé ; ils continuent d'accueillir des voyageurs et des pèlerins tous les jours. À travers mon art, je veux m'assurer qu'ils continuent à faire partie de notre dialogue culturel", a déclaré Alsaggaf.

Bien que son travail soit fondé sur l'observation directe, Alsaggaf prend soin d'effectuer des recherches sur le contexte historique de chaque site. Cependant, plutôt que de reconstruire ce qui n'existe plus, elle préfère représenter les sites tels qu'ils sont aujourd'hui, soulignant ainsi leur présence continue et leur pertinence.

"Le plus grand défi est de capturer la profondeur de l'expérience d'une manière qui semble immédiate et réelle. Je voulais que mes croquis reflètent le poids émotionnel du voyage tout en restant fidèles à l'état actuel des monuments", explique-t-elle. "Il était essentiel de trouver un équilibre entre la simplicité et la signification.”

Les Rawasheen de Djeddah, les balcons en bois sculptés de manière complexe que l'on trouve sur les bâtiments historiques, sont un thème récurrent dans le travail d'Alsaggaf. Au-delà de leur aspect remarquable, ils représentent l'histoire complexe de Djeddah en tant que porte d'entrée pour les voyageurs et les pèlerins.

"Pour moi, ce sont des fenêtres sur l'âme de la ville, qui reflètent à la fois son passé et son patrimoine vivant", explique-t-elle.

Ces façades ornées sont un symbole d'artisanat, d'échange culturel et d'identité architecturale - des éléments qu'Alsaggaf tient passionnément à préserver à travers ses croquis.

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"La porte des pèlerins" par Rana Alsaggaf. (Fourni)

Alsaggaf utilise sa page Instagram, Wings Over Saudi, pour partager son art - qui comprend des peintures ainsi que des croquis - avec un public plus large. Le nom a été inspiré par un conte folklorique légendaire de Jeddah impliquant des mouettes, et reflète sa vision artistique du mouvement, de l'exploration et de la perspective.

"Elle représente la façon dont j'aborde mon art, non pas comme des images statiques, mais comme des invitations à découvrir les paysages, les villes et les sites culturels de l'Arabie saoudite", explique-t-elle.

Sa collection de peintures intitulée "Reflections of Jeddah" est un hommage aux rues historiques de la ville côtière. Créée dans son atelier situé dans le quartier historique de Jeddah, la série capture les jeux de lumière et d'ombre, ainsi que les motifs complexes qui définissent l'architecture réputée de la ville.

"À travers ces œuvres, je cherche à préserver le charme historique de Djeddah tout en célébrant son importance culturelle durable", a-t-elle déclaré.

Une autre série, "Sketchbook Journey", met en lumière la diversité de l'architecture du Royaume, des grandes mosquées aux anciennes ruelles.  

"Chaque pièce de cette série rend hommage à l'héritage architectural de l'Arabie saoudite, préservant sa beauté pour les générations futures tout en encourageant une appréciation plus profonde de l'art et de l'héritage qui définissent le Royaume", a-t-elle déclaré.

Alsaggaf voit d'infinies possibilités de continuer à explorer et à documenter son pays natal.  

"Il y a tant de sites incroyables à immortaliser", dit-elle. "Je veux continuer à dessiner, à découvrir et à partager la beauté de ces lieux avec les autres.”

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Monte Carlo Doualiya sort des sentiers battus: une semaine de programmation spéciale sur le royaume d’Arabie

Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé. (AFP)
Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé. (AFP)
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  • Pour la direction de Monte Carlo Doualiya, le pari était simple : aller au plus près, voir, écouter, comprendre, et surtout raconter
  • La radio ne s’est pas contentée de commenter à distance : elle a dépêché une mission sur le terrain pour enquêter, sentir l’atmosphère, rencontrer ceux qui incarnent le nouveau visage du pays

PARIS: Il arrive qu’une initiative médiatique crée une véritable brèche dans les habitudes ou ouvre une fenêtre sur un monde encore méconnu ou mal compris.
Cela pourrait être le cas de la radio Monte Carlo Doualiya (MCD), un média public français arabophone qui a choisi de consacrer, pendant une semaine, une programmation spéciale à l’Arabie saoudite.
Cette décision audacieuse est presque inédite dans le paysage audiovisuel français, où le royaume reste souvent perçu à travers des prismes partiels ou des récits convenus.

« De Riyad à AlUla, Monte Carlo Doualiya révèle une Arabie saoudite en pleine métamorphose.»

Pour la direction de Monte Carlo Doualiya, le pari était simple : aller au plus près, voir, écouter, comprendre, et surtout raconter.
Les transformations du royaume depuis le lancement de la Vision 2030 sont considérables, mais elles restent souvent mal connues, d’où l’idée d’une immersion totale.
La radio ne s’est pas contentée de commenter à distance : elle a dépêché une mission sur le terrain pour enquêter, sentir l’atmosphère, rencontrer ceux qui incarnent le nouveau visage du pays.

Le résultat ? Un enthousiasme communicatif, porté par la surprise d’une Arabie saoudite qui change à une vitesse vertigineuse, dynamisée par une jeunesse que personne ne peut plus ignorer.
Pendant sept jours, émissions spéciales, reportages, débats, chroniques culturelles et entretiens exclusifs depuis Riyad, Djeddah, AlUla et Dhahran se sont succédé (du 24 au 30 novembre).

Pour la rédaction, cette « semaine saoudienne » n’était pas seulement une opération médiatique : elle répondait à un besoin concret de sortir des clichés, dépasser les préjugés et offrir au public de la radio arabophone un contenu à la fois informatif, vivant et nuancé.
L’équipe a voulu montrer l’Arabie saoudite telle qu’elle est aujourd’hui, et non telle qu’elle était hier.

Pour cela, le journaliste Atif Ali Salih a arpenté Riyad, ses quartiers futuristes, ses centres culturels, ses universités, ses cafés fréquentés par des jeunes qui débattent d’art, de cinéma, d’intelligence artificielle ou d’entrepreneuriat.
Ce qu’il en a rapporté : une série d’entretiens et de récits où dominent l’énergie, l’appétit de modernité et l’émergence de nouveaux visages, surtout féminins.

Répondant à Arab News en français, Ali Salih reconnaît avoir été surpris par ce qu’il a découvert : « Riyad donne le tournis », confie-t-il. « Tout va vite. Très vite. On sent un pays qui ne veut surtout pas rater sa décennie. »
Ce qui l’a surtout frappé, ce n’est pas tant la verticalité des nouveaux quartiers que la vitalité de ceux qui les habitent.

« Loin des clichés, un pays jeune, dynamique et résolument tourné vers l’avenir se dévoile. »

Il raconte ses rencontres avec de jeunes Saoudiennes dirigeant des start-up technologiques, des studios de design, des associations culturelles ou des projets artistiques. Beaucoup n’ont pas encore trente ans, parlent anglais couramment, et surtout, veulent participer au mouvement qui redéfinit leur pays.
Dans les cafés modernes de Riyadh Boulevard et les espaces de coworking, il dit avoir été impressionné par la liberté de ton, l’assurance et la soif d’apprendre.
« On a souvent une image figée des femmes saoudiennes, mais j’ai rencontré des ingénieures, des productrices, des développeuses, des conservatrices de musée… Elles se projettent loin, très loin, et regardent l’avenir droit dans les yeux. »

L’un des aspects les plus marquants de la semaine saoudienne a été la mise en lumière de l’effervescence culturelle : concerts gigantesques, expositions internationales, festivals de cinéma, bibliothèques ouvertes jusqu’à minuit… Le pays connaît un véritable renouveau artistique et culturel.
Cette métamorphose a été au cœur des émissions, avec des interviews de jeunes acteurs culturels saoudiens et des reportages réalisés dans les nouveaux musées de Riyad.

Ce qui ressort, c’est l’idée d’une génération — surtout féminine — impatiente de rattraper le temps perdu, une génération qui ne demande pas la permission d’exister, mais qui agit. Et cela, selon Ali Salih, « se voit, s’entend, se ressent ».

Cette semaine spéciale, au ton équilibré, curieux mais jamais condescendant, constitue une passerelle entre deux rives, en offrant aux Franco-Arabes et à tous ceux qui s’intéressent au Moyen-Orient un regard neuf et vivant sur l’Arabie saoudite d’aujourd’hui.
Ce type d’initiative, rare dans le paysage médiatique français, montre que la curiosité n’est jamais un luxe, mais une nécessité.

À l’issue de cette plongée saoudienne, la directrice de Monte Carlo Doualiya, Souad El Tayeb, assure à Arab News : « On reviendra. » Les portes se sont ouvertes, les liens se sont tissés, les idées ont fusé.
Au fond, dit-elle, c’est cela, la réussite de cette initiative inédite : « transformer la découverte en dialogue, et la curiosité en pont durable entre les sociétés ».

Seul bémol pour El Tayeb : MCD, qui diffuse sur FM, n’est pas écoutée en Arabie saoudite. Mais, se réjouit-elle, elle est largement suivie par les jeunes Saoudiens sur les réseaux sociaux.


Le Festival des Arts d’AlUla revient avec sa nouvelle édition avec Desert X AlUla

Le festival artistique d'AlUla revient pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l'ancienne ville oasis d'AlUla en une scène dédiée à l'art contemporain, au design et à la culture. (Fourni)
Le festival artistique d'AlUla revient pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l'ancienne ville oasis d'AlUla en une scène dédiée à l'art contemporain, au design et à la culture. (Fourni)
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  • Le Festival des Arts d’AlUla 2026 transformera la ville en scène pour l’art contemporain
  • L’événement mettra en avant des artistes saoudiens et internationaux, le programme de résidences artistiques et l’essor du design à AlUla

DUBAÏ : Le Festival des Arts d’AlUla est de retour pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l’ancienne oasis d’AlUla en scène pour l’art contemporain, le design et la culture. Sur fond de canyons désertiques majestueux et du vibrant quartier artistique d’AlJadidah, l’édition 2026 se déroulera du 16 janvier au 14 février.

Le festival proposera de nouvelles créations de land art dans le cadre de la quatrième édition de Desert X AlUla. Il comprendra également une grande exposition d’art, fruit d’une collaboration entre le musée d’art contemporain d’AlUla – dans le cadre de son programme pré-ouverture – et le Centre Pompidou ; ainsi qu’une exposition Design Space AlUla mettant en lumière les talents saoudiens et internationaux, et bien plus encore.

Hamad Alhomiedan, directeur des Arts et Industries Créatives à la Royal Commission for AlUla (RCU), a déclaré :
« Le Festival des Arts d’AlUla est l’expression contemporaine des traditions anciennes de créativité et d’échanges culturels à AlUla. Dans le programme diversifié de cette année, AlUla devient une toile pour le dialogue créatif et un catalyseur de conversations au Royaume et au-delà. Nous sommes fiers de présenter des œuvres ambitieuses de certains des artistes les plus célébrés d’Arabie Saoudite aux côtés de pionniers de renommée internationale, tous inspirés par la culture et les paysages uniques d’AlUla. J’ai hâte d’accueillir des visiteurs de la communauté locale et du monde entier pour vivre cet événement unique et explorer les merveilles d’AlUla. »

Le Festival des Arts d’AlUla est un événement annuel emblématique qui transforme l’ancienne ville d’AlUla en un terrain d’expression artistique vibrant, consolidant sa position comme un hub mondial de créativité et de culture tout au long de l’année. Faisant partie du calendrier AlUla Moments 2025/2026, le festival est devenu l’un des événements artistiques les plus célébrés de la région, réunissant des œuvres innovantes d’artistes locaux, régionaux et internationaux au cœur du riche patrimoine naturel et culturel d’AlUla, créant des moments spectaculaires d’inspiration et d’émerveillement.

Dans le cadre des événements, Desert X AlUla revient pour sa quatrième édition du 16 janvier au 28 février, présentant 10 nouvelles œuvres spécifiques au site, créées par des artistes multigénérationnels de premier plan et intégrées dans le paysage d’AlUla. Inspiré par la poésie de Khalil Gibran, le thème de cette année, « Espace sans mesure », présente chaque œuvre comme un point sur une nouvelle carte, marquant des éclats d’imagination, des utopies florissantes à des panoramas et corridors sonores jusqu’alors inconcevables.

Desert X AlUla 2026 mettra en lumière des œuvres contemporaines visionnaires d’artistes saoudiens et internationaux, sous la direction artistique de Neville Wakefield et Raneem Farsi, accompagnés de deux commissaires invités reflétant la longue histoire d’échanges interculturels de la région.

Par ailleurs, Design Space AlUla accueillera l’exposition AlUla Design, mettant en avant le rôle croissant d’AlUla en tant que hub de créativité et d’innovation culturelle. L’exposition présentera le travail produit par le Programme de Résidence des Artistes d’AlUla et le AlUla Design Award 2025, où des designers internationaux et régionaux se sont immergés dans les paysages, le patrimoine et les traditions artisanales d’AlUla pour créer des œuvres originales.

Enfin, les AlUla Design Stores présenteront les produits développés lors du quatrième AlUla Design Award, du Designathon et de la Résidence Design AlUla, ainsi que des collaborations avec trois designers de Madrasat Addeera.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BD Angoulême : les financeurs publics demandent aux organisateurs de renoncer au festival 2026

 Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien "plus que compliqué". (AFP)
Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien "plus que compliqué". (AFP)
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  • L'édition 2026 du festival, qui traverse une crise de gouvernance depuis plusieurs mois, fait l'objet d'un large appel au boycott des auteurs et autrices de bande dessinée, dont de grands noms primés durant les éditions précédentes
  • Face à cela, le Syndicat national de l'édition, qui représente 24 poids lourds du secteur dont Casterman, Glénat, Delcourt ou Bayard, avait estimé mercredi que l'édition 2026 ne pouvait "plus se tenir"

ANGOULEME: Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien "plus que compliqué".

"Il nous apparaît plus que compliqué d'organiser le maintien de l'édition 2026", sans les éditeurs et des auteurs, a annoncé le maire d'Angoulême Xavier Bonnefont lors d'une conférence de presse des collectivités locales et d'un représentant de l’État, qui financent l’événement à hauteur de 50%.

"Ce sont les auteurs et autrices, avec leurs maisons d'édition, qui font le festival. Sans eux et sans festivaliers, pas de festival et sans festival, pas de subvention publique", a ajouté l'élu.

"Nous demandons donc à l'association du FIBD (propriétaire de l'événement) et à l'organisateur (la société 9eArt+) de tirer les conclusions que cette réalité impose", a-t-il expliqué, assurant "se mettre en ordre de marche" pour trouver "un nouvel opérateur" afin d'organiser l'édition 2027.

L'édition 2026 du festival, qui traverse une crise de gouvernance depuis plusieurs mois, fait l'objet d'un large appel au boycott des auteurs et autrices de bande dessinée, dont de grands noms primés durant les éditions précédentes, à l'instar de la lauréate du Grand Prix 2025, Anouk Ricard.

Face à cela, le Syndicat national de l'édition, qui représente 24 poids lourds du secteur dont Casterman, Glénat, Delcourt ou Bayard, avait estimé mercredi que l'édition 2026 ne pouvait "plus se tenir", en dépit de la nouvelle gouvernance proposée par les partenaires publics pour l'organisation future de l'événement.

Le ministère de la Culture avait cependant appelé mercredi à maintenir la 53e édition prévue du 29 janvier au 1er prochains. Contacté jeudi par l'AFP après l'annonce faite à Angoulême, il a maintenu cette position.

Depuis la dernière édition du festival en janvier dernier, la société 9e Art est critiquée de toutes parts pour son manque de transparence, de supposées dérives commerciales et le limogeage, en 2024, d'une salariée après son dépôt d'une plainte pour viol.