1975 ou la guerre civile au Liban

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Publié le Mardi 22 avril 2025

1975 ou la guerre civile au Liban

  • Au cours de la seule année 1976, des chrétiens phalangistes ont tué des centaines de Palestiniens à Karantina, dans le nord-est de Beyrouth
  • En représailles, l'OLP attaque Damour, une ville maronite au sud de Beyrouth, massacrant des centaines de chrétiens

LONDRES: Alors que le premier numéro d'Arab News a été publié le 20 avril, il y a 50 ans, il semblait déjà évident que 1975 allait être une année marquante pour l'information.

L'Arabie saoudite se remettait à peine du choc provoqué par l'assassinat, le mois précédent, du roi Fayçal, abattu le 25 mars par un membre secondaire de la famille royale.

D'autres événements de grande importance étaient encore à venir cette année-là, notamment la réouverture, le 5 juin, du canal de Suez, huit ans après sa fermeture lors de la guerre israélo-arabe de 1967, et la signature à Genève, le 4 septembre, de l'accord intérimaire sur le Sinaï, en vertu duquel l'Égypte et Israël s'engageaient à résoudre leurs différends territoriaux par des moyens pacifiques.

Mais c'est l'éclatement de la guerre civile au Liban, une semaine avant le lancement d'Arab News, qui va dominer l'actualité non seulement pendant le reste de l'année 1975, mais aussi pendant la majeure partie des 15 années suivantes.

Comment nous l'avons écrit

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La première page d'Arab News a couvert l'assassinat de Bachir Gemayel et l'invasion de Beyrouth-Ouest par Israël.

Il n'y a toujours pas d'accord universel sur l'ordre précis des événements fatidiques qui se sont déroulés dans le quartier chrétien de Aïn el-Remmaneh, à Beyrouth-Est, le 13 avril 1975, mais les faits sont indiscutables.

Ce jour-là, connu sous le nom de «dimanche noir», des Palestiniens ont ouvert le feu sur une congrégation chrétienne rassemblée sur le trottoir à l'extérieur de l'église Notre-Dame de la Délivrance après un baptême familial.

Quatre hommes, dont le père de l'enfant, ont été tués. L'un des survivants était Pierre Gemayel, le fondateur maronite et dirigeant du parti chrétien de droite des Kataeb (ou phalangistes) au Liban, qui était peut-être la cible de l'attaque.

Une terrible vengeance a rapidement été exercée. Le même jour, un bus à bord duquel des Palestiniens rentraient d'un rassemblement politique dans un camp de réfugiés est tombé dans une embuscade tendue par des hommes armés phalangistes qui ont tué plus de 20 passagers.

Selon les termes de l'historien libanais Fawwaz Traboulsi dans son livre «A History of Modern Lebanon» paru en 2007, «une guerre qui allait durer 15 ans venait de commencer».

Les tensions sectaires avaient augmenté dans le pays depuis l'afflux massif de combattants de l'Organisation de libération de la Palestine dans le sud du pays en 1971 après leur expulsion de Jordanie, mais ce n'était pas la seule cause de la guerre civile qui a éclaté en avril 1975.

En réalité, la longue mèche qui a allumé le conflit dans l'ancienne région ottomane avait été allumée plus d'un demi-siècle auparavant par l'imposition du mandat pour la Syrie et le Liban, accordé à la France par la Société des Nations après la Première Guerre mondiale.

Ce cadre, qui donnait aux chrétiens le contrôle du gouvernement et du Parlement, était basé sur les résultats d'un recensement effectué en 1932. Au fil du temps, cependant, les changements démographiques allaient saper la crédibilité de cet arrangement et son acceptabilité par certains groupes qui se sentaient de plus en plus sous-représentés.

Ces changements démographiques ont été considérablement accélérés par les retombées de la guerre des Six Jours de 1967 entre les États arabes et Israël, au cours de laquelle un grand nombre de Palestiniens se sont réfugiés en Jordanie et, de plus en plus, au Liban-Sud.

Ces combattants de l'OLP ont été accueillis en héros par les dizaines de milliers de réfugiés palestiniens du sud du pays dont les familles avaient été forcées de fuir leurs maisons lors de l'occupation israélienne de la Palestine en 1948.

À la veille de la guerre civile, de nombreux autres facteurs s'étaient conjugués pour pousser le pays au bord du conflit, notamment une crise socio-économique dans laquelle le coût de la vie s'envolait alors même que les richesses se concentraient de plus en plus entre les mains d'une poignée de dynasties politiques privilégiées.

Au cours des trois décennies qui ont suivi son indépendance de la France en 1943, le Liban a connu un âge d'or. Cependant, sous la surface, les tensions entre les communautés chrétiennes et musulmanes augmentaient, exacerbées par ce que Traboulsi a décrit comme des «inégalités de classe, de secte et de région».

Tout comme le Liban avait évité de s'impliquer directement dans la guerre des Six Jours contre Israël en 1967, il s'est également tenu à l'écart de la guerre israélo-arabe de 1973, mais une fois de plus, il n'a pas pu échapper aux retombées de cette guerre.

En 1973, l'armée libanaise s'était déjà heurtée à l'OLP, qui était désormais fermement établie au Liban, mais les profondes divisions de la société sont devenues évidentes lorsque des manifestations ont éclaté pour soutenir la guerre de l'Égypte et de la Syrie contre Israël.

Après son déclenchement en ce jour fatidique d'avril 1975, la guerre civile a connu une escalade rapide et brutale. Au cours de la seule année 1976, des chrétiens phalangistes ont tué des centaines de Palestiniens à Karantina, dans le nord-est de Beyrouth. En représailles, l'OLP attaque Damour, une ville maronite au sud de Beyrouth, massacrant des centaines de chrétiens. Les milices chrétiennes ont alors attaqué le camp de réfugiés de Tal al-Zaatar, tuant au moins 2 000 Palestiniens, pour la plupart des civils.

La guerre civile s'est poursuivie en attirant d'autres forces, dont la présence n'a fait qu'aggraver une situation déjà complexe: les troupes syriennes, l'armée israélienne, les milices soutenues par Israël, la Force intérimaire des Nations unies au Liban chargée du maintien de la paix et les forces multinationales conjointes américano-franco-italiennes.

Les massacres, les attentats à la bombe, les assassinats et les enlèvements sont devenus monnaie courante, non sans conséquences. Les attentats à la bombe de 1983 contre l'ambassade des États-Unis, une caserne des Marines américains et le quartier général du contingent militaire français à Beyrouth ont entraîné le retrait des forces multinationales.

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Des habitants de Beyrouth assistent à une démolition contrôlée dans le cadre des efforts de reconstruction de la capitale libanaise, qui se remet de 16 années de guerre civile. (AFP)

Finalement, c'est aux Saoudiens qu'il revient d'amener les différents participants à la table des négociations. Le 22 octobre 1989, trois semaines de pourparlers dans la ville saoudienne de Taëf entre les membres musulmans et chrétiens du Parlement libanais se sont conclues par un accord sur une «charte de réconciliation» nationale.

Inévitablement, le conflit n'était pas tout à fait terminé. Le chef militaire maronite Michel Aoun, dont la nomination en tant que Premier ministre d'un gouvernement militaire l'année précédente avait été largement contestée, a dénoncé les signataires de l'accord comme des traîtres. Les combats qui ont suivi entre les forces de Michel Aoun et la milice chrétienne des Forces libanaises ont détruit une grande partie de la partie chrétienne de Beyrouth-Est.

La révolte de Michel Aoun, et la guerre civile elle-même, prennent fin le 13 octobre 1990, lorsque les troupes syriennes attaquent le palais présidentiel à Baabda. Aoun s'enfuit et obtient l'asile politique en France.

Après 15 ans et six mois, la guerre était enfin terminée. Pendant cette période, plus de 150 000 personnes ont été tuées, des centaines de milliers ont été déplacées de leur domicile et on estime à 250 000 le nombre de Libanais ayant émigré.

Un nouveau chapitre sanglant de l'histoire troublée du pays venait d'être écrit. Il est loin d'être le dernier.

Jonathan Gornall est un journaliste britannique, qui a précédemment travaillé au Times.  Il a vécu et travaillé au Moyen-Orient et est aujourd'hui basé au Royaume-Uni.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président Trump s'émeut de la faim à Gaza, où Israël poursuit ses frappes meurtrières

L'ONG Human Rights Watch a accusé Israël de faire de son blocus "un outil d'extermination". (AFP)
L'ONG Human Rights Watch a accusé Israël de faire de son blocus "un outil d'extermination". (AFP)
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  • La principale association israélienne de familles d'otages a elle appelé vendredi le Premier ministre israélien à ne pas manquer une "occasion historique" pour la libération de leurs proches
  • Elle a exhorté Benjamin Netanyahu "à unir ses efforts à ceux du président Trump", qui conclut à Abou Dhabi une tournée dans le Golfe

GAZA: Le président américain Donald Trump s'est engagé vendredi à "régler" la situation dans la bande de Gaza "affamée", la Défense civile recensant pour sa part plus de 70 personnes tuées dans un intense pilonnage israélien du territoire dévasté par 19 mois de guerre.

"Nous nous intéressons à Gaza. Et nous allons faire en sorte que cela soit réglé. Beaucoup de gens sont affamés", a déclaré M. Trump, dans un contexte de pressions internationales pour qu'Israël cesse de bloquer l'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire exsangue.

La principale association israélienne de familles d'otages a elle appelé vendredi le Premier ministre israélien à ne pas manquer une "occasion historique" pour la libération de leurs proches, détenus à Gaza depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Elle a exhorté Benjamin Netanyahu "à unir ses efforts à ceux du président Trump", qui conclut à Abou Dhabi une tournée dans le Golfe.

Après un bilan de plus de 100 morts jeudi, la Défense civile de Gaza a fait état d'au moins 74  personnes tuées "à la suite des bombardements israéliens continus" depuis minuit, "dont 67 dans le nord". ",

"Des dizaines d'autres restent piégées sous les décombres" et les frappes "se poursuivent", a déclaré à l'AFP en début d'après-midi Mahmoud Bassal, porte-parole de cette organisation de premiers secours.

L'armée israélienne a affirmé poursuivre ses opérations, sans plus de détails, indiquant avoir frappé ces derniers jours "plus de 150 cibles terroristes", dont des postes de tirs de missiles.

"Comme la fin du monde" 

A l'hôpital indonésien de Beit Lahia (nord), des images de l'AFP montrent des habitants, dont des enfants ayant perdu leur mère, se lamenter sur le corps de leurs proches, et des blessés soignés à même le sol au milieu des cris et pleurs.

"Nous dormions quand soudain tout a explosé autour de nous (…) Il y avait du sang partout. Nous ne savions pas qui était mort et qui était encore en vie", relate Oum Mohamed al-Tatari, 57 ans du secteur de Tel al-Zaatar.

A Beit Lahia, Said Hamouda, 41 ans, témoigne d'une "scène indescriptible, comme si c’était la fin du monde". "Ils ont ciblé des habitations pleines de civils alors qu’ils dormaient".

A pied, entassés avec quelques biens dans des camionnettes ou sur des charettes, de nombreux habitants fuient la ville de Gaza, principale localité du nord, ont constaté vendredi des photographes de l'AFP.

En dépit de son isolement croissant pour sa conduite de la guerre, déclenchée par l'attaque du 7-Octobre, M. Netanyahu a averti lundi d'une prochaine entrée "en force" de l'armée à Gaza pour "achever l'opération et vaincre le Hamas".

Rompant une trêve de deux mois, le pays a repris son offensive le 18 mars avec l'objectif déclaré d'obtenir la libération de tous les otages encore retenus à Gaza. Il s'est emparé de larges pans du territoire et annoncé un plan pour sa "conquête".

Depuis le 2 mars, les forces israéliennes bloquent aussi toute entrée d'aide humanitaire dans Gaza, vitale pour les 2,4 millions d'habitants.

Le blocus comme "outil d'extermination" 

L'ONG Human Rights Watch a accusé Israël de faire de son blocus "un outil d'extermination".

Après une relance des efforts de médiation en amont de la tournée de Donald Trump, le Hamas a de son côté posé comme "exigence minimale pour instaurer un environnement propice et constructif aux négociations" la reprise de l'aide humanitaire.

Le mouvement islamiste a aussi rétorqué que Gaza n'était "pas à vendre" au président américain, après qu'il a affirmé vouloir que les Etats-Unis "prennent" la bande de Gaza pour "en faire une zone de liberté".

L'ONU a pour sa part indiqué qu'elle ne participerait pas à des distributions d'aide par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une ONG créée de toutes pièces et soutenue par Washington, qui a annoncé se préparer à livrer des repas à Gaza d'ici fin mai.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Sur les 251 personnes alors enlevées, 57 restent retenues à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 53.010 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

 


Hajj: un kit de prévention en 8 langues distribué par le ministère saoudien de la Santé

Parmi les éléments clés du kit figurent des directives pour la prévention de l'épuisement par la chaleur, y compris des recommandations sur l'utilisation de parapluies pour réduire l'exposition directe au soleil et l'importance de boire régulièrement des quantités adéquates d'eau. (SPA)
Parmi les éléments clés du kit figurent des directives pour la prévention de l'épuisement par la chaleur, y compris des recommandations sur l'utilisation de parapluies pour réduire l'exposition directe au soleil et l'importance de boire régulièrement des quantités adéquates d'eau. (SPA)
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  • Le kit comprend des conseils pour éviter l'épuisement par la chaleur
  • Le ministère de la Santé publie également une liste des exigences sanitaires pour les pèlerins

RIYAD: Le ministère saoudien de la Santé a publié un kit de sensibilisation à la santé pour la prochaine saison du Hajj en huit langues, a rapporté vendredi l'Agence de presse saoudienne.

Ce kit contient des informations complètes en arabe, anglais, français, ourdou, persan, indonésien, malais et turc.

«L'approche multilingue vise à atteindre le public le plus large possible de pèlerins arrivant de différents pays du monde», indique le rapport.

Parmi les éléments clés du rapport figurent des lignes directrices pour la prévention de l'épuisement par la chaleur, y compris des recommandations sur l'utilisation de parapluies pour réduire l'exposition directe au soleil et l'importance de boire régulièrement des quantités suffisantes d'eau, ce qui contribue à promouvoir la sécurité et le bien-être des pèlerins et à assurer une saison du Hajj saine.

Le kit comprend également des lignes directrices en matière de santé, des vidéos de sensibilisation, des messages sur les médias sociaux et des documents imprimables destinés à promouvoir les mesures préventives et les comportements sains.

Le ministère de la Santé a également publié une liste d'exigences et de recommandations sanitaires, précisant que tous les pèlerins doivent être vaccinés contre la méningite à méningocoques.

Il exige également que les pèlerins soient vaccinés contre le SRAS-CoV-2 (Covid-19), la poliomyélite et la fièvre jaune, en fonction de leur état de santé ou du pays dont ils sont originaires.

Le ministère de la Santé recommande aux pèlerins, «en particulier à ceux qui souffrent de maladies chroniques, de s'assurer qu'ils ont sur eux des documents confirmant leur état de santé, ainsi qu'une quantité suffisante des médicaments qu'ils prennent, qui doivent rester dans leur emballage d'origine».

Il a également recommandé aux pèlerins de «mettre à jour leurs vaccinations contre les maladies essentielles, telles que la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite, la rougeole, la varicelle et les oreillons, en plus des vaccins obligatoires mentionnés».

Le kit peut être téléchargé à partir de ce lien:

https://www.moh.gov.sa/HealthAwareness/Pilgrims_Health/Pages/Hajj.aspx

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne l'escalade militaire israélienne visant les civils à Gaza

Un Palestinien pleure les corps des victimes des frappes israéliennes à l'arrière d'un véhicule avant l'enterrement, à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 mai 2025. (AFP)
Un Palestinien pleure les corps des victimes des frappes israéliennes à l'arrière d'un véhicule avant l'enterrement, à l'hôpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 mai 2025. (AFP)
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  • Le Royaume a renouvelé son "rejet catégorique de la poursuite des crimes de génocide israéliens" à Gaza
  • Il a appelé à un cessez-le-feu immédiat, a souligné son soutien aux Palestiniens et a demandé à la communauté internationale de rendre des comptes

RIYADH : Le ministère saoudien des Affaires étrangères a condamné la prise pour cible par Israël d'un grand hôpital palestinien et l'escalade des actions militaires contre les civils dans la bande de Gaza jeudi.

L'hôpital européen de Gaza, situé dans la ville de Khan Younis, au sud de la bande de Gaza, qui est le seul établissement à assurer le suivi médical des patients atteints de cancer dans l'enclave, a annoncé qu'il était hors service jeudi, après que les attaques israéliennes ont endommagé ses installations. Les attaques israéliennes ont fait plusieurs morts et blessés parmi les Palestiniens, et les routes menant à l'hôpital ont été détruites.

Le ministère a déclaré que le Royaume renouvelait son "rejet catégorique de la poursuite des crimes israéliens de génocide" contre les civils palestiniens à Gaza.

"Le Royaume tient les forces d'occupation israéliennes pour entièrement responsables de leur violation continue de toutes les normes et lois internationales et humanitaires", ajoute le communiqué.

L'Arabie saoudite a appelé à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, a souligné son soutien aux Palestiniens et a exhorté la communauté internationale à rendre des comptes pour mettre fin aux violations du droit international par Israël, selon l'agence de presse saoudienne.