Gaza : les opérations humanitaires «au bord de l'effondrement total», affirme la Croix-Rouge

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
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Publié le Vendredi 02 mai 2025

Gaza : les opérations humanitaires «au bord de l'effondrement total», affirme la Croix-Rouge

  • Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël
  • "Si l’acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin"

GENEVE: Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël.

"Si l'acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin pour poursuivre bon nombre des programmes qu'il mène à Gaza", souligne le CICR  dans un communiqué.

"Les autorités doivent permettre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza. Les otages doivent être libérés. Les civils doivent être protégés. Il faut agir de toute urgence, faute de quoi Gaza s'enfoncera encore plus profondément dans un chaos dont aucun effort humanitaire ne pourra la sortir", met en garde l'organisation basée à Genève.

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains.

"Pour les civils à Gaza, chaque jour est une lutte acharnée pour survivre aux dangers des combats et supporter les conséquences des déplacements incessants – tout cela sans pouvoir compter sur une aide humanitaire d'urgence", déclare Pascal Hundt, directeur adjoint des opérations du CICR, cité dans le communiqué.

"Nous ne pouvons pas permettre que cette situation déjà critique s'aggrave davantage", insiste-t-il.

Jeudi, Mike Ryan le directeur général adjoint de l'OMS avait dénoncé ce qui se passe à Gaza comme "une abomination".

Obligation d'aider 

Or si le blocus se poursuit, des programmes tels que les cuisines collectives du CICR – qui fournissent à de nombreuses personnes leur unique repas quotidien – ne pourront pas être maintenus plus de quelques semaines, précise le communiqué.

Depuis l'instauration du blocus, l'ONU ne cesse de dénoncer la catastrophe humanitaire et sanitaire et le risque de famine.

Le Programme alimentaire mondial a annoncé il y a quelques jours qu'il "avait épuisé tous ses stocks".

Le CICR rappelle aussi que conformément au droit international humanitaire, Israël a l'obligation, dans toute la mesure de ses moyens, de veiller à ce que les besoins essentiels de la population civile placée sous son contrôle soient satisfaits.

La situation à l'hôpital de campagne de l'organisation est également critique, certains médicaments et produits de santé étant épuisés.

"Les hôpitaux et autres structures de santé réorganisent leurs réserves et établissent des priorités pour pouvoir continuer à fonctionner. Sans réapprovisionnement rapide, ils risquent de ne plus être en mesure de prodiguer des soins vitaux aux patients", souligne le CICR, qui dénonce aussi "les attaques répétées qui empêchent le personnel de santé de faire son travail".

La guerre de représailles menée par Israël depuis le 7-Octobre a fait plus de 52.400 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, sur le territoire israélien, a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Parmi les 251 personnes enlevées ce jour là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 mortes, selon l'armée israélienne.

 


Israël dit avoir intercepté un tir de missile depuis le Yémen, revendiqué par les rebelles

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
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  • "A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram
  • L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé

JERUSALEM: Les forces armées israéliennes ont annoncé vendredi avoir intercepté un missile lancé à partir du Yémen, un tir revendiqué par les rebelles houthis, soutenus par l'Iran.

"A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram.

L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé.

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique".

Ces insurgés soutenus par l'Iran ont mené des dizaines d'attaques avec des missiles et des drones contre Israël,  depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils ont également pris pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël en mer Rouge, une zone essentielle pour le trafic maritime mondial.

Ces attaques avaient cessé avec la trêve entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas, mais les Houthis les ont relancées après la reprise par Israël de son offensive à Gaza le 18 mars.

Les "opérations de soutien se poursuivront jusqu'à ce que l'agression contre Gaza cesse et que le siège soit levé", a déclaré leur porte-parole militaire, Yahya Saree, selon le communiqué.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, avaient commencé en janvier 2024 à frapper les positions des Houthis pour les contraindre à cesser leurs tirs. La campagne s'est intensifiée après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.

Le Pentagone a indiqué fin avril avoir frappé plus de 1.000 cibles au Yémen depuis mi-mars, tuant "des combattants et des dirigeants houthis".


Israël bombarde près du palais du président syrien accusé de «génocide» des Druzes

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  • Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie
  • L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables"

DAMAS: Israël a mis vendredi sa menace à exécution contre la Syrie en bombardant les abords du palais présidentiel à Damas après que le chef de la minorité druze, protégée par le pouvoir israélien, eut accusé le pouvoir du nouveau président syrien Ahmad al-Chareh de "génocide".

Le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajrin, venait de dénoncer jeudi soir une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils" de sa communauté, après des affrontements confessionnels en début de semaine qui ont fait plus de 100 morts selon une ONG.

Le chef religieux druze alors réclamé "une intervention immédiate de forces internationales" et Israël -- voisin de la Syrie avec laquelle il est en état de guerre et qui a pris fait et cause pour les Druzes -- avait aussitôt menacé de répondre "avec force" si Damas ne protégeait pas cette minorité religieuse.

Quelques heures après, à l'aube vendredi, "des avions de combat ont frappé les environs du palais" présidentiel à Damas, a annoncé l'armée israélienne sur Telegram.

"C'est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces (syriennes) soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze", ont martelé dans un communiqué, publié en anglais par le journal Times of Israel, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz.

Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement de son prédécesseur Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement. (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, en prétendant que ce sont des éléments incontrôlés", avait dénoncé le cheikh druze.

"Rhétorique incendiaire" 

L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables".

Des combats cette semaine à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des Druzes, ainsi qu'à Soueïda, ville à majorité druze, ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dans l'ouest du pays.

Ces violences avaient été déclenchées par des attaques de militants pro-Assad contre les forces de sécurité du nouveau pouvoir.

Mercredi déjà, l'armée israélienne avait frappé près de Damas, en forme "d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de la ville de Sahnaya", selon M. Netanyahu.

Les Druzes sont une minorité de l'islam chiite. Ses membres sont répartis entre le Liban, la Syrie et Israël.

"Nous sommes une partie inaliénable de la Syrie", a souligné un porte-parole du rassemblement des autorités religieuses, chefs traditionnels et groupes armés druzes à Soueïda, ajoutant que la communauté rejetait "toute division" du pays.

Les combats en Syrie ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un Druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les autorités syriennes ont accusé des éléments échappant à son contrôle d'avoir provoqué les violences.

102 morts 

Selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ces affrontements ont fait 102 morts, dont 30 membres des forces de sécurité et combattants affiliés, 21 combattants druzes et 11 civils à Jaramana et Sahnaya. Dans la province de Soueïda, 40 combattants druzes ont péri, dont 35 dans une embuscade, d'après l'ONG.

A Jaramana, des accords entre représentants des Druzes et du pouvoir avaient permis de rétablir le calme mardi soir, de même mercredi soir à Sahnaya à 15 km au sud-ouest de Damas où des forces de sécurité ont été déployées.

Et le pouvoir syrien avait réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les Druzes, cherchant, selon l'analyste indépendant Michael Horowitz, à se ménager des alliés dans le sud syrien à un moment où l'avenir de ce pays reste incertain.


Frappes israéliennes meurtrières au Liban, l’armée libanaise gagne du terrain

 Des débris sont enlevés sur le site endommagé après les frappes israéliennes dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 28 avril 2025. (Reuters)
Des débris sont enlevés sur le site endommagé après les frappes israéliennes dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 28 avril 2025. (Reuters)
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  • Depuis l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah en novembre, les attaques israéliennes continuent de faire des victimes tous les jours
  •  «L'armée libanaise contrôle plus de 85% du sud après l'avoir nettoyé, d'un point de vue militaire», affirme le président libanais Joseph Aoun

BEYROUTH: L'armée israélienne a repris ses frappes de drones sur des cibles dans les zones frontalières du sud du Liban jeudi.

L'une de ces attaques, qui visait un véhicule à Mays al-Jabal, a tué trois personnes qui ramassaient de la ferraille dans des bâtiments endommagés. Le ministère libanais de la Santé a déclaré que les deux passagers du véhicule étaient des ressortissants syriens. Les médias du Hezbollah ont identifié le conducteur comme étant un citoyen libanais, Izzat Karout.

Moins de deux heures plus tard, une autre attaque de drone dans la même zone a tué un motocycliste, qui serait un ancien secouriste blessé lors d'un précédent raid israélien. La municipalité de Mays al-Jabal a indiqué qu'il s'agissait d'Oussama Bahij Farhat, un volontaire de la défense civile libanaise.

Citant une source de sécurité, la chaîne d'information israélienne Canal 12 a rapporté que la «deuxième attaque a été menée pour cibler un membre du Hezbollah».

Depuis l'entrée en vigueur de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah en novembre, les attaques israéliennes continuent de faire des victimes tous les jours. Plus de 2 000 violations israéliennes de la souveraineté libanaise ont été enregistrées dans le sud du pays, dans la banlieue sud de Beyrouth et dans les zones situées à l'est, le long de la frontière avec la Syrie.

Jeudi encore, une activité intense des avions de reconnaissance israéliens dans l'espace aérien libanais a été observée, en particulier dans le ciel de Beyrouth et de sa banlieue sud.

Une source politique a déclaré à Arab News que cette dernière activité était «la preuve qu'Israël n'a répondu à aucune pression diplomatique visant à mettre fin à ses violations».

L'accord de cessez-le-feu, conclu sous la médiation des États-Unis et de la France, stipule que le Hezbollah doit se retirer des zones frontalières situées au sud du fleuve Litani et démanteler son infrastructure militaire, ce qui permet à l'armée libanaise de renforcer sa présence dans cette région en coordination avec la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).

Les forces israéliennes, qui ont mené une offensive terrestre dans le sud du Liban en octobre, se sont retirées à la suite de l'accord de paix, mais ont maintenu une présence sur cinq collines qu'elles décrivent comme des sites stratégiques.

Le président libanais Joseph Aoun, qui est rentré à Beyrouth jeudi après une visite officielle aux Émirats arabes unis, a déclaré que «l'armée libanaise contrôle plus de 85% du sud après l'avoir nettoyé, d'un point de vue militaire, dans le cadre de ses engagements à l'égard de l'accord de cessez-le-feu».

Parallèlement, l'ambassade des États-Unis au Liban a déclaré que le général de division Michael Leeney rejoignait le mécanisme de mise en œuvre de la cessation des hostilités, le groupe international créé pour surveiller la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu, «en tant que haut responsable militaire américain à plein temps à Beyrouth». Sa nomination s'inscrit dans le prolongement des relations étroites entre les forces armées libanaises et l'armée américaine, a ajouté le communiqué. Le général de division Jasper Jeffers continuera à présider le mécanisme tout en remplissant ses autres fonctions en tant que commandant des forces d'opérations spéciales américaines au Levant, dans le Golfe et en Asie centrale, a indiqué l'ambassade.

Lors de leurs rencontres avec M. Leeney, les responsables libanais ont unanimement demandé que des mesures soient prises pour mettre un terme aux «violations continues de l'accord par Israël».

Après une réunion avec le commandant de l'armée libanaise, le général Rodolf Haykal, le député Ghassan Skaff a déclaré à Arab News: «Environ 90% de la zone située au sud du fleuve Litani est désormais débarrassée des installations du Hezbollah, et l'armée a progressivement renforcé son contrôle sur la région.»

«L'armée libanaise compte sur le dialogue concernant la stratégie de défense pour traiter la question des armes du Hezbollah au nord du fleuve Litani, et des travaux sont en cours à ce sujet.»

«Le commandement de l'armée estime que la pression exercée sur Israël est encore insuffisante pour mettre fin à ses violations. Les violations continues d'Israël se produisent avec le soutien des Américains, et Israël ne cherche plus de justifications pour bombarder la banlieue sud de Beyrouth, par exemple.»

Jeanine Hennis-Plasschaert, coordinatrice spéciale des Nations unies pour le Liban, avait déjà lancé un avertissement: «Les habitants des districts de Bint Jbeil et de Tyr ne peuvent toujours pas retourner chez eux en raison de la destruction massive des infrastructures et des biens causée par la récente guerre.»

«La situation humanitaire dans le sud du Liban est extrêmement préoccupante et il est urgent de rétablir les services de base.»

«Les solutions temporaires ne suffisent plus face à l'aggravation de la crise humanitaire, et l'État libanais et la communauté internationale doivent agir rapidement pour reconstruire et fournir les éléments essentiels à une vie digne aux personnes déplacées et aux citoyens affectés.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com