Du fumoir de Beyrouth aux rayons de New York: la success story de Joe Bassili

Le Fumoir, une entreprise familiale, aujourd'hui présente aux Émirats, au Liban, au Koweït, aux Etats-Unis et bientôt en Arabie saoudite. (Photo: Arab News)
Le Fumoir, une entreprise familiale, aujourd'hui présente aux Émirats, au Liban, au Koweït, aux Etats-Unis et bientôt en Arabie saoudite. (Photo: Arab News)
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Publié le Samedi 03 mai 2025

Du fumoir de Beyrouth aux rayons de New York: la success story de Joe Bassili

  • Depuis décembre 2024, Le Fumoir a commencé à exporter vers les États-Unis
  • «On a envoyé 20 tonnes pour la première livraison, prévue pour trois mois. Tout a été vendu en une semaine», se félicite Joe Bassili, le fondateur du Fumoir

DUBAÏ: Dans un atelier discret mais ultramoderne niché au cœur de l’émirat, quelque 1 500 filets de saumon fumé sortent chaque jour des chambres froides du Fumoir, une entreprise fondée en 1994 par Joe Bassili, Libanais passionné de gastronomie et d’artisanat de précision. Ce chiffre impressionnant est le fruit de plus de trente ans d’efforts, de voyages, et d’un amour jamais démenti pour le goût et l’excellence.

«J’ai étudié à l’école hôtelière au Liban dans les années 70, puis je suis parti à Paris en 1976, où j’ai travaillé comme réceptionniste à l’hôtel Le Meurice», raconte Joe Bassili à Arab News en français. Derrière son regard serein, se cache un parcours atypique, porté par la passion, la persévérance et un sens aigu du détail.

Son mentor dans le métier? Jean Gillett, figure emblématique des Clefs d’Or. «C’est lui qui m’a décroché un poste à Monaco dans les années 80. J’ai travaillé deux ans à l’actuel Fairmont Monte Carlo.» Suivront un retour à Paris, puis au Liban, avant un virage inattendu: celui de l’importation de saumon fumé.

L’amour du produit

«En 1992, j’ai commencé à acheter du saumon fumé en France, de chez Chevance et des Shetland Islands. Je l’envoyais au Liban», explique-t-il. Mais les droits de douane au Liban – jusqu’à 100% sur le caviar et le saumon fumé – rendent le projet économiquement intenable. Face aux obstacles, Joe Bassili change de stratégie: «Je suis retourné au Liban et j’ai monté mon propre fumoir.»

Il construit lui-même l’atelier, puis s’installe aux Shetland pour se former auprès de ses anciens fournisseurs. Il y achète une première machine de fumage avec une capacité de production de 42 filets par jour. Aujourd’hui, son entreprise en produit 1 500 quotidiennement, destinés aux marchés du Golfe, d’Europe et plus récemment des États-Unis.

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De Dubai, quelque 1 500 filets de saumon fumé sortent chaque jour des chambres froides du Fumoir, une entreprise fondée en 1994 par Joe Bassili. (Photo: Arab News)

Le marché américain, nouvel eldorado

Depuis décembre 2024, Le Fumoir a commencé à exporter vers les États-Unis. «On a envoyé 20 tonnes pour la première livraison, prévue pour trois mois. Tout a été vendu en une semaine», se félicite Joe Bassili. La distribution est menée par son fils, Jason, en charge du développement commercial.

Interrogé sur les éventuels obstacles tarifaires, Joe reste serein: «Ça va être 10% en plus. Emirates (airlines) paie 10%, on paie 10% de toute façon.»

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Avec 80 employés aux Émirats et 10 au Liban, Le Fumoir est une entreprise familiale, tournée vers l’avenir. (Photo: fournie)

La fraîcheur avant tout

Le succès du Fumoir tient à un facteur essentiel: la qualité du poisson. «Tout notre saumon est frais. On ne travaille pas avec du saumon congelé.» Le poisson arrive entier sur glace, par avion depuis la Norvège ou l’Écosse, transitant par Oslo ou Heathrow. «On a entre quatre et six avions par semaine. Il faut trois jours entre l’arrivée du saumon et sa mise en rayon», explique-t-il.

«Le saumon est tranché, salé à sec, fumé, puis maturé quelques jours. Pas de saumure liquide.» La rigueur du processus garantit un produit qui séduit jusqu’aux rayons de Waitrose, Spinneys ou Carrefour à Dubaï.

Un savoir-faire structuré

La gamme, désormais bien établie, propose aussi des déclinaisons: à l’aneth, à la betterave et à l’orange, toujours avec des ingrédients naturels. Le best-seller? Le paquet prétranché de 100 à 200 grammes, plébiscité par les supermarchés.

Quant au débat entre saumon sauvage et saumon d’élevage, Joe tranche: «Le wild salmon est trop rare et instable. Nous, on travaille avec du salmo salar, d’élevage, dont on contrôle toute la chaîne, de l’œuf jusqu’à la distribution.»

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Joe Bassili, fondateur de Bassili.Co et Le Fumoir. (Photo: Arab News)

Le processus de production est contrôlé. Arrivé à Dubaï, le traitement est rapide: «Trois jours. Le filetage et le salage le premier jour, le fumage le deuxième, puis une journée de repos. Pendant que le saumon arrive à Rungis en camion, nous, à Dubaï, on l’a déjà consommé.»

Une entreprise familiale: présence régionale et ambition internationale

En parallèle, Joe Bassili développe le concept Bassili.Co, un portefeuille de restaurants et d’activités autour du saumon fumé. Formé auprès des maîtres fumeurs en Écosse, il ouvre un premier fumoir à Beyrouth en 1992, puis une usine à Dubaï en 2010. Aujourd’hui, l’entreprise familiale regroupe également plusieurs enseignes de restauration comme THREE CUTS, Sal’s Bistro, Sal's Burger Kitchen, Sal's Sushi Bar, et Casa della Pasta entre autres.

Avec 80 employés aux Émirats et 10 au Liban, Le Fumoir reste une entreprise familiale, mais tournée vers l’avenir. Présent au Koweït avec le distributeur Food Choice, le groupe prépare également son entrée sur le marché saoudien. Mais c’est aux États-Unis que se dessine le nouvel horizon stratégique: un marché conquis par la qualité du produit.

«Ce qui fait qu’un family business réussit? La persistance et ne jamais s’ennuyer», dit-il avec un sourire.

Loin des projecteurs, Joe Bassili incarne une vision: celle d’un produit de qualité, pensé avec soin, et d’un artisanat devenu référence mondiale depuis Dubaï.

 


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.