PARIS : Un référendum pour surmonter les blocages politiques et réformer l'État et ses finances. C'est l'option mise sur la table samedi par le Premier ministre François Bayrou, qui a de nouveau évoqué un « Himalaya » de difficultés.
Rejetant « la méthode de l'artichaut » faite de mesures séparées et disparates, le chef du gouvernement s'est engagé à présenter un « plan cohérent, avec des propositions claires et lisibles » afin de réduire les déficits et la dette, dans un entretien au Journal du Dimanche (JDD) mis en ligne samedi soir.
« C'est un plan d’ensemble que je veux soumettre. Il demandera des efforts à tous, et par l'ampleur qui doit être la sienne, il ne pourra réussir si le peuple français ne le soutient pas », a-t-il déclaré.
Le gouvernement de François Bayrou, qui est parvenu à faire adopter les budgets 2025 de l'État et de la Sécurité sociale en début d'année, en échappant à une série de motions de censure, est désormais engagé dans la préparation du budget pour 2026.
Il estime qu'il lui faut trouver 40 milliards d'euros d'économies pour respecter ses objectifs de réduction du déficit public, qui doit passer de 5,4 % à 4,6 % du PIB cette année, puis l'an prochain.
Dans cet entretien au JDD, le chef du gouvernement expose à nouveau les éléments de son diagnostic exposé lors d'une conférence sur les finances publiques le mois dernier. Il avait alors promis de faire connaître ses choix budgétaires pour 2026 avant le 14 juillet.
« Notre pays a devant lui deux défis massifs, les plus lourds de son histoire récente : une production trop faible et une dette écrasante », a-t-il appuyé samedi.
Privé de majorité à l'Assemblée nationale et se heurtant aux oppositions de secteurs économiques, François Bayrou voit dans le référendum une manière de contourner les blocages. Toutefois, il s'agit d'une prérogative constitutionnelle du chef de l'État, et un pari politique toujours extrêmement risqué.
« Un référendum ne peut être décidé que par le président de la
République. Le gouvernement propose, le président décide. Mais la question de l'adhésion des Français aux réformes est bien la question centrale », a-t-il estimé.
Jamais sous la Ve République une telle consultation des Français n'a été organisée pour adopter un texte budgétaire.
- une question « grave » et « lourde » -
François Bayrou estime que son plan « doit proposer des solutions précises, avec un objectif clair : réduire la dépendance à la dette dès cette année, et revenir sous le seuil des 3 % de déficit public d'ici quatre ans ».
« Cela passera par une baisse déterminée des dépenses. - la simplification ; - une meilleure efficacité de l'État et de l'action publique en général ; »
Il a également rappelé que « la solution n'est pas dans de nouveaux impôts ».
« Je pense que la question est assez grave et assez lourde de conséquences pour l'avenir de la nation pour qu'elle s'adresse directement aux citoyens », a-t-il ajouté.
Dans cet entretien, le leader centriste dresse un constat d'échec des tentatives de réforme de l'État et des finances publiques.
« Quand on réforme par les voies classiques, par le passage en force, que se passe-t-il ? Le pays entre en grève, les manifestations s'enchaînent, et personne ne sait si ceux qui défilent connaissent vraiment le contenu de ce qu'ils contestent », explique François Bayrou.
François Bayrou n'exclut pas une baisse des effectifs des fonctionnaires, qu'il juge « possible et salutaire », mais qui découlerait d'une réforme des missions de l'État et des collectivités territoriales.
Premier ministre depuis le 13 décembre, lorsqu'il avait pris la succession de Michel Barnier censuré sur le budget de la sécurité sociale, François Bayrou met régulièrement en avant l'« Himalaya » qui se dresse devant son action.
« Et un Himalaya, ce n'est pas une montagne, c’est une chaîne. Avec plusieurs sommets, tous au-dessus de 8 000 mètres », a-t-il dit au JDD.