Gaza: la reprise partielle de l'aide humanitaire très insuffisante, jugent des ONG

Face à l'annonce d'une reprise limitée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée par Israël, les ONG Médecins du Monde et Médecins sans Frontières la jugent trop insuffisante pour enrayer "la catastrophe" en cours, après plus de deux mois de blocus. (AFP)
Face à l'annonce d'une reprise limitée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée par Israël, les ONG Médecins du Monde et Médecins sans Frontières la jugent trop insuffisante pour enrayer "la catastrophe" en cours, après plus de deux mois de blocus. (AFP)
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Publié le Mardi 20 mai 2025

Gaza: la reprise partielle de l'aide humanitaire très insuffisante, jugent des ONG

  • Neuf camions ont été autorisés à entrer lundi, selon le chef des opérations humanitaires de l'ONU qui parle d'"une goutte d'eau dans l'océan"
  • "C'est mieux que rien", dit Mme Nicolet, responsable des urgences de MSF, exhortant néanmoins à une reprise de l'aide humanitaire "en quantité" comme pendant la trêve du 19 janvier au 18 mars où environ 600 camions entraient chaque jour

PARIS: Face à l'annonce d'une reprise limitée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée par Israël, les ONG Médecins du Monde et Médecins sans Frontières la jugent trop insuffisante pour enrayer "la catastrophe" en cours, après plus de deux mois de blocus.

"C'est de la poudre aux yeux, c'est une façon de dire +oui, on fait rentrer de la nourriture+, mais c'est presque symbolique", dénonce, auprès de l'AFP, Claire Nicolet, de Médecins Sans Frontières (MSF).

Lundi, Israël a annoncé l'entrée dans la bande de Gaza de camions avec de la nourriture pour bébés, assurant qu'il faciliterait "dans les jours à venir", "l'entrée de dizaines de camions d'aide".

Neuf camions ont été autorisés à entrer lundi, selon le chef des opérations humanitaires de l'ONU qui parle d'"une goutte d'eau dans l'océan".

"C'est mieux que rien", dit Mme Nicolet, responsable des urgences de MSF, exhortant néanmoins à une reprise de l'aide humanitaire "en quantité" comme pendant la trêve du 19 janvier au 18 mars où environ 600 camions entraient chaque jour, selon elle.

"Aujourd'hui c'est la panique, la désolation et le flou total", alerte Jean-François Corty, président de Médecins du Monde. "On en est à un point de sidération où tout est bon à prendre".

Mais "une centaine de camions" par jour pour quelques jours, cela ne permet pas de "répondre aux besoins de toute la population", et la "catastrophe continue", se désole M. Corty.

"Crise d'humanité" 

"Je n'ai pas vraiment de mots pour vous décrire la situation", renchérit Jean-Raphaël Poitou, de l'ONG Action contre la faim, la qualifiant d"'apocalyptique (...) où il n'y a plus rien à manger, il n'y a plus rien à boire, il n'y a plus de médicaments, il n'y a pas de fioul".

Amande Bazerolle, coordinatrice d'urgence pour MSF, a passé quatre mois dans la bande de Gaza, jusqu'à début mai. Elle se souvient d'un paysage "complètement détruit".

"Le manque d'eau est visible partout, parce que tout est sale, parce qu'on voit que les enfants ne peuvent pas prendre de douche", poursuit-elle.

"Tout le monde doit faire la queue tous les jours pour pouvoir avoir un peu d'eau potable", s'inquiète Mme Bazerolle. Elle décrit "des patients qui, par manque de nourriture, ne cicatrisent pas".

Lundi, le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s'est alarmé du risque de famine qui augmente dans la bande de Gaza, où "deux millions de personnes sont affamées".

"Nous ne devons pas laisser la population sombrer dans la famine, ni pour des raisons pratiques, ni pour des raisons diplomatiques", a expliqué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour justifier le déblocage de l'aide. Il a par ailleurs ajouté qu'Israël allait "prendre le contrôle de toute" la bande de Gaza.

La reprise partielle de l'aide humanitaire par Israël est pour le président de Médecins du Monde "une rhétorique pour répondre à une pression diplomatique et pas pour répondre à une exigence d'humanité, alors qu'on est au bord de la famine et que l'on a tout un tas d'indicateurs techniques qui sont en faveur, comme le rappelait Amnesty International, d'un génocide en cours".

Israël a rejeté à plusieurs reprises les accusations de génocide à Gaza.

Le pays a intensifié son offensive dans le petit territoire côtier, multipliant les bombardements meurtriers pour obtenir, selon le gouvernement, la libération des otages et vaincre le Hamas.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 53.486 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Les trois ONG interrogées par l'AFP s'inquiètent par ailleurs pour leurs équipes sur place, constituées principalement d'humanitaires palestiniens.

"On ne parle pas de crise humanitaire. Là, c'est vraiment une crise d'humanité", dénonce Jean-François Corty, estimant que "la plupart des Occidentaux (..) n'en font pas assez aujourd'hui pour stopper le massacre en cours".


L'UE prête à lever toutes les sanctions économiques contre la Syrie 

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  • Cette levée des sanctions que l'UE avait décidé à l'encontre du régime du président déchu Bachar al-Assad, prévoit également un dégel des avoirs de la banque centrale syrienne, selon ces diplomates
  • La décision européenne fait suite à celle de Washington la semaine dernière

BRUXELLES: L'Union européenne est prête à lever toutes les sanctions économiques encore en vigueur contre la Syrie, ont indiqué mardi plusieurs diplomates européens.

Ces sanctions concernent essentiellement le système bancaire syrien, jusque là interdit d'accès au marché international des capitaux, selon ces diplomates, qui précisent que cet accord de principe des ambassadeurs de l'UE doit encore être formellement approuvé mardi par les ministres des Affaires étrangères des 27 réunis à Bruxelles.

Cette levée des sanctions que l'UE avait décidé à l'encontre du régime du président déchu Bachar al-Assad, prévoit également un dégel des avoirs de la banque centrale syrienne, selon ces diplomates.

La décision européenne fait suite à celle de Washington la semaine dernière.

Donald Trump avait créé la surprise mardi dernier en annonçant depuis Ryad qu'il levait les sanctions américaines contre la Syrie, à la veille de rencontrer brièvement le président syrien Ahmad al-Chareh en Arabie saoudite.

Les 27 n'excluent pas toutefois de nouvelles sanctions contre les responsables des violences conte la communauté alaouite en Syrie ces dernières semaines.

D'autres mesures visant le régime Assad et interdisant la vente d'armes ou d'équipements susceptibles d'être utilisés pour la répression vont rester en place.

Cette levée de sanctions contre la Syrie fait suite à une première mesure prise en février, qui consistait à suspendre certaines sanctions imposées à des secteurs économiques clés de la Syrie. Selon des responsables européens, ces mesures pourraient être réimposées si les nouveaux dirigeants syriens ne tenaient pas leur promesse de respecter les droits des minorités et de progresser sur le chemin de la démocratie.


Soudan: offensive de l'armée pour repousser les paramilitaires loin de Khartoum

L'armée soudanaise a annoncé mardi mener une "opération de grande envergure" pour déloger les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) repliés à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum. (AFP)
L'armée soudanaise a annoncé mardi mener une "opération de grande envergure" pour déloger les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) repliés à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum. (AFP)
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  • Les FSR, en guerre contre l'armée depuis plus de deux ans, se sont repliées dans le sud et l'ouest d'Omdourman après la perte de la capitale, reprise en mars par l'armée
  • Ces dernières semaines, elles ont multiplié les attaques de drones sur plusieurs villes, ciblant notamment Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement dans l'est du pays

KARTOUM: L'armée soudanaise a annoncé mardi mener une "opération de grande envergure" pour déloger les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) repliés à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum.

Un correspondant de l'AFP sur place a confirmé avoir entendu plusieurs explosions dans la zone.

"Nous continuons une opération de grande envergure" qui a commencé lundi, a déclaré dans un communiqué le porte-parole de l'armée Nabil Abdallah, affirmant que les troupes étaient proches d'une "purification complète de l'Etat de Khartoum", dont fait partie Omdourman.

Les FSR, en guerre contre l'armée depuis plus de deux ans, se sont repliées dans le sud et l'ouest d'Omdourman après la perte de la capitale, reprise en mars par l'armée.

Ces dernières semaines, elles ont multiplié les attaques de drones sur plusieurs villes, ciblant notamment Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement dans l'est du pays. Selon l'armée soudanaise, les drones sont fournis par les Emirats arabes unis qui ont formellement démenti.

"Gouvernance démocratique" 

Le troisième plus grand pays d'Afrique en superficie est divisé depuis avril 2023 par la lutte sanglante pour le pouvoir que se livrent le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du pays depuis un coup d'Etat en 2021, et son ancien bras droit, Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR.

Parallèlement aux combats, chacun cherche à consolider ses positions sur le plan international.

Lundi, le général al-Burhane a nommé au poste de Premier ministre l’ancien directeur de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), Kamel al-Tayeb Idris Abdelhafiz. Il a également désigné deux femmes au Conseil de souveraineté, au pouvoir depuis le coup d'état de 2021.

Son intention selon les experts est de légitimer son camp aux yeux de la communauté internationale avec un gouvernement de civils fonctionnel malgré la guerre.

L'Union africaine, de laquelle le Soudan a été suspendu en 2021, a salué mardi cette nomination, en espérant que ce "pas vers une gouvernance inclusive" permette de "rétablir l'ordre constitutionnel et la gouvernance démocratique au Soudan".

Dans le même temps, M. Burhane a aussi annulé par décret les pouvoirs de supervision du Conseil sur le gouvernement, consolidant davantage son autorité. Il espère "maintenir le pouvoir mais partager la responsabilité (...) parce que tout lui est maintenant reproché", selon l'analyste soudanaise Kholood Khair.

Le président russe Vladimir Poutine a invité mardi le général al-Burhane à participer au premier sommet russo-arabe prévu le 15 octobre, selon un communiqué du Conseil de souveraineté.

Mi-avril, le général Daglo avait de son côté annoncé la formation d'un gouvernement rival, ce qui risque, selon l'ONU, "d'aggraver la fragmentation du pays".

"Une escalade majeure" 

Actuellement, le pays est déjà divisé: l'armée contrôle le centre, l'est et le nord, tandis que les FSR dominent l'ouest avec la quasi-totalité de la vaste région du Darfour et certaines parties du sud.

Chassées de la capitale Khartoum, reléguées dans les quartiers de Salha, au sud d’Omdourman, et d’Ombada à l'ouest, les FSR ont mené plusieurs attaques de drones sur Port-Soudan, une ville longtemps épargnée par les combats devenue l'épicentre de l'aide humanitaire. Plusieurs infrastructures stratégiques ont été endommagées, dont le dernier aéroport civil encore opérationnel au Soudan.

"L'amplitude de ces attaques de drones représente une escalade majeure dans le conflit", a alerté l'expert onusien en droits humains, Radhouane Nouicer, dans un communiqué publié lundi à Genève. Selon lui, ces frappes visant des zones très peuplées "aggravent la situation humanitaire".

Mercredi, une attaque contre trois centrales électriques de Khartoum a provoqué une panne d’électricité, selon Médecins Sans Frontières (MSF), perturbant le fonctionnement de deux hôpitaux majeurs à Omdourman.

Le choléra se propage à travers le pays, avec l'enregistrement de 2.323 nouveaux cas, dont 51 décès, au cours des trois dernières semaines, dont 90% dans l'Etat de Khartoum, selon les autorités sanitaires.

La guerre a tué des dizaines de milliers de personnes, déraciné 13 millions d'autres, et provoqué ce que l'ONU décrit comme la "pire crise humanitaire".

 


L'Arabie saoudite dénonce l’intensification des opérations israéliennes à Gaza

De la fumée s'élève après des frappes israéliennes, observée depuis un camp de tentes accueillant des Palestiniens déplacés à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 mai 2025. (Reuters)
De la fumée s'élève après des frappes israéliennes, observée depuis un camp de tentes accueillant des Palestiniens déplacés à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 mai 2025. (Reuters)
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  • Dans un communiqué officiel, le Royaume a affirmé que ces actions «vont à l’encontre de la volonté de la communauté internationale et bafouent les droits humains»
  • Riyad a réitéré sa condamnation ferme des incursions terrestres menées par les forces israéliennes, estimant qu’elles mettent gravement en danger la vie des civils palestiniens

DUBAÏ: Le ministère saoudien des Affaires étrangères a vivement condamné, dimanche, l’escalade des opérations militaires israéliennes dans le nord et le sud de la bande de Gaza, qualifiant cette intensification d’extension de l’occupation sur une large partie du territoire palestinien.

Dans un communiqué officiel, le Royaume a affirmé que ces actions «vont à l’encontre de la volonté de la communauté internationale, bafouent les droits humains et les chartes des Nations unies, et compromettent les efforts déployés pour instaurer la paix et la stabilité dans la région».

Riyad a réitéré sa condamnation ferme des incursions terrestres menées par les forces israéliennes, estimant qu’elles mettent gravement en danger la vie des civils palestiniens et aggravent une situation humanitaire déjà dramatique dans l’enclave sous blocus.

Le communiqué met également en garde contre la poursuite de ce que le ministère qualifie de «violations flagrantes et injustifiées», y voyant une transgression du droit international et une atteinte directe aux droits fondamentaux du peuple palestinien.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com