BEYROUTH : La commission mixte libano-palestinienne, qui s'est réunie vendredi en présence du Premier ministre libanais Nawaf Salam, a convenu de commencer à appliquer les directives énoncées dans la déclaration commune publiée à l'issue du sommet libano-palestinien qui s'est tenu mercredi à Beyrouth, en ce qui concerne la restriction des armes aux mains de l'État libanais.
« Le 16 juin marquera le début du déploiement de l’armée libanaise dans les camps de réfugiés palestiniens de Beyrouth, notamment à Shatila, Mar Elias et Burj al-Barajneh, dans le but de reprendre le contrôle des armes détenues par les factions palestiniennes », a déclaré une source au sein du gouvernement de M. Salam à Arab News.
« Cette mesure impliquera des patrouilles de l'armée libanaise à l'intérieur de ces camps, suivies de phases ultérieures visant les camps de la Bekaa, du nord du Liban et du sud, en particulier Ain Al-Hilweh, le camp de réfugiés palestiniens le plus grand, le plus densément peuplé et le plus diversifié en termes de factions au Liban, englobant des factions affiliées ou non à l'organisation de libération », a ajouté la source.
La source a indiqué que "la date de mise en œuvre sera communiquée à toutes les factions palestiniennes, y compris le Hamas" et que "les factions se réuniront pour convenir du mécanisme, et que des pressions seront exercées sur tout groupe qui refusera de renoncer à ses armes".
En ce qui concerne la position antérieure du Hamas, qui liait la remise de ses armes à celle du Hezbollah, la source a rapporté qu'"il n'y a pas de lien entre ces deux questions. Une fois le processus de désarmement entamé, ni le Hamas ni aucune autre faction ne pourra l'entraver ou le gêner."
La source a déclaré que les acteurs arabes et régionaux soutiennent activement le Liban pour faciliter le processus de désarmement.
M. Salam a salué la décision du président palestinien Mahmoud Abbas de "résoudre la question des armes palestiniennes dans les camps", notant "l'impact positif de cette décision sur le renforcement des relations libano-palestiniennes et l'amélioration des conditions humanitaires et socio-économiques des réfugiés palestiniens".
Il a affirmé "l'adhésion du Liban à ses principes nationaux".
M. Salam a appelé à "la mise en œuvre rapide de mesures pratiques par le biais d'un mécanisme d'exécution clair et d'un calendrier défini".
Selon un communiqué, les deux parties ont convenu "de lancer un processus de remise des armes selon un calendrier précis, accompagné de mesures pratiques visant à renforcer les droits économiques et sociaux des réfugiés palestiniens, et d'intensifier les réunions conjointes et la coordination afin de mettre en place les dispositions nécessaires pour commencer immédiatement à mettre en œuvre ces directives".
Une déclaration publiée à l'issue des entretiens entre M. Abbas et M. Joseph Aoun, président du Liban, réaffirme "leur attachement au principe selon lequel les armes doivent être exclusivement entre les mains de l'État libanais, la nécessité de mettre fin à toute manifestation contredisant la logique de l'État libanais et l'importance du respect de la souveraineté, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale du Liban".
Depuis la Nakba - le nettoyage ethnique des Palestiniens par leur déplacement violent et la dépossession de leurs terres, ainsi que la suppression de leurs droits politiques - le Liban compte 12 camps de réfugiés palestiniens.
Selon le recensement de la population et du logement dans les camps et rassemblements palestiniens au Liban, 72,8% des Palestiniens vivant dans les camps sont confrontés à des conditions de vie désastreuses. Les autres sont des Syriens, des Libanais et d'autres étrangers, dont la majorité sont des travailleurs étrangers.
Lors de sa visite, M. Abbas a rappelé que "les camps de réfugiés sont sous la souveraineté de l'État libanais et de l'armée libanaise, et la présence d'armes dans les camps en dehors de l'autorité de l'État affaiblit la nation. Toute arme qui n'est pas sous le commandement de l'État affaiblit le Liban et met en danger la cause palestinienne".
Hisham Debsi, directeur du Centre Tatweer pour les études stratégiques et le développement humain et chercheur palestinien, a qualifié la déclaration conjointe libano-palestinienne de "document fondateur qui fonctionne comme un cadre politique, éthique et souverain". S'opposer à ses positions déclarées équivaudrait à rejeter le serment d'office et la déclaration ministérielle du gouvernement libanais".
"La déclaration commune a bloqué toute manœuvre potentielle du Hamas pour conserver ses armes, puisque la déclaration confère à l'État libanais une légitimité palestinienne totale pour retirer sa protection à tout individu palestinien armé. Abou Mazen (Abbas) a renforcé cette position à plusieurs reprises lors de ses réunions à Beyrouth," a expliqué M. Debsi.
Selon lui, "aucune faction ne peut désormais défier l'autorité libanaise et palestinienne compte tenu de cette position unifiée".
M. Debsi a mis en évidence "une division fondamentale au sein de la branche libanaise du Hamas, un camp prônant la transformation en un parti politique et l'autre soutenant le maintien des liens avec les groupes soutenus par l'Iran".
"Ceux qui s'opposent au désarmement du Hamas devront faire face à des conséquences politiques et sécuritaires, d'autant plus que les résidents des camps cherchent à restructurer leurs communautés au-delà de la résistance armée, qui est devenue obsolète et doit évoluer vers un plaidoyer pacifique," a-t-il conclu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com