HANOI: "Par la désinhibition des superpuissances, tout peut basculer": Emmanuel Macron a exposé mardi sa troisième voie devant des étudiants vietnamiens, s'en prenant aux taxes douanières de Donald Trump "qui changent selon les matins" et critiquant des revendications de Pékin en mer de Chine méridionale.
"La conflictualité qu'il y a entre la Chine et les Etats-Unis d'Amérique est un fait géopolitique qui fait peser l'ombre portée du risque d'un conflit beaucoup plus large dans cette région majeure", a jugé le président français à l'Université des sciences et techniques d'Hanoï, au Vietnam, où il a entamé dimanche soir une tournée en Asie du Sud-Est.
Tous en ont pris pour leur grade.
"Nous avons des grandes puissances du monde qui ont décidé de ne plus respecter le droit international et de ne plus vouloir la paix", "la souveraineté des peuples et l'intégrité territoriale deviennent contestées, y compris par des grandes puissances membres permanents du Conseil de sécurité" de l'ONU, a-t-il dit, notamment à l'adresse de la Russie.
A l'intention de la Chine, il a estimé qu'être obligé de rappeler "que la liberté de navigation, la liberté maritime est importante pour la mer de Chine méridionale, c'est bien que quelque chose se passe qui inquiète tout le monde".
Avant de déplorer l'attitude des Etats-Unis: "la première économie du monde décide de ne plus (...) respecter les règles" du commerce international et "met des tarifs qui changent selon les matins où l'on se réveille".
Face à cette situation, Emmanuel Macron admet que la France, "grande puissance militaire, géopolitique" n'est "pas une de ces deux grandes puissances au monde". "Et le Vietnam non plus", a-t-il ajouté.
D'où selon lui la pertinence de sa "stratégie indopacifique", qui consiste à proposer à cette partie du monde au coeur de la confrontation sino-américaine de "ne pas dépendre" de Washington et Pékin, et donc de bâtir ensemble "un chemin de liberté" et de "souveraineté".
Au passage, celui dont l'entourage a plusieurs fois vanté la "pensée complexe" a exhorté ces étudiants, parfois francophones, à ne pas sombrer dans le "monde d'imbéciles" et "d'invective" qui règne à ses yeux sur les réseaux sociaux, où l'on peut critiquer à coups de messages courts "celui ou celle que dont vous ne comprenez pas la pensée".
"Je ne crois pas que toutes les paroles se valent. Je pense qu'il y a des gens qui savent et qu'il y a des gens qui savent moins bien que nous", a insisté le chef de l'Etat, tout en affichant à plusieurs reprises sa propre "humilité".