Trêve à Gaza: la proposition américaine acceptée par Israël ne répond pas aux demandes du Hamas

Selon deux sources proches des négociations, la nouvelle proposition américaine porte sur une trêve de 60 jours pouvant être étendue jusqu'à 70, et la remise par le Hamas de 10 otages vivants et 9 morts en échanges de la libération de prisonniers palestiniens au cours de la première semaine, et un deuxième échange sur le même nombre d'otages vivants et morts au cours de la deuxième semaine. (AFP)
Selon deux sources proches des négociations, la nouvelle proposition américaine porte sur une trêve de 60 jours pouvant être étendue jusqu'à 70, et la remise par le Hamas de 10 otages vivants et 9 morts en échanges de la libération de prisonniers palestiniens au cours de la première semaine, et un deuxième échange sur le même nombre d'otages vivants et morts au cours de la deuxième semaine. (AFP)
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Publié le Vendredi 30 mai 2025

Trêve à Gaza: la proposition américaine acceptée par Israël ne répond pas aux demandes du Hamas

  • La proposition américaine de trêve à Gaza à laquelle Washington dit avoir reçu l'assentiment d'Israël "ne répond pas aux demandes de notre peuple", a déclaré jeudi soir à l'AFP Bassem Naïm, un des dirigeants en exil du Hamas
  • "Israël a signé cette proposition avant qu'elle ne soit envoyée au Hamas" et "les discussions se poursuivent"

GAZA: La proposition américaine de trêve à Gaza à laquelle Washington dit avoir reçu l'assentiment d'Israël "ne répond pas aux demandes de notre peuple", a déclaré jeudi soir à l'AFP Bassem Naïm, un des dirigeants en exil du Hamas.

"La réponse de l'occupation (Israël, NDLR) signifie, en essence, la perpétuation de l'occupation, la poursuite des meurtres et de la famine (même pendant la période de trêve temporaire), et ne répond à aucune des demandes de notre peuple, notamment l'arrêt de la guerre et de la famine", a déclaré M. Naïm, ajoutant néanmoins que "la direction du mouvement examin(ait), avec un grand sens de la responsabilité et du patriotisme, la réponse à donner à cette proposition".

"Je peux confirmer que l'envoyé spécial (du président américain Donald Trump pour le Moyen-Orient Steve) Witkoff et le président ont soumis au Hamas une proposition de cessez-le-feu que Israël a approuvée et soutenue", a déclaré jeudi à Washington la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt.

"Israël a signé cette proposition avant qu'elle ne soit envoyée au Hamas" et "les discussions se poursuivent", a-t-elle ajouté.

Mais selon source proche du Hamas, "la nouvelle proposition (...) Witkoff, reçue par le Hamas via les médiateurs (l'Egypte et le Qatar, NDLR), est considérée comme un recul par rapport à la proposition (...) soumise au Hamas il y a plusieurs jours et acceptée" par le mouvement, laquelle "contenait un engagement américain concernant des négociations en vue d'un cessez-le-feu permanent."

"Il est difficile pour le Hamas d'accepter la (nouvelle) proposition tant qu'elle ne contient pas des garanties américaines (sur) des négociations en vue d'un cessez-le-feu permanent pendant la période de trêve temporaire", a ajouté cette source.

Selon deux sources proches des négociations, la nouvelle proposition américaine porte sur une trêve de 60 jours pouvant être étendue jusqu'à 70, et la remise par le Hamas de 10 otages vivants et 9 morts en échanges de la libération de prisonniers palestiniens au cours de la première semaine, et un deuxième échange sur le même nombre d'otages vivants et morts au cours de la deuxième semaine.

De mêmes sources, le Hamas avait accepté la semaine précédente deux échanges aux mêmes conditions, mais l'un au cours de la première semaine de la trêve et l'autre au cours de la dernière semaine.


Frappes meurtrières sur Gaza : Israël étend ses opérations

Une charrette à cheval transportant des blessés et les corps de victimes décédées arrive au complexe médical Nasser à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 juillet 2025. (Photo par AFP)
Une charrette à cheval transportant des blessés et les corps de victimes décédées arrive au complexe médical Nasser à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 juillet 2025. (Photo par AFP)
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  • Des frappes israéliennes meurtrières ont visé mardi la bande de Gaza, où Israël étend ses opérations militaires contre le Hamas, malgré les appels internationaux à mettre fin à la guerre et aux souffrances de la population.
  • Faute de pouvoir utiliser leur voiture à cause des pénuries de carburant, des habitants transportaient les blessés à pied. "

DEIR AL- BALLAH, TERRITOIRES PALESTINIENS : Des frappes israéliennes meurtrières ont visé mardi la bande de Gaza, où Israël étend ses opérations militaires contre le Hamas, malgré les appels internationaux à mettre fin à la guerre et aux souffrances de la population.

Lundi, l'Organisation mondiale de la santé a dénoncé des attaques israéliennes contre plusieurs de ses locaux dans le centre de Gaza. Israël a annoncé étendre ses opérations autour de Deir el-Balah, y compris dans une zone où il n'était jamais allé en plus de 21 mois de guerre.

Après un appel lancé lundi par 25 pays en faveur d'une fin « immédiate » de la guerre, la France a réclamé mardi que la presse internationale « puisse accéder à Gaza pour montrer » ce qui se passe dans ce territoire assiégé, où plus de deux millions de Palestiniens sont en danger de famine.

Mardi, la Défense civile a annoncé que des frappes israéliennes avaient fait 15 morts, dont 13 dans le camp d'Al-Shati, dans le nord de la bande de Gaza, qui abrite des milliers de déplacés.

Raed Bakr, père de trois enfants âgé de 30 ans, a décrit « une explosion massive » qui a soufflé leur tente pendant la nuit.

« J'ai cru être dans un cauchemar. Du feu, de la poussière, de la fumée, des morceaux de corps projetés en l'air, des débris partout. Les enfants criaient », a témoigné à l'AFP Bakr, dont la femme a été tuée l'année dernière.

Faute de pouvoir utiliser leur voiture à cause des pénuries de carburant, des habitants transportaient les blessés à pied. « Il n'y avait ni voiture ni même de charrettes à ânes », a-t-il ajouté. 

Lundi, après un appel israélien à évacuer le secteur de Deir el-Balah, un peu plus au sud, des familles entières avaient pris la route, transportant leurs affaires à bout de bras ou sur des charrettes tirées par des ânes.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), entre 50 000 et 80 000 personnes se trouvaient alors dans la zone, et près de 88 % du territoire de Gaza sont désormais soumis à un ordre d'évacuation israélien ou inclus dans une zone militarisée par Israël.

Mardi, le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, a affirmé que la situation humanitaire à Gaza était « moralement inacceptable ».

- « Nuit de terreur » -

Muhannad Thabet, âgé de 33 ans, a décrit « une nuit de terreur » dans ce camp, avec « des frappes aériennes et des explosions ininterrompues ».

Il raconte avoir transporté un enfant de six ans à l'hôpital Chifa, débordé par le nombre de blessés.

Lundi soir, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a annoncé que des soldats israéliens étaient entrés dans la résidence du personnel de l'agence onusienne dans le secteur de Deir el-Balah.

Ces militaires ont forcé « des femmes et des enfants à évacuer les lieux à pied, tandis que le personnel masculin et des membres de leur famille ont été menottés, déshabillés, interrogés sur place et contrôlés sous la menace d'une arme », a déclaré M. Tedros, qui a également dénoncé l'attaque du principal entrepôt de l'OMS à Deir el-Balah.

« La souffrance des civils à Gaza a atteint de nouveaux sommets », ont estimé lundi 25 pays, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie, en dénonçant le refus israélien « de fournir une aide humanitaire essentielle à la population ».

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a condamné cet appel, soulignant que le soutien du Hamas à ce communiqué prouvait que les signataires faisaient « fausse route ». 

- « Situation effroyable » -

Mardi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a réclamé l'accès de la presse étrangère au territoire et a dit avoir « l'espoir de pouvoir faire sortir quelques collaborateurs de journalistes dans les prochaines semaines ».

Il était interrogé sur la radio publique France Inter au sujet de plusieurs collaborateurs de l'Agence France-Presse qui se trouvent dans « une situation effroyable », selon la direction de l'agence.

Lundi, l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a exprimé son inquiétude face à la malnutrition croissante dans la région. « Levez le siège et laissez l'aide humanitaire entrer », a-t-elle imploré.


L'Arabie saoudite salue la déclaration commune appelant à la fin de la guerre à Gaza

Des Palestiniens se rassemblent pour collecter des fournitures d'aide après que des camions chargés d'aide sont entrés d'Israël par le centre de Gaza, dans la ville de Gaza le 22 juillet 2025. (Reuters)
Des Palestiniens se rassemblent pour collecter des fournitures d'aide après que des camions chargés d'aide sont entrés d'Israël par le centre de Gaza, dans la ville de Gaza le 22 juillet 2025. (Reuters)
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  • L'Arabie saoudite réitère son rejet catégorique du fait qu'Israël continue de prendre pour cible des civils qui tentent de recevoir de l'aide.
  • La déclaration qualifie d'« horrible » la mort récente de plus de 800 Palestiniens qui cherchaient de l'aide, selon les chiffres publiés par le ministère de la Santé de Gaza et le Bureau des droits de l'homme de l'ONU.

RIYAD : le ministère saoudien des Affaires étrangères a salué mardi une déclaration commune de 28 pays affirmant que la guerre à Gaza « doit cesser maintenant ».

« Nous réitérons notre rejet catégorique des pratiques des autorités d'occupation israéliennes et de leur méthodologie inhumaine consistant à bloquer l'aide et à prendre pour cible les civils qui la recherchent », indique le texte.

Les ministres des Affaires étrangères de 28 pays, dont le Royaume-Uni, l'Australie et le Canada, ont déclaré que « les souffrances des civils à Gaza avaient atteint de nouveaux sommets ».

Ils ont condamné « l'acheminement au compte-gouttes de l'aide et le meurtre inhumain de civils, y compris d'enfants, qui cherchent à satisfaire leurs besoins les plus élémentaires en eau et en nourriture ».

La déclaration qualifie d'« horrible » la mort récente de plus de 800 Palestiniens qui cherchaient de l'aide, selon les chiffres publiés par le ministère de la Santé de Gaza et le Bureau des droits de l'homme de l'ONU.

« Le modèle d'acheminement de l'aide du gouvernement israélien est dangereux, alimente l'instabilité et prive les habitants de Gaza de leur dignité humaine », ont déclaré les deux pays. « Le refus du gouvernement israélien d'apporter une aide humanitaire essentielle à la population civile est inacceptable. Israël doit se conformer aux obligations qui lui incombent en vertu du droit international humanitaire.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a rejeté la déclaration, affirmant qu'elle était « déconnectée de la réalité et qu'elle envoyait un message erroné au Hamas ». Il a accusé le Hamas de prolonger la guerre en refusant d'accepter une proposition soutenue par Israël. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

(avec AP) 


Bateau pour Gaza: une initiative "irresponsable", selon Jean-Noël Barrot

Des militants à bord du Madleen, un bateau d'aide humanitaire à destination de Gaza, les mains en l'air, alors qu'ils sont interceptés par les forces israéliennes dans les eaux internationales avant d'atteindre le territoire palestinien de Gaza sous blocus. (AFP)
Des militants à bord du Madleen, un bateau d'aide humanitaire à destination de Gaza, les mains en l'air, alors qu'ils sont interceptés par les forces israéliennes dans les eaux internationales avant d'atteindre le territoire palestinien de Gaza sous blocus. (AFP)
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  • L'expédition de militants propalestiniens qui transportent de l'aide à destination de Gaza, est « irresponsable » et « ne peut contribuer en rien à résoudre la catastrophe humanitaire en cours », a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères.
  • Parmi les 18 militants figurent six Français, quatre Américains, deux Australiens, deux Espagnols, un Israélo-Américain, un Italien, une Norvégienne et un Tunisien.

PARIS : L'expédition de militants propalestiniens, dont deux élues de La France insoumise (LFI), qui transportent de l'aide à destination de Gaza, est « irresponsable » et « ne peut contribuer en rien à résoudre la catastrophe humanitaire en cours », a affirmé lundi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.

Le Handala, navire du mouvement « Flotille pour la liberté », a quitté le port sicilien de Syracuse le 13 juillet, soit un peu plus d'un mois après l'interception d'un précédent voilier, le Madleen, à bord duquel se trouvaient la militante écologiste Greta Thunberg et l'élue du parti de gauche radicale LFI, Rima Hassan.

Au total, 18 militants et trois journalistes se trouvent à bord du Handala, dont deux élues de La France insoumise (LFI) qui ont embarqué le 18 juillet sur le navire en escale à Gallipoli, dans le sud-est de l'Italie : l'eurodéputée Emma Fourreau et la députée Gabrielle Cathala, élue du Val-d'Oise.

Cette dernière a appelé dimanche ses abonnés sur les réseaux sociaux à interpeller Emmanuel Macron, Jean-Noël Barrot et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, pour qu'ils assurent leur sécurité. 

« Les conseils aux voyageurs s'appliquent à tous, y compris aux députés LFI. Se rendre à Gaza est dangereux, strictement déconseillé et ne peut en rien contribuer à résoudre la catastrophe humanitaire en cours sur place », a répondu M. Barrot sur X.

« Les équipes du ministère des Affaires étrangères, déjà très mobilisées, assureront comme toujours leur mission consulaire pour gérer au mieux les conséquences de cette initiative irresponsable », a-t-il ajouté.

L'expédition du Handala, financée par des campagnes de dons, a pour but d'apporter « une aide certes symbolique, mais c'est une mission humanitaire pacifique, et nous voulons garder les yeux rivés sur Gaza en cette période estivale », avait expliqué le 10 juillet à l'AFP Gabrielle Cathala.

Parmi les 18 militants figurent six Français, quatre Américains, deux Australiens, deux Espagnols, un Israélo-Américain, un Italien, une Norvégienne et un Tunisien, a déclaré l'élue. 

Dans la nuit du 8 au 9 juin, le voilier Madleen, avec à son bord douze militants français, allemands, brésiliens, turcs, suédois, espagnols et néerlandais, a été arraisonné par les forces israéliennes à environ 185 kilomètres à l'ouest de la côte de Gaza. Ils avaient ensuite été expulsés, certains après avoir été brièvement détenus.

Israël, dont l'offensive sur Gaza a débuté le lendemain de l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas, le 7 octobre 2023, a imposé un blocus humanitaire au territoire palestinien début mars. Ce blocus provoque de très graves pénuries de nourriture, de médicaments et d'autres biens de première nécessité, et n'a été que partiellement assoupli.