Les fusions sur le marché saoudien de l'assurance vont s'accélérer sous l'impulsion de la réglementation : Fitch

L'assurance reste un pilier essentiel de l'économie saoudienne. Shutterstock
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Publié le Mardi 10 juin 2025

Les fusions sur le marché saoudien de l'assurance vont s'accélérer sous l'impulsion de la réglementation : Fitch

  • L'Agence s'attend à une accélération des fusions et acquisitions.
  • Plusieurs petits assureurs sont déjà en pourparlers avec des rivaux plus importants.

RIYAD : Le secteur de l'assurance en Arabie Saoudite se dirige vers une vague de consolidation alors que des règles de capital plus strictes et une concurrence féroce sur les prix écrasent les petits acteurs, a déclaré Fitch Ratings dans un nouveau rapport.

L'agence s'attend à ce que les fusions et acquisitions s'accélèrent alors que de nombreux assureurs luttent pour répondre aux nouvelles exigences en matière de capital ou pour rester rentables dans un contexte de concurrence intense et de hausse des coûts.

Ces bouleversements interviennent alors que la nouvelle Autorité saoudienne des assurances, qui a pris le relais de la Banque centrale saoudienne et du Conseil de l'assurance maladie en novembre 2023, redouble d'efforts pour stabiliser et moderniser le marché conformément à la Vision 2030.

Plusieurs petits assureurs sont déjà en pourparlers avec des rivaux plus importants, car ils cherchent des moyens de renforcer leurs positions en capital et d'assurer leur survie à long terme. 

Les primes d'assurance automobile ont augmenté de plus de 20 % dans un marché automobile robuste. Shutterstock
Les primes d'assurance automobile ont augmenté de plus de 20 % dans un marché automobile robuste. Shutterstock

"Ces mesures seront positives pour le crédit du secteur à long terme", a déclaré Fitch. "Toutefois, elles augmenteront les coûts de mise en conformité des assureurs, en particulier lors de la mise en œuvre, ce qui augmentera la pression sur la rentabilité à court terme.

Croissance, mais marges réduites

Ces conclusions interviennent dans une période de changements rapides dans le secteur de l'assurance du Royaume. Même avec des réglementations plus strictes et des pressions concurrentielles, le secteur reste un pilier essentiel de l'économie saoudienne, couvrant tout, de la santé à l'automobile, en passant par les biens et les risques liés aux mégaprojets.

Malgré ces défis, le secteur de l'assurance continue de se développer. Selon l'étude "Saudi Arabia Insurance Overview 2025" de KPMG, le revenu total a augmenté de 16,9 % en glissement annuel au troisième trimestre 2024, grâce à l'essor de la couverture médicale obligatoire, à l'augmentation de l'activité automobile et à l'essor du développement immobilier dans le Royaume.

L'assurance santé, qui représente environ 60 % du marché, a vu ses revenus augmenter de 13,6 % au cours du seul troisième trimestre, grâce à la couverture obligatoire des employés.

Les primes d'assurance automobile ont également augmenté de plus de 20 % dans le contexte d'un marché automobile robuste, tandis que l'assurance dommages a enregistré une croissance de 20 % grâce à des projets de construction de grande envergure. 

L'assurance maladie, qui représente environ 60 % du marché, a vu ses revenus augmenter de 13,6 % au troisième trimestre. Fichier/SPA
L'assurance maladie, qui représente environ 60 % du marché, a vu ses revenus augmenter de 13,6 % au troisième trimestre. Fichier/SPA

La rentabilité reste cependant un point d'achoppement. Les marges de l'assurance maladie ont été affectées par l'inflation médicale - l'augmentation des coûts des biens et services médicaux - qui a entraîné une hausse des remboursements, alors même que la concurrence sur les prix reste féroce.

Arab News a déjà expliqué comment l'inflation médicale, alimentée par les progrès technologiques, les coûts de la main-d'œuvre et l'évolution des besoins en matière de santé, empêche les assureurs d'améliorer leurs ratios combinés.

Fitch a noté que sur les 10 plus grands assureurs, six ont réalisé un bénéfice technique au premier trimestre 2025, mais plusieurs ne l'ont fait que de manière marginale. Quatre des dix plus grands assureurs ont enregistré des pertes techniques, ce qui montre à quel point l'environnement reste difficile, même pour les plus grands acteurs.

Alors que les offres d'assurance dommages et vie restent généralement rentables, la couverture médicale présente des marges plus faibles, sauf chez les plus grands assureurs, selon Fitch. L'assurance automobile, le deuxième segment le plus important, continue de faire face à des défis tarifaires agressifs, en particulier pour la couverture obligatoire des tiers.

Un changement réglementaire important est également en cours. À partir de janvier, les assureurs doivent désormais céder 30 % de leur réassurance à des entreprises locales. Cette mesure vise à renforcer la capacité de réassurance nationale, mais elle peut temporairement augmenter les risques de contrepartie pour les assureurs, étant donné que les réassureurs locaux ont généralement une base de capital plus mince.

Au fil du temps, cependant, le quota pourrait aider les réassureurs locaux à prendre de l'ampleur et à améliorer la gestion des risques, soutenant ainsi un marché plus résilient qui maintient les revenus des primes et les emplois au sein du Royaume.

Fitch considère que la consolidation est inévitable - et finalement saine - pour le secteur. À mesure que la concurrence s'intensifie et que les régulateurs placent la barre plus haut, de nombreux petits acteurs chercheront probablement à fusionner ou à s'allier pour survivre.

Selon l'agence, cela devrait créer un secteur de l'assurance plus stable et plus compétitif, capable de soutenir la transformation de l'Arabie saoudite dans le cadre de la Vision 2030. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.