PARIS: L’opération « Rising Lion », déclenchée dans la nuit de jeudi à vendredi par Israël contre des cibles majeures en Iran, marque une nouvelle étape dans l’escalade militaire entre les deux puissances rivales du Moyen-Orient.
Elle confirme également ce que de nombreux observateurs relevaient, à savoir que malgré sa rhétorique belliqueuse et son rôle central dans l’architecture régionale du « front de la résistance », le régime iranien montre aujourd’hui des signes objectifs de faiblesse, tant sur le plan militaire que diplomatique.
Face à cette crise, la France adopte une ligne de fermeté équilibrée, refusant la fuite en avant tout en réaffirmant son attachement à la sécurité d’Israël et à la stabilité régionale.
en bref retour sur l'attaque
Plus de 200 avions de combat israéliens ont survolé le territoire iranien, frappant simultanément une centaine de cibles militaires et stratégiques, principalement liées au programme nucléaire iranien.
Même si de nombreux éléments laissaient prévoir son imminence, l’ampleur de l’opération, et son efficacité tactique ont surpris les plus hauts niveaux du pouvoir iranien.
Les sites touchés incluent le centre de commandement des Gardiens de la révolution à Téhéran, les bases militaires de Shian et de Parchin, ainsi que le site nucléaire de Natanz, symbole du programme d’enrichissement d’uranium de la République islamique.
Selon l’armée israélienne, même les installations souterraines de Natanz ont été endommagées, notamment les halls à plusieurs niveaux où sont logées les centrifugeuses.
Deux figures clés de l’appareil sécuritaire iranien, le commandant en chef des Gardiens de la Révolution Hossein Salami et le chef d’état-major Mohammad Hossein Bagheri, ont été tuées dans les frappes.
Cet affaiblissement de la hiérarchie militaire iranienne constitue une humiliation pour un régime dont la légitimité intérieure repose en grande partie sur la rhétorique de résistance et de puissance stratégique.
Face à cette attaque d’envergure, la réponse iranienne, bien qu'annoncée avec virulence, suscite de nombreuses interrogations concernant sa véritable envergure.
Le guide suprême, Ali Khamenei, a promis à Israël « un sort amer et douloureux », tandis que les Gardiens de la Révolution ont menacé de « vengeance sévère », mais en pratique, la riposte s’est pour l’instant limitée au lancement d’une centaine de drones, tous interceptés par la défense aérienne israélienne.
Selon Benjamin Hautecouverture, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, cette séquence confirme l’entrée depuis avril 2024 dans une nouvelle phase du conflit : celle d’un affrontement armé direct, assumé, entre Israël et l’Iran.
Répondant â Arab News en français, le chercheur estime que si cette phase risque de durer, elle met aussi en lumière l’érosion des capacités asymétriques de l’Iran, notamment après l’affaiblissement du Hezbollah au Liban et du Hamas à Gaza, deux piliers de sa stratégie régionale.
Cette nouvelle donne ravive les spéculations sur la solidité du régime des mollahs, peut-il survivre à une telle perte de prestige, à la décapitation de ses élites militaires, et à une pression internationale renouvelée ?
Hautecouverture rappelle que le régime iranien a toujours montré une résilience inattendue, il a tenu face à la guerre Iran-Irak, à la pandémie de Covid-19, à l’effondrement économique provoqué par les sanctions américaines, et à la contestation populaire.
En ce sens, l’opération israélienne, aussi spectaculaire soit-elle, ne signifie pas nécessairement un effondrement imminent, mais elle entame de manière irréversible, le capital stratégique et symbolique de la République islamique.
Dans ce contexte particulièrement tendu, le président Emmanuel Macron a convoqué un Conseil de défense et de sécurité nationale au lendemain des frappes, signal clair que la France prend très au sérieux le risque d’embrasement régional.
Paris a annoncé prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité de ses ressortissants, de ses représentations diplomatiques et de son territoire national.
Par ailleurs, dans une déclaration publiée sur la plate forme X, Macron a appelé « les parties à la plus grande retenue » et à une désescalade urgente pour ne pas compromettre la stabilité de la région.
La France a plusieurs fois condamné le programme iranien en cours et a pris toutes les mesures diplomatiques en ce sens.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 13, 2025
Dans ce contexte, la France réaffirme le droit d’Israël à se protéger et à assurer sa sécurité.
Pour ne pas mettre en péril la stabilité de toute la région,…
Il a également multiplié les échanges diplomatiques de haut niveau avec les principaux acteurs régionaux, l’Arabie saoudite, la Jordanie, les Émirats Arabes et le Qatar, ainsi qu’avec les alliés occidentaux.
Qualifiant cette position de « diplomatie de l’équilibre », une source diplomatique à indiqué à Arab News, qu’elle montre la volonté française de préserver un espace politique pour une issue négociée, notamment sur le dossier nucléaire.
Malgré l’escalade actuelle, la source affirme que Paris ne ferme pas la porte à une reprise des discussions sur l’encadrement du programme nucléaire iranien, considérant qu’aucune solution militaire ne pourra durablement stabiliser la région.
Une inconnue majeure reste la position américaine, selon Hautecouverture, l’administration Trump II cautionne probablement les frappes israéliennes de manière discrète, elle y voit à la fois une démonstration de force légitime de son principal allié régional, et une opportunité de marginaliser davantage l’Iran sans s’engager directement.
Mais elle reste prudente, consciente que tout embrasement régional pourrait avoir des répercussions économiques et sécuritaires mondiales, affirme le chercheur.
Au-delà de la démonstration militaire, l’opération israélienne met crûment en lumière l’affaiblissement stratégique du régime iranien, incapable de répondre efficacement, privé de ses relais régionaux, désorganisé dans son appareil militaire, l’Iran semble aujourd’hui contraint dans ses marges de manœuvre.