PARIS : Le groupe pétrogazier TotalEnergies estime pouvoir fournir plus de 10 % des volumes de carburéacteur classique qu'il commercialise pour l'Europe en « carburant durable d'aviation » (SAF) à l'horizon 2030, en avance sur les obligations européennes prévues à cette date, ont indiqué vendredi des dirigeants.
Le groupe s'est lancé il y a près de 10 ans dans le marché du « carburant durable d'aviation » (SAF pour Sustainable Aviation Fuel), l'une des solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien, responsable aujourd'hui de 2,5 à 3 % des émissions mondiales de CO₂.
Le SAF, carburant non fossile, est produit à partir de la transformation de graisses animales ou d'huiles de cuisson.
« Entre le coprocessing dans nos raffineries européennes et la production de la bioraffinerie de Grand puits, TotalEnergies sera en mesure de produire 500 000 tonnes de SAF dès 2028 pour l'Europe, pour un marché d'environ 4 millions de tonnes », a indiqué Vincent Stoquart, directeur général Raffinage Chimie, lors d'un point presse.
TotalEnergies estime ainsi que ses capacités seront suffisantes pour répondre aux objectifs d'incorporation fixés par l'UE. Récemment, les principales compagnies européennes avaient émis des doutes sur leur faisabilité, estimant que la production risquait d'être insuffisante en 2030.
Fixée à 2 % depuis le début de l'année, cette proportion doit monter à 6 % en 2030, puis progressivement jusqu'à 70 % en 2050.
Dans ce contexte de marché naissant, le groupe estime que l'UE doit en revanche protéger la production européenne de la concurrence internationale.
« Il faut réserver les crédits d'impôts aux compagnies européennes qui se fournissent avec une production locale et non importée. Mais il faut aussi protéger les industriels européens qui investissent et donc mettre en place des taxes douanières pour l'importation de SAF extra-européen », a déclaré Bernard Pinatel, directeur général aval et directeur général marketing & services.
« Nous restons attentifs à ce qui vient surtout de Chine, en raison de soupçons de fraude sur la composition des importations », a ajouté M. Stoquart.
TotalEnergies produira son SAF dans sa bioraffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), en cours de reconversion, pour une mise en service prévue l'année prochaine. Le SAF est alors acheminé vers un site de stockage où il est mélangé au kérosène conventionnel.
L'autre solution est le co-processing, qui consiste à introduire une charge biosourcée en complément de la charge fossile habituelle dans les raffineries classiques de Gonfreville-l'Orcher, d'Anvers, en Belgique, et de Leuna, en Allemagne.
Le site de La Mède (Bouches-du-Rhône) produira du SAF cette année pour approvisionner les aéroports du sud de la France. Une partie du biodiesel qui y est produit permettra de produire du SAF par coprocessing dans les raffineries du groupe.