Paris et Riyad insistent à enclencher une dynamique de paix dans la région

Du côté palestinien, la brutalité des opérations israéliennes depuis octobre 2023 alimente colère et désespoir. « Chaque partie devra prendre un risque politique », reconnaissent les diplomates français, et c’est précisément pour les y aider qu’un cadre multilatéral est jugé indispensable. (AFP)
Du côté palestinien, la brutalité des opérations israéliennes depuis octobre 2023 alimente colère et désespoir. « Chaque partie devra prendre un risque politique », reconnaissent les diplomates français, et c’est précisément pour les y aider qu’un cadre multilatéral est jugé indispensable. (AFP)
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Publié le Mercredi 16 juillet 2025

Paris et Riyad insistent à enclencher une dynamique de paix dans la région

  • En décembre 2025, la France et l’Arabie saoudite avaient misé sur une grande percée diplomatique par le biais d’une conférence internationale, co-présidée par le président français Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite
  • Mais la guerre entre Israël et l’Iran a bouleversé la donne. L’escalade régionale et la reprise des bombardements sur Gaza ont contraint Paris et Riyad à annuler la rencontre à la dernière minute

PARIS: Reconnaître l’État de Palestine et concrétiser la solution à deux États : la volonté est bien là, affirmée avec constance par la France et l’Arabie saoudite, mais le chemin pour y parvenir reste tortueux.

À Paris comme à Riyad, on est conscient qu’il ne suffit pas de définir un horizon politique pour changer la réalité sur le terrain.
Pourtant, les deux capitales entendent tout faire pour briser la spirale de violence et redonner une perspective diplomatique au conflit israélo-palestinien, en dépit d’un contexte régional explosif.

En décembre 2025, la France et l’Arabie saoudite avaient misé sur une grande percée diplomatique par le biais d’une conférence internationale, co-présidée par le président français Emmanuel Macron et le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.
Cette conférence, qui devait se tenir à New York le 18 juin, visait à lancer une dynamique de paix et à enclencher un mouvement coordonné vers la reconnaissance de la Palestine.

Les conditions sont loin d’être idéales : Israël et les États-Unis privilégient un agenda différent, fondé sur la pression militaire et la normalisation bilatérale avec certains États arabes, sans règlement de la question palestinienne.

Mais la guerre entre Israël et l’Iran a bouleversé la donne. L’escalade régionale et la reprise des bombardements sur Gaza ont contraint Paris et Riyad à annuler la rencontre à la dernière minute.
Pour Emmanuel Macron, cet ajournement ne saurait signifier un renoncement — bien au contraire — puisqu’il a affirmé son engagement à reprogrammer la conférence « dès que possible ».
« Il ne faut pas attendre », a-t-il martelé, en soulignant l’urgence de mettre en place un cadre international capable de permettre « la reconnaissance réciproque » entre Israël et un État palestinien pleinement souverain.

Ces déclarations surviennent alors que les ONG humanitaires alertent sur la gravité des massacres en cours dans la bande de Gaza et sur la nécessité de mettre fin à l’impasse militaire.
Pour la diplomatie française, la conférence doit recréer les conditions d’une négociation crédible et rallier un maximum de soutiens autour de la solution à deux États.

Or, les conditions sont loin d’être idéales : Israël et les États-Unis privilégient un agenda différent, fondé sur la pression militaire et la normalisation bilatérale avec certains États arabes, sans règlement de la question palestinienne.

Malgré cela, la France et l’Arabie saoudite ont décidé de maintenir le cap. Une reprogrammation de la conférence a été annoncée pour les 28 et 29 juillet à New York, sous un format ministériel cette fois.
Selon le ministère français des Affaires étrangères, elle sera co-présidée par le ministre français Jean-Noël Barrot et son homologue saoudien, le prince Fayçal ben Farhan.

Réformer et renforcer l'Autorité palestinienne

Cette « séquence ministérielle » vise à relancer la dynamique en amont d’un éventuel sommet de chefs d’État et de gouvernement, prévu en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre, précise une source diplomatique française.

Il est indispensable de réformer et renforcer l’Autorité palestinienne. La France et l’Arabie saoudite souhaitent soutenir sa légitimité, souvent fragilisée, afin qu’elle demeure l’interlocuteur reconnu de la communauté internationale et puisse assurer la gouvernance d’un futur État palestinien.

Pour Paris, la logique est claire : il faut articuler la conférence autour de trois axes principaux.
D’abord, avancer concrètement vers la reconnaissance de l’État de Palestine par les États qui ne l’ont pas encore fait, et encourager une reconnaissance coordonnée. La France n’a jamais renoncé à cette perspective, réaffirmée à plusieurs reprises par Emmanuel Macron, mais elle souhaite éviter un geste isolé, en privilégiant un impact diplomatique fort grâce à une action conjointe avec d’autres partenaires européens ou arabes.

Ensuite, la conférence devra travailler à la normalisation régionale et promouvoir l’intégration d’Israël dans son environnement arabe, dans un cadre multilatéral incluant la reconnaissance de la Palestine.
L’idée est de construire un « paquet » diplomatique dans lequel la sécurité d’Israël et la souveraineté palestinienne seraient garanties simultanément, selon les sources françaises.

Enfin, il est indispensable de réformer et renforcer l’Autorité palestinienne. La France et l’Arabie saoudite souhaitent soutenir sa légitimité, souvent fragilisée, afin qu’elle demeure l’interlocuteur reconnu de la communauté internationale et puisse assurer la gouvernance d’un futur État palestinien.
À Paris, on insiste sur la nécessité de « réaffirmer l’Autorité palestinienne comme pilier et ossature de l’État palestinien ».

Dans l’esprit des diplomates français, la conférence devra également préparer « le jour d’après » à Gaza.
Si un cessez-le-feu devait intervenir, même temporairement, elle constituerait une opportunité pour poser les bases d’un plan crédible de reconstruction, de gouvernance et de sécurité.
Les autorités françaises travaillent d’ailleurs à l’élaboration d’un document final qui formulerait des engagements concrets, non seulement pour la reconnaissance mutuelle, mais aussi pour la relance économique et la stabilisation durable de Gaza et de la Cisjordanie.

Brutalité des opérations israéliennes

Cet objectif est jugé d’autant plus indispensable qu’Israël se trouve aujourd’hui englué dans une impasse militaire : l’enchaînement des offensives et des ripostes a nourri un profond traumatisme dans la société israélienne depuis octobre dernier, sans offrir de solution durable.

Du côté palestinien, la brutalité des opérations israéliennes depuis octobre 2023 alimente colère et désespoir.
« Chaque partie devra prendre un risque politique », reconnaissent les diplomates français, et c’est précisément pour les y aider qu’un cadre multilatéral est jugé indispensable.

Ces efforts s’inscrivent dans un contexte diplomatique européen complexe, marqué par l’absence d’une position unifiée au sein de l’Union européenne.
Certains États ont reconnu la Palestine de longue date, d’autres hésitent encore sur la manière d’exercer une pression sur Israël. Paris s’efforce donc de rapprocher les positions et de bâtir un consensus le plus large possible.

De concert, Paris et Riyad martèlent un message clair : « Il n’existe pas de solution militaire au conflit ».
La seule voie, réaffirment-ils, est politique — et elle passe par des négociations, des compromis et une reconnaissance réciproque.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."