Homme fort de l'Est de la Libye, Haftar veut s'imposer comme «incontournable»

Le maréchal a été reçu en février par le président français, Emmanuel Macron, et en mai par son allié, le président russe, Vladimir Poutine.  Son fils Saddam s'est lui récemment rendu aux Etats-Unis, en Turquie, en Italie et au Niger.  Même la Turquie, qui avait pourtant aidé le gouvernement de Tripoli à repousser une attaque de l'Est, cherche "à tirer davantage profit des Haftar" selon Tarek Megerisi, notamment à travers de lucratifs projets de construction. (AFP)
Le maréchal a été reçu en février par le président français, Emmanuel Macron, et en mai par son allié, le président russe, Vladimir Poutine. Son fils Saddam s'est lui récemment rendu aux Etats-Unis, en Turquie, en Italie et au Niger. Même la Turquie, qui avait pourtant aidé le gouvernement de Tripoli à repousser une attaque de l'Est, cherche "à tirer davantage profit des Haftar" selon Tarek Megerisi, notamment à travers de lucratifs projets de construction. (AFP)
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Publié le Lundi 21 juillet 2025

Homme fort de l'Est de la Libye, Haftar veut s'imposer comme «incontournable»

  • Le 8 juillet, un commissaire européen et des ministres grec, italien et maltais effectuaient une visite en deux temps en Libye pour parler immigration irrégulière. D'abord à Tripoli, ensuite à Benghazi
  • Or une fois arrivée à Benghazi, la délégation européenne est sommée de repartir. Un communiqué fracassant du gouvernement parallèle d'Oussama Hamad l'accuse de "violation flagrante des normes diplomatiques"

TUNIS: En refoulant la semaine dernière des ministres européens, l'homme fort de l'Est de la Libye, Khalifa Haftar, et son clan entendent faire passer un "message clair" selon des analystes: même s'ils ne sont pas officiellement reconnus par la communauté internationale, ils sont "incontournables".

Le 8 juillet, un commissaire européen et des ministres grec, italien et maltais effectuaient une visite en deux temps en Libye pour parler immigration irrégulière. D'abord à Tripoli, ensuite à Benghazi.

Car deux gouvernements rivaux se disputent le pouvoir en Libye, qui peine à se stabiliser depuis la fin de la dictature de Mouammar Kadhafi en 2011: dans l'Ouest, le gouvernement d'unité nationale (GNU) d'Abdelhamid Dbeibah, internationalement reconnu, à l'Est un gouvernement parallèle soutenu par le puissant maréchal Haftar.

Or une fois arrivée à Benghazi, la délégation européenne est sommée de repartir. Un communiqué fracassant du gouvernement parallèle d'Oussama Hamad l'accuse de "violation flagrante des normes diplomatiques".

A Bruxelles, la Commission européenne parle sobrement d'un "problème de protocole".

Pour Tarek Megerisi, du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), l'incident était clairement "un geste calculé" au moment où des migrants, partis de Libye, affluent sur l'île grecque de Crète.

Le maréchal tente "d'exploiter la crise migratoire (...) pour obtenir une reconnaissance de facto de son gouvernement" par l'Europe, et "ainsi élargir les relations avec l'Europe au-delà d'une simple interaction avec lui en tant que chef militaire local", affirme-t-il.

"Punir Athènes"? 

Complexe, la situation en Libye oblige les diplomates à des contorsions.

Les Européens s'affichent avec le gouvernement de Tripoli mais pas avec celui basé dans l'Est. En revanche, ils discutent avec les forces armées libyennes (LNA) du maréchal.

Le 8 juillet, ils devaient s'entretenir avec ces dernières.

Mais arrivés à l'aéroport, ils se sont aperçus qu'"il y a(vait) là des gens que nous n'avions pas accepté de rencontrer", a expliqué à Bruxelles un responsable européen sous couvert d'anonymat.

"Nous avons dû repartir", a-t-il ajouté, précisant que "c'était bien sûr en lien avec la reconnaissance" du gouvernement de l'Est.

Claudia Gazzini, spécialiste de la Libye à l'International Crisis Group, ne pense pas que la rebuffade était "préméditée".

Mais "la question se pose de savoir pourquoi" des ministres se sont présentés à l'aéroport et "pourquoi Haftar (...) aurait laissé faire", a-t-elle dit, n'excluant pas un "désaccord bilatéral avec l'un des pays représentés dans la délégation".

Pour l'expert de la Libye Jalel Harchaoui, c'est la Grèce qui était visée.

Le 6 juillet, "le ministre grec des Affaires étrangères est venu réclamer des concessions migratoires et maritimes sans offrir d'incitations tangibles. Cette visite, pour laquelle le maréchal s'était dérangé en personne, n'avait rien donné", affirme-t-il.

Deux jours plus tard, "un représentant grec -- dans le cadre cette fois d'une délégation de l'UE -- a voulu négocier dans la même journée avec le gouvernement rival de Tripoli, plaçant les deux gouvernements libyens sur un pied d'égalité: un affront aux yeux de Benghazi", qui a voulu "punir Athènes", a-t-il déclaré.

"Asseoir leur légitimité" 

Pour M. Harchaoui, l'incident montre qu'il ne faut pas "sous-estimer" la politique étrangère des Haftar.

"Que ce soit pour les flux migratoires ou les projets énergétiques, la famille Haftar est un acteur absolument incontournable en raison de son emprise sur la sécurité côtière dans l'Est libyen", dit-il. Le message "est clair: +prenez au sérieux la faction de l'Est".

Ces derniers temps d'ailleurs, poursuit-il, les Haftar, "riches en cash et forts de leurs atouts stratégiques", multiplient les contacts pour "asseoir leur légitimité".

Le maréchal a été reçu en février par le président français, Emmanuel Macron, et en mai par son allié, le président russe, Vladimir Poutine.

Son fils Saddam s'est lui récemment rendu aux Etats-Unis, en Turquie, en Italie et au Niger.

Même la Turquie, qui avait pourtant aidé le gouvernement de Tripoli à repousser une attaque de l'Est, cherche "à tirer davantage profit des Haftar" selon Tarek Megerisi, notamment à travers de lucratifs projets de construction.

Avec des visées géopolitiques: elle voudrait les voir adouber un accord de délimitation maritime en Méditerranée orientale, déjà signé avec Tripoli et qu'Athènes juge illégal.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.