Cinq ans après l'explosion du port de Beyrouth, le président libanais promet justice

Le président libanais Joseph Aoun a promis lundi que « justice serait rendue », cinq ans après l'explosion catastrophique survenue dans le port de Beyrouth, pour laquelle personne n'a été tenu responsable. (ARCHIVES/AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a promis lundi que « justice serait rendue », cinq ans après l'explosion catastrophique survenue dans le port de Beyrouth, pour laquelle personne n'a été tenu responsable. (ARCHIVES/AFP)
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Publié le Mardi 05 août 2025

Cinq ans après l'explosion du port de Beyrouth, le président libanais promet justice

  • L'explosion a été déclenchée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium servant d'engrais, en dépit d'avertissements répétés adressés aux plus hautes autorités.
  • Joseph Aoun a déclaré que l'État libanais était « engagé à dévoiler toute la vérité, quels que soient les obstacles ou les positions élevées impliquées », dans un pays où la culture de l'impunité est très ancrée.

BEYROUTH : Le président libanais, Joseph Aoun, a promis lundi que justice serait rendue, cinq ans après la gigantesque explosion qui a frappé le port de Beyrouth et dont l'enquête n'a toujours pas abouti.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des quartiers entiers de la capitale, faisant plus de 220 morts et 6 500 blessés.

L'explosion a été déclenchée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium servant d'engrais, en dépit d'avertissements répétés adressés aux plus hautes autorités.

Lundi, Joseph Aoun a déclaré que l'État libanais était « engagé à dévoiler toute la vérité, quels que soient les obstacles ou les positions élevées impliquées », dans un pays où la culture de l'impunité est très ancrée.

Lundi a été déclaré jour de deuil national et, dans l'après-midi, des rassemblements réclamant justice doivent converger vers le port, où les silhouettes des silos de blé éventrés s'élèvent toujours entre les grues et les conteneurs.

« La loi s'applique à tous, sans exception », a affirmé le président libanais dans un communiqué. « Nous travaillons par tous les moyens disponibles pour garantir que les enquêtes soient menées avec transparence et intégrité », a-t-il assuré.

« Le sang de vos proches ne sera pas versé en vain », a-t-il déclaré en s'adressant aux familles des victimes, ajoutant : « La justice arrive, la responsabilité arrive. »

En 2020, un premier juge chargé de l'enquête avait dû jeter l'éponge après avoir inculpé l'ex-Premier ministre Hassan Diab et trois anciens ministres.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris l'enquête qu'il avait interrompue en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah. Il avait ensuite été poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches des victimes et de nombreuses ONG internationales ont réclamé la formation d'une commission d'enquête internationale, mais se sont heurtés à un refus officiel du Liban.

Après plus de deux ans d'impasse, le juge a repris ses investigations et engagé des poursuites en début d'année contre dix nouvelles personnes.

« Nous n'arrêterons pas »

Le magistrat a terminé ses interrogatoires et attend notamment une réponse à des demandes d'information adressées en juillet à plusieurs pays arabes et européens, a déclaré à l'AFP un responsable judiciaire sous couvert d'anonymat.

Le dossier, une fois finalisé, devra être transmis au parquet pour avis, avant d'éventuelles inculpations, a-t-il ajouté.

Dimanche, le Premier ministre Nawaf Salam, ancien juge à la Cour internationale de justice, a déclaré que connaître la vérité et établir les responsabilités était « une question nationale », dénonçant des décennies d'impunité officielle.

Le juge d'instruction a repris son enquête après l'entrée en fonction du président Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice et d'empêcher toute ingérence, à la suite d'un changement dans l'équilibre des pouvoirs qui a suivi la guerre entre Israël et le Hezbollah, soutenu par l'Iran. 

L'enquête du juge Bitar avait été paralysée après que le mouvement chiite, longtemps une force dominante de la politique libanaise mais affaibli par l'offensive israélienne de l'automne dernier, avait demandé son retrait, l'accusant de partialité.

Mariana Fodoulian, de l'association des familles des victimes, a affirmé que « pendant cinq ans, les responsables ont tenté d'échapper à leurs responsabilités, pensant toujours qu'ils étaient au-dessus des lois ».

« Nous ne demandons rien de plus que la vérité », a-t-elle déclaré à l'AFP, ajoutant : « Nous n'arrêterons pas tant que nous n'aurons pas obtenu une justice globale. »

Dimanche, le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, a annoncé que les silos à blé partiellement effondrés du port seraient inscrits sur la liste des bâtiments historiques. Les familles des victimes réclament leur préservation en tant que mémorial de la catastrophe.


Explosion près d'un navire au large du Yémen 

Début septembre, les Houthis avaient affirmé avoir tiré un missile en direction d'un pétrolier israélien en mer Rouge, qui n'a pas été touché selon UKMTO. (AFP)
Début septembre, les Houthis avaient affirmé avoir tiré un missile en direction d'un pétrolier israélien en mer Rouge, qui n'a pas été touché selon UKMTO. (AFP)
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  • Le capitaine a signalé une giclée d'eau et un bruit d'explosion à proximité du navire, a indiqué United Kingdom Maritime Trade Operations (UKMTO)
  • L'incident s'est produit à 120 milles nautiques à l'est d'Aden, ville du sud du Yémen, et a été classifié par UKMTO comme une "attaque", qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat

DUBAI: Une agence de sécurité maritime britannique a fait état mardi d'une explosion près d'un navire au large du Yémen, où les rebelles houthis mènent régulièrement des attaques contre des navires liés à Israël.

Le capitaine a signalé une giclée d'eau et un bruit d'explosion à proximité du navire, a indiqué United Kingdom Maritime Trade Operations (UKMTO).

Cette agence a précisé que les membres d'équipage étaient sains et saufs et que le navire se dirigeait vers le prochain port d'escale.

L'incident s'est produit à 120 milles nautiques à l'est d'Aden, ville du sud du Yémen, et a été classifié par UKMTO comme une "attaque", qui n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les rebelles Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l'aéroport international de Sanaa.

Début septembre, les Houthis avaient affirmé avoir tiré un missile en direction d'un pétrolier israélien en mer Rouge, qui n'a pas été touché selon UKMTO.

 


Egypte: gracié, le militant Alaa Abdel-Fattah fête sa libération

La famille qui s'était précipitée à la prison de Wadi Natroun où il était détenu -à quelque 80 km du Caire- pour attendre sa sortie a eu ensuite la surprise de le retrouver à la maison, comme l'a expliqué sa soeur. (AFP)
La famille qui s'était précipitée à la prison de Wadi Natroun où il était détenu -à quelque 80 km du Caire- pour attendre sa sortie a eu ensuite la surprise de le retrouver à la maison, comme l'a expliqué sa soeur. (AFP)
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  • Figure emblématique du soulèvement de 2011 contre le pouvoir de Hosni Moubarak en Egypte, Alaa Abdel-Fattah, 43 ans, a passé la majeure partie de la dernière décennie derrière les barreaux
  • La grâce accordée par le président Abdel Fattah al-Sissi a été annoncée lundi après de longs mois d'attente et de mobilisation intense

LE CAIRE: Le défenseur des droits humains égypto-britannique Alaa Abdel-Fattah, figure du militantisme en Egypte, a retrouvé la liberté dans la nuit de lundi à mardi et rejoint sa famille après avoir été gracié au terme de plusieurs années en prison.

"La vie est revenue chez nous! J'espère que ce nous vivons ne se répètera pas et que la libération d'Alaa est un signe d'ouverture", a déclaré à la presse sa soeur Sanaa Seif, qui a elle aussi connu la prison pour ses activités militantes.

Figure emblématique du soulèvement de 2011 contre le pouvoir de Hosni Moubarak en Egypte, Alaa Abdel-Fattah, 43 ans, a passé la majeure partie de la dernière décennie derrière les barreaux.

La grâce accordée par le président Abdel Fattah al-Sissi a été annoncée lundi après de longs mois d'attente et de mobilisation intense.

La famille qui s'était précipitée à la prison de Wadi Natroun où il était détenu -à quelque 80 km du Caire- pour attendre sa sortie a eu ensuite la surprise de le retrouver à la maison, comme l'a expliqué sa soeur.

Ses proches ont posté tôt mardi des images sur les réseaux sociaux montrant les retrouvailles, avec pour commentaires "Alaa est libre" et "Home" (à la maison).

"Je n'arrive pas à croire qu'Alaa soit parmi nous maintenant. C'est un immense soulagement et il nous faudra du temps pour le digérer", a déclaré Sanaa Seif.

"J'espère que d'autres familles de militants vivront cet instant, que ce sera la fin des difficultés, qu'Alaa sera autorisé à voyager pour retrouver son fils qui vit à l'étranger", a ajouté sa soeur. Le petit Khaled, 10 ans, a surtout connu son père à travers les parloirs.

Elle a néanmoins souligné que son frère était "sur la liste des personnes interdites de voyager".

"Reconnaissante" 

Opposé aux pouvoirs en place ayant succédé à Hosni Moubarak, Alaa Abdel-Fattah avait été arrêté pour la dernière fois en 2019 pour avoir publié sur Facebook un message évoquant des violences policières, puis condamné à cinq ans de prison en 2021 pour "fausses informations", une accusation fréquemment utilisée en Egypte contre les voix dissidentes.

La cheffe de la diplomatie britannique, Yvette Cooper, a dit sa joie à l'annonce de cette grâce. "Je suis reconnaissante au président Sissi" et j'espère "qu'Alaa pourra bientôt rentrer au Royaume-Uni", a-t-elle dit sur X.

Le gouvernement britannique a régulièrement intercédé auprès des autorités égyptiennes et un groupe d'experts de l'ONU a également appelé à sa libération immédiate, qualifiant sa détention d'"arbitraire".

Le militant avait obtenu la nationalité britannique en 2022 par le biais de sa mère, elle-même naturalisée.

M. Sissi avait ordonné le lancement de la procédure d'examen de grâce en faveur de détenus, dont M. Abdel-Fattah. En juillet, la justice avait ordonné son retrait de la liste des personnes accusées de terrorisme.

Sa mère, la militante et universitaire Laila Soueif, a récemment mis fin à une grève de la faim partielle de dix mois menée pour réclamer sa libération.

Le militant observait lui-même une grève de la faim depuis début septembre, après une grève de la faim partielle en mars par solidarité avec sa mère, alors hospitalisée.

 Espoirs d'un "tournant" 

Saluant cette grâce, l'ONG Human Rights Watch a rappelé dans un communiqué que "des milliers de personnes comme Alaa croupissent encore dans les prisons égyptiennes simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d'expression".

Amr Magdi, chercheur de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, a espéré que "sa libération marque un tournant et offre au gouvernement de Sissi l'occasion de mettre fin à la détention abusive de milliers de critiques pacifiques".

La libération d'Alaa Abdel-Fattah est "un pas nécessaire et important mais il n'aurait jamais dû être emprisonné", a déclaré à l'AFP le militant Ahmed Douma, qui s'était rendu devant la prison bouclée. "Cela donne de l'espoir mais il y a encore des dizaines de milliers d'autres en prison."

En août, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Volker Türk, a exhorté les autorités égyptiennes à mettre fin aux pratiques de détention arbitraire prolongée et appelé à "libérer toutes les personnes qui en ont été victimes".

En 2022, M. Sissi avait relancé un comité de grâce présidentielle qui a permis la libération de plusieurs prisonniers politiques, dont un avocat de M. Abdel-Fattah, Mohamed al-Baqer.

Mais selon les défenseurs des droits humains, "trois fois plus de personnes" ont été arrêtées durant la même période.

 


L'Arabie saoudite appelle à la reconnaissance mondiale de la Palestine et à la fin de l'agression israélienne à Gaza

 Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors d'une réunion de haut niveau à l'ONU visant à galvaniser le soutien en faveur d'une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien. (AP)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors d'une réunion de haut niveau à l'ONU visant à galvaniser le soutien en faveur d'une solution à deux États pour le conflit israélo-palestinien. (AP)
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  • Lors d'un sommet historique de l'ONU coprésidé par le Royaume et la France, le ministre saoudien des Affaires étrangères condamne les "attaques répétées" contre la souveraineté des pays arabes et musulmans
  • Le prince Faisal ben Farhane déclare que les actions d'Israël "menacent la paix et la stabilité régionales et internationales et sapent les efforts de paix dans la région

NEW YORK : L'Arabie saoudite a réaffirmé son soutien à une solution à deux États pour le conflit entre Israéliens et Palestiniens, lors d'une conférence de paix coprésidée par le Royaume et la France à l'Assemblée générale de l'ONU à New York lundi.

Les autorités saoudiennes ont également appelé à la reconnaissance mondiale de l'État de Palestine et à la fin de l'agression israélienne à Gaza et en Cisjordanie.

Prenant la parole au nom du prince héritier Mohammed ben Salmane, le ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal ben Farhane, a commencé par partager les salutations du roi Salmane, ainsi que les meilleurs vœux du prince héritier pour le succès de la conférence.

Il a également remercié le président français, Emmanuel Macron, pour la déclaration officielle de reconnaissance de l'État de Palestine par la France.

La conférence franco-saoudienne d'une journée s'est déroulée dans un contexte d'escalade de la violence au Moyen-Orient. Le prince Faisal a condamné l'agression continue d'Israël à Gaza, en Cisjordanie et à Al-Quds Al-Sharif (Jérusalem), y compris ce qu'il a décrit comme des "crimes brutaux", ainsi que les "attaques répétées contre la souveraineté des pays arabes et musulmans", citant en particulier la récente frappe israélienne sur Doha.

"Ces actions soulignent l'insistance d'Israël à poursuivre ses pratiques agressives qui menacent la paix et la stabilité régionales et internationales et sapent les efforts de paix dans la région", a-t-il déclaré.

Seule la mise en œuvre d'une solution à deux États peut apporter une paix durable, a-t-il ajouté.

Le prince Faisal a également salué le récent vote de l'Assemblée générale des Nations unies sur la "Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États", dans laquelle 142 États membres sur 193 ont voté en faveur de la déclaration.

"Cela reflète la volonté de la communauté internationale de rendre justice au peuple palestinien et de consolider ses droits légaux et historiques conformément aux cadres internationaux, aux résolutions pertinentes des Nations unies et à l'initiative de paix arabe", a-t-il ajouté.

Il a déclaré que l'Arabie saoudite était prête à travailler avec la France et d'autres pays en quête de paix pour donner suite aux résultats de la conférence de lundi, contribuer à mettre fin à la guerre à Gaza, cesser les actions unilatérales qui portent atteinte à la souveraineté palestinienne et établir un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Dans son discours de clôture, le prince Fayçal a remercié les États qui ont déjà reconnu officiellement l'État de Palestine ou qui prévoient de le faire, et il a exhorté les autres à prendre "une mesure historique similaire".

Il a ajouté : "Une telle action aura un impact considérable sur le soutien des efforts visant à mettre en œuvre la solution à deux États, à parvenir à une paix permanente et globale au Moyen-Orient et à trouver une nouvelle réalité qui permettra à la région de jouir de la paix, de la stabilité et de la prospérité".