BEYROUTH: Le gouvernement libanais se réunit à nouveau jeudi pour discuter de l'épineuse question du désarmement du Hezbollah, au lendemain du rejet par le mouvement chiite de la décision de confisquer ses armes.
Sous pression des Etats-Unis et face aux craintes d'une intensification des attaques israéliennes au Liban, le gouvernement avait tenu une première réunion sur le sujet mardi et chargé l'armée de préparer un plan pour désarmer d'ici la fin de l'année le mouvement chiite soutenu par l'Iran.
La réunion a débuté en début d'après-midi (12h00 GMT) au palais présidentiel, dans les hauteurs de Beyrouth, et est consacrée à l'examen du contenu d'un mémorandum apporté par l'émissaire américain Tom Barrack, incluant un calendrier pour le désarmement du Hezbollah.
La décision est sans précédent depuis la fin de la guerre civile il y a plus de trente ans, le Hezbollah étant le seul groupe à ne pas avoir déposé les armes.
Le gouvernement affirme agir dans le cadre de l'application du cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, qui a mis fin le 27 novembre à la guerre entre le Hezbollah et Israël.
En réponse à la décision de le désarmer, le Hezbollah, militairement et politiquement affaibli par la guerre, a accusé le gouvernement de commettre un "péché grave" et affirmé qu'il ferait comme si cette décision "n'existait pas".
Jeudi, le bloc parlementaire du mouvement a appelé le gouvernement à "corriger la situation dans laquelle il s'est mis, ainsi que le Liban, en acceptant les exigences américaines qui servent inévitablement les intérêts de l'ennemi sioniste".
Il considère que cette décision "sape la souveraineté du Liban" et "donne les mains libres à Israël pour porter atteinte à sa sécurité, à sa géographie, à sa politique et à son existence future".
Iraj Masjedi, coordinateur adjoint de la Force Qods, branche des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, a déclaré que le désarmement du Hezbollah "n'arrivera pas". "C'est un plan américano-sioniste. À mon avis, il n'aboutira jamais", a-t-il ajouté dans une vidéo partagée par l'agence de presse Tasnim.
Citant des "sources politiques" informées sur le sujet, le journal al-Akhbar, proche du Hezbollah, a indiqué que celui-ci et Amal pourraient soit choisir de retirer leurs quatre ministres du gouvernement, soit déclencher une motion de défiance au Parlement de la part du bloc chiite qui compte 27 députés sur les 128 de l'assemblée.
Le porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), Andrea Tenenti, a annoncé jeudi dans un communiqué que ses forces "ont découvert un réseau étendu de tunnels fortifiés près de Naqoura, comprenant plusieurs caches, des pièces d'artillerie, des lance-roquettes multiples, ainsi que des centaines de projectiles et de roquettes, des mines antichars, et d'autres explosifs".
Israël, qui, malgré le cessez-le-feu, poursuit ses attaques et bombardements au Liban, disant cibler le Hezbollah, et occupe plusieurs positions dans le sud du pays, a menacé d'intensifier ses opérations militaires si le mouvement n'est pas désarmé.
Les attaques israéliennes ont tué deux personnes mercredi dans le sud du Liban, selon le ministère de la Santé.