La Croix-Rouge met en garde contre l'évacuation de Gaza-ville, Israël durcit le siège

Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état de 66 morts samedi dans plusieurs frappes israéliennes dans le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville. (AFP)
Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état de 66 morts samedi dans plusieurs frappes israéliennes dans le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville. (AFP)
Short Url
Publié le Lundi 01 septembre 2025

La Croix-Rouge met en garde contre l'évacuation de Gaza-ville, Israël durcit le siège

  • "Il est impossible que l'évacuation massive de la ville de Gaza puisse être menée à bien de manière sûre et digne dans les conditions actuelles", a réagi la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric dans un communiqué
  • Des milliers d'habitants ont déjà fui la ville, située dans le nord du territoire. Selon l'ONU, près d'un million de personnes vivent dans le gouvernorat de Gaza, qui comprend la ville et ses environs

GAZA: La Croix-Rouge internationale a mis en garde samedi contre une évacuation massive de la population de Gaza-ville, à l'heure où l'armée israélienne durcit le siège de l'agglomération en vue d'une offensive annoncée comme majeure contre le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Alors que la bande de Gaza est dévastée par près de 23 mois de guerre, la Défense civile, organisation de premiers secours, a fait état de 66 morts samedi dans plusieurs frappes israéliennes dans le territoire palestinien, notamment à Gaza-ville.

Malgré des pressions croissantes, tant à l'étranger qu'en Israël, pour mettre fin à la guerre, le gouvernement de Benjamin Netanyahu affirme vouloir poursuivre l'offensive et l'armée se prépare à un assaut généralisé sur Gaza-ville. L'armée a jugé "inévitable" l'évacuation de l'agglomération.

"Il est impossible que l'évacuation massive de la ville de Gaza puisse être menée à bien de manière sûre et digne dans les conditions actuelles", a réagi la présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric dans un communiqué.

Des milliers d'habitants ont déjà fui la ville, située dans le nord du territoire. Selon l'ONU, près d'un million de personnes vivent dans le gouvernorat de Gaza, qui comprend la ville et ses environs.

"Les gens criaient" 

Avec l'offensive sur Gaza-ville, M. Netanyahu et ses alliés d'extrême droite disent vouloir en finir avec le Hamas, dont l'attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre, et ramener les otages enlevés ce jour-là et toujours retenus là-bas.

Le porte-parole de la Défense civile de Gaza, Mahmoud Bassal, a déclaré à l'AFP que 66 Palestiniens  avaient été tués dans des frappes israéliennes, dont 12 personnes lors d'un raid contre des tentes abritant des déplacés dans le quartier d'al-Nasr, à Gaza-ville.

Selon Oum Imad Kahil, qui se trouvait à proximité, des enfants figurent parmi les victimes de cette frappe qui a "fait trembler la terre".

"Les gens criaient, tout le monde courait, essayant de sauver les blessés et de récupérer les martyrs gisant au sol", a déclaré cette femme de 36 ans à l'AFP.

La Défense civile, opérant sous l'autorité du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a fait état samedi matin de frappes israéliennes intenses sur Gaza-ville.

"Les bombardements étaient insensés, ils n'ont pas cessé une seconde, et nous n'avons pas dormi", a déclaré Abou Mohammad Kishko, un habitant du quartier Zeitoun, joint par téléphone.

Il dit ne pas avoir évacué la ville parce qu'"il n'y a aucun endroit sûr" dans la bande de Gaza.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante le bilan de la Défense civile.

"Inculpé de meurtre" 

Samedi en fin de journée, l'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste clé du Hamas dans la zone de la ville de Gaza", sans donner plus de détails sur son identité.

Selon des médias israéliens citant des sources de sécurité anonymes, il s'agirait du porte-parole de la branche armée du Hamas, Abou Obeida.

En Israël, ceux qui s'opposent à l'offensive prévue à Gaza-ville craignent qu'elle ne coûte la vie à davantage de soldats et mette en danger la sécurité des otages enlevés le 7-Octobre et encore vivants.

Des milliers de personnes ont manifesté samedi soir à Tel-Aviv et dans d'autres villes pour réclamer la libération des otages et la fin de la guerre.

"Netanyahu, si mon Matan revient dans un cercueil (...), je veillerai personnellement à ce que vous soyez inculpé de meurtre", a lancé la figure de proue du Forum des familles d'otages, Einav Zangauker, en parlant de son fils.

Israël a annoncé avoir identifié les restes d'un des deux corps d'otages que l'armée avait récemment ramenés de Gaza. Il s'agit de Idan Shtivi, un jeune homme qui avait été enlevé au festival de musique Tribe of Nova.

Par ailleurs, une flottille chargée d'aide humanitaire, menée notamment par la militante suédoise Greta Thunberg, doit appareiller dimanche depuis Barcelone pour tenter de rompre le blocus de Gaza, selon ses organisateurs.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 47 restent retenues à Gaza dont 25 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Les représailles militaires israéliennes ont fait au moins 63.371 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon des chiffres du ministère de la Santé placé sous l'autorité du Hamas.


Israël accuse la Finul d'avoir abattu un de ses drones au Liban

Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
Short Url
  • L’armée israélienne accuse la Finul d’avoir abattu un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban, alors que l’accord de cessez-le-feu limite les forces dans la zone aux Casques bleus et à l’armée libanaise
  • La Finul affirme que le drone israélien a survolé ses patrouilles de manière agressive et que ses contre-mesures défensives étaient nécessaires ; aucune victime n’a été signalée

Jérusalem: L'armée israélienne a accusé lundi la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) d'avoir abattu l'un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban.

La Finul oeuvre avec l'armée libanaise à l'application de l'accord de cessez-le-feu ayant mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, dont deux mois de guerre ouverte.

L'armée israélienne occupe toujours cinq positions dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël, et mène régulièrement des frappes sur le territoire libanais en affirmant viser le Hezbollah, malgré l'accord.

"Une première enquête suggère que les forces de la Finul ont délibérément tiré sur le drone et l'ont abattu", a écrit sur X le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l'armée, en annonçant l'ouverture d'une enquête.

Selon lui, "l'activité du drone ne représentait aucune menace pour la Finul. Après la destruction du drone, les troupes israéliennes ont largué une grenade vers la zone où le drone est tombé".

Dimanche, la Finul a affirmé dans un communiqué qu'"un drone israélien a survolé l'une de (ses) patrouilles de manière agressive. Les Casques bleus ont appliqué les contre-mesures défensives nécessaires pour neutraliser le drone".

Elle a plus tard indiqué qu'"un drone israélien s'est approché d'une patrouille de la Finul opérant près de Kfar Kila et a largué une grenade". "Quelques instants plus tard, un char israélien a tiré en direction des Casques bleus", a-t-elle ajouté sans faire état de victime.

"Il convient de souligner qu'aucun tir n'a été dirigé contre les forces de la Finul", a dit Nadav Shoshani.

En septembre, la Finul avait affirmé que des drones israéliens avaient largué quatre grenades près de ses positions dan le sud du Liban, Israël affirmant alors qu'il n'y avait eu "aucun tir intentionnel" contre la mission de l'ONU.

Aux termes de l'accord de cessez-le-feu, seules l'armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du Liban.


Trois morts dans des frappes israéliennes au Liban

Des personnes inspectent l'épave d'un véhicule visé par une frappe israélienne dans le village de Haruf, dans le sud du Liban, le 25 octobre 2025. (AFP)
Des personnes inspectent l'épave d'un véhicule visé par une frappe israélienne dans le village de Haruf, dans le sud du Liban, le 25 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • Trois personnes, dont deux membres présumés du Hezbollah, ont été tuées dimanche dans des frappes israéliennes au Liban, notamment à Naqoura et dans la région de Baalbek, malgré un cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre 2024
  • La FINUL a dénoncé des violations israéliennes après qu’un drone et un char ont visé une de ses patrouilles, tandis qu’Israël affirme frapper pour empêcher le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaires

BEYROUTH: Trois personnes ont péri dimanche dans des frappes israéliennes au Liban, ont indiqué les autorités libanaises, l'armée israélienne affirmant avoir tué deux membres du Hezbollah dans l'est et le sud du pays.

Depuis jeudi, 11 personnes ont péri dans les raids aériens israéliens au Liban, malgré un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais entré en vigueur fin novembre 2024 après une guerre ouverte. Le Hezbollah est sorti très affaibli de ce conflit.

"Une frappe israélienne sur un véhicule a fait un mort à Naqoura (sud)", a indiqué le ministère libanais dans un communiqué avant de faire état d'un autre mort dans une frappe dans la région de Baalbek (nord-est).

Plus tard dans la journée, le ministère a annoncé une nouvelle frappe israélienne dans la région de Baalbek, qui a "coûté la vie à un Syrien".

Il n'a pas fourni d'autres précisions sur ces trois morts.

En Israël, l'armée a affirmé avoir ciblé et "éliminé le terroriste Ali Hussein Al-Moussawi, un trafiquant d'armes pour l'organisation terroriste du Hezbollah, dans la région de la Békaa", dans l'est du Liban.

Elle a aussi indiqué avoir "visé dans une frappe le terroriste Abed Mahmoud Al-Sayyed à Naqoura", qu'elle a accusé d'avoir "participé aux tentatives du Hezbollah de reconstituer ses capacités militaires dans la région".

De son côté, la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul), déployée dans le sud du pays, a affirmé qu'"un drone israélien s'est approché d'une de (ses) patrouilles près de Kfar Kila et a largué une grenade".

"Quelques instants plus tard, un char israélien a tiré en direction des Casques Bleus", a-t-elle ajouté dans un communiqué sans faire état de victime. "Ces actions des forces israéliennes (...) constituent une violation de la souveraineté du Liban."

Malgré le cessez-le-feu, l'armée israélienne mène régulièrement des frappes au Liban, affirmant viser le mouvement pro-iranien pour l'empêcher, selon elle, de reconstruire ses infrastructures détruites durant la guerre.

Israël continue en outre d'occuper cinq positions dans le sud du territoire libanais, alors que l'accord de cessez-le-feu prévoit son retrait du Liban ainsi que celui du Hezbollah.

Selon l'accord, seules l'armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du pays.

Sous la forte pression des Etats-Unis, l'armée libanaise a élaboré un plan visant à désarmer le Hezbollah, en commençant par le sud du pays, frontalier du nord d'Israël.

Le mouvement libanais refuse de désarmer.


Des mouvements palestiniens d'accord pour la gestion de Gaza par un comité indépendant de technocrates

Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
Des Palestiniens marchent à travers les destructions causées par l'offensive aérienne et terrestre israélienne dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, vendredi. (AP)
Short Url
  • Réunis au Caire sous médiation égyptienne, le Hamas, le Fatah et d'autres factions palestiniennes ont convenu de confier provisoirement la gestion de Gaza à un comité indépendant de technocrates, à la suite du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre
  • Les groupes ont également annoncé leur volonté de relancer l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme représentant légitime du peuple palestinien, marquant une étape vers une possible réconciliation politique entre le Hamas et le Fatah

LE CAIRE: Des mouvements palestiniens réunis au Caire, dont le Hamas, se sont mis d'accord vendredi, dans un communiqué commun, pour remettre provisoirement la bande de Gaza à un comité indépendant de technocrates à la suite de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre et parrainé par Donald Trump.

Selon le document publié sur le site du Hamas, les différents groupes palestiniens ayant participé aux discussions ont convenu de la mise en place d'un "comité palestinien temporaire composé de résidents indépendants +technocrates+ (...) chargé de gérer les affaires de la vie et les services essentiels".

Les groupes palestiniens se sont aussi mis d'accord sur une stratégie nationale visant à "revitaliser l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en tant que seul représentant légitime du peuple palestinien". Le Hamas ne fait pas partie de l'OLP.

Des délégations du Hamas et de son rival, le Fatah, s'étaient réunies jeudi en Egypte pour évoquer les dispositions à prendre après la guerre à Gaza, a indiqué à l'AFP une source proche des pourparlers.

Les deux mouvements entretiennent une rivalité politique ancienne, qui a souvent freiné les efforts de réconciliation nationale palestinienne.

Médiatrice de longue date dans le conflit israélo-palestinien, l'Egypte a accueilli ces réunions dans le cadre d'une initiative plus large visant à favoriser un consensus autour du plan de cessez-le-feu.

En parallèle des discussions entre le Hamas et le Fatah, le chef du renseignement égyptien, Hassan Rashad, a rencontré de hauts responsables d'autres factions palestiniennes, dont le Jihad islamique, allié du Hamas, ainsi que le Front démocratique (FDLP) et le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Ces deux dernières formations marxistes sont membres de l'OLP.

En décembre 2024, le Hamas et le Fatah avaient annoncé un accord pour créer un comité visant à gérer la bande de Gaza après la guerre contre Israël. L'accord avait été critiqué notamment par des membres du Fatah.

Par la suite, plusieurs responsables politiques palestiniens ont évoqué la création du comité de gestionnaires non affiliés en charge d'administrer le territoire où le Hamas avait pris le pouvoir par la force en 2007.

Le Hamas a déjà fait savoir qu'il ne tenait pas à gouverner Gaza, ravagée par deux ans de guerre.

Le président américain Donald Trump a de son côté évoqué un "conseil de la paix" qu'il pourrait présider pour piloter l'après-guerre à Gaza.