Liban: le gouvernement examine un plan de l'armée pour désarmer le Hezbollah

Des soldats libanais montent la garde devant une base de l'armée dans la ville de Tyr, au sud du pays, le 28 août 2025, à l'arrivée de camions transportant des armes remises aux autorités libanaises par des groupes palestiniens armés dans des camps de réfugiés, à la suite d'un accord conclu en mai. (AFP)
Des soldats libanais montent la garde devant une base de l'armée dans la ville de Tyr, au sud du pays, le 28 août 2025, à l'arrivée de camions transportant des armes remises aux autorités libanaises par des groupes palestiniens armés dans des camps de réfugiés, à la suite d'un accord conclu en mai. (AFP)
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Publié le Vendredi 05 septembre 2025

Liban: le gouvernement examine un plan de l'armée pour désarmer le Hezbollah

  • Le gouvernement examine un plan militaire pour désarmer le Hezbollah d’ici fin 2025, conformément à l’accord de cessez-le-feu soutenu par les États-Unis
  • La démarche suscite des tensions politiques internes, avec des ministres chiites alliés au Hezbollah et au mouvement Amal quittant le gouvernement pour protester

BEYROUTH: Le gouvernement libanais doit examiner vendredi un plan de l'armée en vue d'un désarmement du Hezbollah, auquel s'oppose le mouvement pro-iranien en accusant les autorités de faire le jeu d'Israël et des Etats-Unis.

En août, sous la forte pression des Etats-Unis et de crainte d'une intensification des raids israéliens au Liban, le gouvernement de Nawaf Salam a ordonné à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah d'ici fin 2025.

La réunion du gouvernement débutera dans l'après-midi au Grand Sérail, siège du Premier ministre à Beyrouth, et sera présidée par le chef de l'Etat Joseph Aoun, selon une source officielle.

Les ministres chiites du Hezbollah et du mouvement Amal, son allié, devraient y assister, a indiqué le vice-Premier ministre Tarek Mitri à un média local. Ils s'étaient retirés en août de la dernière réunion du gouvernement en signe de protestation.

Aucune indication n'a pu être obtenue sur le contenu du plan de l'armée.

Si le gouvernement procède à un vote et approuve le plan, David Wood, analyste à l'International Crisis Group, estime que le Hezbollah pourrait envisager des options comme "faire pression sur les ministres chiites pour qu'ils démissionnent" ou "tenter d'organiser des manifestations massives".

Le Hezbollah, qui a dominé la vie politique au Liban pendant de nombreuses années, est sorti très affaibli de son conflit de plus d'un an contre Israël, dont deux mois de guerre ouverte de septembre à novembre 2024. Une partie de son arsenal a été détruite et sa direction décimée.

Le gouvernement affirme que le désarmement du Hezbollah est prévu dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement chiite, négocié par les Etats-Unis et entré en vigueur le 27 novembre 2024.

- Un "péché" -

L'accord est basé sur une résolution de l'ONU stipulant que le port d'armes est réservé aux forces de sécurité et à l'armée libanaises.

Il prévoit aussi que seules l'armée libanaise et les Casques bleus de l'ONU soient déployés dans le sud du pays, à la frontière avec Israël, y excluant la présence à la fois du Hezbollah et de l'armée israélienne.

Mais celle-ci maintient toujours des troupes dans des positions jugées stratégiques dans le sud du Liban et mène régulièrement des frappes principalement contre des sites et des cadres du Hezbollah.

Ces frappes se sont intensifiées ces deux derniers jours, faisant au moins cinq morts, selon des sources officielles libanaises.

Tout en condamnant les frappes israéliennes, les autorités libanaises insistent sur un désarmement du Hezbollah, fondé et financé par l'Iran, ennemi juré d'Israël.

Mercredi, le mouvement a réitéré son refus de désarmer. Son chef Naïm Qassem a appelé fin août le gouvernement à revenir sur ce "péché" pris selon lui "sous le diktat américano-israélien".

Le Hezbollah conditionne toute discussion sur ses armes à un retrait israélien du sud du Liban, à l'arrêt des frappes israéliennes, à la libération de prisonniers et au lancement de la reconstruction.

Ce mouvement est la seule faction à avoir conservé ses armes au sortir de la guerre civile au Liban (1975-1990).


Le dernier refuge des familles de Gaza est désormais une «ville de la peur, de la fuite et des funérailles» où l'enfance ne peut pas survivre

Un homme réagit à côté d'un Palestinien tué lors d'une frappe israélienne à l'hôpital Al-Ahli Arab dans la ville de Gaza, le 4 septembre 2025. (Reuters)
Un homme réagit à côté d'un Palestinien tué lors d'une frappe israélienne à l'hôpital Al-Ahli Arab dans la ville de Gaza, le 4 septembre 2025. (Reuters)
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  • Après avoir passé 9 jours dans le territoire, une fonctionnaire de l'UNICEF met en garde contre les déplacements répétés, les enfants séparés de leurs parents, les mères pleurant leurs enfants morts de faim
  • Elle parle de jeunes mutilés par des éclats d'obus qu'elle a rencontrés dans les hôpitaux et met en garde : L'impensable n'est pas à venir, il est déjà là

NEW YORK : Autrefois refuge pour les familles, la ville de Gaza est aujourd'hui un endroit où "l'enfance ne peut pas survivre", a déclaré jeudi un haut responsable de l'UNICEF.

"C'est une ville de peur, de fuite et de funérailles ", a déclaré Tess Ingram, responsable de la communication de l'organisation pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, s'exprimant depuis Gaza.

"Le monde tire la sonnette d'alarme sur ce qu'une intensification de l'offensive militaire dans la ville de Gaza pourrait entraîner : une catastrophe pour près d'un million de personnes. Mais nous ne pouvons pas attendre que l'impensable se produise pour agir".

Après avoir passé neuf jours dans le territoire, M. Ingram a raconté des histoires de déplacements répétés, d'enfants séparés de leurs parents, de mères pleurant des enfants morts de faim et d'autres qui craignent que leurs enfants ne soient les prochains.

Elle a également parlé de jeunes mutilés par des éclats d'obus qu'elle a rencontrés dans des hôpitaux et a lancé un avertissement : "L'impensable n'est pas à venir, il est déjà là.

La montée en flèche de la malnutrition infantile est l'une des plus graves situations d'urgence à Gaza. Sur les 92 centres de nutrition ambulatoires de la ville de Gaza, soutenus par l'UNICEF, seuls 44 sont encore opérationnels.

"C'est à cela que ressemble la famine dans une zone de guerre", a déclaré Mme Ingram, décrivant des cliniques surchargées, remplies d'enfants affamés et de parents désespérés. Elle a raconté que de nombreuses familles survivent grâce à un seul bol quotidien de lentilles ou de riz, partagé entre tous les membres, les mères sautant des repas pour que leurs enfants puissent manger.

Elle a raconté en particulier l'histoire de Nesma, une mère qu'elle a rencontrée pour la première fois en avril 2024. La fille de Nesma, Jana, a été évacuée de Gaza pour recevoir un traitement médical contre la malnutrition et s'est rétablie. Mais après le bref cessez-le-feu à Gaza et le retour de la famille dans le nord du territoire, le blocus a repris. Le fils cadet de Nesma, Jouri, est mort le mois dernier de malnutrition, a indiqué M. Ingram, et Jana, à nouveau gravement malade, tient à peine le coup.

"Je suis anéantie après avoir élevé mon enfant et l'avoir perdu dans mes bras", a déclaré Nesma à Ingram. "Je supplie de ne pas perdre Jana aussi.

L'UNICEF continue d'opérer dans la bande de Gaza, apportant une aide vitale. Au cours des deux dernières semaines, il a fourni suffisamment d'aliments thérapeutiques pour 3 000 enfants souffrant de malnutrition sévère, des aliments complémentaires pour 1 400 nourrissons et des biscuits à haute teneur énergétique pour 4 600 femmes enceintes ou allaitantes. Mais les besoins de la population du territoire sont bien plus importants.

Les statistiques sont brutales. En février, 2 000 enfants ont été admis dans des centres de santé pour y être traités contre la faim. En juillet, ce chiffre est passé à 13 000. Au cours de la seule première quinzaine d'août, 7 200 autres ont été admis.

Pendant ce temps, l'accès à Gaza reste étroitement limité par les autorités israéliennes. En moyenne, seuls 41 camions d'aide entrent dans le territoire chaque jour, un nombre négligeable par rapport aux 6 000 à 8 500 camions nécessaires. Même les jours les plus favorables, seuls une centaine de camions parviennent à passer. Les barrières bureaucratiques et sécuritaires, associées au pillage, entravent encore davantage les efforts de distribution de l'aide.

L'UNICEF recherche 716 millions de dollars de financement auprès de la communauté internationale pour son intervention à Gaza, mais le financement n'est que de 39 %. Malgré les conditions de famine, l'aide nutritionnelle n'est financée qu'à hauteur de 17 %.

"Nous pourrions faire beaucoup plus et atteindre chaque enfant si nos opérations étaient mises en place à grande échelle et entièrement financées", a déclaré M. Ingram.

Des fournitures essentielles telles que des couches et du lait maternisé spécialisé sont livrées en quantités limitées, mais il en faut beaucoup plus. Selon M. Ingram, certaines fournitures sont pillées en cours de route, un problème qui pourrait être résolu si les volumes d'aide étaient suffisants pour répondre à la demande.

En plus de répondre aux besoins nutritionnels, l'UNICEF fournit également de l'eau potable, des salles de classe provisoires, des services de protection de l'enfance, un soutien en matière de santé mentale, du matériel hospitalier et une aide en espèces.

Mais les hôpitaux restent débordés. Sur les 11 qui fonctionnent encore partiellement dans la ville de Gaza, seuls cinq disposent d'unités de soins intensifs néonatals. Quarante couveuses, utilisées à 200 % de leur capacité, maintiennent en vie 80 nouveau-nés fragiles, mais dépendent d'une alimentation électrique irrégulière et en baisse.

Même les zones dites "sûres" sont devenues mortelles. Au cours d'une nuit récente, une jeune fille de 13 ans, Mona, a survécu à une frappe israélienne qui a tué sa mère, son frère de 2 ans et sa sœur de 8 ans. Elle est aujourd'hui allongée dans un lit d'hôpital après une opération de l'abdomen et l'amputation de sa jambe gauche.

"J'ai eu très mal", a déclaré Mona à M. Ingram. "Mais je ne suis pas triste pour ma jambe ; je suis triste d'avoir perdu ma mère.

Mme Ingram a exhorté les autorités israéliennes à revoir leurs règles d'engagement afin de mieux protéger les enfants, conformément aux principes du droit international humanitaire, et a appelé le Hamas et les autres groupes armés à libérer les otages. Elle a insisté sur la nécessité pour les deux parties au conflit de permettre un accès sûr et durable aux travailleurs humanitaires, de protéger les civils et les infrastructures essentielles, et de rétablir l'accord de cessez-le-feu.

"La vie des Palestiniens est en train d'être démantelée", a déclaré Mme Ingram. "À Gaza, l'impensable a déjà commencé. Le coût de l'inaction se mesurera en vies d'enfants ensevelis sous les décombres, anéantis par la faim et réduits au silence avant même d'avoir eu l'occasion de s'exprimer.


Reconnaissance de la Palestine: Israël accuse Macron de déstabiliser le Proche-Orient

Un colon israélien pénètre dans une maison située à l'entrée du marché palestinien dans la vieille ville d'Hébron, qui aurait été confisquée la nuit précédente par des colons, le 3 septembre 2025, dans la ville divisée d'Hébron, en Cisjordanie occupée. (AFP)
Un colon israélien pénètre dans une maison située à l'entrée du marché palestinien dans la vieille ville d'Hébron, qui aurait été confisquée la nuit précédente par des colons, le 3 septembre 2025, dans la ville divisée d'Hébron, en Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Macron tente d'intervenir de l'extérieur dans un conflit auquel il n'est pas partie, d'une manière complètement déconnectée de la réalité sur le terrain après le 7 octobre" 2023
  • "Macron sape la stabilité de la région avec ses actions", ajoute M. Saar, pour qui "ses actions sont dangereuses [et] n'apporteront ni la paix ni la sécurité"

JERUSALEM: Emmanuel Macron "sape la stabilité" du Proche-Orient et ses actions sont "dangereuses", a accusé Israël après une mise en garde du président français contre toute tentative israélienne d'annexer des territoires en riposte à la reconnaissance de la Palestine envisagée par Paris.

"Macron tente d'intervenir de l'extérieur dans un conflit auquel il n'est pas partie, d'une manière complètement déconnectée de la réalité sur le terrain après le 7 octobre" 2023, date de l'attaque du Hamas sur Israël ayant déclenché la guerre en cours à Gaza, a écrit le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar dans un message sur X publié mardi soir.

"Macron sape la stabilité de la région avec ses actions", ajoute M. Saar, pour qui "ses actions sont dangereuses [et] n'apporteront ni la paix ni la sécurité".

"Aucune offensive, tentative d’annexion et de déplacement des populations n'enrayera la dynamique que nous avons créée avec le Prince héritier [saoudien et dirigeant de facto de l'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane] et à laquelle de nombreux partenaires se sont déjà joints", avait déclaré un peu plus tôt le président français sur X.

Dans ce message, M. Macron rappelle qu'il coprésidera le 22 septembre avec le prince saoudien une conférence au siège de l'ONU à New York sur la "solution à deux Etats" au cours de laquelle Paris doit formaliser, de concert avec plusieurs autres pays comme l'Australie, la Belgique ou le Canada, sa reconnaissance de l'Etat de Palestine.

Selon plusieurs médias israéliens, le gouvernement israélien a débattu récemment de l'opportunité d'annexer des territoires en Cisjordanie (territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967) en réponse à cette initiative.

Israël considère que reconnaître un Etat palestinien revient à accorder "une récompense au Hamas", après les massacres du 7 octobre 2023 commis par le mouvement islamiste palestinien, quand M. Macron affiche l'objectif de "rassembler la plus large contribution internationale à la solution à deux Etats, seule à même de répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens".

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 63.633 morts dans la bande de Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon des chiffres du ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués.


Un ministre israélien d'extrême droite appelle à l'annexion de la Cisjordanie

Le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, a appelé mercredi à l'annexion de larges portions de la Cisjordanie occupée, après l'annonce par plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat palestinien. (AFP)
Le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, a appelé mercredi à l'annexion de larges portions de la Cisjordanie occupée, après l'annonce par plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat palestinien. (AFP)
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  • "Le moment est venu d'appliquer la souveraineté israélienne en Judée-Samarie", a déclaré M. Smotrich, utilisant le nom qu'Israël emploie pour désigner la Cisjordanie, un territoire palestinien qu'il occupe depuis 1967
  • Il a ajouté que l'administration des colonies au sein du ministère de la Défense dont il est chargé avait, ces derniers mois, élaboré des cartes qui permettraient d'appliquer la souveraineté israélienne à environ 82% de la Cisjordanie

JERUSALEM: Le ministre israélien des Finances d'extrême droite, Bezalel Smotrich, a appelé mercredi à l'annexion de larges portions de la Cisjordanie occupée, après l'annonce par plusieurs pays de leur intention de reconnaître un Etat palestinien.

Mardi, la Belgique a annoncé qu'elle reconnaîtrait l'Etat de Palestine lors de l'Assemblée générale de l'ONU ce mois-ci, ajoutant son nom à la liste des pays partageant ce projet, comme l'Australie ou le Canada et la France.

"Le moment est venu d'appliquer la souveraineté israélienne en Judée-Samarie", a déclaré M. Smotrich, utilisant le nom qu'Israël emploie pour désigner la Cisjordanie, un territoire palestinien qu'il occupe depuis 1967.

Il a ajouté que l'administration des colonies au sein du ministère de la Défense dont il est chargé avait, ces derniers mois, élaboré des cartes qui permettraient d'appliquer la souveraineté israélienne à environ 82% de la Cisjordanie.

Selon ce ministre, cette mesure permettrait "de retirer de l'agenda, une fois pour toutes, l'idée de diviser notre minuscule terre et d'y établir en son centre un Etat terroriste".

L'Autorité palestinienne, qui exerce un contrôle limité sur certaines parties de la Cisjordanie, a promptement condamné "dans les termes les plus forts"les propos de M. Smotrich, "en particulier ses appels incendiaires à intensifier l'activité de colonisation".

Fin juillet, le président français Emmanuel Macron a annoncé que la France allait reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU. Dans la foulée, plus d'une dizaine de gouvernements occidentaux ont appelé d'autres pays du monde à faire de même.

"L'application de la souveraineté en Judée-Samarie est une étape préventive face à l'attaque politique planifiée contre nous et face aux tentatives de mettre en danger notre existence et l'avenir de nos enfants", a encore déclaré M. Smotrich.