L’Estonie et l’Arabie saoudite unies par des valeurs communes, selon Tsahkna

Margus Tsahkna, ministre estonien des Affaires étrangères, et Noor Nugali, rédactrice en chef adjointe, lors d'un entretien avec Arab News. (Photo: AN)
Margus Tsahkna, ministre estonien des Affaires étrangères, et Noor Nugali, rédactrice en chef adjointe, lors d'un entretien avec Arab News. (Photo: AN)
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Publié le Jeudi 11 septembre 2025

L’Estonie et l’Arabie saoudite unies par des valeurs communes, selon Tsahkna

  • Le ministre estonien des Affaires étrangères déclare que la frappe aérienne sans précédent d’Israël contre l’équipe de négociation du Hamas à Doha porte atteinte à l’ordre international fondé sur des règles
  • Il affirme que l’accord commercial général signé lors de la visite d’État à Riyad marque un tournant dans les relations bilatérales entre l’Arabie saoudite et l’Estonie

​​​​​​RIYAD : Le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna, a qualifié sa visite en Arabie saoudite d’« historique », évoquant la signature cette semaine d’un accord commercial majeur avec le Royaume et le renforcement de la coopération dans les domaines de la transformation numérique, des énergies vertes et de l’innovation dans le cadre de la Vision 2030.

Dans un entretien accordé à Arab News, Tsahkna a expliqué en quoi le nouvel accord commercial général constitue un tournant dans les relations bilatérales. Il s’est également exprimé sur les crises plus larges qui secouent le Moyen-Orient et l’Europe — de la frappe israélienne sans précédent au Qatar à l’intensification de la guerre menée par la Russie en Ukraine.

« Ma visite en Arabie saoudite est, je peux le dire, historique, car nous entretenons de très bonnes relations bilatérales », a déclaré Tsahkna.

« Nous avons eu ici des réunions de très haut niveau. Son Altesse, le Premier ministre, s’est également rendu en Estonie. Nous avons de très bonnes relations personnelles. Mais cette fois-ci, je suis venu accompagné d’une délégation d’affaires, composée principalement d’entreprises déjà présentes en Arabie saoudite, dans la région. »

Les deux pays ont signé mardi à Riyad leur premier accord commercial général, en présence de Tsahkna et du ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane.

« L’Arabie saoudite considère l’Estonie comme un partenaire de confiance dans la construction de solutions tournées vers l’avenir », a déclaré le prince Faisal dans un communiqué publié après la signature.

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, rencontre le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna, à Riyad. (KSAMOFA)

« Cet accord jette les bases d’une coopération plus étroite dans les domaines du gouvernement numérique, des énergies propres et des industries avancées — renforçant les liens entre nos nations et créant de nouvelles opportunités pour nos citoyens. »

Cet accord a déjà porté ses premiers fruits : l’entreprise estonienne Stargate Hydrogen a signé deux protocoles d’accord avec des entités saoudiennes, dont l’Autorité pour la recherche, le développement et l’innovation, ainsi qu’ENOWA (la filiale énergie de NEOM), afin d’accélérer le développement de l’hydrogène vert.

Tsahkna a déclaré qu’il existait une convergence naturelle entre l’expertise de l’Estonie en matière de gouvernance électronique et la transformation rapide de l’Arabie saoudite.

« L’Arabie saoudite a déjà parcouru un long chemin pour réaliser sa Vision 2030 », a-t-il déclaré.
« Ce que nous pouvons également offrir, c’est notre expérience en matière de transformation des services publics.

Le principe que nous avons en Estonie, c’est que chaque personne, chaque citoyen, doit être inclus dans nos services. Il n’y a personne que nous laissons de côté. Et la numérisation des services publics le permet. »

L’Estonie est largement reconnue comme un leader mondial de la gouvernance numérique, avec 100 % de ses services publics disponibles en ligne, et des plateformes sécurisées telles que X-Road pour l’échange de données, ainsi que le système d’identité électronique (e-ID), adoptés dans plus de 20 pays.

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Le ministre estonien des Affaires étrangères, Margus Tsahkna, a qualifié sa visite en Arabie saoudite d'"historique". (KSAMOFA)

Son expertise en cybersécurité et en identité numérique a déjà trouvé des applications dans les économies du Golfe, faisant de l’Estonie un partenaire naturel dans les efforts de modernisation des gouvernements et des industries en Arabie saoudite.

L’Estonie est déjà membre de l’Organisation de coopération numérique, basée à Riyad, une instance multilatérale mondiale créée en 2020, qui vise à favoriser une prospérité numérique pour tous en accélérant la croissance inclusive et durable de l’économie numérique.

« L’Arabie saoudite joue un rôle moteur dans la région, mais nous la considérons également comme une porte d’entrée vers le monde, notamment vers l’Afrique et de nombreux autres pays », a déclaré Tsahkna. « Cette initiative (la DCO) est très intéressante et importante pour nous aussi. »

Tsahkna a souligné que l’approche estonienne repose fortement sur l’innovation issue du secteur privé.

« Si je parle du secteur privé, c’est parce que nous avons une règle : nous réalisons nos innovations en collaboration avec le secteur privé, car l’innovation vient de là.
Et c’est exactement ce que nous constatons ici également. Nous avons lancé le Conseil d’affaires saoudo-estonien, ce qui permettra aussi à nos entreprises de coopérer — en complément des accords gouvernementaux. »

Tsahkna a également évoqué les énergies renouvelables comme un domaine clé d’apprentissage mutuel.

« Nous nous sommes fixés un objectif ambitieux en matière d’énergies renouvelables à l’horizon 2030 », a-t-il déclaré.
« Et il y a beaucoup de choses que nous pouvons apprendre de l’Arabie saoudite. 

Nous avons certaines technologies que nous pouvons peut-être développer ensemble, mais nous avons aussi besoin de cette expertise en Estonie, car nous poursuivons en réalité les mêmes objectifs — même si nous sommes géographiquement éloignés. »

Le ministre estonien des Affaires étrangères a profité de son entretien avec Arab News pour s’exprimer sur la frappe aérienne israélienne sans précédent, survenue mardi au Qatar, et visant des dirigeants du Hamas — dont leur principal négociateur — alors que des discussions de cessez-le-feu étaient en cours avec les États-Unis et Israël.

L’attaque a eu lieu dans le quartier de West Bay Lagoon et a fait six morts, dont un agent de sécurité qatari.

Israël a affirmé que cette opération faisait suite aux attaques du 7 octobre 2023 et à une récente fusillade à Jérusalem, affirmant qu’il s’agissait d’une action unilatérale ciblant les responsables d’actes de violence contre les Israéliens.

Le Qatar, allié stratégique des États-Unis et médiateur de longue date dans les négociations de cessez-le-feu à Gaza, a condamné l’attaque comme une violation grave du droit international et de sa souveraineté — des condamnations partagées par une grande partie de la communauté internationale.

« Nous vivons une époque très intense. Et l’attaque israélienne contre le Qatar, nous l’avons condamnée avec force », a déclaré Tsahkna.*

« Nous avons également abordé ce sujet avec Son Altesse le ministre saoudien des Affaires étrangères.
Notre position est très claire. C’est une question de souveraineté, et pour l’Estonie, c’est une question de principe. »

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Margus Tsahkna, ministre estonien des Affaires étrangères, et Noor Nugali, rédactrice en chef adjointe, lors d'un entretien avec Arab News. (Photo: AN)

Établissant un parallèle avec les attaques russes en Europe, il a mis en garde contre une érosion généralisée de l’ordre juridique international.

« Nous avons vu près de 20 drones militaires pénétrer dans le territoire de l’OTAN en Pologne, et des avions de l’OTAN ont été mobilisés. Ce que je veux dire, c’est que cela agit comme un effet domino sur le droit et les règles internationales. Et c’est quelque chose que nous partageons avec l’Arabie saoudite et nos autres partenaires : si quelqu’un commence à enfreindre les règles, d’autres suivront. »

Tsahkna a réaffirmé la position constante de l’Estonie concernant le conflit israélo-palestinien.

« L’Estonie a toujours défendu la solution à deux États, et c’est la seule issue possible à ce conflit », a-t-il affirmé.

« Malheureusement, nous ne voyons ni progrès ni bonne volonté. Et bien sûr, l’attaque contre le Qatar ne favorise en rien ce processus, car le Qatar, l’Arabie saoudite et bien d’autres pays de la région jouent un rôle clé pour réunir les négociateurs. »

Il a confirmé que l’Estonie se joindra à la déclaration en faveur de deux États lors de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations Unies.

« Cette catastrophe humanitaire est vraiment, vraiment quelque chose que nous ne voulons pas voir », a-t-il ajouté, en référence à la situation à Gaza.

Interrogé sur le prochain sommet saoudo-français à New York consacré à la solution à deux États, Tsahkna a répondu : « Je suis quelqu’un de très optimiste. Et l’Estonie soutient clairement, depuis des années, cette solution — non seulement par des mots, mais aussi par des actes. C’est une bonne initiative. L’Arabie saoudite et la France s’y investissent activement. On peut adopter des déclarations, ce qui est très important, et de plus en plus de gouvernements reconnaissent la Palestine comme un État. Mais l’essentiel, c’est : que peut-on faire dans la réalité ? »

Il a toutefois mis en garde contre le manque de volonté politique. « Dans les faits, nous ne voyons aucune volonté, même pour un cessez-le-feu. C’est exactement la même chose avec Vladimir Poutine et la Russie contre l’Ukraine. »

Il a ajouté : « Chaque nuit, nous assistons à plus de 800 attaques contre des civils en Ukraine. Et malheureusement, Poutine n’a aucune volonté de paix, même pas pour un cessez-le-feu. »

Pour Tsahkna, la visite à Riyad va bien au-delà d’accords ponctuels. « Nous sommes ici pour des engagements à long terme, et nos entreprises sont là pour rester. Et cela fonctionne aussi dans l’autre sens. L’Estonie est le meilleur pays avec l’environnement le plus favorable pour les startups et les investissements. Nous avons 12 licornes — des entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars. Nous ne sommes peut-être pas un grand pays, mais nous sommes 1,3 million d’habitants. »

Malgré la distance géographique, il insiste sur les nombreux défis communs entre l’Estonie et l’Arabie saoudite.

« C’est une coopération fondée sur des valeurs. Et nous voyons aussi un fort potentiel de collaboration dans les domaines éducatif et culturel », a-t-il déclaré.

« J’ai le sentiment que nous devons davantage parler de ce que nous avons accompli en Estonie, car je pense que les gens ignorent ce que nous faisons réellement en tant que petit pays nordique.

Mais dans la réalité, nous avons plus de points communs et plus de défis partagés que ce que l’on imagine. Et c’est notre responsabilité d’y répondre. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'UE condamne les frappes israéliennes au Liban, exige le respect du cessez-le-feu

Un soldat de l'armée libanaise discute avec un ouvrier alors qu'il déblaye les décombres d'un site visé pendant la nuit par une frappe aérienne israélienne dans le village d'Et Taybeh, dans le sud du Liban. (AFP)
Un soldat de l'armée libanaise discute avec un ouvrier alors qu'il déblaye les décombres d'un site visé pendant la nuit par une frappe aérienne israélienne dans le village d'Et Taybeh, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • L’Union européenne condamne les frappes israéliennes au sud du Liban et appelle Israël à respecter la résolution 1701 ainsi que le cessez-le-feu signé avec le Hezbollah en novembre 2024
  • L’UE exhorte toutes les parties libanaises, notamment le Hezbollah, à éviter toute escalade et à préserver les progrès réalisés vers la stabilité régionale

BRUXELLES: L'Union européenne a condamné les récentes frappes israéliennes sur le sud du Liban et appelé à respecter le cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le Hezbollah, dans un communiqué publié samedi par sa diplomatie.

"L'UE appelle Israël à mettre fin à toutes les actions qui violent la résolution 1701 et l'accord de cessez-le-feu conclu il y a un an, en novembre 2024", souligne Anouar El Anouni, porte-parole de l'UE pour les Affaires étrangères.

"Dans le même temps, nous exhortons tous les acteurs libanais, et en particulier le Hezbollah, à s'abstenir de toute mesure ou réaction susceptible d'aggraver encore la situation. Toutes les parties doivent s'attacher à préserver le cessez-le-feu et les progrès accomplis jusqu'à présent", insiste le porte-parole.

De nouvelles frappes ont été menées jeudi sur le sud du Liban par Israël, qui a dit viser des cibles du mouvement pro-iranien Hezbollah, accusé de vouloir se réarmer.

L'armée israélienne avait appelé auparavant des habitants de quatre villages à évacuer des bâtiments en prévenant qu'elle allait frapper des infrastructures militaires du mouvement libanais.

L'armée libanaise a elle estimé que les raids israéliens visaient à "empêcher l'achèvement" de son déploiement dans cette région, conformément à l'accord de cessez-le-feu qui avait mis fin il y a près d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël.

Ces frappes israéliennes ont déjà été condamnées par le président libanais Joseph Aoun et par l'Iran, qui a dénoncé vendredi des "attaques sauvages" et appelé la communauté internationale à réagir.


Le Soudan au bord du gouffre, selon un haut responsable de l’ONU

Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être proche d'un point de basculement vers des atrocités, alors que les informations faisant état de meurtres et d'attaques généralisés contre des civils à El-Fasher se multiplient. (AFP)
Le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être proche d'un point de basculement vers des atrocités, alors que les informations faisant état de meurtres et d'attaques généralisés contre des civils à El-Fasher se multiplient. (AFP)
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  • Des attaques directes contre les civils” soulignent la nécessité d’une action urgente, alerte Chaloka Beyani
  • L’ONU met en garde contre l’aggravation de la situation au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de personnes font face à des pénuries aiguës de nourriture, d’eau et de soins médicaux

NEW YORK : Le conseiller spécial de l’ONU pour la prévention du génocide a déclaré vendredi que le Soudan pourrait être sur le point de basculer dans des atrocités massives, alors que se multiplient les rapports faisant état de meurtres et d’attaques contre des civils à El-Fasher.

Mettant en garde contre le fait qu’“un seuil est sur le point d’être franchi”, Chaloka Beyani a affirmé que “lorsque notre bureau tire la sonnette d’alarme, c’est que la situation dépasse largement les violations ordinaires des droits humains ou du droit humanitaire international.”

Il a ajouté que “l’ampleur des atrocités montre qu’une action précoce doit être engagée.”

Beyani a dénoncé de “graves violations massives du droit international des droits de l’homme” et de “nouvelles attaques directes contre les civils” perpétrées par les belligérants au Darfour.

Des rapports et vidéos, apparus fin octobre, montrent des atrocités présumées commises par les Forces de soutien rapide (RSF) après leur prise de contrôle d’El-Fasher sur les troupes gouvernementales, mettant fin à un siège qui durait depuis plus de 500 jours.

Le coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, Tom Fletcher, a récemment déclaré devant le Conseil de sécurité que “l’horreur se poursuit” au Darfour, avertissant que les civils restaient piégés dans une spirale de violences généralisées.

Le bureau de Beyani a indiqué que plusieurs indicateurs de risque d’atrocités étaient désormais présents au Soudan, tout en rappelant que seule une cour internationale pourrait déterminer si un génocide avait été commis.

La Cour pénale internationale (CPI) a également fait part de sa “profonde inquiétude” cette semaine, précisant qu’elle recueillait des éléments de preuve concernant des massacres, viols et autres atrocités présumés à El-Fasher.

Parallèlement, plusieurs sources indiquent que les RSF ont accepté un “cessez-le-feu humanitaire” proposé par les États-Unis, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

L’ONU a par ailleurs averti que les conditions humanitaires continuaient de se détériorer au Darfour-Nord, où des centaines de milliers de déplacés d’El-Fasher souffrent de pénuries extrêmes de nourriture, d’eau et de soins médicaux.

Les agences humanitaires installent de nouveaux camps à Tawila et dans d’autres zones voisines, mais plus de 650 000 personnes restent dans un besoin urgent d’aide.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Conseil de sécurité de l’ONU lève les sanctions contre le président syrien Ahmad al-Chareh

Le président syrien Ahmed al-Chareh rend visite au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres (hors champ) lors de l'Assemblée générale au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2025. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh rend visite au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres (hors champ) lors de l'Assemblée générale au siège des Nations unies à New York, le 24 septembre 2025. (AFP)
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  • Résolution présentée par les États-Unis, qui retirent également de la liste le ministre de l’Intérieur Anas Hasan Khattab, adoptée avec 14 voix pour, aucune contre ; la Chine s’abstient
  • L’envoyé américain à l’ONU, Mike Waltz, déclare que le Conseil envoie « un signal politique fort reconnaissant que la Syrie entre dans une nouvelle ère » après la chute du régime Assad en décembre dernier

NEW YORK: Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté jeudi la levée des sanctions visant Ahmad al-Chareh, retirant ainsi le président syrien de la Liste des sanctions Daech et Al-Qaïda, dans une décision largement considérée comme un signe de reconnaissance internationale du nouvel ordre politique post-Assad en Syrie.

La résolution 2729, déposée par les États-Unis, a été adoptée par 14 voix pour, aucune contre, et une abstention, celle de la Chine. Elle retire également le ministre syrien de l’Intérieur, Anas Hasan Khattab, auparavant désigné dans le cadre du même régime de sanctions.

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations unies, le Conseil a déclaré jeudi que les deux responsables ne sont plus soumis aux gels d’avoirs ni aux interdictions de voyager imposés par les précédentes mesures de lutte contre le terrorisme.

Al-Chareh est arrivé jeudi à Belém, au Brésil, pour la Conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2025 (COP 30), et doit rencontrer le président américain Donald Trump à la Maison-Blanche à Washington lundi.

Al-Chareh a dirigé la coalition Hayat Tahrir Al-Sham lors de l’offensive de décembre 2024 qui a renversé le régime Assad, après quoi il est devenu le dirigeant de facto de la Syrie.

Washington exhortait depuis plusieurs mois les quinze membres du Conseil de sécurité à assouplir les sanctions visant la Syrie et les responsables de son nouveau gouvernement.

Le représentant permanent des États-Unis auprès de l’ONU, Mike Waltz, a déclaré qu’en adoptant la résolution, le Conseil envoyait « un signal politique fort reconnaissant que la Syrie est entrée dans une nouvelle ère depuis que Assad et ses associés ont été renversés en décembre 2024 ».

Il a ajouté : « Il existe aujourd’hui un nouveau gouvernement syrien, dirigé par le président Ahmad al-Chareh, qui travaille dur pour remplir ses engagements en matière de lutte contre le terrorisme et les stupéfiants, d’élimination de tout reste d’armes chimiques, et de promotion de la sécurité et de la stabilité régionales, ainsi que d’un processus politique inclusif, conduit et possédé par les Syriens eux-mêmes.

« Comme le président Trump l’a précédemment indiqué, la Syrie a désormais sa chance de grandeur. »

En rendant sa décision, le Conseil de sécurité a rappelé une série de résolutions précédentes visant Daech, Al-Qaïda et les groupes qui leur sont affiliés, et a réaffirmé son « engagement fort en faveur de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale de la République arabe syrienne ».

Le texte de la résolution, consulté par Arab News, souligne que le retrait des responsables syriens de la liste est conforme aux efforts visant à promouvoir « la reconstruction à long terme, la stabilité et le développement économique » du pays, tout en maintenant l’intégrité du cadre mondial des sanctions antiterroristes.

La résolution salue l’engagement de la République arabe syrienne à garantir « un accès humanitaire complet, sûr, rapide et sans entrave » conformément au droit humanitaire international ; à lutter contre le terrorisme, y compris les combattants terroristes étrangers, ainsi que les individus, groupes, entreprises et entités affiliés à Daech ou Al-Qaïda ; à protéger les droits humains et à assurer la sécurité de tous les Syriens, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse ; à poursuivre les efforts de lutte contre les stupéfiants ; à promouvoir la justice transitionnelle ; à œuvrer pour la non-prolifération et l’élimination des restes d’armes chimiques ; à renforcer la sécurité et la stabilité régionales ; et à mener un processus politique inclusif, dirigé et possédé par les Syriens eux-mêmes.

Le Conseil a exprimé son attente que les autorités syriennes respectent ces engagements et contribuent à la stabilité régionale.

Al-Chareh avait été sanctionné par l’ONU en mai 2014, lorsque Hayat Tahrir Al-Sham, alors affiliée à Al-Qaïda, avait été ajoutée à la Liste des sanctions Daech et Al-Qaïda. Cette désignation imposait une interdiction de voyager et un gel des avoirs qui devaient rester en vigueur pendant plus d’une décennie.

Le vote de jeudi au Conseil de sécurité fait suite à la décision de Washington, en mai, de lever la plupart des sanctions américaines contre la Syrie. Ces mesures, instaurées en 1979 et considérablement élargies après le déclenchement de la guerre civile syrienne en 2011, limitaient le commerce, l’investissement et les exportations d’énergie. Bien que la majorité de ces restrictions aient été levées, certaines dispositions du Congrès restent en place dans l’attente d’un examen ultérieur.

En retirant officiellement Ahmad al-Chareh de la liste, la résolution du Conseil de sécurité est considérée comme un tournant dans l’engagement international envers les nouvelles autorités syriennes.

Des diplomates ont décrit cette décision à la fois comme une reconnaissance pragmatique des nouvelles réalités sur le terrain et comme une incitation à poursuivre la coopération en matière d’accès humanitaire, de lutte contre le terrorisme et de réforme politique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com