Le Hezbollah dirige des camps d’entrainement à la désinformation en ligne

(Photo, Mahmoud ZAYYAT/AFP)
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Publié le Mardi 04 août 2020

Le Hezbollah dirige des camps d’entrainement à la désinformation en ligne

  • La milice soutenue par l’Iran a réalisé d’énormes profits en formant des recrues à l’art de la désinformation en ligne
  • De fausses nouvelles ont conduit à de la violence et des meurtres politiques en Irak

LONDRES: Une enquête a révélé le rôle du Hezbollah dans la formation de recrues à travers le Moyen-Orient pour diffuser en ligne de la désinformation et semer des troubles politiques et de la violence dans la région.
La milice libanaise a créé des ‘’armées électroniques’’ d’activistes sur les réseaux sociaux soutenus par l’Iran, entrainées pour diffuser de fausses informations politiques, selon le journal Telegraph.  
Depuis 2012, le Hezbollah a recruté dans toute la région des éléments qu’il a amenés à Beyrouth pour recevoir une formation spécialisée sur la façon de manipuler numériquement les photos, de gérer un grand nombre de faux comptes sur les réseaux sociaux, de réaliser des vidéos, d’éviter la censure de Facebook et de diffuser de façon efficace de la désinformation en ligne.
Ces personnes retournent ensuite dans leur pays d’origine et forment leurs réseaux avec les compétences acquises dans la capitale libanaise.
Le Telegraph a interviewé un certain nombre de personnes directement impliquées dans le programme. Mohammed, qui a suivi l’un de ces cours, a affirmé qu’il était surpris du niveau de technicité et d’efficacité du cours.
"Secteur de l'illusion"
‘’C’est le secteur de l’illusion…pour les clients cela vaut la peine d’investir cet argent,’’ a-t-il déclaré.
Mohammed reste en Irak où il forme d’autres personnes à des tactiques enseignées par le Hezbollah.
Abdullah, un dirigeant politique de l’un des plus grands partis politiques irakiens a été directement impliqué dans l’envoi de nombreuses recrues pour une formation à Beyrouth. Il a expliqué que la formation n’aidait pas seulement à étendre l’influence de l’Iran et de ses alliés, mais qu’elle était devenue une vache laitière pour la milice libanaise. 
‘’C’est devenu une entreprise pour le Hezbollah. Les personnes que nous avons envoyées ont développé leurs compétences à Beyrouth et quand elles sont retournées elles ont commencé à former des activistes en l’Irak,’’ a-il-précisé. 
Abdullah a également précisé que des formations similaires étaient disponibles en Iran, bien que moins populaires et moins accessibles.
Désinformer, un but en soi
Alors que le Hezbollah profite financièrement de ce programme lucratif, des pays comme l’Irak en paient le prix. Les fausses nouvelles partagées sur les réseaux sociaux à des fins politiques ont régulièrement des conséquences sérieuses, incluant des confrontations violentes et des pertes de vie.
L’un de ces cas marquants fut le meurtre de Hisham Al-Hashimi, un expert iraken en sécurité faisant une recherche sur le rôle de l’après-Daesh des milices irakennes comme les «brigades du Hezbollah en Irak » soutenus par l’Iran.
Il avait été l’objet d’une campagne de diffamation prolongée en ligne qui l’accusait d’ordonner l’assassinat de musulmans chiites et fut tué en juillet.
Nombreux sont ceux qui suspectent les « brigades du Hezbollah en Irak » d’être à l’origine de cette campagne dans les mois qui ont précédé le meurtre de Al-Hashimi.
Leurs opérateurs ont reçu du Hezbollah un entraînement de désinformation et ont mis en place un grand nombre de campagnes féroces à grande échelle sur les réseaux sociaux tout au long de 2019, pour diffuser un contenu performant afin d’atteindre à la réputation de leurs opposants politiques.
‘’Les faux messages et déclarations incitant à la violence qui se propagent en ligne peuvent facilement mener à de la violence meurtrière dans la vraie vie en Irak, ‘’ a affirmé Mohammad Al-Semawee, directeur du Centre des Médias Numériques Irakien (DMC).
‘’L’effet global du déferlement des faux profils qui diffusent de fausses informations est énormément nuisible à l’Irak – et cela empire de jour en jour.’’
Le Hezbollah est considéré comme une organisation terroriste par 18 pays et institutions internationales, notamment les USA, la Grande-Bretagne, la Ligue Arabe ainsi que l’UE. Leurs ‘’activités de formation et de liaison avec les insurgés chiites en Irak’’ – tels que les « brigades du Hezbollah en Irak » – ont été citées comme la raison majeure derrière la désignation permanente du groupe comme terroriste par Washington. 
 


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.