Le président syrien met en garde contre les attaques israéliennes lors d’un discours historique à l’ONU

Des Syriens se rassemblent sur la place des Omeyyades à Damas, en Syrie, pour assister à la projection publique du discours du président Ahmad al-Chareh à l'Assemblée générale des Nations unies, mercredi 24 septembre 2025. (AP Photo)
Des Syriens se rassemblent sur la place des Omeyyades à Damas, en Syrie, pour assister à la projection publique du discours du président Ahmad al-Chareh à l'Assemblée générale des Nations unies, mercredi 24 septembre 2025. (AP Photo)
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Publié le Jeudi 25 septembre 2025

Le président syrien met en garde contre les attaques israéliennes lors d’un discours historique à l’ONU

  • L’agression contre la Syrie risque de déclencher de « nouvelles crises » dans la région : Ahmad al-Chareh
  • L’ex-chef rebelle qui a renversé Bachar el-Assad appelle la communauté internationale à lever toutes les sanctions

LONDRES : Les attaques d’Israël contre la Syrie risquent de provoquer « de nouvelles crises » au Moyen-Orient, a déclaré le président syrien Ahmad al-Chareh devant l’Assemblée générale des Nations unies, mercredi.

Al-Chareh, qui a mené une offensive éclair des forces d’opposition ayant renversé Bachar el-Assad à la fin de l’année dernière, est devenu le premier dirigeant syrien à s’exprimer devant l’ONU depuis près de 60 ans.

Il a exposé les avancées réalisées depuis son arrivée au pouvoir, tout en soulignant les nombreux défis que son pays continue de traverser après plus d’une décennie de guerre civile. Parmi les plus préoccupants figurent les frappes aériennes et les opérations militaires israéliennes en Syrie.

« Les frappes israéliennes contre mon pays se poursuivent, et les politiques d’Israël vont à l’encontre du consensus international en faveur de la Syrie », a-t-il déclaré. « Ces attaques risquent de provoquer de nouvelles crises et conflits dans notre région. »

Malgré ces agressions, la Syrie reste engagée dans le dialogue, a-t-il affirmé, en appelant la communauté internationale à « se tenir à nos côtés face à ces attaques ».

Al-Chareh a rappelé que la Syrie reste attachée à l’accord de 1974 sur la séparation des forces syriennes et israéliennes, via une zone tampon surveillée par l’ONU sur le plateau du Golan, occupé par Israël.

En décembre dernier, alors que les combattants dirigés par al-Chareh prenaient Damas, Israël a profité du chaos pour s’emparer de cette zone tampon. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, avait alors déclaré que le pacte de désengagement était « caduc ».

Depuis, Israël a mené des centaines de frappes aériennes et d’opérations au sol en Syrie, y compris au cœur de la capitale.

Les tensions se sont également intensifiées en juin dans la province de Soueïda, en raison de violences communautaires. Israël a affirmé avoir lancé des frappes pour protéger la minorité druze de la région.

Les États-Unis tentent de favoriser l’apaisement entre les deux pays. Cette semaine, l’envoyé spécial pour la Syrie, Tom Barrack, a déclaré qu’un nouvel accord de désescalade était en bonne voie.

Cet accord viserait à faire cesser les attaques israéliennes, tandis que la Syrie s’engagerait à ne pas déployer d’équipements lourds près de la frontière.

Mardi, lors d’un événement à New York, al-Chareh a exprimé son espoir que l’accord se concrétise, tout en ajoutant : « C’est la Syrie qui a peur d’Israël, pas l’inverse. »

Les États-Unis font partie des puissances internationales ayant exprimé un soutien prudent à l’administration al-Chareh, levant certaines sanctions dans l’espoir d’offrir à la Syrie un répit économique après des années de chaos et de violence.

Dans son discours à l’ONU, al-Chareh a plaidé pour la levée complète de toutes les sanctions internationales, « afin qu’elles ne continuent pas à entraver le peuple syrien ».

Il a également énuméré les avancées depuis sa prise de pouvoir, affirmant s’appuyer sur une stratégie fondée sur la diplomatie, la sécurité et le développement économique.

Il a annoncé la mise en place d’une feuille de route politique menant à des élections parlementaires prévues le mois prochain, ainsi qu’une réforme en profondeur des institutions civiles et militaires.

Il a ajouté avoir pris des mesures contre les violences confessionnelles, mis en place des commissions d’enquête et autorisé l’accès aux équipes d’investigation de l’ONU.

« Je garantis que tous les responsables de l’effusion de sang seront traduits en justice », a-t-il déclaré. « La Syrie est passée du statut d’exportateur de crises à celui d’opportunité pour la paix, pour elle-même et pour la région. »

La présence d’al-Chareh à l’ONU marque une ascension politique fulgurante : de chef rebelle islamiste à homme d’État international, en seulement dix mois.

Depuis son arrivée à New York dimanche, il a enchaîné les rencontres de haut niveau, notamment avec le secrétaire d’État américain Mark Rubio et le président français Emmanuel Macron.

Peut-être l’événement qui symbolise le mieux sa transition de militant à dirigeant politique : son entretien sur scène mardi avec le général David Petraeus, ancien commandant des forces américaines lors de l’invasion de l’Irak en 2003.

Les troupes de Petraeus avaient capturé al-Chareh en Irak entre 2006 et 2011, alors qu’il combattait l’occupation américaine.

« Son parcours, de chef insurgé à chef d’État, est l’une des transformations politiques les plus spectaculaires de l’histoire récente du Moyen-Orient », a déclaré Petraeus au public, avant d’ajouter qu’il est aujourd’hui un « admirateur » d’al-Chareh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tunisie: la famille d'un opposant en grève de la faim dénonce des «violences» en prison

L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture". (AFP)
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  • M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste"
  • Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille

TUNIS: L'opposant tunisien Jawhar Ben Mbarek, en grève de la faim pour protester contre sa détention, a été "frappé" par d'autres détenus et des gardiens de prison, ont affirmé mercredi sa famille et son avocate qui va porter plainte pour "actes de torture".

M. Ben Mbarek, chef de la principale coalition d'opposition FSN (Front de salut national) emprisonné depuis février 2023, a été condamné en avril à 18 ans de prison pour "complot contre la sûreté de l'Etat" et "adhésion à un groupe terroriste". Son procès en appel aux côtés d'une quarantaine d'autres personnalités est prévu le 17 novembre.

Pour protester contre sa détention qu'il a qualifiée d'"injuste" et "arbitraire", le quinquagénaire a entamé il y a deux semaines une grève de la faim où il ne mange rien et boit très peu d'eau, selon sa famille.

"Les agents ont ordonné aux détenus de l'agresser. Ils l'ont torturé car il refusait de manger", a dénoncé dans une vidéo sur Facebook, l'avocate Dalila Msaddek, soeur de M. Ben Mbarek qui, la semaine passée, s'était inquiétée de son état "alarmant".

"Des agents et des détenus l'ont frappé, les traces de coups sont visibles sur son flanc avec des ecchymoses. Ils l'ont frappé jusqu'à ce qu'il perde connaissance. Six détenus et cinq agents ont fait cela", a affirmé Mme Msaddek, en pleurant. "Nous avons atteint le stade de la barbarie", a-t-elle dit.

L'avocate Hanen Khemiri, qui lui a rendu visite mercredi matin en prison, a confirmé en conférence de presse des "traces de torture et une côte cassée" et annoncé le dépôt d'une plainte au Parquet.

Le père de M. Ben Mbarek, le militant de gauche Ezzedine Hazgui, a rencontré le directeur de la prison qui a accusé l'avocate d'"exagérer la situation". Mais M. Hazgui s'est dit convaincu que "des gardiens criminels ont tabassé son fils".

En fin de semaine dernière, plusieurs autres opposants emprisonnés dont le chef du mouvement islamo-conservateur Ennahdha Rached Ghannouchi, 84 ans, ont annoncé une grève de la faim en solidarité avec M. Ben Mbarek.

Mardi, Mme Msaddek avait déploré une nouvelle détérioration de son état, assurant qu'il avait subi "deux crises au niveau des reins".

Le même jour, le Comité général des prisons, rattaché au gouvernement, avait démenti dans un communiqué "les rumeurs sur la détérioration de l'état de santé de tous les détenus, y compris ceux prétendant être en grève de la faim", affirmant qu'ils faisaient "l'objet d'un suivi médical constant".

Le parquet de Tunis a ordonné mercredi l'ouverture d'une enquête à l'encontre de trois avocats sur la base de plaintes de l'administration pénitentiaire qui a dénoncé la diffusion "de rumeurs et fausses informations" concernant les grèves de la faim en cours, ont indiqué des médias locaux.

Sans divulguer les noms des avocats, les médias citant une source judiciaire ont indiqué que les plaintes portent aussi sur la circulation de données jugées "erronées" relatives à la dégradation de l'état de santé de détenus déclarant observer ces grèves.

Plusieurs ONG tunisiennes et étrangères ont déploré un recul des droits et libertés en Tunisie depuis un coup de force par lequel le président Kais Saied s'est emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021.


Damas va «lutter activement» contre les groupes «terroristes», affirme un émissaire américain

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  • "Damas nous aidera désormais activement à affronter et démanteler les restes de l'Etat islamique, des Gardiens de la Révolution, du Hamas, du Hezbollah et d'autres réseaux terroristes", a affirmé sur X M. Barrack
  • Le dirigeant des Kurdes de Syrie, Mazloum Abdi, avait affirmé en octobre être parvenu à un "accord de principe" avec le pouvoir central sur l'intégration des FDS au sein des forces de sécurité syriennes

DAMAS: Damas va lutter activement contre les groupes "terroristes" dont l'Etat islamique (EI), les Gardiens de la Révolution iraniens, le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, a affirmé jeudi l'émissaire américain pour la Syrie Tom Barrack.

Le président américain Donald Trump a reçu lundi à la Maison Blanche son homologue syrien Ahmad al-Chareh, une première pour un chef d'Etat syrien et une consécration pour l'ancien jihadiste qui pris le pouvoir en décembre 2024 après avoir renversé Bachar al-Assad.

La coalition antijihadiste dirigée par les Etats-Unis a annoncé mercredi que la Syrie était devenue le 90ème membre de ce groupe qui avait été créé en 2014 pour combattre l'EI en Syrie et en Irak.

"Damas nous aidera désormais activement à affronter et démanteler les restes de l'Etat islamique, des Gardiens de la Révolution, du Hamas, du Hezbollah et d'autres réseaux terroristes", a affirmé sur X M. Barrack.

L'Iran, à travers les Gardiens de la Révolution, son armée idéologique, et le Hezbollah soutenaient militairement le pouvoir de Bachar al-Assad avant sa chute, contrairement au Hamas qui n'y avait pas de présence armée.

Une réunion tenue cette semaine à Washington avec les chefs de la diplomatie américaine Marco Rubio, turque Hakan Fidan et syrienne Assaad al-Chaibani a évoqué l'intégration des Forces démocratiques syriennes (FDS), dirigées par les Kurdes et qui contrôlent de vastes pans du nord-est syrien, au sein de l'Etat, selon l'émissaire.

Soutenues par les Etats-Unis, les FDS ont été le fer de lance de la lutte en Syrie contre le groupe EI, qui y a été défait.

Le dirigeant des Kurdes de Syrie, Mazloum Abdi, avait affirmé en octobre être parvenu à un "accord de principe" avec le pouvoir central sur l'intégration des FDS au sein des forces de sécurité syriennes.

Sur X, M. Abdi a indiqué avoir discuté au téléphone avec Tom Barrack de son engagement "à accélérer l'intégration des FDS au sein de l'Etat syrien".

Le pouvoir de M. Chareh et les Kurdes avaient signé un accord en mars pour intégrer dans un délai d'un an leurs institutions civiles et militaires au sein du pouvoir central mais son application a été entravée par des divergences entre les deux parties.

 


Cisjordanie : le chef de l'armée israélienne veut «mettre fin» aux violences de colons

Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies. (AFP)
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  • Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens
  • Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes

JERUSALEM: Le chef de l'armée israélienne a affirmé mercredi vouloir mettre fin aux attaques commises par des colons juifs en Cisjordanie occupée, où l'ONU a recensé en octobre un pic des violences en près de deux décennies.

"Nous sommes déterminés à mettre fin à ce phénomène et nous agirons avec fermeté jusqu'à ce que justice soit rendue", a déclaré le lieutenant-général Eyal Zamir lors d'une visite à des troupes en exercice dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, selon un communiqué militaire.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaire de l'ONU (Ocha) a annoncé avoir enregistré en Cisjordanie "264 attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en octobre, soit "le bilan mensuel le plus élevé en près de deux décennies de collecte de données".

Fait rare, alors que Palestiniens et ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent l'impunité avec laquelle agissent les colons violents en Cisjordanie, la police et l'armée israéliennes ont annoncé mardi l'arrestation de plusieurs Israéliens en lien avec une descente violente menée contre la localité palestinienne de Beit Lid, près de Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie.

Selon Hussein Hammadi, le maire, quelque 200 colons ont fondu sur le village où ils ont saccagé une usine laitière et blessé dix personnes.

Le président israélien Isaac Herzog a condamné ces exactions les qualifiant de "choquantes et inacceptables".

"L'armée ne tolérera pas de comportements criminels de la part d'une petite minorité qui ternit l'image d'une population respectueuse des lois", a déclaré le général Zamir, alors que nombre de témoignages accusent les soldats israéliens de rester passifs face à la violence de ces colons.

Ces dernières semaines, les attaques attribuées à des colons de plus en plus jeunes et violents vivant généralement dans des avant-postes (implantations illégales au regard du droit israélien et destinées à créer des faits accomplis sur le terrain) se sont multipliées en Cisjordanie, visant des Palestiniens mais aussi des militants anticolonisation israéliens ou étrangers, des journalistes et parfois aussi des soldats.

Plus de 500.000 Israéliens vivent en Cisjordanie dans des colonies régulièrement condamnées par l'ONU comme illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Les violences ont explosé dans ce territoire depuis le début de la guerre de Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël. Elles n'ont pas cessé, loin de là, avec la trêve fragile en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre.

Au moins 1.003 Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 36 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.