LONDRES : Les attaques d’Israël contre la Syrie risquent de provoquer « de nouvelles crises » au Moyen-Orient, a déclaré le président syrien Ahmad al-Chareh devant l’Assemblée générale des Nations unies, mercredi.
Al-Chareh, qui a mené une offensive éclair des forces d’opposition ayant renversé Bachar el-Assad à la fin de l’année dernière, est devenu le premier dirigeant syrien à s’exprimer devant l’ONU depuis près de 60 ans.
Il a exposé les avancées réalisées depuis son arrivée au pouvoir, tout en soulignant les nombreux défis que son pays continue de traverser après plus d’une décennie de guerre civile. Parmi les plus préoccupants figurent les frappes aériennes et les opérations militaires israéliennes en Syrie.
« Les frappes israéliennes contre mon pays se poursuivent, et les politiques d’Israël vont à l’encontre du consensus international en faveur de la Syrie », a-t-il déclaré. « Ces attaques risquent de provoquer de nouvelles crises et conflits dans notre région. »
Malgré ces agressions, la Syrie reste engagée dans le dialogue, a-t-il affirmé, en appelant la communauté internationale à « se tenir à nos côtés face à ces attaques ».
Al-Chareh a rappelé que la Syrie reste attachée à l’accord de 1974 sur la séparation des forces syriennes et israéliennes, via une zone tampon surveillée par l’ONU sur le plateau du Golan, occupé par Israël.
En décembre dernier, alors que les combattants dirigés par al-Chareh prenaient Damas, Israël a profité du chaos pour s’emparer de cette zone tampon. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, avait alors déclaré que le pacte de désengagement était « caduc ».
Depuis, Israël a mené des centaines de frappes aériennes et d’opérations au sol en Syrie, y compris au cœur de la capitale.
Les tensions se sont également intensifiées en juin dans la province de Soueïda, en raison de violences communautaires. Israël a affirmé avoir lancé des frappes pour protéger la minorité druze de la région.
Les États-Unis tentent de favoriser l’apaisement entre les deux pays. Cette semaine, l’envoyé spécial pour la Syrie, Tom Barrack, a déclaré qu’un nouvel accord de désescalade était en bonne voie.
Cet accord viserait à faire cesser les attaques israéliennes, tandis que la Syrie s’engagerait à ne pas déployer d’équipements lourds près de la frontière.
Mardi, lors d’un événement à New York, al-Chareh a exprimé son espoir que l’accord se concrétise, tout en ajoutant : « C’est la Syrie qui a peur d’Israël, pas l’inverse. »
Les États-Unis font partie des puissances internationales ayant exprimé un soutien prudent à l’administration al-Chareh, levant certaines sanctions dans l’espoir d’offrir à la Syrie un répit économique après des années de chaos et de violence.
Dans son discours à l’ONU, al-Chareh a plaidé pour la levée complète de toutes les sanctions internationales, « afin qu’elles ne continuent pas à entraver le peuple syrien ».
Il a également énuméré les avancées depuis sa prise de pouvoir, affirmant s’appuyer sur une stratégie fondée sur la diplomatie, la sécurité et le développement économique.
Il a annoncé la mise en place d’une feuille de route politique menant à des élections parlementaires prévues le mois prochain, ainsi qu’une réforme en profondeur des institutions civiles et militaires.
Il a ajouté avoir pris des mesures contre les violences confessionnelles, mis en place des commissions d’enquête et autorisé l’accès aux équipes d’investigation de l’ONU.
« Je garantis que tous les responsables de l’effusion de sang seront traduits en justice », a-t-il déclaré. « La Syrie est passée du statut d’exportateur de crises à celui d’opportunité pour la paix, pour elle-même et pour la région. »
La présence d’al-Chareh à l’ONU marque une ascension politique fulgurante : de chef rebelle islamiste à homme d’État international, en seulement dix mois.
Depuis son arrivée à New York dimanche, il a enchaîné les rencontres de haut niveau, notamment avec le secrétaire d’État américain Mark Rubio et le président français Emmanuel Macron.
Peut-être l’événement qui symbolise le mieux sa transition de militant à dirigeant politique : son entretien sur scène mardi avec le général David Petraeus, ancien commandant des forces américaines lors de l’invasion de l’Irak en 2003.
Les troupes de Petraeus avaient capturé al-Chareh en Irak entre 2006 et 2011, alors qu’il combattait l’occupation américaine.
« Son parcours, de chef insurgé à chef d’État, est l’une des transformations politiques les plus spectaculaires de l’histoire récente du Moyen-Orient », a déclaré Petraeus au public, avant d’ajouter qu’il est aujourd’hui un « admirateur » d’al-Chareh.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com