Face à l'isolement mondial à l'ONU, Netanyahou déclare qu'Israël doit "terminer le travail" contre le Hamas

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'adresse à la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 26 septembre 2025. (AP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'adresse à la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, le 26 septembre 2025. (AP)
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Publié le Vendredi 26 septembre 2025

Face à l'isolement mondial à l'ONU, Netanyahou déclare qu'Israël doit "terminer le travail" contre le Hamas

  • Benjamin Netanyahu a vivement attaqué les pays occidentaux ayant reconnu l’État de Palestine, dénonçant un « encouragement au terrorisme » et affirmant qu’Israël n’acceptera jamais un « État terroriste » à ses frontières
  • Alors qu’un plan de paix est discuté sous l’égide des États-Unis, Netanyahu durcit sa position sur Gaza, reste flou sur la Cisjordanie, et s’exprime sous les protestations de manifestants à New York et de délégués quittant la salle

Nations unies, États-Unis: La création d'un Etat palestinien serait un "suicide national" pour Israël, a mis en garde vendredi à la tribune de l'ONU le Premier ministre Benjamin Netanyahu, fustigeant les pays occidentaux et promettant de "finir le travail" contre le Hamas à Gaza.

Dans un discours au ton offensif et restant ferme sur ses positions, le dirigeant israélien a rejeté les accusations de "génocide" dans la bande de Gaza et s'en est pris avec virulence aux pays occidentaux, dont la France, qui ont reconnu cette semaine l'Etat de Palestine.

Ces pays ont "cédé" au Hamas, prouvant que ça "paie de tuer des Juifs", a-t-il dit.

"Voici un autre message pour les dirigeants occidentaux: Israël ne vous permettra pas de nous imposer un Etat terroriste. Nous ne commettrons pas un suicide national parce que vous n'avez pas le courage de faire face à des médias hostiles et les foules antisémites qui réclament le sang d'Israël", a-t-il affirmé, dénonçant dans les critiques sur les actions d'Israël à Gaza des "mensonges antisémites".

A l'occasion d'un sommet organisé lundi par la France et l'Arabie saoudite sur l'avenir de la solution à deux Etats, palestinien et israélien, vivant côte à côte en paix et sécurité, une dizaine de pays, dont la France, le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie ont formellement reconnu l'Etat de Palestine, provoquant la colère d'Israël.

Le Premier ministre israélien, arrivé la veille au soir à New York et qui doit aussi se rendre à Washington, a assuré avoir fait installer des hauts-parleurs dans la bande de Gaza pour que les otages encore retenus par le Hamas entendent son discours à la tribune de l'ONU.

S'adressant aux otages, "nous ne vous avons pas oubliés, même pour une seconde. Le peuple d'Israël est avec vous. Nous ne nous reposerons pas tant que vous ne serez pas tous rentrés à la maison", a-t-il lancé en hébreu puis en anglais.

- Cisjordanie -

Son discours a été entamé sous des applaudissements de ses partisans invités dans la salle et sous les huées de délégués qui ont quitté l'enceinte de l'Assemblée générale de l'ONU.

Désormais, Israël "veut finir le travail" contre le Hamas "aussi vite que possible" dans une bande de Gaza ravagée par près de deux ans de guerre, a-t-il dit.

Tout en saluant le soutien du président américain, Donald Trump, le dirigeant israélien est resté discret concernant la Cisjordanie occupée.

Alors que son gouvernement dit vouloir étendre la colonisation juive en Cisjordanie occupée, le président américain a averti jeudi qu'il ne permettrait pas à Israël d'annexer ce territoire.

"Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie. Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas", a déclaré Donald Trump, après avoir dit s'être entretenu avec M. Netanyahu.

Le discours de M. Netanyahu intervenait au moment où les espoirs de paix se focalisent sur un nouveau plan présenté cette semaine par Donald Trump à des pays arabes et musulmans.

- Manifestation à New York -

"Je pense que nous avons un accord", a assuré vendredi Donald Trump. "Ce sera un accord qui ramènera les otages. Ce sera un accord qui mettra fin à la guerre", a promis le président américain à la Maison Blanche.

Selon une source diplomatique au fait de la réunion tenue en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le plan américain en 21 points prévoit notamment un cessez-le-feu permanent à Gaza, la libération des otages israéliens détenus dans le territoire palestinien, un retrait israélien ainsi qu'une future gouvernance de Gaza sans le Hamas, dont les attaques sans précédent du 7 octobre 2023 ont déclenché la guerre.

Privé de visa par les autorités américaines, le président palestinien, Mahmoud Abbas, s'était exprimé jeudi par vidéo à l'ONU, répétant les gages donnés il y a quelques mois pour convaincre notamment la France de reconnaître l'Etat de Palestine.

"Le Hamas n'aura pas de rôle à jouer dans la gouvernance" et devra rendre ses armes à l'Autorité palestinienne, a-t-il martelé, condamnant également les attaques du 7-Octobre et l'antisémitisme, qu'il ne veut pas voir confondu avec "la solidarité avec la cause palestinienne".

Vendredi, des centaines de personnes ont manifesté dans les rues de New York contre Benjamin Netanyahu, visé depuis fin 2024 par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"Nous sommes ici pour exiger que justice soit faite, c'est-à-dire que Netanyahu soit arrêté et qu'Israël soit sanctionné", a déclaré à l'AFP une manifestante pro-palestinienne, Nadia Tannous.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.