Commission d'enquête visant des liens entre politiques et islamisme: LR toujours en quête d'un président

La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a dénoncé ce nouveau report "sans raison apparente". (AFP)
La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a dénoncé ce nouveau report "sans raison apparente". (AFP)
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Publié le Mercredi 01 octobre 2025

Commission d'enquête visant des liens entre politiques et islamisme: LR toujours en quête d'un président

  • C'est la deuxième fois que cette élection est reportée alors que la présidence de la commission d'enquête doit revenir à un groupe d'opposition, et que le seul candidat déclaré est Aymeric Caron, élu de Paris apparenté LFI
  • "Il y a quelque chose d'absurde d'avoir un LFI comme M. Caron qui présiderait une commission qui irait potentiellement regarder les liens de son mouvement avec des réseaux islamistes"

PARIS: Le groupe LR à l'Assemblée a de nouveau reporté mardi le vote concernant la présidence de sa commission d'enquête sur des liens supposés entre politiques et islamistes, visant implicitement LFI, alors que le seul candidat déclaré est un député du groupe insoumis, selon plusieurs sources parlementaires à l'AFP.

C'est la deuxième fois que cette élection est reportée alors que la présidence de la commission d'enquête doit revenir à un groupe d'opposition, et que le seul candidat déclaré est Aymeric Caron, élu de Paris apparenté LFI.

"Il y a quelque chose d'absurde d'avoir un LFI comme M. Caron qui présiderait une commission qui irait potentiellement regarder les liens de son mouvement avec des réseaux islamistes", a déclaré à l'AFP le rapporteur de la commission, le député Les Républicains Vincent Jeanbrun.

L'élection devrait avoir lieu mardi prochain.

La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a dénoncé ce nouveau report "sans raison apparente".

Les Républicains ont "peut-être peur" qu'en prenant la présidence de cette commission, "nous allions chercher les liens avec le terrorisme" du côté de l'extrême droite et de la droite, a-t-elle déclaré en conférence de presse mardi matin.

Elle a par ailleurs dénoncé "l'instrumentalisation politique absolument grossière" de cette commission d'enquête, qui doit se finir en décembre, mais dont les travaux n'ont toujours pas commencé faute de président.

La commission d'enquête, demandée par le groupe de Laurent Wauquiez, avait été validée mi-juin par l'Assemblée et souhaite investiguer d'éventuels liens entre des responsables politiques et des réseaux soutenant "l'action terroriste ou propageant l'idéologie islamiste".

Une première demande de création de cette commission avait d'abord été jugée irrecevable par l'Assemblée car elle visait explicitement La France insoumise dans sa proposition de résolution. Le groupe de Laurent Wauquiez était alors revenu à la charge, avec une nouvelle proposition ciblant, plus largement, les mouvements politiques.


Le Parlement fait sa rentrée et le RN son retour dans les instances de l'Assemblée

L'Assemblée nationale à Paris le 8 septembre 2025. (AFP)
L'Assemblée nationale à Paris le 8 septembre 2025. (AFP)
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  • La rentrée parlementaire s’ouvre dans un climat incertain, sans gouvernement officiellement formé, et avec pour enjeu immédiat la répartition des postes-clés du Bureau de l’Assemblée
  • Les premiers débats législatifs seront limités jusqu’à la mi-octobre, en attendant la nomination complète du gouvernement

PARIS: Après onze semaines de pause, le Parlement rouvre mercredi, dans un certain brouillard en l'absence de gouvernement. Au menu de l'Assemblée durant deux jours, l'attribution des postes-clés, qui devrait voir le retour du Rassemblement national dans les instances de l'institution.

Cette bataille sera un test pour la solidité de l'alliance entre macronistes et LR, qui tentent de mettre la dernière main sur un accord de gouvernement, et de s'entendre sur la composition de l'équipe qui entourera le Premier ministre Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre.

- "Convictions politiques" -

L'Assemblée doit renouveler mercredi après-midi et jeudi matin les 21 membres du Bureau, sa plus haute instance exécutive, qui entourent la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet (Renaissance).

Les postes du Bureau pouvaient être attribués proportionnellement au poids de chaque groupe, si tous s'accordent à le faire. A défaut, des votes sont organisés pour élire les trois questeurs, six vice-présidents et 12 secrétaires.

Cette année encore il n'y a pas eu d'accord entre les groupes, la gauche refusant le retour du RN. Celui-ci a été sorti du Bureau l'an passé après un accord entre les macronistes et la droite.

La gauche avait elle profité d'une démobilisation au bloc central pour arracher une majorité de postes dans cette instance qui décide notamment des sanctions les plus sévères contre les députés, ou de la recevabilité de certains textes.

Mais Yaël Braun-Pivet a cette fois convaincu le RN et la coalition gouvernementale de forcer la répartition proportionnelle avec leurs voix conjuguées. Le RN devrait donc revenir aux affaires, et la gauche perdre sa majorité.

"On ne parle pas de convictions politiques, on parle de places institutionnelles", a défendu mercredi sur BFMTV la présidente de l'Assemblée. "Nous avons été élus dans l'élan du front républicain face à l'extrême droite, pas pour glisser un bulletin RN dans quelque urne que ce soit", a tancé Boris Vallaud, chef du groupe PS (sur X).

Chaque bloc devrait obtenir deux vice-présidences: Sébastien Chenu et Hélène Laporte, vice-présidents de 2022 à 2024, devraient être les candidats RN. Au socle commun, Roland Lescure (Renaissance) devrait faire place à Christophe Blanchet (MoDem), et Naïma Moutchou (Horizons) faire de même pour Marie-Agnès Poussier-Winsback (Horizons).

LFI revendique de conserver ses deux vice-présidences pour Clémence Guetté et Nadège Abomangoli, ce qui aboutirait à priver l'écologiste Jérémie Iordanoff de la sienne. Les écologistes projettent de présenter quoi qu'il arrive des candidats, pour forcer un vote dans l'hémicycle et "offrir un choix républicain face au RN", selon une source parlementaire écologiste.

Seront également remises en jeu dans l'après-midi de jeudi les présidences des commissions permanentes, dont l'emblématique commission des Finances, réservée à l'opposition depuis 2007. Le socle commun tentera de reprendre les présidences des Affaires économiques et des Affaires culturelles, remportées par la gauche en 2024 à la faveur de divisions dans la coalition gouvernementale.

- Le budget attendu mi-octobre -

Une fois en ordre de marche, l'Assemblée va pouvoir reprendre ses travaux habituels à partir du 6 octobre. Le Premier ministre devrait prononcer une déclaration de politique générale en début de semaine, selon des sources concordantes.

Il devra aussi affronter rapidement une motion de censure de LFI. Le PS pourrait aussi en déposer une, en fonction de ce que lui dira le Premier ministre lors d'une rencontre prévue vendredi, présentée comme celle de la "dernière chance" par Olivier Faure.

A supposer que Sébastien Lecornu surmonte l'obstacle, peu de textes pourront être examinés les deux premières semaines, en raison de la nomination tardive d'un gouvernement attendue en fin de semaine, et qui devrait faire la part belle aux sortants.

La conférence des présidents, réunissant notamment les chefs de groupe de l'Assemblée, a évoqué mardi le projet de loi dit "résilience/cybersécurité", adopté en commission le 10 septembre, et deux propositions de loi, sur les "territoires zéro chômeur de longue durée" et sur l'agrivoltaïsme.

Les conclusions de deux commissions mixtes paritaires pourraient également être approuvées, sur la simplification du droit de l'urbanisme et du logement, et sur l'emploi des seniors. Le Sénat pourrait examiner prochainement un report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie.

Une entrée en matière légère avant d'attaquer le budget 2026, attendu sur le bureau des deux chambres mi-octobre, pour une adoption avant le 31 décembre.


Futur gouvernement: à l'Assemblée, la fragile alliance de la droite et du centre

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
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  • L’alliance entre la droite (LR) et le bloc central (Renaissance, MoDem, Horizons) s’effrite, avec des votes de plus en plus divergents à l’Assemblée
  • La cohésion des groupes parlementaires s’affaiblit, même au sein du camp présidentiel, alors que l’unité reste très forte dans les extrêmes

PARIS: Le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui n'a pas encore dévoilé son gouvernement, veut comme ses prédécesseurs continuer à s'appuyer sur l'alliance entre la droite et le centre. Mais celle-ci a montré ses limites depuis un an à l'Assemblée, détaille une analyse de l'AFP.

Les quelque 11.000 scrutins publics à l'Assemblée nationale depuis 2017 (hors votes à main levée), passés en revue par l'AFP, montrent une entente déclinante entre les députés du camp présidentiel (MoDem, Renaissance, Horizons) et des Républicains (LR), dont les votes sont de plus en plus proches de ceux du Rassemblement national.

- De moins en moins d'accord

Pendant les passages à Matignon du LR Michel Barnier (sept.-déc. 2024) et du Modem François Bayrou (déc. 2024-sept.2025), un député LR ne votait en moyenne que 67% du temps comme un député Renaissance, MoDem ou Horizon.

Cette entente entre la droite et le bloc central était légèrement supérieure sous les gouvernements précédents Borne (2022-2024) et Attal (janvier-juin 2024), auxquels LR ne participait pourtant pas.

Les députés LR s'alignaient alors sur 71% des votes du bloc central, permettant régulièrement de dégager une majorité.

A contrario, les votes du groupe LR à l'Assemblée s'accordent désormais plus fréquemment avec ceux des députés Rassemblement national. Similaires moins d'une fois sur deux sous la législature précédente (2022-2024), ils sont identiques dans 72% des cas depuis la dissolution.

Le chef de file des députés Républicains Laurent Wauquiez a lui voté comme Marine Le Pen et son allié ex-LR Eric Ciotti (groupe UDR) respectivement 86% et 93% des scrutins. Mais seulement 78% avec le chef des députés Renaissance Gabriel Attal.

Même entre les groupes du bloc central, l'union se désagrège. Les députés Modem, Renaissance et Horizons accordaient quasi-systématiquement leurs votes sous les gouvernements Borne et Attal (95% en moyenne). Depuis la dissolution, ils n'ont plus que 80 à 85% de votes similaires.

- Nouvelles alliances sur les sujets sociétaux

L'accord de gouvernement entre LR et le bloc central reste toutefois fiable sur les sujets régaliens, selon une classification des votes par sujet effectuée par l'AFP.

Ce fut le cas pour la réforme Attal sur la justice des mineurs définitivement adoptée en mai. Les Républicains, Horizons et le MoDem avaient voté unanimement pour, tout comme la grande majorité des députés Renaissance.

Mais cette alliance prévaut moins sur les sujets sociétaux : les députés LR se rapprochent plutôt du RN, et le camp présidentiel vote davantage avec les députés du bloc de gauche, en particulier les socialistes.

Ce redécoupage des alliances est apparu nettement sur le vote sur l'aide à mourir en mai. Les groupes de gauche et du camp présidentiel avaient majoritairement voté pour, tandis que les députés LR et RN s'y étaient pour la plupart opposés. Un mois plus tôt, les partis de gouvernement s'étaient déjà divisés sur l'extension aux petites communes des listes paritaires hommes-femmes aux élections municipales.

- Consignes de vote moins suivies

Les partis du gouvernement peinent aussi à faire suivre les consignes de vote parmi leurs propres députés. Deux députés LR ont en moyenne un vote similaire sur 87,5% des scrutins : seul le groupe indépendant et hétéroclite Liot affiche moins d'unité.

Au sein du bloc central, la cohésion s'effrite aussi par rapport à la législature précédente, où elle dépassait 95%. Deux députés Horizons n'ont en moyenne plus que 88% de votes communs, une homogénéité légèrement meilleure chez Renaissance (91%).

Les consignes sont appliquées plus strictement dans l'opposition, en particulier aux extrémités de l'hémicycle: deux députés RN votent la même chose dans 97% des scrutins, et le taux monte à 99% chez les insoumis, groupe le plus uniforme sur les trois dernières législatures.


Record d'impopularité pour Emmanuel Macron, selon un baromètre Odoxa

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  • Un "effondrement record" de la cote de popularité du président, avec une chute de 6 points, un "record à la baisse en 8 ans", selon l'institut de sondage
  • Cela équivaut à la cote de popularité la plus basse pour un président de la République français depuis 2017, selon Odoxa

PARIS: La cote de popularité d'Emmanuel Macron a chuté à 22%, atteignant un record d'impopularité, 78% des Français estimant qu'il n'est pas "un bon président de la République", selon un baromètre Odoxa publié mardi.

Un "effondrement record" de la cote de popularité du président, avec une chute de 6 points, un "record à la baisse en 8 ans", selon l'institut de sondage.

Cela équivaut à la cote de popularité la plus basse pour un président de la République français depuis 2017, selon Odoxa.

Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu bénéficie quant à lui d'une meilleure cote de popularité, à 32%, 10 points au-dessus d'Emmanuel Macron et de François Bayrou avant l'été, selon ce sondage publié par Public Sénat et la presse régionale.

Le nouveau Premier ministre reste cependant l'un des Premiers ministres les plus impopulaires à sa nomination à Matignon depuis le début de la présidence d'Emmanuel Macron. Il est le deuxième le plus impopulaire juste derrière François Bayrou, se situant une dizaine de points en dessous de la plupart de ses prédécesseurs, selon Odoxa.

Jordan Bardella et Marine Le Pen dominent quant à eux le palmarès politique d'Odoxa, mesurant les cotes d'adhésion d'une trentaine de personnalités, avec 37% et 36%.

L'enquête a été menée par Odoxa auprès d'un échantillon de 1.005 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Elle a été réalisée en ligne les 24 et 25 septembre 2025. La marge d'erreur est comprise entre 1,4 et 3,1 points.