PARIS: Sébastien Lecornu prépare pour cette fin de semaine un gouvernement qu'il veut resserré, avec peu d'entrants attendus, sauf sans doute à Bercy pour affronter l'épreuve du budget que le Premier ministre espère faire passer avec la bienveillance des socialistes.
Le calendrier n'est pas définitivement arrêté: si une fenêtre reste possible jeudi soir, lorsqu'Emmanuel Macron repassera par Paris entre deux déplacements européens, tout converge plutôt vers le week-end. D'ici là en effet, les projecteurs sont tournés vers le nouveau rendez-vous de vendredi entre Sébastien Lecornu et le Parti socialiste pour jauger les chances de survie de la future équipe.
Plusieurs sources parlementaires et ministérielles évoquent une présentation du gouvernement "samedi matin", soit plus de trois semaines après l'arrivée du Premier ministre à Matignon.
Pour autant la composition du gouvernement n'est pas corrélée à la rencontre avec le PS, qui n'y enverra pas de ministres quoi qu'il en soit. Sébastien Lecornu a promis de ne pas tenter de débaucher des personnalités en dehors du camp présidentiel et du parti de droite Les Républicains, la fragile coalition gouvernementale en place depuis un an.
Le Premier ministre envisage de nommer 25 ministres, voire moins, selon plusieurs sources politiques, contre 35 pour l'équipe de François Bayrou.
Une promesse d'exécutif "resserré" maintes fois énoncée, rarement tenue. Mais cette fois "ils ont l'air d'y tenir", y compris pour afficher une certaine sobriété en temps de disette budgétaire, rapporte une ministre sortante.
"Trois ou quatre entrées"
"Il y aura beaucoup de sorties" et "trois ou quatre entrées", selon elle.
Beaucoup de ministres régaliens, comme le patron de LR Bruno Retailleau (Intérieur) ou le macroniste de droite Gérald Darmanin (Justice) devraient être reconduits. Tout comme le MoDem Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères.
A l'Education, Elisabeth Borne pourrait être confirmée au nom de la stabilité à un ministère-clé qui a vu valser les ministres ces dernières années.
Roland Lescure, ex-ministre de l'Industrie, a renoncé à briguer à nouveau une vice-présidence de l'Assemblée nationale, alimentant les spéculations sur son entrée au gouvernement. "Il a pris son risque" pour le ministère de l'Economie, où le nom de ce représentant de l'aile gauche de la macronie est cité, glisse une source parlementaire.
L'actuel patron de Bercy Eric Lombard est trop associé au sévère plan d'économies de l'ex-Premier ministre François Bayrou. Mais sa collègue Amélie de Montchalin pourrait néanmoins rester au Budget, à moins qu'elle n'atterrisse à un portefeuille social.
Un point d'interrogation demeure sur Rachida Dati: restera-t-elle ministre de la Culture alors qu'elle brigue la mairie de Paris en mars et sera jugée pour corruption dans moins d'un an?
Autre poste-clé qui sera renouvelé: celui des Relations avec le Parlement, toujours aussi délicat dans une Assemblée sans majorité et fracturée.
La députée Horizons Naïma Moutchou, spécialiste des questions de justice, a elle aussi renoncé mercredi à la dernière minute à la vice-présidence de l'Assemblée, et pourrait devenir ministre.
Ministre démissionnaire des Armées, M. Lecornu devra se choisir un successeur, pour lequel plusieurs noms circulent, dont celui de la ministre démissionnaire du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, ou celui de Jean-Louis Thiériot, éphémère ministre délégué aux Anciens combattants sous Michel Barnier.
Une fois son gouvernement nommé, le Premier ministre va prononcer --sans doute mardi-- la traditionnelle déclaration de politique générale devant le Parlement, où il présentera sa feuille de route.