Le gouvernement Lecornu attendu resserré avec peu de nouvelles têtes

Sébastien Lecornu prépare pour cette fin de semaine un gouvernement qu'il veut resserré, avec peu d'entrants attendus, sauf sans doute à Bercy pour affronter l'épreuve du budget que le Premier ministre espère faire passer avec la bienveillance des socialistes. (AFP)
Sébastien Lecornu prépare pour cette fin de semaine un gouvernement qu'il veut resserré, avec peu d'entrants attendus, sauf sans doute à Bercy pour affronter l'épreuve du budget que le Premier ministre espère faire passer avec la bienveillance des socialistes. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 02 octobre 2025

Le gouvernement Lecornu attendu resserré avec peu de nouvelles têtes

  • Le Premier ministre envisage de nommer 25 ministres, voire moins, selon plusieurs sources politiques, contre 35 pour l'équipe de François Bayrou
  • Plusieurs sources parlementaires et ministérielles évoquent une présentation du gouvernement "samedi matin", soit plus de trois semaines après l'arrivée du Premier ministre à Matignon

PARIS: Sébastien Lecornu prépare pour cette fin de semaine un gouvernement qu'il veut resserré, avec peu d'entrants attendus, sauf sans doute à Bercy pour affronter l'épreuve du budget que le Premier ministre espère faire passer avec la bienveillance des socialistes.

Le calendrier n'est pas définitivement arrêté: si une fenêtre reste possible jeudi soir, lorsqu'Emmanuel Macron repassera par Paris entre deux déplacements européens, tout converge plutôt vers le week-end. D'ici là en effet, les projecteurs sont tournés vers le nouveau rendez-vous de vendredi entre Sébastien Lecornu et le Parti socialiste pour jauger les chances de survie de la future équipe.

Plusieurs sources parlementaires et ministérielles évoquent une présentation du gouvernement "samedi matin", soit plus de trois semaines après l'arrivée du Premier ministre à Matignon.

Pour autant la composition du gouvernement n'est pas corrélée à la rencontre avec le PS, qui n'y enverra pas de ministres quoi qu'il en soit. Sébastien Lecornu a promis de ne pas tenter de débaucher des personnalités en dehors du camp présidentiel et du parti de droite Les Républicains, la fragile coalition gouvernementale en place depuis un an.

Le Premier ministre envisage de nommer 25 ministres, voire moins, selon plusieurs sources politiques, contre 35 pour l'équipe de François Bayrou.

Une promesse d'exécutif "resserré" maintes fois énoncée, rarement tenue. Mais cette fois "ils ont l'air d'y tenir", y compris pour afficher une certaine sobriété en temps de disette budgétaire, rapporte une ministre sortante.

"Trois ou quatre entrées"

"Il y aura beaucoup de sorties" et "trois ou quatre entrées", selon elle.

Beaucoup de ministres régaliens, comme le patron de LR Bruno Retailleau (Intérieur) ou le macroniste de droite Gérald Darmanin (Justice) devraient être reconduits. Tout comme le MoDem Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères.

A l'Education, Elisabeth Borne pourrait être confirmée au nom de la stabilité à un ministère-clé qui a vu valser les ministres ces dernières années.

Roland Lescure, ex-ministre de l'Industrie, a renoncé à briguer à nouveau une vice-présidence de l'Assemblée nationale, alimentant les spéculations sur son entrée au gouvernement. "Il a pris son risque" pour le ministère de l'Economie, où le nom de ce représentant de l'aile gauche de la macronie est cité, glisse une source parlementaire.

L'actuel patron de Bercy Eric Lombard est trop associé au sévère plan d'économies de l'ex-Premier ministre François Bayrou. Mais sa collègue Amélie de Montchalin pourrait néanmoins rester au Budget, à moins qu'elle n'atterrisse à un portefeuille social.

Un point d'interrogation demeure sur Rachida Dati: restera-t-elle ministre de la Culture alors qu'elle brigue la mairie de Paris en mars et sera jugée pour corruption dans moins d'un an?

Autre poste-clé qui sera renouvelé: celui des Relations avec le Parlement, toujours aussi délicat dans une Assemblée sans majorité et fracturée.

La députée Horizons Naïma Moutchou, spécialiste des questions de justice, a elle aussi renoncé mercredi à la dernière minute à la vice-présidence de l'Assemblée, et pourrait devenir ministre.

Ministre démissionnaire des Armées, M. Lecornu devra se choisir un successeur, pour lequel plusieurs noms circulent, dont celui de la ministre démissionnaire du Travail et de la Santé Catherine Vautrin, ou celui de Jean-Louis Thiériot, éphémère ministre délégué aux Anciens combattants sous Michel Barnier.

Une fois son gouvernement nommé, le Premier ministre va prononcer --sans doute mardi-- la traditionnelle déclaration de politique générale devant le Parlement, où il présentera sa feuille de route.


France: mobilisation attendue en recul jeudi lors d'une nouvelle journée d'action intersyndicale

Des manifestants marchent derrière des policiers des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) lors d'une manifestation intitulée "Bloquons Tout" à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 18 septembre 2025, au cours d'une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats concernant le budget national de la France. (AFP)
Des manifestants marchent derrière des policiers des Compagnies républicaines de sécurité (CRS) lors d'une manifestation intitulée "Bloquons Tout" à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 18 septembre 2025, au cours d'une journée de grèves et de protestations à l'échelle nationale à l'appel des syndicats concernant le budget national de la France. (AFP)
Short Url
  • La deuxième journée d’action syndicale contre les mesures d’austérité de Sébastien Lecornu devrait mobiliser entre 300.000 et 350.000 personnes, en recul par rapport à la précédente du 18 septembre
  • Les syndicats s’opposent aux coupes dans les services publics, à la réforme de l’assurance chômage et au gel des prestations sociales, mesures destinées à réduire un déficit public

PARIS: Une mobilisation en recul est attendue jeudi lors de la deuxième journée d'action syndicale pour s'opposer aux pistes d'économies du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, après celle du 18 septembre qui avait réuni des centaines de milliers de personnes à travers le pays.

Les autorités tablent sur une participation en baisse de 30%, avec quelque 250 cortèges partout en France qui pourraient rassembler de 300.000 à 350.000 personnes.

A Paris, entre 20.000 et 40.000 participants sont attendus, selon une source policière.

Les mêmes consignes que pour les 10 et 18 septembre ont été transmises aux préfets par le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau.

Le 18 septembre, la police avait dénombré 500.000 manifestants, contre un million pour le syndicat CGT.

Ces mobilisations visent les mesures budgétaires préconisées cet été par l'ex-Premier ministre François Bayrou pour réduire le déficit de la France (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales notamment). Son gouvernement alliant centre droit et droite, minoritaire à l'Assemblée nationale, a été renversé le 8 septembre.

Nommé le lendemain, Sébastien Lecornu - troisième Premier ministre d'Emmanuel Macron depuis juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 - s'est engagé à réduire le déficit qui plombe les comptes de la nation (114% du PIB), mais a promis des "ruptures sur le fond" en matière budgétaire.

Côté transports, le service sera normal jeudi sur l'ensemble du réseau RATP en région parisienne, à l'exception de quelques perturbations sur la ligne B du train régional RER, qui traverse Paris du Nord au Sud.

Le trafic des TGV est également annoncé normal jeudi, tandis que "quelques perturbations (sont) à prévoir" sur les réseaux régionaux, selon le transporteur ferroviaire SNCF.

Dans l'aérien, 75 grévistes sont déclarés et "des retards sont à prévoir" mais avec "un impact limité", "aucune perturbation significative" n'étant attendue dans les aéroports parisiens, selon le ministère des Transports.

Dans les écoles, la proportion de grévistes s'annonce également plus faible, à 10% selon la FSU-Snuipp, premier syndicat du primaire (contre 17,48% le 18). La tendance est également à un léger reflux dans les collèges et lycées.

Dans la fonction publique, une intersyndicale regroupant les huit organisations représentatives du secteur appelle à nouveau à la mobilisation.


Le Parlement fait sa rentrée et le RN son retour dans les instances de l'Assemblée

L'Assemblée nationale à Paris le 8 septembre 2025. (AFP)
L'Assemblée nationale à Paris le 8 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • La rentrée parlementaire s’ouvre dans un climat incertain, sans gouvernement officiellement formé, et avec pour enjeu immédiat la répartition des postes-clés du Bureau de l’Assemblée
  • Les premiers débats législatifs seront limités jusqu’à la mi-octobre, en attendant la nomination complète du gouvernement

PARIS: Après onze semaines de pause, le Parlement rouvre mercredi, dans un certain brouillard en l'absence de gouvernement. Au menu de l'Assemblée durant deux jours, l'attribution des postes-clés, qui devrait voir le retour du Rassemblement national dans les instances de l'institution.

Cette bataille sera un test pour la solidité de l'alliance entre macronistes et LR, qui tentent de mettre la dernière main sur un accord de gouvernement, et de s'entendre sur la composition de l'équipe qui entourera le Premier ministre Sébastien Lecornu, nommé le 9 septembre.

- "Convictions politiques" -

L'Assemblée doit renouveler mercredi après-midi et jeudi matin les 21 membres du Bureau, sa plus haute instance exécutive, qui entourent la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet (Renaissance).

Les postes du Bureau pouvaient être attribués proportionnellement au poids de chaque groupe, si tous s'accordent à le faire. A défaut, des votes sont organisés pour élire les trois questeurs, six vice-présidents et 12 secrétaires.

Cette année encore il n'y a pas eu d'accord entre les groupes, la gauche refusant le retour du RN. Celui-ci a été sorti du Bureau l'an passé après un accord entre les macronistes et la droite.

La gauche avait elle profité d'une démobilisation au bloc central pour arracher une majorité de postes dans cette instance qui décide notamment des sanctions les plus sévères contre les députés, ou de la recevabilité de certains textes.

Mais Yaël Braun-Pivet a cette fois convaincu le RN et la coalition gouvernementale de forcer la répartition proportionnelle avec leurs voix conjuguées. Le RN devrait donc revenir aux affaires, et la gauche perdre sa majorité.

"On ne parle pas de convictions politiques, on parle de places institutionnelles", a défendu mercredi sur BFMTV la présidente de l'Assemblée. "Nous avons été élus dans l'élan du front républicain face à l'extrême droite, pas pour glisser un bulletin RN dans quelque urne que ce soit", a tancé Boris Vallaud, chef du groupe PS (sur X).

Chaque bloc devrait obtenir deux vice-présidences: Sébastien Chenu et Hélène Laporte, vice-présidents de 2022 à 2024, devraient être les candidats RN. Au socle commun, Roland Lescure (Renaissance) devrait faire place à Christophe Blanchet (MoDem), et Naïma Moutchou (Horizons) faire de même pour Marie-Agnès Poussier-Winsback (Horizons).

LFI revendique de conserver ses deux vice-présidences pour Clémence Guetté et Nadège Abomangoli, ce qui aboutirait à priver l'écologiste Jérémie Iordanoff de la sienne. Les écologistes projettent de présenter quoi qu'il arrive des candidats, pour forcer un vote dans l'hémicycle et "offrir un choix républicain face au RN", selon une source parlementaire écologiste.

Seront également remises en jeu dans l'après-midi de jeudi les présidences des commissions permanentes, dont l'emblématique commission des Finances, réservée à l'opposition depuis 2007. Le socle commun tentera de reprendre les présidences des Affaires économiques et des Affaires culturelles, remportées par la gauche en 2024 à la faveur de divisions dans la coalition gouvernementale.

- Le budget attendu mi-octobre -

Une fois en ordre de marche, l'Assemblée va pouvoir reprendre ses travaux habituels à partir du 6 octobre. Le Premier ministre devrait prononcer une déclaration de politique générale en début de semaine, selon des sources concordantes.

Il devra aussi affronter rapidement une motion de censure de LFI. Le PS pourrait aussi en déposer une, en fonction de ce que lui dira le Premier ministre lors d'une rencontre prévue vendredi, présentée comme celle de la "dernière chance" par Olivier Faure.

A supposer que Sébastien Lecornu surmonte l'obstacle, peu de textes pourront être examinés les deux premières semaines, en raison de la nomination tardive d'un gouvernement attendue en fin de semaine, et qui devrait faire la part belle aux sortants.

La conférence des présidents, réunissant notamment les chefs de groupe de l'Assemblée, a évoqué mardi le projet de loi dit "résilience/cybersécurité", adopté en commission le 10 septembre, et deux propositions de loi, sur les "territoires zéro chômeur de longue durée" et sur l'agrivoltaïsme.

Les conclusions de deux commissions mixtes paritaires pourraient également être approuvées, sur la simplification du droit de l'urbanisme et du logement, et sur l'emploi des seniors. Le Sénat pourrait examiner prochainement un report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie.

Une entrée en matière légère avant d'attaquer le budget 2026, attendu sur le bureau des deux chambres mi-octobre, pour une adoption avant le 31 décembre.


Futur gouvernement: à l'Assemblée, la fragile alliance de la droite et du centre

Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Le nouveau Premier ministre français Sébastien Lecornu (C) participe à une réunion alors qu'il visite le centre de santé départemental à Macon, dans le centre-est de la France, le 13 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’alliance entre la droite (LR) et le bloc central (Renaissance, MoDem, Horizons) s’effrite, avec des votes de plus en plus divergents à l’Assemblée
  • La cohésion des groupes parlementaires s’affaiblit, même au sein du camp présidentiel, alors que l’unité reste très forte dans les extrêmes

PARIS: Le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui n'a pas encore dévoilé son gouvernement, veut comme ses prédécesseurs continuer à s'appuyer sur l'alliance entre la droite et le centre. Mais celle-ci a montré ses limites depuis un an à l'Assemblée, détaille une analyse de l'AFP.

Les quelque 11.000 scrutins publics à l'Assemblée nationale depuis 2017 (hors votes à main levée), passés en revue par l'AFP, montrent une entente déclinante entre les députés du camp présidentiel (MoDem, Renaissance, Horizons) et des Républicains (LR), dont les votes sont de plus en plus proches de ceux du Rassemblement national.

- De moins en moins d'accord

Pendant les passages à Matignon du LR Michel Barnier (sept.-déc. 2024) et du Modem François Bayrou (déc. 2024-sept.2025), un député LR ne votait en moyenne que 67% du temps comme un député Renaissance, MoDem ou Horizon.

Cette entente entre la droite et le bloc central était légèrement supérieure sous les gouvernements précédents Borne (2022-2024) et Attal (janvier-juin 2024), auxquels LR ne participait pourtant pas.

Les députés LR s'alignaient alors sur 71% des votes du bloc central, permettant régulièrement de dégager une majorité.

A contrario, les votes du groupe LR à l'Assemblée s'accordent désormais plus fréquemment avec ceux des députés Rassemblement national. Similaires moins d'une fois sur deux sous la législature précédente (2022-2024), ils sont identiques dans 72% des cas depuis la dissolution.

Le chef de file des députés Républicains Laurent Wauquiez a lui voté comme Marine Le Pen et son allié ex-LR Eric Ciotti (groupe UDR) respectivement 86% et 93% des scrutins. Mais seulement 78% avec le chef des députés Renaissance Gabriel Attal.

Même entre les groupes du bloc central, l'union se désagrège. Les députés Modem, Renaissance et Horizons accordaient quasi-systématiquement leurs votes sous les gouvernements Borne et Attal (95% en moyenne). Depuis la dissolution, ils n'ont plus que 80 à 85% de votes similaires.

- Nouvelles alliances sur les sujets sociétaux

L'accord de gouvernement entre LR et le bloc central reste toutefois fiable sur les sujets régaliens, selon une classification des votes par sujet effectuée par l'AFP.

Ce fut le cas pour la réforme Attal sur la justice des mineurs définitivement adoptée en mai. Les Républicains, Horizons et le MoDem avaient voté unanimement pour, tout comme la grande majorité des députés Renaissance.

Mais cette alliance prévaut moins sur les sujets sociétaux : les députés LR se rapprochent plutôt du RN, et le camp présidentiel vote davantage avec les députés du bloc de gauche, en particulier les socialistes.

Ce redécoupage des alliances est apparu nettement sur le vote sur l'aide à mourir en mai. Les groupes de gauche et du camp présidentiel avaient majoritairement voté pour, tandis que les députés LR et RN s'y étaient pour la plupart opposés. Un mois plus tôt, les partis de gouvernement s'étaient déjà divisés sur l'extension aux petites communes des listes paritaires hommes-femmes aux élections municipales.

- Consignes de vote moins suivies

Les partis du gouvernement peinent aussi à faire suivre les consignes de vote parmi leurs propres députés. Deux députés LR ont en moyenne un vote similaire sur 87,5% des scrutins : seul le groupe indépendant et hétéroclite Liot affiche moins d'unité.

Au sein du bloc central, la cohésion s'effrite aussi par rapport à la législature précédente, où elle dépassait 95%. Deux députés Horizons n'ont en moyenne plus que 88% de votes communs, une homogénéité légèrement meilleure chez Renaissance (91%).

Les consignes sont appliquées plus strictement dans l'opposition, en particulier aux extrémités de l'hémicycle: deux députés RN votent la même chose dans 97% des scrutins, et le taux monte à 99% chez les insoumis, groupe le plus uniforme sur les trois dernières législatures.