France: ultimes négociations pour former une coalition, Macron lâché par ses alliés

 Dissolution, présidentielle anticipée... La crise politique en France s'enflamme mardi et le président Emmanuel Macron, qui a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de poursuivre "d'ultimes négociations" pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais. (AFP)
Dissolution, présidentielle anticipée... La crise politique en France s'enflamme mardi et le président Emmanuel Macron, qui a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de poursuivre "d'ultimes négociations" pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais. (AFP)
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Publié le Mardi 07 octobre 2025

France: ultimes négociations pour former une coalition, Macron lâché par ses alliés

  • Coup de théâtre, l'ancien Premier ministre (2017-2020) Édouard Philippe l'exhorte à partir avant la fin de son mandat. Il lui a demandé d'organiser "une élection présidentielle anticipée" après l'adoption d'un budget pour 2026
  • Évoquant "l'affaissement de l'État" qui n'est, selon lui, "pas tenu", cet allié traditionnel du président a estimé qu'"on ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore"

PARIS: Dissolution, présidentielle anticipée... La crise politique en France s'enflamme mardi et le président Emmanuel Macron, qui a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de poursuivre "d'ultimes négociations" pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais.

Coup de théâtre, l'ancien Premier ministre (2017-2020) Édouard Philippe l'exhorte à partir avant la fin de son mandat. Il lui a demandé d'organiser "une élection présidentielle anticipée" après l'adoption d'un budget pour 2026.

Évoquant "l'affaissement de l'État" qui n'est, selon lui, "pas tenu", cet allié traditionnel du président a estimé qu'"on ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore (jusqu'à la présidentielle de 2027, ndlr), c'est beaucoup trop long".

Déjà la veille, un autre ex-chef du gouvernement (janvier-septembre 2024), jadis très proche d'Emmanuel Macron, Gabriel Attal avait lancé l'offensive, prenant sèchement ses distances avec le chef de l'Etat dont il "ne comprend plus les décisions".

Dans le même temps, les opposants continuent de dénoncer la crise politique inédite dans laquelle la France est plongée depuis la démission surprise lundi du gouvernement de Sébastien Lecornu nommé... quatorze heures plus tôt.

Socle commun ? 

Le terrain est au moins glissant, sinon miné, pour celui qui est devenu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, avant d'être à nouveau chargé lundi soir par le président de mener d'"ultimes négociations" d'ici mercredi pour "définir une plateforme d'action et de stabilité".

Le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, qui avait provoqué la crise en menaçant dimanche de quitter ce gouvernement pour notamment protester contre la nomination de l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire, a tempéré sa position mardi.

Il a proposé que son parti, Les Républicains, participe à un gouvernement de "cohabitation" avec la macronie à condition que LR "ne se dilue pas" dans le camp présidentiel.

Mais, dans le même temps, il a refusé de participer à une réunion mardi matin à Matignon du "socle commun", alliance entre le centre et la droite LR qui a tenu cahin-caha depuis la dissolution de l'Assemblée de 2024.

Ces nouvelles tractations, si elles devaient aboutir à un compromis, ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, selon l'entourage d'Emmanuel Macron.

En cas d'échec, ce dernier prendra ses "responsabilités" selon la même source, faisant planer la menace d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée divisée en trois blocs sans majorité nette (gauche, centre et droite, et extrême droite).

Gauche dispersée 

Au tour de force de ressouder le socle commun s'ajoute la menace de censure, toujours brandie par la gauche et le Rassemblement national.

"Il peut réussir", considérait lundi soir un conseiller de l'exécutif, "s'il décroche la suspension de la réforme des retraites par exemple", une exigence des socialistes.

Le patron du Parti socialiste (PS) Olivier Faure a lui demandé "un changement de cap" avec l'arrivée d'un "gouvernement de gauche" à Matignon.

Une cohabitation également réclamée par la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, qui souhaite toutefois se préparer "à toutes les hypothèses". Elle a ainsi proposé à "toutes" les formations de gauche, de se réunir mardi matin.

Mais le PS a annoncé dans la soirée qu'il ne participerait pas "en présence" du parti de gauche radicale LFI.

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui plaide pour une "solution claire, nette, franche et massive", ne varie pas de sa ligne et continuera de demander la démission d'Emmanuel Macron, en brandissant l'arme de la motion de destitution dont la recevabilité doit être examinée mercredi devant le Bureau de l'Assemblée.

Quant au Rassemblement national, il ne trace lui aussi que deux chemins possibles: la dissolution "absolument incontournable", selon sa cheffe de file Marine Le Pen, et la "démission" d'Emmanuel Macron, qui serait "sage".

Le parti d'extrême droite et ses alliés ont l'intention de censurer "systématiquement tout gouvernement" jusqu'à la dissolution ou la démission.

 


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.


Narcobanditisme: le gouvernement et la classe politique représentés à la marche blanche à Marseille

Plusieurs personnalités politiques, dont la présidente de l'Assemblée nationale et la porte-parole du gouvernement participeront à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, afin d'illustrer par leur présence le soutien de l'Etat et de la nation. (AFP)
Plusieurs personnalités politiques, dont la présidente de l'Assemblée nationale et la porte-parole du gouvernement participeront à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, afin d'illustrer par leur présence le soutien de l'Etat et de la nation. (AFP)
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  • À l’appel de la famille Kessaci, des marches blanches et rassemblements auront lieu partout en France "pour honorer sa mémoire et dire, ensemble, que ces drames doivent cesser"
  • Des rassemblements sont ainsi prévus à 12H à Paris et Toulouse, à 13H à Lyon et Rennes, selon la page Facebook de l'association Conscience d'Amine Kessaci

PARIS: Plusieurs personnalités politiques, dont la présidente de l'Assemblée nationale et la porte-parole du gouvernement participeront à la marche blanche prévue samedi à Marseille en hommage à Mehdi Kessaci, le frère du militant Amine Kessaci engagé contre le narcobanditisme, afin d'illustrer par leur présence le soutien de l'Etat et de la nation.

Le jeune homme de 20 ans a été assassiné le 13 novembre par deux hommes à moto. La justice étudie la piste d'"un crime d'intimidation" lié au militantisme de son frère.

Ce crime "a profondément choqué tous nos concitoyens", a déclaré sur TF1 la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon qui se rendra à Marseille en compagnie de son collègue Vincent Jeanbrun, ministre de la Ville et du Logement.

À l’appel de la famille Kessaci, des marches blanches et rassemblements auront lieu partout en France "pour honorer sa mémoire et dire, ensemble, que ces drames doivent cesser". Des rassemblements sont ainsi prévus à 12H à Paris et Toulouse, à 13H à Lyon et Rennes, selon la page Facebook de l'association Conscience d'Amine Kessaci.

Il s'agit, selon Mme Bregeon, de "marquer l'engagement total du gouvernement et le soutien de l'État, du président de la République et du Premier ministre, à cette famille et aux proches de Mehdi Kessaci".

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet sera également présente "pour affirmer l'unité nationale dans la lutte contre le narcotrafic" selon son entourage.

De nombreuses autres personnalités, dont beaucoup issues de la gauche, comme Olivier Faure et Boris Vallaud (PS), Marine Tondelier (les Ecologistes) ou François Ruffin, viendront aussi à Marseille.

François-Xavier Bellamy, vice-président délégué des Républicains, représentera LR.

Côté RN, pas de personnalité nationale. Le député et candidat à la mairie de Marseille Franck Allisio, qui a demandé au gouvernement de décréter l'"état d'urgence" dans la ville, n'a pas encore indiqué s'il serait là. Des membres de sa liste seront présents selon son entourage.

Le député LFI des Bouches-du-Rhône et coordinateur national du mouvement Manuel Bompard sera présent samedi et a exhorté à un "changement de doctrine complet", demandant par exemple plus de moyens pour la police judiciaire.

"Plutôt que d'envoyer des policiers chasser le petit consommateur, je pense au contraire qu'il faut concentrer les moyens dans le démantèlement des réseaux de la criminalité organisée", a-t-il dit.

Quant à la suggestion du maire de Nice Christian Estrosi d'engager l'armée contre le narcotrafic, Maud Bregeon a rappelé que ce n'était "pas les prérogatives de l'armée": "on a pour ça la police nationale, la gendarmerie nationale, la justice de la République française."