Khaled El Enany, premier arabe à la tête de l’UNESCO, face à de lourds défis

El Enany, parfait francophone, est professeur d’égyptologie à l’Université de Hélouan, où il enseigne depuis plus de trente ans. (Photo UNESCO)
El Enany, parfait francophone, est professeur d’égyptologie à l’Université de Hélouan, où il enseigne depuis plus de trente ans. (Photo UNESCO)
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Publié le Mardi 07 octobre 2025

Khaled El Enany, premier arabe à la tête de l’UNESCO, face à de lourds défis

  • Cet ancien ministre égyptien du Tourisme devient, à 54 ans, le premier Arabe appelé à diriger l’organisation internationale basée à Paris
  • Soutenu par la Ligue arabe, l’Union africaine, la France et plusieurs autres pays, cet ancien ministre du Tourisme a obtenu une majorité écrasante de 55 voix contre seulement 2 pour son concurrent congolais Firmin Matoko

PARIS: Presque plébiscité par le Conseil exécutif de l’UNESCO, Khaled El Enany est la première personnalité arabe à prendre la tête de l’organisation, succédant à l’actuelle directrice générale, la Française Audrey Azoulay.

Cet ancien ministre égyptien du Tourisme devient, à 54 ans, le premier Arabe appelé à diriger l’organisation internationale basée à Paris.

Soutenu par la Ligue arabe, l’Union africaine, la France et plusieurs autres pays, cet ancien ministre du Tourisme a obtenu une majorité écrasante de 55 voix contre seulement 2 pour son concurrent congolais Firmin Matoko.

Son élection doit encore être formellement entérinée lors de la Conférence générale prévue le 6 novembre à Samarcande (Ouzbékistan). Il prendra ses fonctions le 14 novembre pour un mandat de quatre ans.

El Enany, parfait francophone, est professeur d’égyptologie à l’Université de Hélouan, où il enseigne depuis plus de trente ans.

Vice-doyen de la faculté du Tourisme et de l’Hôtellerie, directeur du Centre d’apprentissage ouvert et chef du département des guides touristiques, il est également titulaire d’un doctorat en égyptologie de l’Université Paul-Valéry de Montpellier, où il a été professeur invité à plusieurs reprises.

Homme de terrain autant qu’universitaire, El Enany a dirigé le Musée national de la civilisation égyptienne ainsi que le célèbre musée du Caire. Son engagement pour la préservation du patrimoine l’a conduit à occuper les fonctions de ministre des Antiquités, puis de ministre du Tourisme et des Antiquités entre 2016 et 2022.

En novembre 2024, il a été nommé ambassadeur spécial pour le tourisme culturel par l’Organisation mondiale du tourisme, avant d’être désigné parrain du Fonds africain pour le patrimoine mondial.

Sa nomination à la tête de l’UNESCO a été saluée par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi comme « une réussite historique pour l’Égypte ».

Devant le Conseil exécutif, El Enany a promis de travailler « main dans la main avec tous les États membres pour bâtir ensemble une feuille de route afin de moderniser l’UNESCO et la projeter vers l’avenir ».

Dès 2023, sa campagne s’était distinguée par une promesse de renouvellement, dans le but d’apporter un « regard nouveau » et une expertise issue de décennies passées « sur le terrain », pour donner « plus de visibilité et plus d’impact » à l’organisation.

Son passage au ministère du Tourisme a été largement salué : dans une période marquée par les attentats meurtriers de 2017 et 2018 revendiqués par l’État islamique, puis par la pandémie de Covid-19 en 2020, il a su maintenir à flot un secteur vital pour l’économie égyptienne.

Ce sens de la gestion en temps de crise pourrait s’avérer précieux à l’heure où l’UNESCO traverse elle-même une période de fortes turbulences. El Enany hérite en effet d’une institution où s’accumulent de nombreux problèmes.

L’UNESCO est accusée d’être devenue une arène politique. Après le départ d’Israël en 2017, l’organisation a enregistré cette année celui du Nicaragua, en mai dernier, à la suite de l’attribution d’un prix à un journal d’opposition, et surtout celui des États-Unis.

En juillet, l’administration américaine a officialisé son retrait, accusant l’organisation de « parti pris anti-israélien », de promouvoir « des causes sociales et culturelles clivantes » et de suivre une « feuille de route idéologique et mondialiste » en contradiction avec la politique America First.

Ce retrait a des conséquences majeures : Washington assurait environ 8 % du budget total de l’UNESCO, et sa sortie prive donc l’organisation d’une part importante de ses ressources financières.

Comme Audrey Azoulay, qui avait réussi en 2023 à convaincre Washington de réintégrer temporairement l’organisation, El Enany devra tenter de ramener les États-Unis dans le giron multilatéral.

Il devra aussi composer avec la frilosité croissante de certains États européens, davantage concentrés sur leurs dépenses militaires et de défense dans un contexte international tendu.

Pour pallier ces difficultés, le futur directeur général entend développer les financements volontaires et diversifier les sources de revenus. Il mise notamment sur les échanges de dette entre gouvernements et sur un recours accru au secteur privé, à travers les fondations, les mécènes et les entreprises.

« Ces contributions représentaient 8 % du budget en 2024. Il y a de la marge pour les augmenter », expliquait-il durant sa campagne.

Son ambition est de démontrer que l’UNESCO a « un impact tangible sur la vie des gens », au-delà du seul patrimoine culturel. Il cite notamment l’éducation dans les zones d’urgence, la liberté de la presse et la place des femmes dans les sciences.

Au-delà des questions budgétaires, le nouveau directeur général devra faire preuve d’une grande habileté diplomatique, car l’organisation traverse aussi une phase de remise en question du multilatéralisme.

Égyptologue respecté, francophone et fin connaisseur des rouages des institutions culturelles et diplomatiques, Khaled El Enany coche de nombreuses cases. Cependant, il lui faudra conjuguer rigueur académique et sens politique pour faire de l’UNESCO une organisation plus lisible, plus efficace et à nouveau universelle.

Sur le plan personnel, ceux qui l’ont côtoyé décrivent un homme d’« une grande courtoisie, d’une vaste culture », qui se distingue « par l’humilité des gens cultivés, tout en étant accessible et chaleureux ».


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.