La France dans l'attente de nouvelles mesures, la «course» contre le virus se poursuit

Une soignante sortant d’une tente où sont effectués des tests de Covid, le 13 janvier (Photo, AFP).
Une soignante sortant d’une tente où sont effectués des tests de Covid, le 13 janvier (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 14 janvier 2021

La France dans l'attente de nouvelles mesures, la «course» contre le virus se poursuit

  • Un reconfinement semble écarté à ce stade, mais la généralisation du couvre-feu dès 18h00 à l’ensemble du pays fait partie des hypothèses envisagées
  • Environ 20 000 nouveaux cas sont comptabilisés chaque jour - plus de 23 000 mercredi - loin des 5 000 espérés à la mi-décembre par le gouvernement

PARIS: Un conseil de défense s'est réuni mercredi autour du chef de l'Etat et de nouvelles mesures sont attendues pour ralentir l'épidémie de Covid-19, mais les experts sanitaires appellent à mettre le turbo sur la vaccination pour contenir son variant le plus contagieux.

Un reconfinement semble écarté à ce stade. Mais l'ajout de territoires aux 25 départements déjà sous couvre-feu dès 18h00, voire sa généralisation à l'ensemble du pays, fait partie des hypothèses envisagées, selon des sources proches du gouvernement, qui dévoilera son plan lors d'une conférence de presse jeudi.

Le président du Conseil scientifique qui guide les choix de l'exécutif, Jean-François Delfraissy, a dressé un état des lieux « paradoxal » : « d'un côté on a une France qui se situe mieux que l'ensemble des pays européens (au niveau des contaminations), de l'autre, on a des chiffres qui stagnent, voire en légère augmentation depuis la mi-décembre, on n'a pas encore le retentissement exact des conséquences des fêtes du 31 décembre, et on a un taux d'occupation des lits en hospitalisation et réanimation relativement élevé, mais qui ne s'emballe pas », a-t-il développé sur France Info.

« Pas d'extrême urgence »

« Il y aura probablement un certain nombre de mesures plus strictes à prendre », mais « on n'est pas dans l'extrême urgence », a déclaré l'immunologue, qui recommande de laisser les écoles ouvertes.

Environ 20 000 nouveaux cas sont comptabilisés chaque jour - plus de 23 000 mercredi - loin des 5 000 espérés à la mi-décembre par le gouvernement. 

La semaine dernière, les bars, restaurants et lieux culturels ont déjà vu leur réouverture repoussée.

Principale inquiétude, la circulation du variant « VOC 202012/01 », qui a provoqué une flambée épidémique au Royaume-Uni, où les hôpitaux sont submergés, et qui représente désormais environ 1% des tests positifs au Covid-19 en France, selon les résultats préliminaires d'une enquête nationale.

« Il faut vacciner le plus de gens le plus vite possible, pour que ce variant anglais ne fasse pas encore plus de mal que ce qu'on a déjà vécu », a déclaré sur France Inter la réanimatrice de l'hôpital Bichat Lila Bouadma, elle aussi membre du Conseil scientifique.

Le Pr Delfraissy a aussi évoqué d' « éventuelles restrictions de voyage » avec des pays où le « virus anglais » est très présent et a appelé à « restreindre de façon drastique nos relations avec l'Afrique du sud », où circule un autre variant, dont les scientifiques redoutent qu'il résiste mieux aux vaccins.

Plus de 247 000 vaccinés

La Covid-19 pèse toujours autant sur le système de santé français, avec 24 735 patients hospitalisés, chiffre stable depuis un mois, dont 1 588 nouvelles admissions mercredi, et 232 décès à l'hôpital. Au total, la maladie a tué 69 031 personnes depuis que l'épidémie sévit.

Dans ce contexte, les autorités affichent leur volontarisme pour accélérer la campagne de vaccination, après un démarrage poussif et critiqué.

A la date de mercredi, plus de 247 000 personnes avaient reçu leur première injection, alors que la France disposait la semaine dernière d'un million de doses du vaccin Pfizer/BioNTech.

Les chiffres ont été boostés par l'ouverture de la vaccination aux professionnels de santé, pompiers, et aides à domicile de plus de 50 ans ou à risques. Mardi matin, moins de 30 000 résidents âgés des Ehpad avaient reçu le vaccin. 

Mercredi, Nancy a officiellement inauguré la vaccination pour les plus de 75 ans en ville, qui démarrera lundi au niveau national. Les rendez-vous pourront être pris à partir de jeudi sur internet et par téléphone.

« Il faut arrêter cette Covid qui mange la vie à tout le monde. Je suis très heureuse d'être la première », a lancé Odette Brogonzoli, 84 ans, venue au palais des Congrès de Nancy transformé en centre de vaccination.

La possibilité pour certains malades chroniques exposés à une forme grave de la maladie de se faire vacciner eux aussi dès lundi est « en discussion », selon le ministère de la Santé.

Seraient concernés « les patients atteints de cancer en chimiothérapie, les patients en insuffisance rénale chronique, les transplantés, et toute une série » de « maladies rares qui exposent à des formes ultra sévères de Covid », avait plaidé mardi le président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, le Pr Alain Fischer.

Mais avec 5 millions de personnes âgées de plus de 75 ans en France, « l'honnêteté commande de dire que cette vaccination prendra plusieurs semaines », a clarifié le Premier ministre Jean Castex, lors des questions au gouvernement au Sénat. Entre les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna, la France attend pour tout le mois de janvier 2,6 millions de doses.

Selon lui, « ça représente quelques centaines de milliers de personnes dont nous pensons qu'elles doivent pouvoir bénéficier (de la vaccination) dès lundi prochain ».

« Il y a trois mois difficiles à tenir », a résumé Jean-François Delfraissy, particulièrement inquiet pour la santé mentale des étudiants.


Macron met en garde contre la mort de l'Europe

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Le président français Emmanuel Macron prononce un discours sur l'Europe, devant un slogan qui dit "La fin d'une Europe compliquée" dans un amphithéâtre de la Sorbonne à Paris, le 25 avril 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • Le président français a évoqué une Europe «dans une situation d'encerclement» face aux grandes puissances régionales
  • Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a appelé l'UE à renforcer encore sa défense au sein de l'Otan

PARIS: "Notre Europe est mortelle, elle peut mourir". Emmanuel Macron a dressé jeudi un portrait alarmiste à un mois et demi d'élections européennes compliquées pour son camp, en exhortant à un sursaut des Vingt-Sept pour bâtir une "Europe puissance" et une défense "crédible".

"Cela dépend uniquement de nos choix mais ces choix sont à faire maintenant" car "à l'horizon de la prochaine décennie, (...) le risque est immense d'être fragilisé, voire relégué", a-t-il asséné devant 500 invités, dont les ambassadeurs des 26 autres Etats membres de l'UE, des étudiants, des chercheurs et le gouvernement au complet.

Le président français a évoqué dans un discours-fleuve une Europe "dans une situation d'encerclement" face aux grandes puissances régionales et a jugé que les valeurs de la "démocratie libérale" étaient "de plus en plus critiquées" et "contestées".

"Le risque, c'est que l'Europe connaisse le décrochage et cela, nous commençons déjà à le voir malgré tous nos efforts", a averti le chef de l'Etat, en plaidant pour une "Europe puissante", qui "se fait respecter", "assure sa sécurité" et reprend "son autonomie stratégique".

Dans un contexte géopolitique alourdi par la guerre en Ukraine, il a annoncé qu'il inviterait les Européens à se doter d'un "concept stratégique" de "défense européenne crédible", en évoquant la possibilité pour elle de se doter d'un bouclier antimissiles.

Il a aussi appelé l'Europe à renforcer son industrie de défense et plaidé pour un "emprunt européen", sujet tabou notamment en Allemagne, pour investir dans l'armement en appliquant le principe de "préférence européenne".

Entrée en campagne

Face aux débats sur l'immigration portés par la droite et l'extrême droite, il a affirmé que l'UE devait "retrouver la maîtrise" de ses "frontières" et "l'assumer", proposant "une structure politique" continentale pour prendre des décisions sur les sujets de migration, de criminalité et de terrorisme.

Sur le plan économique, pour aboutir à une "Europe de prospérité", Emmanuel Macron a défendu un "choc d'investissements commun", en doublant la capacité financière de l'UE pour faire face aux défis de défense, climatique, numérique et industriel.

Devant les pratiques commerciales chinoises et américaines, le président français a également demandé une "révision" de la politique européenne "en défendant nos intérêts".

"Ca ne peut pas marcher si on est les seuls au monde à respecter les règles du commerce telles qu'elles avaient été écrites il y a 15 ans, si les Chinois, les Américains, ne les respectent plus en subventionnant les secteurs critiques", a-t-il déclaré.

Réagissant peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz, pas toujours sur la même longueur d'ondes que son homologue, a salué les "bonnes impulsions" du discours pour que "l'Europe reste forte" et promis de continuer à la "faire avancer ensemble".

Le discours d'Emmanuel Macron est largement considéré comme une entrée en campagne du chef de l'Etat français, alors que son camp patine à six semaines des élections européennes du 9 juin, pour lesquelles le Rassemblement national (RN, extrême droite) fait largement course en tête.

Selon un récent sondage Opinionway, la liste de la majorité présidentielle, à 19%, se situait toujours loin derrière celle du RN (29%), mais gardait une nette avance sur celle des socialistes (12%).

"Sur la scène européenne, cela fait sept ans qu'Emmanuel Macron confond ses incantations et ses gesticulations avec des réalisations", a ironisé Marine Le Pen, cheffe de file des députés du RN, sur X, accusant le chef de l'Etat de "brader des pans entiers de souveraineté" nationale.

Le palais présidentiel de l'Elysée a réfuté toute tactique électoraliste et affirmé que M. Macron ambitionnait d'"influer sur l'agenda" de la prochaine Commission européenne à l'issue des élections de juin.

Une légitimité qui sera mesurée à l'aune des réactions européennes. Et aux retours des Français, qui estiment à 57% que le président n'a pas eu "d'influence réelle" sur l'UE depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi.

Vendredi, le président prendra aussi la température lors d'un échange avec des étudiants à Strasbourg (Est), où il signera un nouveau contrat triennal pour conforter la stature européenne de la capitale alsacienne qui accueille le parlement européen.

 

 


UE: une majorité de Français doute de l'influence réelle de Macron, selon un sondage

Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive pour une conférence de presse à la fin du sommet du Conseil européen au siège de l'UE à Bruxelles, le 18 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas «s'impliquer davantage dans la campagne» car «ce n'est pas son rôle en tant que président de la République»
  • Pour autant 61% des Français jugent qu'une «défaite nette» de la liste Renaissance serait un «échec personnel» pour le président

PARIS: Une majorité de Français (57%) doute de l'influence réelle d'Emmanuel Macron sur le fonctionnement et les décisions prises par l'Union européenne depuis 2017, selon un sondage Elabe publié jeudi pour BFMTV.

Alors qu'Emmanuel Macron va mettre en avant son bilan européen lors d'un discours jeudi matin à la Sorbonne, seuls 42% des Français estiment que le chef de l'État a eu "une influence réelle sur le fonctionnement et les décisions prises par l’Union européenne" depuis 2017.

L'électorat d’Emmanuel Macron porte un regard très positif sur son rôle (70%), alors que la majorité des électeurs de gauche (56%) et d'extrême droite (68%) sont plutôt négatifs.

A un mois et demi des européennes, 66% des Français estiment qu'Emmanuel Macron ne doit pas "s'impliquer davantage dans la campagne" car "ce n'est pas son rôle en tant que président de la République".

Pour autant 61% des Français jugent qu'une "défaite nette" de la liste Renaissance serait un "échec personnel" pour le président.

En cas de large défaite du camp présidentiel, une majorité (61%) souhaite qu'Emmanuel Macron "change significativement d'orientation politique", une opinion partagée par 43% des électeurs du président au premier tour de l'élection présidentielle en 2022.

Pour autant, seule une minorité de Français (46% contre 54%) réclame une dissolution de l’Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives anticipées. Encore moins (39% contre 61%) souhaitent un changement de Premier ministre.

Si 58% des sondés déclarent tenir compte avant tout d'enjeux de politique européenne dans leur décision de vote, 41% concèdent qu'ils feront leur choix avant tout sur des enjeux nationaux, surtout parmi les électeurs RN (61%).

Ce sondage a été réalisé par internet du 23 au 24 avril à partir d'un échantillon de 1.001 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus. Selon les résultats, la marge d'erreur est comprise entre +/- 1,4 point et +/-3,1 points.


Evénements climatiques extrêmes: la Croix-Rouge souhaite un sac d'urgence par Français

Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Cette photographie prise le 5 avril 2024 montre une enseigne de pharmacie affichant une température de 31 degrés Celsius à Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. (AFP)
Short Url
  • Le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge
  • «75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule», selon un sondage OpinionWay

PARIS: Un "sac d’urgence" pour chaque Français en cas d’évacuation face aux événements climatiques extrêmes: c’est l’une des préconisations de la Croix-Rouge française dans un rapport sur la résilience de la société française, qui fait état d'un manque de préparation.

Canicule, sécheresse, incendies de forêt, inondations: le dérèglement climatique fait déjà partie du quotidien des Français mais ils ne sont pas prêts y répondre, estime une étude de la Croix-Rouge, en collaboration avec le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc), publiée jeudi.

"75% (des Français) ne se sentent pas préparés face aux inondations, 73% face aux incendies de forêt, 59% face à la canicule", selon un sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge française.

"La préparation face aux crises est l'affaire de tous. Elle concerne bien entendu les pouvoirs publics, mais aussi les acteurs associatifs et privés, ainsi que les citoyens", déclare à l'AFP Philippe Da Costa, président de la Croix-Rouge française.

Pour affronter "l’inévitable", l’association a dix recommandations. Dont la constitution du "Catakit", un sac d'urgence par personne, prêt en cas d'évacuation et comprenant par exemple de la nourriture non périssable, de l'eau, une trousse de secours, des vêtements et une lampe torche, pour attendre l'arrivée de l'aide.

"Seuls 11% des Français disposent d’un sac d’urgence prêt, et moins de la moitié connaît les objets indispensables qu’il faut y glisser", détaille le sondage OpinionWay.

Autre recommandation: la formation aux gestes et aux comportements qui sauvent. "On estime aujourd’hui à seulement 40% le nombre de Français ayant récemment suivi une formation aux gestes qui sauvent, contre 95% Norvège ou 80% en Allemagne", note le rapport.

Or, rappelle la Croix-Rouge, "si les individus sont informés et formés, l’impact des événements climatiques extrêmes sur les populations sera moindre et les dégâts matériels réduits".

L'association suggère que chaque Français ait a minima connaissance des réflexes vitaux: "savoir identifier les alertes sonores, avoir les bons comportements en cas de catastrophes" en plus de la maîtrise des gestes qui sauvent.

"Les événements climatiques extrêmes se manifestent de manière plus fréquente, plus intense, plus longue, et plus étendue géographiquement, rappelle Philippe Da Costa. "Tous les territoires de l'Hexagone et d’Outre-mer sont concernés".

Pour la Croix-Rouge, "il n’y a pas de fatalité". "Se préparer pour savoir comment agir avant les crises et comment réagir pendant les crises" pourra limiter l'impact des évènements climatiques extrêmes sur les populations.