«L’art blessé», une exposition pour soigner l’âme des habitants de Beyrouth

La villa Audi accueille depuis le 16 décembre une exposition d’un genre nouveau, «L'art blessé» qui présente des œuvres brisées ou abîmées lors de la catastrophe (Photo, fournie).
La villa Audi accueille depuis le 16 décembre une exposition d’un genre nouveau, «L'art blessé» qui présente des œuvres brisées ou abîmées lors de la catastrophe (Photo, fournie).
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Publié le Jeudi 14 janvier 2021

«L’art blessé», une exposition pour soigner l’âme des habitants de Beyrouth

  • Le «cataclysme» qui a frappé Beyrouth le 4 août dernier a détruit des vies, des immeubles entiers, mais également des joyaux artistiques
  • «Blessés de mille blessures, nos cœurs ne peuvent que se taire pour laisser s’exprimer cette nouvelle identité altérée», explique Jean-Louis Mainguy

BEYROUTH: Le «cataclysme» qui a frappé Beyrouth le 4 août dernier a détruit des vies, des immeubles entiers, mais également des joyaux artistiques. Une tragédie meurtrière qui n'a pas épargné ce qui restait du passé glorieux de la capitale libanaise. Musées, ateliers d’artistes et industries culturelles ont également été touchés de plein fouet par ce fléau. La plupart d’entre eux se situent dans la zone rouge, la plus touchée par l’explosion. C’est notamment le cas de la villa Audi: elle accueille, depuis le 16 décembre, une exposition d’un genre nouveau, «L'art blessé». Présentant des œuvres brisées ou abîmées lors de la catastrophe, cet événement culturel entend «soigner» l'âme des habitants de la ville, et même celle du pays entier, traumatisée par cet accident tragique.

Artiste inconnu

«Ce drame a laissé en nous des plaies béantes, comme celle que vous voyez sur les toiles», explique Riad Obegi, PDG de la banque Bemo, qui est à l’initiative de l’exposition. «Des artistes ont été blessés ou sont restés en état de choc, des œuvres et des ateliers ont été endommagés. L’art a beaucoup souffert lui aussi. D’où l’idée de cette exposition, qui présente des œuvres d’art endommagées par l’explosion et souligne volontairement leurs blessures.»

Artiste : Cici Sursock

«L’exposition, qui s’inspire à la fois du Kintsugi – cette méthode japonaise qui consiste à réparer des porcelaines ou des céramiques brisées au moyen de laque parsemée de poudre d'or – et de la thérapie des traumatismes, s’articule autour de trois types d’œuvres: les premières sont abîmées et éventrées, les deuxièmes transformées par un geste artistique, et les troisièmes inspirées par la catastrophe», confie Riad Obegi.

La scénographie est soigneusement orchestrée par Jean-Louis Mainguy, également commissaire de l’exposition.

Artiste : Paul Guiragossian

Dans une atmosphère silencieuse propice à la méditation, des toiles déchirées, criblées de trous par lesquels passe la lumière, ainsi que des sculptures brisées, sont ainsi exposées. Les portraits de Cici Sursock, le village peint par Hassan Jouni, des toiles entaillées signées Paul Guiragossian, Chafic Abboud, Saliba Doueihy, Bibi Zoghbi, Nabil Nahas et d’autres grands noms de la peinture libanaise contemporaine dialoguent douloureusement. Parées de lumière, leurs «blessures» ou «déchirures» sont mises en avant, comme pour leur insuffler une seconde vie. Certaines d’entre elles sont accompagnées par une musique, d’autres par un texte littéraire.

Artiste : Katya Traboulsi

Une toile se trouve «transformée»: celle de l’artiste Tom Young. Elle représente l’hôtel Holiday Inn, détruit pendant la guerre du Liban, et a subi des déchirures. «Nous avons demandé à l’artiste de la transformer en gardant la trace de la blessure. Claudette, couturière à Gemmayzé, dont l’atelier a été soufflé et qui a été blessée par l’explosion, est intervenue en la recousant comme s’il s’agissait d’un tissu. L’œuvre est donc transformée. Initialement, elle représentait la guerre du Liban telle que la voyait Tom Young. Désormais, grâce aux mains de Claudette, sous la direction de l’artiste lui-même, elle incarne également son traumatisme et celui de toutes les autres victimes», raconte Riad Obegi. Elle est devenue beaucoup plus complexe: c’est une œuvre qui revit, une œuvre qui a évolué pour devenir le témoin vivant de la victoire de la vie sur la mort. Pour Obegi, le message est clair: «L’œuvre est revalorisée aujourd’hui, voire amplifiée; donc l’humain peut également le devenir.»

Artiste : Michel Harmouche

Au premier étage, la parole est donnée à la création nouvelle. Des artistes, témoins de l’explosion du 4 août, ont tenté de décrire l’indescriptible.

«Cette exposition porte en elle de nombreux messages entrelacés et l’art est perçu comme une manière d’aller au-delà de ce drame, sans jamais l’oublier», conclut Riad Obegi. Un art «blessé» que décrit avec beaucoup de justesse Jean-Louis Mainguy dans la préface qu’il a consacrée au catalogue de l’exposition: «Blessés de mille blessures, nos cœurs ne peuvent que se taire pour laisser s’exprimer cette nouvelle identité altérée.»

Artiste : Rima Amyuni

Actuellement fermée pour des raisons sanitaires, l’exposition rouvrira le 1er février.


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com