L'OIT se penche sur le sort de millions de travailleurs à distance

L’Organisation Internationale du Travail ou OIT, une agence onusienne, profite de cette nouvelle prise de conscience pour souligner la situation difficile qui touche 260 millions de travailleurs à distance dans le monde (Photo, Shutterstock/fichier).
L’Organisation Internationale du Travail ou OIT, une agence onusienne, profite de cette nouvelle prise de conscience pour souligner la situation difficile qui touche 260 millions de travailleurs à distance dans le monde (Photo, Shutterstock/fichier).
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Publié le Vendredi 15 janvier 2021

L'OIT se penche sur le sort de millions de travailleurs à distance

  • Seuls dix États membres ont ratifié la Convention sur le Travail à Distance de 1996
  • «Les travailleurs à distance œuvrent dans de très mauvaises conditions, sans bénéficier des avantages de la croissance économique ou de la mondialisation»

NEW YORK: Le nombre croissant de personnes forcées par la pandémie de la Covid-19 de travailler à distance a largement attiré l'attention sur les avantages et les défis du travail à distance.

L’Organisation Internationale du Travail ou OIT, une agence onusienne, profite de cette nouvelle prise de conscience pour souligner la situation difficile qui touche 260 millions de travailleurs à distance dans le monde. Ce chiffre représente 8% des employés du monde, et qui travaillaient depuis des décennies, bien avant la pandémie, dans des conditions précaires.

Les travailleurs à distance constituent un groupe hétérogène. Certains sont hautement qualifiés et travaillent souvent à distance, alors que d’autres, nettement plus nombreux, sont appauvris par la nature de leur emploi. Ils doivent en effet produire des articles artisanaux divers comme la broderie, un processus qui ne peut être automatisé.

Une troisième catégorie comprend les travailleurs des plates-formes numériques et qui offrent des services tels que le traitement des réclamations d'assurance ou la correction de textes.

Tous doivent composer avec les conséquences du travail à domicile.

«Il y a toutes sortes d’emplois laborieux, au bas des chaînes d'approvisionnement, ou dans le domaine de l'artisanat, qui continuent de se faire à domicile», a déclaré l’économiste principale de l'OIT, Janine Berg, à Arab News.

«Mais comme le travail se fait à la maison, il est réellement invisible. Les travailleurs à distance œuvrent dans de très mauvaises conditions, sans bénéficier des avantages de la croissance économique ou de la mondialisation. Nous ne pouvons pas espérer que ces acquis leurs soient magiquement refilé, il faut prendre des mesures concrètes».

Berg a co-écrit le rapport «Travail à domicile: de l’invisibilité au travail convenable», une étude exhaustive de deux ans qui analyse la situation à l’échelle mondiale. Le document démontre le besoin urgent, dans les pays à revenu faible et intermédiaire, pour les travailleurs à distance d’obtenir une protection sociale.

La plupart travaillent de manière informelle, et sont moins bien lotis que ceux qui travaillent à l’extérieur, même dans des professions plus qualifiées.

«Il existe ce que nous définissons comme la pénalité salariale pour les travailleurs à domicile. La différence de revenus des personnes travaillant à distance est vraiment frappante - 50% de moins en Inde. Au Royaume-Uni, la plupart des travailleurs à distance étaient des télétravailleurs hautement qualifiés dans la tranche supérieure de la répartition des revenus, mais ils gagnaient 13% de moins que leurs collègues (qui travaillent à l’extérieur)», selon Berg.

Il ajoute : «C'est pour vous dire que l'invisibilité, le fait d’être à la maison, de ne pas être en contact avec les autres, de ne pas travailler en présence de son employeur, peuvent avec le temps influencer vos conditions de travail».

Le travail à distance est souvent mal réglementé et faire des lois qui le balisent demeure un défi. Dans de nombreux cas, les travailleurs à distance sont classés comme travailleurs indépendants et sont donc exclus du champ d'application de la législation du travail.

La Convention sur le travail à distance n˚177 a été adoptée en 1996, dans le but de transformer ce travail en une source d'emploi respectable, en encourageant l'égalité de traitements entre les travailleurs à distance et les autres salariés.

Cependant, seuls dix Etats membres de l'OIT ont ratifié la convention, et rares sont ceux qui ont mis en place une politique nationale concernant le travail à domicile.

«Dans de nombreux pays, il existe de belles lois sur le papier, mais elles sont complètement oubliées», a précisé Berg. «C’est triste parce que les propositions de loi sont synonymes de beaucoup de travail, et cela ne s’arrête pas là. Le travail n'est pas terminé pour autant».

En plus d'améliorer la compréhension de ce qu’implique le travail à domicile, le rapport propose aux gouvernements une orientation pour offrir des conditions convenables aux télétravailleurs, afin de les rendre plus visibles et donc mieux protégés.

Pour les travailleurs à distance moins nantis, le rapport demande aux décideurs politiques d'entreprendre une action concertée sur tous les fronts – des enquêtes et des mécanismes pour identifier d'abord ces travailleurs, à la lutte contre le caractère officieux de ce travail en étendant la protection juridique, généralisant les contrats écrits et l'accès à la sécurité sociale, et en sensibilisant les travailleurs à distance sur leurs droits.

Pour les télétravailleurs, dont la principale préoccupation est le flou qui existe entre le temps de travail et le temps personnel, le rapport appelle les gouvernements à introduire un «droit à la déconnexion», afin de garantir le respect de cette limite.

Cependant, il reste une dernière chose que la législation ne peut résoudre: l'isolement social. Berg a affirmé que le véritable remède à ce problème, ressenti par tous ceux qui travaillent à partir de chez eux - au-delà de l’appartenance à un syndicat- réside dans un échange humain sain entre la direction et les employés.

«Il existe là un rôle important à assumer pour les directeurs et les employeurs, en l’occurrence d’avoir un bon contact avec leurs employés, non dans le sens «je vais vous superviser et m’assurer que vous respectez vos horaires de travail», mais vraiment plus en tendant la main pour voir  comment ils vont», a ajouté Berg, qui est également l'auteure de «Le Marché du travail, les institutions et les inégalités: bâtir des sociétés plus justes au 21e siècle.»

Le travail à distance étant susceptible de gagner de l’importance dans les années à venir, l'OIT a de nouveau appelé les gouvernements, en coopération avec les syndicats et les organisations patronales, à tenir compte des orientations de la Convention n˚177. L’agence préconise de «travailler ensemble pour garantir que tous les travailleurs à distance - qu'ils tissent du rotin en Indonésie, fabriquent du beurre de karité au Ghana, marquent des photos en Egypte, cousent des masques en Uruguay ou télétravaillent en France - passent de l'invisibilité au travail décent».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com