Kouchner, Linhart, Debray: les «filles de» disent leur histoire

« La Familia grande », de la fille de l'ancien ministre et ex-militant d'extrême gauche Bernard Kouchner, succès de librairie depuis sa sortie le 6 janvier (Photo, AFP)
« La Familia grande », de la fille de l'ancien ministre et ex-militant d'extrême gauche Bernard Kouchner, succès de librairie depuis sa sortie le 6 janvier (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 17 janvier 2021

Kouchner, Linhart, Debray: les «filles de» disent leur histoire

  • Revendiquer, surtout, une douleur d'être passées après beaucoup d'autres priorités: les envies des adultes, le militantisme, les camarades
  • «Ce livre m'a permis d'être en colère contre elle, et de l'aimer immensément (...) Je n'essaie pas de l'excuser», affirmait-elle à la télévision

PARIS: Les parents ont une histoire, leurs enfants tiennent à dire la leur aussi: le livre de Camille Kouchner est le troisième témoignage paru en peu de temps écrit par la fille d'une grande figure de la contestation en France dans les années 1960-70. 

« La Familia grande », de la fille de l'ancien ministre et ex-militant d'extrême gauche Bernard Kouchner, succès de librairie depuis sa sortie le 6 janvier, éclaire le destin de cette génération élevée par ceux pour qui il était « interdit d'interdire ». 

A propos de sa mère par exemple, l'universitaire Evelyne Pisier, qui lui a inculqué qu'une femme devait rester la plus libre possible, Camille Kouchner disait mercredi soir sur France 5: « Elle est allée jusqu'à abandonner un peu ses enfants. Même beaucoup ». 

Un livre sorti en mars 2020 raconte une histoire avec de fortes ressemblances sur ce point: « L'Effet maternel », de Virginie Linhart, fille d'un des dirigeants de la Gauche prolétarienne, Robert Linhart, et d'une militante d'extrême gauche établie en usine devenue universitaire elle aussi, Nicole Colas-Linhart. 

« Il y a vraiment des choses similaires. Et ça, je ne sais pas comment l'expliquer. Pourtant dans mon livre j'ai vraiment essayé d'analyser la situation de ces femmes, comprendre pourquoi elles n'avaient pas su être pleinement mères », indique Virginie Linhart. 

Droit de revendiquer 

En 2017, dans « Fille de révolutionnaires », Laurence Debray, fille de l'ancien guérillero Régis Debray et de l'ancienne révolutionnaire vénézuelienne Elizabeth Burgos, remontait elle aussi le temps et cette filiation particulière. 

Son enfance avec des parents « militaires », dit-elle, de par leur conception du combat politique et intellectuel quotidien, n'a en rien ressemblé au joyeux désordre des vacances à Sanary-sur-Mer dépeint dans « La Familia grande ». 

Mais l'intention, au moment de coucher ce récit sur papier, était la même. « Ce que j'ai voulu faire, c'était de libérer la parole, celle de ma génération: d'abord dire que ce n'est pas parce qu'on n'a pas fait la révolution qu'on est moins bien qu'eux, et surtout qu'on a le droit de dire ce qu'on a vécu, de revendiquer », souligne-t-elle.  

Revendiquer, surtout, une douleur d'être passées après beaucoup d'autres priorités: les envies des adultes, le militantisme, les camarades. 

Virginie Linhart raconte par exemple que sa mère, qui élevait ses enfants seule, les laissait sans baby-sitter pour sortir, ce qui paniquait sa fille, réduite à imaginer les pires scénarios quand elle allait au lit. 

« En colère contre elle » 

Camille Kouchner pour sa part décrit un père qui « n'est jamais là », et dont l'épouse dit: « Il a choisi de sauver les autres enfants. Pas les siens ». Le couple s'est séparé quand elle avait six ans. « La liberté, les femmes, le couple, l'infidélité joyeuse, la modernité intelligente. Petite, j'étais bercée par ces histoires », se souvient-elle à propos de sa mère.  

« Ce livre m'a permis d'être en colère contre elle, et de l'aimer immensément (...) Je n'essaie pas de l'excuser », affirmait-elle à la télévision. Cette mère est morte en 2017. 

Virginie Linhart a dû en revanche affronter la sienne, qui a saisi les tribunaux pour faire interdire l'ouvrage, en vain. « Ça m'a plongé dans des abîmes de réflexion, que cette génération, qui m'a élevée, moi, avec le slogan +Il est interdit d'interdire+, puisse recourir à la loi pour empêcher la publication d'un témoignage. Je trouve que c'est très violent ». 

« Cette parole sur 68 était monopolisée par les protagonistes. C'était la seule qui comptait (...) Celle des enfants n'a pas été facile à faire émerger. Personne ne voulait entendre notre histoire », rappelle-t-elle. 

Mais pour Laurence Debray, le moment a fini par venir. Elle avait 41 ans quand elle a publié son récit, comme Camille Kouchner en a 45, et Virginie Linhart avait fait paraître « Le Jour où mon père s'est tu » à 42 ans. 

« Pour écrire ce genre de livre, il faut avoir un peu vécu soi-même, pour avoir le recul. Mais il fallait aussi ne pas le faire trop tard, que mon père puisse m'engueuler. Le livre est une manière d'établir un dialogue », dit la fille de Régis Debray. 


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Short Url

AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Short Url
  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
Short Url
  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com