Investiture américaine: Taïwan invité pour la première fois depuis 1979

Vue du Capitole américain au coucher du soleil avant la 59e cérémonie d'investiture du président élu Joe Biden et du vice-président élu Kamala Harris à Washington, DC, le 19 janvier 2021. (Angela Weiss / AFP)
Vue du Capitole américain au coucher du soleil avant la 59e cérémonie d'investiture du président élu Joe Biden et du vice-président élu Kamala Harris à Washington, DC, le 19 janvier 2021. (Angela Weiss / AFP)
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Publié le Jeudi 21 janvier 2021

Investiture américaine: Taïwan invité pour la première fois depuis 1979

  • L'émissaire taïwanaise Hsiao Bi-khim a posté une photo d'elle lors de la cérémonie mercredi, en se disant "honorée de représenter le peuple et le gouvernement de Taïwan ici lors de l'investiture du président Biden et de la vice-présidente Harris"
  • L'île compte 23 millions d'habitants, qui jouissent d'un système démocratique. Mais Pékin la considère comme une province chinoise et menace de la reprendre par la force en cas de proclamation formelle d'indépendance ou d'intervention américaine

TAIPEI: La représentante de Taïwan aux Etats-Unis avait été officiellement invitée à la cérémonie d'investiture du nouveau président américain, ce que Taipei a présenté jeudi comme une première depuis que Washington a choisi en 1979 de reconnaître Pékin.

L'émissaire taïwanaise Hsiao Bi-khim a posté une photo d'elle lors de la cérémonie mercredi, en se disant "honorée de représenter le peuple et le gouvernement de Taïwan ici lors de l'investiture du président Biden et de la vice-présidente Harris".

"La démocratie est notre langue commune, et la liberté est notre but commun", a-t-elle ajouté.

Le ministère taïwanais des Affaires étrangères a affirmé que c'était la première fois depuis des décennies qu'un émissaire taïwanais était "formellement invité" par le comité d'organisation de cette cérémonie.

Le Parti démocratique progressiste (PDP) au pouvoir a évoqué "une nouvelle percée depuis 42 ans".

La Chine continentale (dirigée par le Parti communiste) et Taïwan (refuge de l'armée nationaliste à l'issue de la guerre civile chinoise en 1949) sont administrées depuis plus de 70 ans par deux régimes différents.

L'île compte 23 millions d'habitants, qui jouissent d'un système démocratique. Mais Pékin la considère comme une province chinoise et menace de la reprendre par la force en cas de proclamation formelle d'indépendance ou d'intervention américaine.

Les relations Pékin-Taipei sont tendues depuis l'arrivée au pouvoir en 2016 de la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, dont le parti milite traditionnellement pour l'indépendance de l'île -- une ligne rouge absolue pour la Chine.

Washington a rompu ses relations diplomatiques avec Taipei en 1979 afin de reconnaître Pékin comme seul représentant officiel de la Chine. 

Mais les Etats-Unis restent l'allié le plus puissant de Taïwan et son fournisseur d'armes numéro un. Et les présidents américains font preuve d'une extrême prudence dans leur politique vis-à-vis de Taïwan pour ne pas susciter la colère de Pékin.

Mais l'attitude a radicalement changé sous Donald Trump qui a opéré un rapprochement avec Taïwan à mesure qu'il affrontait Pékin de manière toujours plus frontale. 

Chose sans précédent pour une présidente taïwanaise, Mme Tsai avait même appelé M. Trump pour le féliciter de son élection en 2016.

On ignore ce que sera la politique de M. Biden à l'égard de l'île. Mais la présence de Mme Hsiao à l'investiture laisse penser qu'il pourrait suivre la ligne de son prédécesseur.

Kharis Templeman, un expert basé à Taïwan pour la Hoover Institution, un groupe de réflexion à l'Université de Stanford, a qualifié l'invitation de "geste subtil mais qui en dit long". 

Dans un tweet adressé à Joe Biden à l'issue de sa prestation de serment, la présidente Tsai a déclaré que Taïwan "est prête à travailler avec vous en tant que puissance mondiale au service du bien".

Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, Pékin a durci le ton vis-à-vis de Taïwan. Et dans ce contexte, la nécessité de protéger l'île était un des rares sujets qui faisait consensus entre démocrates et républicains sous la présidence Trump.

Jim Risch, le président républicain de la commission des Affaires étrangères du Sénat, a salué la présence de Mme Hsiao à l'investiture.

"Je félicite la nouvelle administration pour cette invitation et l'encourage à poursuivre les progrès réalisés dans la relation avec Taïwan pour faire face aux défis et réalités géopolitiques", a-t-il écrit sur Twitter.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.