Plus de 140 victimes dans le double attentat suicide de l’EI au centre de Bagdad

Le périmètre de l'attentat au centre-ville de Bagdad où un deuxième kamikaze s'est fait exploser après le premier attentat-suicide et alors que badauds et police commençaient à s'attrouper sur les lieux du drame. (AFP).
Le périmètre de l'attentat au centre-ville de Bagdad où un deuxième kamikaze s'est fait exploser après le premier attentat-suicide et alors que badauds et police commençaient à s'attrouper sur les lieux du drame. (AFP).
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Publié le Vendredi 22 janvier 2021

Plus de 140 victimes dans le double attentat suicide de l’EI au centre de Bagdad

  • L'attentat a eu lieu sur la place Tayaran, un carrefour très passant de Bagdad. Un attentat suicide sur cette même place avait fait 31 morts il y a trois ans quasiment jour pour jour
  • Les derniers attentats ayant fait plusieurs morts à Bagdad remontent à juin 2019

BAGDAD : Trente-deux personnes ont été tuées jeudi par deux kamikazes du groupe Etat islamique (EI) qui se sont fait exploser sur un marché du centre de Bagdad, l'attaque la plus meurtrière depuis plus de trois ans dans la capitale irakienne.

Un premier homme a déclenché sa ceinture explosive au beau milieu de vendeurs et de badauds sur le marché de vêtements d'occasion de la place Tayaran, a expliqué le ministère de l'Intérieur. Alors qu'un attroupement se formait pour tenter de venir en aide aux victimes, un second kamikaze a fait détoner ses explosifs, a-t-il ajouté.

L'attaque a été revendiquée dans la nuit de jeudi à vendredi par l'EI.

Outre les 32 morts, le ministre de la Santé, Hassan al-Tamimi, a fait état de 110 blessés dans la métropole de dix millions d'habitants où l'ensemble du personnel médical a été placé en état d'alerte maximale

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La scène du double attentat-suicide dans le centre-ville de Bagdad. (AFP). 

Législatives

Sur la place, carrefour très passant de Bagdad, des flaques de sang étaient visibles, de même que des lambeaux de vêtements déchiquetés par les explosions.

Soldats et ambulanciers étaient déployés en masse sur la place, les premiers bloquant les accès et les seconds s'activant à déplacer des corps ou à aider des blessés, dans un ballet d'ambulances aux sirènes hurlantes.

 

EN BREF Comme en 2018 ...

Comme en 2018, cette attaque intervient alors que les autorités discutent de l'organisation d'un scrutin législatif, une échéance régulièrement accompagnée de violences en Irak.

Le gouvernement avait promis des élections anticipées d'un nouveau Parlement pour juin. Mais les autorités proposent maintenant de les reporter à octobre afin de donner plus de temps à la Commission électorale pour organiser ce scrutin. 

De nombreux politiciens disent toutefois douter de la tenue d'une élection anticipée --en juin comme en octobre-- car la condition sine qua non est une dissolution du Parlement. Or, seuls les députés peuvent voter leur propre dissolution et aucun n'a donné d'assurance en ce sens.

Un attentat avec exactement le même mode opératoire avait déjà endeuillé cette même place, faisant 31 morts, il y a trois ans quasiment jour pour jour.

Le président Barham Saleh a dénoncé sur Twitter des « tentatives malignes de faire trembler la stabilité du pays », tandis que le Premier ministre Moustafa al-Kazimi a annoncé avoir remplacé des hauts-gradés après l'attentat.

« Un acte aussi ignoble n'affaiblira pas la marche de l'Irak vers la stabilité et la prospérité », a réagi la mission de l'ONU en Irak.

Les Etats-Unis, la France, l'Union européenne et l'Otan ont condamné fermement ces attaques et apporté leur soutien à l'Irak, tandis que l'Iran a estimé que ces attentats avaient pour but de « perturber la paix et la stabilité» en Irak.

 

LE PAPE DENONCE "un acte de brutalité insensé"

Le pape François s'est déclaré "profondément attristé" par le double attentat qui a fait au moins 32 morts jeudi à Bagdad, un "acte de brutalité insensé" selon le souverain pontife qui a l'intention de se rendre en Irak en mars.

Dans un télégramme au président irakien Barham Saleh, le pape, qui a prévu un voyage dans le pays du 5 au 8 mars, se dit "confiant que tous continueront à oeuvrer pour surmonter la violence avec fraternité, solidarité et paix".

 

 

Cellules dormantes de l'EI

Dans la nuit de jeudi à vendredi, le groupe Etat islamique a revendiqué l'attaque, menée selon un mode opératoire déjà utilisé par le passé par le groupe jihadiste qui a occupé près du tiers de l'Irak en 2014 avant que Bagdad ne déclare avoir gagné sa guerre contre les jihadistes fin 2017.

Depuis, des cellules jihadistes se terrent dans les nombreuses zones montagneuses et désertiques du pays. Depuis la « libération » toutefois, l'EI n'a revendiqué que des attaques de faible envergure, menées généralement de nuit contre des positions militaires dans des zones isolées, loin des villes.

Les derniers attentats ayant fait plusieurs morts à Bagdad remontent à juin 2019.

Cette attaque intervient alors que les Etats-Unis ont réduit le nombre de leurs soldats en Irak à 2.500 hommes, une baisse qui « reflète la hausse des capacités de l'armée irakienne », selon les mots du chef du Pentagone, Christopher Miller.

Cette réduction « ne signifie pas un changement dans la politique des Etats-Unis », a-t-il souligné. « Les Etats-Unis et les forces de la coalition restent en Irak pour assurer une défaite durable » de l'EI.

Les Etats-Unis sont à la tête d'une coalition internationale déployée en Irak depuis 2014 pour lutter contre l'EI. Ses commandants assurent toutefois aujourd'hui que l'EI représente une menace moindre que celle des groupes armés pro-Iran qui s'en prennent régulièrement aux intérêts américains.

La quasi-totalité des troupes des autres Etats membres de la coalition ont quitté le pays en 2020 au début de la pandémie de nouveau coronavirus


Yémen: le cargo attaqué lundi en mer Rouge «toujours encerclé» par des assaillants

L'attaque contre le Magic Seas, revendiquée par les Houthis, a été menée malgré un accord de cessez-le-feu conclu en mai avec les Etats-Unis, qui a mis fin à des semaines d'intenses frappes américaines contre les rebelles au Yémen. (AFP)
L'attaque contre le Magic Seas, revendiquée par les Houthis, a été menée malgré un accord de cessez-le-feu conclu en mai avec les Etats-Unis, qui a mis fin à des semaines d'intenses frappes américaines contre les rebelles au Yémen. (AFP)
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  • The Eternity, battant pavillon libérien, a fait l'objet d'une attaque lundi, au lendemain d'une attaque revendiquée par les rebelles yéménites Houthis contre un autre cargo, le Magic Seas
  • L'Eternity "a subi d'importants dégâts et a perdu toute capacité de propulsion. Il est toujours encerclé par de petites embarcations et fait l'objet d'une attaque permanente", a déclaré l'agence UKMTO

DUBAI: Un cargo attaqué en mer Rouge au large du Yémen lundi soir est "toujours encerclé" par ses assaillants, après avoir subi une panne d'électricité et d'importants dégâts, a indiqué mardi une agence de sécurité maritime.

The Eternity, battant pavillon libérien, a fait l'objet d'une attaque lundi, au lendemain d'une attaque revendiquée par les rebelles yéménites Houthis contre un autre cargo, le Magic Seas.

L'Eternity "a subi d'importants dégâts et a perdu toute capacité de propulsion. Il est toujours encerclé par de petites embarcations et fait l'objet d'une attaque permanente", a déclaré l'agence UKMTO (United Kingdom Maritime Trade Operations), qui dépend de la marine britannique, dans un communiqué.

Ces deux attaques successives font craindre que les Houthis soutenus par l'Iran ne reprennent leur campagne dans cette voie maritime essentielle pour le commerce mondial.

Depuis fin 2023, les Houthis ont attaqué au large du Yémen des dizaines de navires qu'ils estiment liés à Israël, puis des bateaux américains, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de Gaza, en proie à 21 mois de guerre entre Israël et le Hamas.

L'agence de sécurité maritime britannique Ambrey a indiqué que deux membres de l'équipage de l'Eternity étaient blessés et deux autres portés disparus suite à l'attaque survenue au large du port de Hodeida, tenu par les rebelles, précisant que le navire "correspondait au profil visé par les Houthis".

Le secrétaire du Département des travailleurs migrants des Philippines, Hans Cacdac, a identifié le navire attaqué comme étant le MV Eternity C, précisant que 21 des 22 membres d’équipage étaient Philippins.

L'attaque contre le Magic Seas, revendiquée par les Houthis, a été menée malgré un accord de cessez-le-feu conclu en mai avec les Etats-Unis, qui a mis fin à des semaines d'intenses frappes américaines contre les rebelles au Yémen.

En représailles aux attaques houthies, Israël a bombardé plusieurs sites des rebelles au Yémen, dont le port de Hodeida et ses environs, ciblés à nouveau dimanche et lundi avant l'aube.

Lundi, les Houthis ont indiqué avoir riposté par des tirs de missiles en direction d'Israël. L'armée israélienne a dit avoir détecté deux missiles tirés depuis le Yémen.

En mai, les rebelles, qui contrôlent de larges pans du Yémen, pays en guerre depuis 2014, avaient averti qu'ils continueraient à cibler les navires israéliens ou liés à Israël, malgré la trêve avec les Etats-Unis.

 


Trêve à Gaza: «aucune percée» jusqu'à présent dans les négociations entre Israël et Hamas

Des Palestiniens vérifient les dégâts après une frappe israélienne qui a touché une école abritant des Palestiniens déplacés dans le camp d'Al-Bureij, au centre de la bande de Gaza, le 8 juillet 2025. Une troisième journée de négociations indirectes sur un cessez-le-feu à Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas a débuté à Doha le 8 juillet, selon une source palestinienne proche des discussions. (AFP)
Des Palestiniens vérifient les dégâts après une frappe israélienne qui a touché une école abritant des Palestiniens déplacés dans le camp d'Al-Bureij, au centre de la bande de Gaza, le 8 juillet 2025. Une troisième journée de négociations indirectes sur un cessez-le-feu à Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas a débuté à Doha le 8 juillet, selon une source palestinienne proche des discussions. (AFP)
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  • "Aucune percée n'a été réalisée jusqu'à présent, et les négociations se poursuivent"
  • "Les discussions portent toujours sur les mécanismes de mise en oeuvre (d'un accord de cessez-le-feu), en particulier les clauses relatives au retrait (de l'armée israélienne) et à l'aide humanitaire" pour le territoire palestinien

LE CAIRE: Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas en vue d'un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages à Gaza ont repris mardi à Doha au Qatar, mais sans "aucune percée" pour le moment, selon une source palestinienne proche des négociations.

"Aucune percée n'a été réalisée jusqu'à présent, et les négociations se poursuivent", a déclaré cette source à l'AFP, au troisième jour de pourparlers qui se tiennent sous l'égide de médiateurs étrangers, plus de 21 mois après le début de la guerre dans la bande de Gaza.

"Les discussions portent toujours sur les mécanismes de mise en oeuvre (d'un accord de cessez-le-feu), en particulier les clauses relatives au retrait (de l'armée israélienne) et à l'aide humanitaire" pour le territoire palestinien, avait déclaré plus tôt à l'AFP une autre source palestinienne.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a rencontré lundi à Washington le président américain, Donald Trump, qui s'est dit convaincu que le Hamas souhaitait un cessez-le-feu.

"Je ne pense pas qu'il y ait un blocage. Je pense que les choses avancent très bien", a affirmé M. Trump lorsqu'on lui a demandé ce qui empêchait la conclusion d'un accord.

Selon des sources palestiniennes proches des discussions, la proposition d'accord comprend une trêve de 60 jours, pendant laquelle le Hamas relâcherait dix otages encore en vie et remettrait des corps de captifs morts, en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël.

La guerre a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, à laquelle l'armée israélienne a riposté en lançant une offensive d'envergure à Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 déclarées mortes par l'armée israélienne.

 


Un émissaire américain «satisfait» par la réponse du Liban à sa demande de désarmer le Hezbollah

"Je suis incroyablement satisfait de la réponse" des autorités libanaises, a déclaré à des journalistes Tom Barrack, à l'issue d'un entretien avec le président Joseph Aoun. (AFP)
"Je suis incroyablement satisfait de la réponse" des autorités libanaises, a déclaré à des journalistes Tom Barrack, à l'issue d'un entretien avec le président Joseph Aoun. (AFP)
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  • "C'est réfléchi, c'est mûrement considéré. Nous élaborons un plan pour aller de l'avant. Ce que le gouvernement nous a donné était quelque chose de spectaculaire", a-t-il dit, qualifiant de "très responsable" la position du Liban
  • Sur son compte X, la présidence libanaise a indiqué que Joseph Aoun, élu il y a six mois avec l'appui de l'Occident, avait remis à l'émissaire américain "des idées pour une solution globale" lors de leur réunion

BEYROUTH: Un émissaire américain s'est déclaré lundi "satisfait" par la réponse de Beyrouth à sa demande de désarmer le Hezbollah, qui sort affaibli d'une guerre avec Israël, et a exhorté le Liban à suivre l'exemple de la Syrie qui a entamé le dialogue avec Israël.

"Je suis incroyablement satisfait de la réponse" des autorités libanaises, a déclaré à des journalistes Tom Barrack, à l'issue d'un entretien avec le président Joseph Aoun.

"C'est réfléchi, c'est mûrement considéré. Nous élaborons un plan pour aller de l'avant. Ce que le gouvernement nous a donné était quelque chose de spectaculaire", a-t-il dit, qualifiant de "très responsable" la position du Liban.

Sur son compte X, la présidence libanaise a indiqué que Joseph Aoun, élu il y a six mois avec l'appui de l'Occident, avait remis à l'émissaire américain "des idées pour une solution globale" lors de leur réunion.

Un responsable libanais qui a requis l'anonymat a déclaré à l'AFP que la partie libanaise avait soumis une réponse initiale il y a deux jours aux Etats-Unis, qui avaient demandé des modifications.

Les responsables libanais "se sont réunis tout le weekend pour élaborer la version finale", a-t-il ajouté.

Lors d'une visite précédente à Beyrouth le 19 juin, M. Barrack, ambassadeur des Etats-Unis en Turquie et émissaire pour la Syrie, avait demandé aux autorités libanaises de s'engager formellement à désarmer le Hezbollah pro-iranien.

Longtemps force politique dominante au Liban, le Hezbollah, seule faction à avoir conservé ses armes après la guerre civile au Liban (1975-1990), est sorti très affaibli de la guerre avec Israël, avec sa direction quasiment décimée. Le mouvement islamiste refuse toute discussion sur la remise de ses armes tant que l'armée israélienne ne s'est pas totalement retirée du Liban.

Dimanche, son chef, Naïm Qassem, a affirmé que sa formation n'allait pas "capituler" ou rendre ses armes sous la menace. Il a ajouté que Israël devait d'abord appliquer l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la guerre entre les deux parties en novembre 2024, en se retirant notamment des territoires qu'il occupe encore au Liban et en arrêtant ses frappes contre le Liban.

"Perle de la Méditerranée" 

L'accord de cessez-le-feu stipule que le Hezbollah retire ses forces et démantèle toute infrastructure militaire dans le sud du pays, mais il repose sur une résolution de l'ONU prévoyant le désarmement des milices sur l'ensemble du territoire libanais.

L'émissaire américain a souligné que le Hezbollah était aussi "un parti politique". "Le Hezbollah doit voir qu'il y a un avenir pour eux, que cette voie n'est pas uniquement dirigée contre eux", a-t-il dit, faisant miroiter "la paix et la prospérité".

M. Barrack a par ailleurs averti le Liban qu'il serait "laissé de côté" s'il ne rejoignait le camp du changement dans la région, prenant l'exemple de la Syrie voisine qui a engagé selon lui un "dialogue" avec Israël.

"Le dialogue a commencé entre la Syrie et Israël, tout comme le dialogue doit être réinventé par le Liban", a-t-il dit.

Il a souligné que le président Donald Trump était convaincu que "le Liban reste la clé de la région, il peut être la perle de la Méditerranée".

La Syrie, où des islamistes ont pris le pouvoir en décembre, renversant Bachar al-Assad, s'est déclarée vendredi prête à coopérer avec les Etats-Unis pour revenir à un accord de sécurité datant de 1974 avec Israël, qui mène des incursions et des attaques sur son territoire.