Biden en «mode guerre», promet la mobilisation maximale face à la Covid

Le 46e président américain avait prévenu mercredi que la Covid-19 s'apprêtait à connaître sa «phase la plus dure et la plus mortelle» et appelé les Américains à «laisser de côté la politique» pour affronter ensemble ce «sombre hiver» (Photo, AFP).
Le 46e président américain avait prévenu mercredi que la Covid-19 s'apprêtait à connaître sa «phase la plus dure et la plus mortelle» et appelé les Américains à «laisser de côté la politique» pour affronter ensemble ce «sombre hiver» (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 22 janvier 2021

Biden en «mode guerre», promet la mobilisation maximale face à la Covid

  • Au niveau diplomatique, certains alliés et partenaires des Etats-Unis se sont déjà réjouis de l'arrivée du nouveau président, à l'instar d'Angela Merkel
  • Biden espère adopter un plan de relance de 1 900 milliards de dollars destiné à amortir les effets dévastateurs de la pandémie sur l'économie

WASHINGTON: Le président américain Joe Biden a promis jeudi une mobilisation comme «en temps de guerre» face à la Covid-19, annonçant des restrictions pour les voyageurs et dénonçant le «terrible échec» de la distribution des vaccins.

«Notre stratégie se fonde sur la science, pas la politique, sur la vérité, pas sur le déni», a lancé M. Biden, désireux, au lendemain de sa prise de fonction, de marquer le contraste avec Donald Trump au moment où le cap des 400 000 morts venait d'être franchi.

En signant une série de dix décrets, il a annoncé que toute personne arrivant par avion aux Etats-Unis depuis un autre pays devrait présenter un test négatif à son arrivée et «observer une quarantaine».

Interrogé sur le fait de savoir si son objectif affiché de 100 millions de vaccinations en 100 jours ne manquait pas d'ambition, il a vivement réagi: «Quand je l'ai annoncé, vous avez tous dit que ce ne serait pas possible», a-t-il lancé. «Allons, vous n'êtes pas sérieux!», a-t-il ajouté.

S'engageant à donner toujours la parole aux scientifiques, en particulier à l'immunologue Anthony Fauci, il a promis aux Américains la transparence sur «les bonnes et les mauvaises nouvelles», jugeant indispensable de «restaurer la confiance» après les atermoiements de son prédécesseur.

Le Dr Fauci, qui a également travaillé avec l'équipe de Donald Trump, n'a pas caché son soulagement lors d'une intervention quelques minutes plus tard depuis la salle de presse.

«L'idée de pouvoir venir ici, parler de ce que l'on connaît, des preuves, de la science, donne le sentiment d'une forme de libération», a-t-il déclaré, reconnaissant s'être trouvé dans des situations «inconfortables» avec le précédent président.

Soutien à l'OMS

La nouvelle administration américaine, prenant le contre-pied de Donald Trump, a remercié jeudi l'Organisation mondiale de la santé pour son rôle de chef de file dans la lutte planétaire contre la pandémie, et l'a assurée de son soutien financier.

Les Etats-Unis, qui ont annoncé mercredi leur retour à l'OMS, ont «l'intention de remplir leurs obligations financières envers l'organisation», a déclaré le Dr Fauci.

Le 46e président américain a également pris un décret pour rendre obligatoire, dans les bâtiments fédéraux, le port du masque que son prédécesseur n'avait endossé qu'à reculons.

Dans un discours d'investiture au ton grave, Joe Biden avait prévenu mercredi que la Covid-19 s'apprêtait à connaître sa «phase la plus dure et la plus mortelle» et appelé les Américains à «laisser de côté la politique» pour affronter ensemble ce «sombre hiver».

Ce vétéran de la politique américaine, âgé de 78 ans, espère désormais convaincre les élus républicains du Congrès d'adopter un plan de relance de 1 900 milliards de dollars destiné à amortir les effets dévastateurs de la pandémie sur l'économie.

Chèques aux familles, fonds pour rouvrir les écoles, argent pour accélérer tests et vaccination, aides aux petites entreprises ou encore assistance alimentaire renforcée: les mesures doivent empêcher le pays de s'enfoncer encore dans la crise.

Première confirmation

Joe Biden, qui a amorcé parallèlement un virage à 180 degrés en matière de politique migratoire, compte également sur ces élus pour adopter une vaste réforme dans ce domaine qui fut au cœur de la politique de son prédécesseur.

Après avoir annulé dès mercredi un décret qui interdisait aux ressortissants de pays en majorité musulmans d'entrer aux Etats-Unis, et avoir suspendu la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique, il a transmis au Congrès un projet de loi migratoire.

Celui-ci prévoit un «chemin vers la naturalisation» des étrangers en situation irrégulière, selon des conditions et des durées variables. Plus de dix millions de sans-papiers vivent aux Etats-Unis et pourraient être concernés.

Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, qui fut un allié solide de Donald Trump jusqu'à récemment, a promis de travailler avec Joe Biden «à chaque fois que cela sera possible». 

Dès mercredi soir, la chambre haute a confirmé à une très large majorité la nomination de l'ancienne numéro 2 de la CIA, Avril Haines, comme directrice du renseignement.

D'autres confirmations pourraient suivre prochainement, dont celle d'Antony Blinken à la tête de la diplomatie américaine.

Au niveau diplomatique, justement, certains alliés et partenaires des Etats-Unis se sont déjà réjouis de l'arrivée du nouveau président, à l'instar d'Angela Merkel qui a assuré jeudi disposer d'un «éventail d'accords beaucoup plus large» avec Joe Biden qu'avec Donald Trump, malgré des points de friction persistants, notamment sur le projet controversé de gazoduc russe Nord Stream 2.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau sera le premier dirigeant étranger à échanger vendredi avec Joe BidenLa discussion devrait porter notamment sur le projet d'oléoduc Keystone, soutenu par le Canada, mais auquel Joe Biden avait promis de mettre un terme pendant sa campagne.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.


Des milliers de morts cet été en Europe à cause du changement climatique, avancent des chercheurs

Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques. (AFP)
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  • Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées
  • Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni

PARIS: Plus de 15.000 morts pourraient être attribuées au changement climatique à l'issue de cet été dans les principales villes européennes, avancent des chercheurs dans un travail encore préalable mais dont l'intérêt a été salué par d'autres scientifiques.

"Centrée sur 854 villes européennes, cette étude conclut que le changement climatique est à l'origine de 68% des 24.400 morts qui seraient liées à la chaleur cet été", souligne mercredi le communiqué des deux instituts britanniques auxquels appartiennent les auteurs, l'Imperial College London et la London School of Hygiene & Tropical Medicine.

Ils concluent donc qu'entre 15.013 et 17.864 décès liés cet été à la chaleur n'auraient pas eu lieu sans le réchauffement climatique, dans ces villes qui ne représentent par ailleurs qu'un petit tiers de la population européenne.

Il s'agit de la première estimation de si grande ampleur sur les impacts sanitaires d'un été marqué en Europe par des températures particulièrement élevées. Plusieurs canicules ont été observées et l'été s'est révélé le plus chaud jamais enregistré dans plusieurs pays, comme l'Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni.

Or, les effets sur la santé des chaleurs sont bien connus: aggravation des troubles cardiovasculaires, déshydratation, troubles du sommeil... Et les plus âgés sont, de loin, les plus à risque d'en mourir.

"Il suffit que les canicules soient plus chaudes de 2 à 4°C pour que des milliers de personnes passent de vie à trépas", a souligné Garyfallos Konstantinoudis, co-auteur de l'étude, lors d'une conférence de presse, qualifiant les pics de chaleur de "tueurs silencieux".


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.