Biden, président, marque la rupture avec Trump dès son arrivée à la Maison-Blanche

Joe Biden devient 46e président, arrivé à la Maison-Blanche après avoir solennellement prêté serment sur les marches du Capitole (Photo, AFP).
Joe Biden devient 46e président, arrivé à la Maison-Blanche après avoir solennellement prêté serment sur les marches du Capitole (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 janvier 2021

Biden, président, marque la rupture avec Trump dès son arrivée à la Maison-Blanche

  • Biden a mis fin à l'interdiction d'entrée aux États-Unis pour les ressortissants de pays en majorité musulmans
  • Cette journée était entourée de mesures de sécurité exceptionnelles avec quelque 25 000 soldats de la Garde nationale et des milliers de policiers déployés

WASHINGTON: Joe Biden, devenu mercredi le 46e président des Etats-Unis, a lancé des appels à «l'unité», et a immédiatement pris une série de décisions pour marquer la rupture avec le mandat de Donald Trump dont les dernières semaines résonneront à jamais comme un triste souvenir dans la mémoire des Américains et l’histoire du pays.

Le démocrate est arrivé à la Maison-Blanche après avoir solennellement prêté serment sur les marches de ce même Capitole pris d'assaut il y a deux semaines par des partisans trumpistes chauffés à blanc par le refus du milliardaire républicain de reconnaître sa défaite.

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Dans le Bureau ovale, Joe Biden a signé plusieurs décrets présidentiels pour faire face aux crises multiples et profondes que traverse l'Amérique (Photo, AFP).

Dans une ville de Washington aux allures de camp retranché pour éviter de nouveaux débordements, il a quitté sa limousine pour franchir les derniers mètres à pied entouré par sa famille.

Dans le Bureau ovale, Joe Biden a signé plusieurs décrets présidentiels pour faire face aux crises multiples et profondes que traverse l'Amérique et revenir sur les mesures phares de l'ère Trump, en engageant notamment le retour des Etats-Unis dans l'accord de Paris sur le climat et au sein de l'Organisation mondiale de la santé.

«Combattre le changement climatique» 

«Nous allons combattre le changement climatique comme nous ne l'avons jamais fait jusqu'ici», a-t-il déclaré.

Il a aussi mis fin à l'interdiction d'entrée aux Etats-Unis pour les ressortissants de pays en majorité musulmans – une des premières mesures très controversées de son prédécesseur républicain.

«Moi Joseph Robinette Biden Jr, je jure solennellement que j'accomplirai loyalement les fonctions de président des Etats-Unis et que je ferai de mon mieux pour préserver, protéger et défendre la Constitution des Etats-Unis», avait-il déclaré auparavant en prêtant serment, la main sur la bible familiale tenue par son épouse Jill Biden.

 

Trump a laissé une lettre «très aimable»

Le président américain Joe Biden a affirmé mercredi que son prédécesseur Donald Trump lui avait laissé avant de s'envoler pour la Floride une lettre «très aimable».

«Le président a écrit une lettre aimable», a déclaré M. Biden depuis le Bureau ovale lors de la signature de ses premiers décrets.

Le nouveau président des Etats-Unis n'en a pas dévoilé la teneur, soulignant que cela relevait du domaine «privé».

La cérémonie d'investiture au Capitole était un condensé de contrastes.

Contraste avec les violences du 6 janvier, qui ont fait cinq morts et suscité l'indignation. Et contraste entre le discours grave mais empreint d' espoir» prononcé par Joe Biden et celui, sombre et offensif, de son prédécesseur il y a quatre ans.

Celui qui est devenu à 78 ans le président le plus âgé en début de mandat a multiplié les appels à «l'unité» pour surmonter ce «sombre hiver», quelques heures après le départ de Donald Trump, qui a quitté Washington sans assister à ce moment historique.

«Président de tous les Américains»

«Je sais que les forces qui nous divisent sont profondes et réelles», a lancé le démocrate, sous les applaudissements d'invités triés sur le volet en raison de la pandémie.

Se posant en «président de tous les Américains», Joe Biden a prévenu que les Etats-Unis allaient entrer dans «la phase la plus dure et mortelle» de la Covid-19 qui a déjà fait plus de 400 000 morts dans le pays.

La journée restera dans les livres d'histoire aussi en raison de l'accession, pour la première fois, d'une femme à la vice-présidence de la première puissance mondiale. L'ex-sénatrice noire et d'origine indienne Kamala Harris, 56 ans, a prêté serment juste avant Joe Biden.

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L'ex-sénatrice noire et d'origine indienne Kamala Harris, 56 ans, a prêté serment juste avant Joe Biden (Photo, AFP).

Fait sans précédent depuis 150 ans, le président sortant a donc boudé la cérémonie d'investiture de son successeur.

Donald Trump qui, pendant les quatre années de son mandat, a piétiné tous les usages et, pendant plus de deux mois, refusé d'accepter sa défaite, a quitté la Maison Blanche sans avoir rencontré Joe Biden.

A l'issue d'un mandat marqué par une avalanche de scandales et deux «impeachments», Donald Trump a, juste avant de partir, gracié 73 personnes, dont son ex-conseiller Steve Bannon.

 

Transfert des codes nucléaires: une valse à deux temps

Les codes nucléaires ont été remis mercredi, comme il se doit, au nouveau président des Etats-Unis Joe Biden, mais pour la première fois de l'Histoire, ce transfert habituellement discret a nécessité une chorégraphie en deux temps.

Parce que Donald Trump a refusé de participer à la cérémonie de son successeur, fait sans précédent depuis 150 ans, le transfert des codes qui se fait habituellement discrètement, sur la tribune de l'investiture, a nécessité cette année deux exemplaires du «football» nucléaire, cette valise contenant tous les éléments nécessaires à une frappe nucléaire, et qui accompagne le président américain en toutes circonstances.

Mercredi matin, lorsqu'il s'est envolé de la base militaire d'Andrews, près de Washington, pour rejoindre sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump était encore président et à ce titre, suivi d'un aide militaire transportant le fameux «football». Il possédait encore une petite carte en plastique contenant les codes nucléaires, surnommée le «biscuit».

Mais au même moment à Washington, un autre aide militaire, porteur d'une autre valise et d'un autre «biscuit», a pris place sur la tribune érigée sur les marches du Capitole pour l'investiture de Joe Biden.

Et à midi pile, alors que traditionnellement, l'aide militaire du président sortant donne la valise à l'aide militaire du nouveau président, le «biscuit» de Donald Trump a simplement été désactivé, comme une carte de crédit arrivant à expiration. 

Et un nouveau «biscuit» attribué à Joe Biden a été activé à Washington, donnant officiellement au 46e président des Etats-Unis le pouvoir absolu de faire usage de l'arme nucléaire.

Rassemblement et réconciliation

En public, l'ex-promoteur immobilier a seulement souhaité «bonne chance» à la nouvelle administration sans jamais prononcer le nom de Joe Biden. Et a promis de revenir «d'une manière ou d'une autre», avant d'arriver en Floride pour entamer dans son club de Mar-a-Lago, à 74 ans, sa vie d'ex-président.

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La star de la pop Lady Gaga a entonné l'hymne national (Photo, AFP).

Son vice-président Mike Pence était, lui, aux premières loges de la cérémonie d'investiture.

Emu, Joe Biden, costume sombre et cravate bleu ciel, masqué à son arrivée comme tous les invités, a donné l'accolade à Barack Obama, dont il fut le vice-président.

La star de la pop Lady Gaga a entonné l'hymne national, vêtue d'une robe rouge et noir bouffante et arborant une grande broche dorée représentant la colombe de la paix. Puis Jennifer Lopez a chanté «This land is your land» («Ce pays est ton pays»).

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La star Jennifer Lopez a chanté «This land is your land» («Ce pays est ton pays») (Photo, AFP).

Le démocrate accède à la présidence après un demi-siècle de présence en politique, avec l'intention de marquer immédiatement la rupture -- sur le fond comme sur la forme -- avec l'ex-homme d'affaires de New York.

Après la cérémonie, il est allé se recueillir sur la tombe du soldat inconnu au cimetière militaire d'Arlington avec les ex-présidents Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton.

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Les ex-présidents, accompagnés de leurs femmes, Barack Obama, George W. Bush et Bill Clinton (Photo, AFP).

Autre image symbolique de la «réconciliation» et du «rassemblement» qu'il entend incarner, il avait assisté dans la matinée à une messe à la cathédrale Saint-Matthieu de Washington accompagné des chefs démocrates et républicains du Congrès.

Pas de foule mais des drapeaux 

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Sur l'immense esplanade du «National Mall», plus de 190 000 drapeaux ont été plantés pour représenter le public absent (Photo, AFP).

Cette journée était entourée de mesures de sécurité exceptionnelles dans une capitale fédérale méconnaissable, avec quelque 25 000 soldats de la Garde nationale et des milliers de policiers déployés.

Sur l'immense esplanade du «National Mall», plus de 190 000 drapeaux ont été plantés pour représenter le public absent. La zone était protégée par de hautes grilles parfois surmontées de barbelés.

Joe Biden a promis de renouer avec des alliés malmenés par Donald Trump.

«Welcome back» dans l'accord de Paris sur le climat, lui a lancé le président français Emmanuel Macron, tandis que la chancelière allemande Angela Merkel a dit sa «hâte» d'ouvrir «un nouveau chapitre».

Parmi les premiers tests internationaux figurent le bras de fer avec la Chine et la reprise du dialogue avec l'Iran.

Au moment où il prêtait serment, Pékin a annoncé des sanctions contre une trentaine de responsables de l'ex-administration Trump, dont son secrétaire d'Etat Mike Pompeo, pour violation de sa «souveraineté».

Le président iranien Hassan Rohani s'est réjoui, lui, de la «fin» de l'ère du «tyran» Donald Trump.

Maison Blanche transformée en forteresse

Joe Biden s'est installé mercredi à la Maison Blanche dans une capitale américaine transformée en forteresse, très loin de l'ambiance de liesse populaire qui envahit Washington tous les quatre ans en ce jour d'investiture.

Environ 25 000 soldats de la Garde nationale - contre seulement 8 000 il y a quatre ans - et des milliers de policiers ont été déployés dans la ville, dont le centre était une «zone rouge» aux accès strictement contrôlés et entouré de hautes grilles métalliques.

Pour Joe Brunner, un New-Yorkais de 42 ans, le périmètre grillagé «ressemble à l'entrée d'une base militaire en temps de guerre».

La foule, qui se masse habituellement dans la capitale pour apercevoir le nouveau président, a été priée de rester à la maison en raison de l'épidémie de coronavirus et des risques de violence. 

Les autorités craignaient aussi des incidents, deux semaines après l'assaut contre le Congrès par des milliers de partisans de Donald Trump pour tenter d'invalider la victoire du démocrate.

Les Américains n'ont vu cette journée qu'à travers les images des grandes chaînes de télévision qui ont retransmis en direct chaque étape de son intronisation.

La grande artère Pennsylvania Avenue, entre le Congrès et la Maison Blanche, que le président fraîchement élu emprunte habituellement sous les vivats de la foule, est restée déserte. Le cordon de policiers n'avait rien à surveiller au passage du convoi présidentiel.   

Cette année, le président américain n'a marché que quelques dizaines de mètres pour entrer dans la Maison Blanche, devant les objectifs des photographes de presse et des caméras de télévision.

Il a plusieurs fois fait quelques pas de course pour aller répondre brièvement à des journalistes ou saluer la maire de Washington, Muriel Bowser.

Fête par procuration

Autour de cette «zone rouge», la circulation était limitée. Véhicules militaires, camions et déneigeuses bloquaient l'accès aux sites les plus sensibles, comme la cathédrale Saint-Matthieu où Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris ont assisté dans la matinée à une messe.

La «zone rouge» comprend la colline du Capitole, où le président a prêté serment à la mi-journée, la Maison Blanche et le Lincoln Memorial, de l'autre côté de la grande esplanade du «National Mall» où des centaines de milliers de personnes avaient assisté à l'investiture de Barack Obama en 2009.

Au nord de la Maison Blanche, quelques dizaines de supporteurs de Joe Biden ont marqué l'événement par procuration, sur la «Black Lives Matter Plaza».

Le contraste est saisissant par rapport au 3 novembre, quand plusieurs milliers de personnes avaient fêté son élection sur ce tronçon de rue baptisé en mémoire des Afro-Américains victimes de violences policières.


L'aide américaine n'est pas une «baguette magique» pour l'Ukraine

Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
Des militants brandissent des drapeaux ukrainiens devant le Capitole américain à Washington, DC, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • «Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite», a reconnu Joe Biden mercredi
  • Jake Sullivan a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine

WASHINGTON: Un soutien massif, pas une "baguette magique": l'aide américaine à l'Ukraine ne résoudra pas tous les problèmes sur les fronts, et les Etats-Unis sont les premiers à le reconnaître.

"Cela a été un parcours difficile. Cela aurait dû être plus facile. Cela aurait dû arriver plus vite", a reconnu Joe Biden mercredi.

Il venait de promulguer une loi, âprement débattue pendant des mois au Congrès américain, qui prévoit 61 milliards de dollars d'aide militaire et économique pour Kiev.

"C'est un montant important", mais "ce délai a coûté cher", souligne Garret Martin, chercheur à l'American University de Washington.

Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, en a convenu lui-même.

"Il va falloir du temps pour sortir du fossé creusé par les six mois d'attente" au Congrès, a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Il a averti qu'il était "possible que la Russie réalise des avancées tactiques supplémentaires dans les semaines à venir", alors que Kiev s'attend à une nouvelle offensive russe prochaine.

"Le chemin qui est devant nous n'est pas facile", mais "nous pensons que l'Ukraine peut, et va, gagner", a encore indiqué" Jake Sullivan, en se gardant bien toutefois de définir ce que serait une "victoire" ukrainienne.

Au-delà du montant très conséquent voté par le Congrès, les Etats-Unis ont aussi décidé d'aller plus loin dans la nature des armes fournies.

Ils ont ainsi commencé, discrètement, à livrer aux Ukrainiens des missiles longue portée de type "ATACMS", et vont continuer à le faire.

Mobilisation

L'Ukraine avait utilisé pour la première fois en octobre contre la Russie des missiles américains ATACMS, mais ceux dont il est question désormais peuvent frapper plus loin, jusqu'à 300 km de distance.

"Cela aura un impact", mais "ce n'est pas un seul équipement qui résoudra tout", a dit le conseiller à la sécurité nationale.

Par ailleurs, "il y a une chose que cette aide ne peut pas faire, à savoir résoudre le problème du manque de combattants" de Kiev, souligne Garret Martin, même s'il estime que le vote du Congrès américain pourrait doper le moral des troupes ukrainiennes.

Ce sujet de la mobilisation a fait l'objet de discussions entre Joe Biden et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, selon la Maison Blanche.

L'Ukraine est confrontée à une pénurie de soldats volontaires, après plus de deux ans de guerre contre l'envahisseur russe, qui ont fait des dizaines de milliers de morts.

Kiev vient d'élargir la mobilisation, abaissant l'âge des Ukrainiens pouvant être appelés de 27 à 25 ans.

Le pays, qui cherche à faire revenir sur son territoire ses citoyens en âge de combattre, ne délivrera par ailleurs plus de passeports à l'étranger aux hommes âgés de 18 à 60 ans, selon un texte publié par le gouvernement mercredi.

Max Bergmann, Directeur au Centre des études stratégiques et internationales (CSIS), souligne lui que l'impact de l'aide américaine dépendra aussi, en partie, de l'attitude des Européens.

Ces derniers "doivent doper dès maintenant la production" d'armement, écrit-il dans une note récente, avec pour "objectif de pouvoir combler la lacune que laisseraient les Etats-Unis" si le financement américain devait s'arrêter pour de bon, par exemple en cas de victoire du républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Pour l'expert, l'Ukraine devra s'attacher en 2024 à "tenir ses positions, fatiguer les forces russes, reconstruire et restaurer ses propres forces et ses capacités de défense civile", avant, éventuellement, de repartir "à l'offensive" l'an prochain.


Pakistan: Malala critiquée pour une comédie musicale produite avec Hillary Clinton

La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton. (AFP).
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  • Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza
  • Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis"

LAHORE: La Pakistanaise Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, est sous le feu des critiques dans son pays natal après une publicité réalisée pour une comédie musicale sur les suffragettes qu'elle produit avec Hillary Clinton.

Sur X, anonymes et commentateurs lui reprochent d'être apparue à Broadway aux côtés de l'ex-secrétaire d'Etat américaine -sous le mandat de laquelle des frappes de drones ont tué des civils au Pakistan- et de ne pas se prononcer sur la guerre à Gaza, y voyant un "deux poids, deux mesures".

Si Malala Yousafzai, 26 ans, est une militante obstinée des droits des femmes louée à travers le monde, les cercles islamistes et une partie importante de l'opinion publique pakistanaise voient en elle un "agent des Etats-Unis" créé pour corrompre la jeunesse.

Après la première représentation de "Suffs", le cercle des critiques semble s'être élargi à des figures du féminisme au Pakistan.

"J'ai défendu bec et ongle Malala toutes ces années mais, là, je ne la suis pas. C'est vraiment difficile de la défendre depuis six mois", écrit ainsi la militante Leena Ghani, en référence à la guerre lancée par Israël à Gaza en réponse à l'attaque meurtrière du Hamas sur son sol le 7 octobre.

"J'admire Malala depuis 2011", affirme l'éditorialiste Mehr Tarar sur X, mais "sa collaboration théâtrale avec Hillary Clinton -qui défend le soutien infaillible de l'Amérique au génocide des Palestiniens- est un vrai coup à sa crédibilité comme défenseuse des droits humains".

« Tu nous as laissés tomber »

Mme Clinton a dit soutenir la guerre contre le Hamas et rejeté des appels au cessez-le-feu à Gaza. Elle a aussi réclamé la protection des civils dans le petit territoire contrôlé par le mouvement islamiste depuis 2007.

"Quelle déception Malala, tu nous as laissés tomber", écrit de son côté la professeure et militante féministe Nida Kirmani.

De nombreuses voix au Pakistan ont accusé Malala Yousafzai de ne pas avoir exprimé sa solidarité avec les Palestiniens. La jeune femme avait pourtant précédemment publiquement condamné la mort de civils à Gaza et réclamé un cessez-le-feu.

Le New York Times rapporte qu'elle portait un pin's rouge et noir pour la première représentation de "Suffs", un signe de soutien au cessez-le-feu.

Après ces critiques, la jeune femme a affirmé mardi sur le réseau social X son soutien aux habitants de Gaza et condamné la guerre menée par Israël.

"Je veux qu'il n'y ait aucune confusion quant à mon soutien à la population de Gaza", a écrit Malala Yousafzai.

"Nous n'avons pas besoin de voir davantage de cadavres, d'écoles bombardées et d'enfants affamés pour comprendre qu'un cessez-le-feu est urgent et nécessaire".

"J'ai condamné et je continuerai à condamner le gouvernement israélien pour ses violations du droit international et ses crimes de guerre", a-t-elle ajouté.

La jeune fille originaire de la verdoyante vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, avait été blessée par balle au visage en 2012 par des islamistes.

Soignée en urgence en Grande-Bretagne, elle est ensuite devenue un symbole mondial de résistance à l'extrémisme religieux et la porte-voix des filles privées d'instruction, puis en 2014 la plus jeune prix Nobel de la Paix de l'histoire.

Depuis qu'elle a été attaquée, elle n'est revenue que deux fois dans son pays.


Gaza: montée des tensions entre étudiants et la police sur les campus américains

La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie. (AFP).
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  • "Si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale"
  • Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus

AUSTIN: La colère d'étudiants américains pro-palestiniens contre la guerre que mène Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a grossi mercredi aux Etats-Unis, avec des face-à-face tendus avec la police au Texas, à New York, en Nouvelle-Angleterre et en Californie.

En visite à l'université Columbia à Manhattan -- d'où est parti cette dernière vague de manifestations étudiantes commencées en octobre -- le président républicain de la Chambre des représentants du Congrès, Mike Johnson, a menacé: "si la situation n'est pas maîtrisée rapidement et si les menaces et intimidations ne cessent pas, il sera alors temps de faire appel à la Garde nationale".

Pour "rétablir l'ordre sur ces campus", a martelé le dirigeant conservateur.

Un avertissement qui résonne douloureusement aux Etats-Unis: le 4 mai 1970, la Garde nationale de l'Ohio avait ouvert le feu à l'université d'Etat de Kent sur des manifestants étudiants pacifiques, dont quatre avaient été tués.

M. Johnson, proche de l'ex-président républicain Donald Trump candidat à sa réélection, a averti qu'il exigerait du président démocrate Joe Biden d'"agir" et jugé que les manifestations pro-palestiniennes "mettaient une cible sur le dos d'étudiants juifs aux Etats-Unis", qui comptent le plus de juifs au monde (quelque six millions) après Israël.

« Liberté d'expression »

Depuis le début du conflit à Gaza en octobre, les universités américaines sont secouées par des débats parfois violents sur la liberté d'expression et des accusations d'antisémitisme et d'antisionisme qui ont coûté leurs postes cet hiver aux présidentes de Harvard et de l'université de Pennsylvanie.

"Profitez de votre liberté d'expression", a lancé, provocateur, M. Johnson, hué par des centaines d'étudiants de Columbia vent debout contre la guerre d'Israël contre le Hamas qui a tué quelque 34.200 personnes, la plupart des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

L'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas a fait 1.170 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Mercredi, la Maison Blanche a réaffirmé que le président Biden, qui espère être réélu en novembre, "soutenait la liberté d'expression, le débat et la non discrimination" dans les universités.

Depuis le regain de tensions la semaine dernière à Columbia, le mouvement s'est étendu à d'autres campus.

Alliance Etats-Unis-Israël 

Notamment dans les Etats de la Nouvelle-Angleterre, dans le nord-est, où des prestigieuses universités ont demandé à la police d'interpeller des manifestants étudiants qui dénoncent l'alliance militaire, diplomatique et économique des Etats-Unis avec Israël et critiquent les conditions actuelles des Palestiniens.

"En tant que Palestinien, est-ce de ma responsabilité d'être là et de montrer ma solidarité avec la population de Gaza? Absolument!", a répondu à l'AFP Yazen, un Américain de 23 ans d'origine palestinienne qui campe depuis quelques jours dans des tentes montées sur le campus de Columbia.

La présidence de l'université a salué "des progrès importants" dans les discussions avec des étudiants pour évacuer ce campement d'ici vendredi.

Dans la nuit de lundi à mardi, 120 personnes avaient été brièvement interpellées devant l'université de New York (NYU), au coeur de Manhattan. A Yale, dans le Connecticut, une cinquantaine de manifestants ont aussi été interpellés.

Sa concurrente Harvard, la plus ancienne des Etats-Unis, en banlieue de la cité historique de Boston, a vu aussi mercredi se monter sur son campus arboré un campement.

Police anti-émeute 

A l'autre bout du pays, l'université du Texas à Austin a été le théâtre d'un face-à-face, finalement bon enfant, entre des centaines d'étudiants pro-palestiniens et la police, dont nombre d'officiers à cheval et en tenue anti-émeute.

Certains brandissaient des drapeaux palestiniens et portaient le keffieh, d'autres, encadrés par des policiers, s'étaient enveloppés dans des drapeaux d'Israël.

Et à l’université de Californie du sud (USC), plusieurs centaines d’étudiants ont manifesté aux cris de "libérez la Palestine", "révolution par l'intifada".

Dans la foule très diverse, certains agitaient des drapeaux palestiniens, d'autres portaient des keffiehs et des pancartes appelant à "arrêter le génocide" et à un  "cessez-le-feu".

Des centaines de manifestants s'étaient rassemblés mardi soir à Brooklyn, le plus grand arrondissement de New York, à l'appel de Jewish Voice for Peace, un groupe d'Américains juifs de gauche pro-palestiniens, à l'occasion du séder, le rituel de la Pâque juive. Nombre d'entre eux ont été interpellés.

"Nous sommes (les Américains) les instigateurs d'une telle violence, d'une telle haine, c'est terrible", a tonné sur place Rebecca Lurie.