Biden lance la bataille pour la légalisation de millions de sans-papiers

L'adoption de Dreamers, selon le puissant sénateur démocrate hispanique Bob Menendez, qui le porte, s'annonce comme une bataille «herculéenne» pour les démocrates, détenteurs d'une courte majorité dans les deux chambres du Congrès (Photo, AFP).
L'adoption de Dreamers, selon le puissant sénateur démocrate hispanique Bob Menendez, qui le porte, s'annonce comme une bataille «herculéenne» pour les démocrates, détenteurs d'une courte majorité dans les deux chambres du Congrès (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 22 janvier 2021

Biden lance la bataille pour la légalisation de millions de sans-papiers

  • Le président a annulé le décret qui interdisait aux ressortissants de pays en majorité musulmans (Iran, Libye, Somalie, Syrie et Yemen) d'entrer aux Etats-Unis
  • Pour les républicains, toute légalisation massive ressemble à une «amnestie», notamment ceux dont le poste sera remis en jeu lors des prochaines élections, en 2022

NEW YORK: Le gouvernement Biden a pris dès son premier jour le contrepied de mesures migratoires ultra-controversées de l'ère Trump, et lancé la bataille pour un projet de loi qui ouvrirait la voie à la légalisation de millions de sans-papiers.

Les premiers décrets sont tombés mercredi soir: le nouveau président démocrate a annulé le décret qui interdisait aux ressortissants de pays en majorité musulmans (Iran, Libye, Somalie, Syrie et Yemen) d'entrer aux Etats-Unis. 

Promulgué par Donald Trump en janvier 2017 puis remanié, il avait causé la pagaille dans les aéroports américains, des recours judiciaires à n'en plus finir, et considérablement écorné l'image des Etats-Unis -- réputés terre d'immigration par excellence -- dans les pays concernés.

Le mur à la frontière mexicaine, projet que l'ex-président républicain portait comme un étendard depuis 2015, est suspendu. 

Les quelque 700 000 «Dreamers», ces immigrés arrivés enfants aux Etats-Unis, qui souvent connaissent à peine leur pays d'origine et dont Trump avait remis en cause le statut légal temporaire que leur avait accordé Barack Obama, retrouvent quant à eux une protection juridique. 

Joe Biden a aussi annulé les consignes d'expulsion les plus agressives, qui avaient fait de la police migratoire (ICE) une agence particulièrement redoutée. Et un moratoire de 100 jours sur la plupart des expulsions a été annoncé.

De nombreuses associations de migrants ont immédiatement applaudi ces mesures.

«Le nuage noir qui planait au-dessus de nos têtes depuis quatre ans a disparu», s'est félicitée Camille Mackler, d'une association d'avocats pro-migrants, créée dans la foulée du «Muslim ban».

«Après quatre années de guerre contre les migrants, c'est comme l'aube d'un jour nouveau», a aussi salué Krish O'Mara Vignarajah, présidente d'une association luthérienne de défense des migrants. «Ce que (Biden) a annoncé est vraiment substantiel, pour le premier jour d'un président.»

«Ces quatre dernières années ont été les pires de ma vie», a déclaré Aura Hernandez, une immigrée sans-papiers originaire du Guatemala, mère de cinq enfants, qui s'est cachée plusieurs mois en 2018 dans une église de Manhattan pour éviter d'être expulsée. «Maintenant, j'ai des espoirs d'obtenir justice.» 

Bataille «herculéenne»

Comme d'autres, elle est cependant restée prudente, car aussi symboliques soient-ils, ces décrets ne remplacent pas une vaste loi sur l'immigration qui, seule, clarifierait définitivement la situation de millions de clandestins. 

Le texte est déjà sur la table: il promet de légaliser plus définitivement les Dreamers, ainsi qu'une grande partie des quelque 11 millions de sans-papiers actuellement aux Etats-Unis. 

Mais son adoption, selon le puissant sénateur démocrate hispanique Bob Menendez, qui le porte, s'annonce comme une bataille «herculéenne» pour les démocrates, détenteurs d'une courte majorité dans les deux chambres du Congrès.

Le texte permettrait aux sans-papiers qui paient leurs impôts et n'ont pas d'antécédents criminels de pouvoir travailler légalement pendant une première période de six ans, après quoi il pourrait espérer obtenir la fameuse «carte verte», le permis de séjour américain.

Mais le sénateur a souligné que le projet avait besoin de 60 voix pour passer la barrière du Sénat et les démocrates n'en disposent que de 50.

Or pour les républicains, toute légalisation massive ressemble à une «amnestie» -- un chiffon rouge potentiel pour beaucoup, notamment ceux dont le poste sera remis en jeu lors des prochaines élections, en 2022.

M. Menendez a appelé à l'aide les milieux d'affaires, globalement pro-immigration, afin qu'ils pèsent de tout leur poids sur les républicains, notamment dans les milieux agricoles -- très dépendants des travailleurs immigrés -- et ceux de la tech, empêchés de recruter certains jeunes cadres par le resserrement de la politique migratoire des années Trump.

Le patron d'Apple, Tim Cook, responsable de l'immigration pour l'association Business Roundtable, s'est dit dès mercredi prêt à travailler avec le gouvernement Biden et le Congrès «à des solutions globales pour réparer notre système d'immigration défaillant».

Le texte a-t-il une chance de passer en l'état? 

Le sénateur Menendez, qui a vu d'autres vastes textes migratoires mourir au Congrès, a prévenu jeudi qu'il fallait être prêt à «la négociation», et donc à des compromis.

La légalisation des millions de sans-papiers «est un problème majeur qui traîne depuis des décennies», dit Sahar Aziz, professeure de droit à l'université Rutgers. «A chaque fois qu'un président démocrate essaie d'ouvrir un chemin vers la naturalisation, les républicains s'y opposent.» 

Pour elle, les démocrates risquent, faute de majorité suffisante, de devoir finalement accepter des mesures migratoires ponctuelles bien moins ambitieuses, comme l'avait fait le gouvernement Obama. 


Le réalisateur hollywoodien Rob Reiner et sa femme retrouvés morts à leur domicile

Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN. (AFP)
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  • D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire
  • Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery"

LOS ANGELES: Le réalisateur américain Rob Reiner et son épouse Michele Singer ont été retrouvés morts à leur domicile dans le sud de la Californie, ont rapporté dimanche les médias américains NBC et CNN.

La police de Los Angeles a fait état de deux personnes retrouvées mortes dans la maison du réalisateur du film "Quand Harry rencontre Sally", mais n'a pas confirmé publiquement leur identité, lors d’une conférence de presse dimanche soir.

Selon la chaîne NBC, le couple serait mort des suites de coups de couteau.

Rob Reiner était âgé de 78 ans.

D'abord acteur dans des séries télévisées dans les années 1970, Bob Reiner a commencé sa carrière comme réalisateur en 1984 avec le film "Spinal Tap" sur un groupe de rock imaginaire. Il restera l'auteur de nombreux films cultes, notamment "Quand Harry rencontre Sally" mais aussi "Stand by me" ou encore "Misery".

Retrouvant parfois son rôle de comédien, il était apparu récemment dans la série "The Bear".

"C'est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès tragique de Michele et Rob Reiner. Nous sommes bouleversés par cette perte soudaine et nous demandons le respect de notre vie privée en cette période incroyablement difficile", a annoncé la famille du couple dans un communiqué cité par la revue Variety.

"C'est une perte immense pour notre ville et notre pays. L'héritage de Rob Reiner est profondément ancré dans la culture et la société américaines", a déclaré la maire de Los Angeles, Karen Bass sur son compte X.

Elle a salué "son oeuvre créative ainsi que son engagement pour la justice sociale et économique" qui "ont transformé la vie d'innombrables personnes".

"Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et militant politique engagé, il a toujours mis ses talents au service des autres", a ajouté Mme Bass.


L'Australie en deuil après un attentat antisémite qui a fait 15 morts sur une plage de Sydney

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  • Sur cette plage mythique de Bondi prisée par des Australiens et des touristes du monde entier, des effets personnels sont encore sur le sable taché de sang
  • "Ce que nous avons vu hier était un acte purement maléfique, antisémite et terroriste sur nos rives", a proclamé le Premier ministre Anthony Albanese en déposant des fleurs sur ce lieu baigné par le Pacifique

SYDNEY: L'Australie est en deuil lundi au lendemain d'un attentat antisémite perpétré par un père et son fils qui ont ouvert le feu sur un millier de personnes rassemblées sur une plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, faisant 15 morts, dont une enfant, et 42 blessés.

Sur cette plage mythique de Bondi prisée par des Australiens et des touristes du monde entier, des effets personnels sont encore sur le sable taché de sang, une vingtaine d'heures après une tuerie de dix minutes qui a provoqué une onde de choc dans cet immense pays d'Océanie et à l'international.

"Ce que nous avons vu hier était un acte purement maléfique, antisémite et terroriste sur nos rives", a proclamé le Premier ministre Anthony Albanese en déposant des fleurs sur ce lieu baigné par le Pacifique.

L'Australie, qui n'avait pas été frappée par une telle tuerie depuis 1996, a mis tous ses drapeaux en berne, a ordonné M. Albanese, qui a proposé aussi une législation encore plus stricte sur les armes à feu.

Dès dimanche, il avait dénoncé "une attaque ciblée contre les juifs australiens, au premier jour de Hanouka", la fête juive des "lumières" qui se tient durant neuf jours en décembre. Et il avait jugé que l'attentat visait "tous les Australiens".

Le chef de la police locale, Mal Lanyon, a précisé que ses enquêteurs avaient "découvert un engin explosif artisanal dans une voiture liée au criminel décédé", l'un des deux tireurs, le père, abattu par la police.

Et son fils, grièvement blessé, a fait l'objet d'une enquête du renseignement australien en 2019 pour des liens avec le groupe jihadiste Etat islamique (EI), a révélé la chaîne publique australienne ABC.

"Dix minutes" 

L'attentat a meurtri dimanche vers 18H45 (07H45 GMT) l'immense plage de Bondi, la plus connue d'Australie et à l'étranger, envahie par des milliers de promeneurs, nageurs et surfeurs en ce début d'été austral.

"Nous avons entendu les coups de feu (...) Dix minutes de détonations incessantes", a déclaré à l'AFP Camilo Diaz, étudiant chilien de 25 ans.

Timothy Brant-Coles, touriste britannique, a confié à l'AFP avoir vu "deux tireurs vêtus de noir et armés de fusils semi-automatiques".

"C'est allé très vite", a confié aussi à l'AFP un Français de 23 ans, Alban Baton, qui s'est réfugié dans la chambre froide d'une épicerie.

Les assaillants étaient Sajid Akram, 50 ans, entré grâce à un visa en Australie en 1998 et qui avait un permis pour le port de six armes, et son fils Naveed Akram, 24 ans, né dans le pays, selon la police de la Nouvelle-Galles-du-Sud, Etat dont Sydney est la capitale.

Le père a été abattu par des policiers, le fils est hospitalisé dans un état critique, selon la police et la presse.

Sur la colline verdoyante surplombant la plage, un journaliste de l'AFP a vu lundi encore une poussette, des sacs et des serviettes laissés par les gens qui ont couru se mettre à l'abri. Depuis la nuit de dimanche à lundi, ce quartier d'habitude très animé a été bouclé.

"Héros" 

Le Premier ministre Albanese, tout comme le président américain Donald Trump, ont salué des "héros" qui sont intervenus dimanche.

Une vidéo virale sur les réseaux sociaux montre un homme sur un parking se précipiter par derrière sur un assaillant, l'agripper et lui arracher son arme, avant de le mettre en joue et de le faire fuir.

Nombre de dirigeants mondiaux ont condamné avec force un attentat qui a tué 15 personnes âgées de dix ans pour une fillette, à 87 ans, un Français de 27 ans, Dan Elkayam, un rabbin de 41 ans né à Londres, Eli Schlanger, et Alex Kleytman, un survivant de la Shoah né en UKraine.

On compte au moins 42 blessés.

Donald Trump a fustigé un attentat "purement antisémite".

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré que "l"Europe se tenait aux côtés de l'Australie et des communautés juives partout dans le monde".

En Israël, le président Isaac Herzog a parlé d'une "attaque très cruelle contre des juifs" perpétrée par "d'ignobles terroristes".

Son Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui dénonce la résurgence de l'antisémitisme dans le monde depuis le massacre du 7 octobre 2023 et la guerre dans la bande de Gaza, a fustigé un "cancer qui se propage lorsque les dirigeants restent silencieux et n'agissent pas".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron ont fait part de leur solidarité.

Le Conseil national des imams australien a appelé "tous les Australiens, y compris la communauté musulmane australienne, à se serrer les coudes dans l'unité, la compassion et la solidarité".

Une série d'attaques antisémites a semé la peur chez les juifs d'Australie depuis plus de deux ans et Canberra a accusé Téhéran d'être à l'origine de deux de ces actes et a expulsé il y a quatre mois l'ambassadeur iranien.

 

 


Tirs sur la plage de Bondi à Sydney, deux suspects arrêtés

La police australienne a annoncé l'arrestation de deux personnes après des tirs dimanche sur la célèbre plage de Bondi à Sydney, les services de secours faisant état de huit hospitalisations et le Premier ministre dénonçant un événement "choquant et bouleversant". (AFP)
La police australienne a annoncé l'arrestation de deux personnes après des tirs dimanche sur la célèbre plage de Bondi à Sydney, les services de secours faisant état de huit hospitalisations et le Premier ministre dénonçant un événement "choquant et bouleversant". (AFP)
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  • "Il y a eu une fusillade, deux tireurs vêtus de noir et armés de fusils semi-automatiques", a déclaré ce touriste, Timothy Brant-Coles, ajoutant avoir vu aussi plusieurs personnes blessées par balle
  • "Nous pouvons seulement vous dire que nous avons soigné plusieurs personnes sur place et qu'à ce stade, huit personnes ont été transportées vers différents hôpitaux de Sydney", a déclaré à l'AFP un porte-parole du service d'ambulance

SYDNEY: La police australienne a annoncé l'arrestation de deux personnes après des tirs dimanche sur la célèbre plage de Bondi à Sydney, les services de secours faisant état de huit hospitalisations et le Premier ministre dénonçant un événement "choquant et bouleversant".

Un témoin, un touriste britannique, a raconté à l'AFP avoir vu "deux tireurs vêtus de noir" sur cette plage, la plus célèbre d'Australie, prise d'assaut durant le week-end par des foules de touristes, nageurs et surfeurs.

"Il y a eu une fusillade, deux tireurs vêtus de noir et armés de fusils semi-automatiques", a déclaré ce touriste, Timothy Brant-Coles, ajoutant avoir vu aussi plusieurs personnes blessées par balle.

"Nous pouvons seulement vous dire que nous avons soigné plusieurs personnes sur place et qu'à ce stade, huit personnes ont été transportées vers différents hôpitaux de Sydney", a déclaré à l'AFP un porte-parole du service d'ambulance de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud.

La police de l'Etat a annoncé sur les réseaux sociaux que deux suspects avaient été interpellés, sans plus de détails.

Selon le journal Sydney Morning Herald, un tireur présumé a été atteint par balles par la police et un autre a été arrêté.

"Les scènes à Bondi sont choquantes et bouleversantes", a écrit le Premier ministre australien Anthony Albanese dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. "Mes pensées vont à toutes les personnes affectées", a-t-il ajouté.

La police avait initialement annoncé un "incident en cours" sur la plage et ordonné au public d'éviter le secteur et de "se mettre à l'abri".