Irak: l'attentat de Bagdad met en lumière des lacunes au sein des forces de sécurité

Un homme blessé transporté aux urgences à la suite d'un double attentat-suicide dans une rue commerçante au cœur de la capitale irakienne Bagdad, le 21 janvier 2021, qui a fait moins 32 tués et 110 blessés. Selon les autorités, un premier kamikaze s'était précipité sur le marché et avait prétendu se sentir malade, afin que les gens se rassemblent autour de lui. Il a ensuite actionné ses explosifs. (Sabah Aarar/AFP)
Un homme blessé transporté aux urgences à la suite d'un double attentat-suicide dans une rue commerçante au cœur de la capitale irakienne Bagdad, le 21 janvier 2021, qui a fait moins 32 tués et 110 blessés. Selon les autorités, un premier kamikaze s'était précipité sur le marché et avait prétendu se sentir malade, afin que les gens se rassemblent autour de lui. Il a ensuite actionné ses explosifs. (Sabah Aarar/AFP)
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Publié le Vendredi 22 janvier 2021

Irak: l'attentat de Bagdad met en lumière des lacunes au sein des forces de sécurité

  • "Le réseau de l'EI pour des attaques urbaines à Bagdad semblait dégradé au point de ne quasiment plus fonctionner", mais il a trouvé "une brèche à exploiter"
  • Jeudi soir, M. Kazimi a annoncé un remaniement de tous les plus hauts postes de l'appareil sécuritaire, mais pour les experts, ce n'est pas au niveau du haut commandement que la question se joue

BAGDAD : Le double attentat suicide de Bagdad revendiqué par le groupe État islamique (EI) a mis en lumière des lacunes au sein des forces de sécurité irakiennes, affaiblies par la pandémie de Covid-19, les groupes armés rivaux et les tensions politiques, selon des experts.

Au moins 32 personnes ont été tuées et plus d'une centaine blessées dans cette attaque qui a visé un quartier commercial de la capitale jeudi, attentat le plus meurtrier depuis des années.

"L'EI n'est pas de retour (...) mais il y a de vrais problèmes au sein de l'appareil sécuritaire irakien et (cet attentat) en est la preuve", affirme à l'AFP Jack Watling, chercheur au Royal United Services Institute de Londres.

En 2003, lorsque les Américains ont renversé Saddam Hussein, l'appareil sécuritaire a été entièrement refondé, principalement grâce à des formateurs étrangers - brutalement repartis avec le Covid-19.

La promiscuité et la contagion dans les casernes irakiennes ainsi que les rappels de troupes étrangères pour gérer la pandémie dans leur pays ont "créé une brèche", reconnaissait récemment un haut gradé américain auprès de l'AFP.

Hauts gradés furieux

Surtout parce que les Irakiens ont perdu une grande part de l'appui de la coalition en termes de surveillance, "un système d'alerte en amont" crucial pour tuer dans l'œuf des attaques jihadistes, explique M. Watling.

L'Irak s'est déclaré victorieux contre l'EI fin 2017, a rouvert des rues et retiré des kilomètres de murs de béton dans Bagdad. Les troupes les plus expérimentées ont été envoyées à la chasse aux cellules dormantes dans les déserts et les montagnes, et les villes ont été remises à des unités moins entraînées.

Pour le spécialiste Alex Mello, "le réseau de l'EI pour des attaques urbaines à Bagdad semblait dégradé au point de ne quasiment plus fonctionner", mais il a trouvé "une brèche à exploiter".

Le haut gradé américain a même des exemples : en décembre, la coalition a fini par procéder à une frappe aérienne près de Mossoul (nord) tant l'incapacité des troupes irakiennes au sol avait permis aux jihadistes de prendre leurs aises.

En une seule frappe, 42 jihadistes ont été tués, selon la coalition. Un bilan inédit.

"Les hauts gradés à Bagdad étaient furieux contre les forces locales, elles auraient dû savoir qu'autant de jihadistes s'étaient regroupés", explique à l'AFP le haut gradé américain.

Et tout ça n'est rien comparé à l'autre vraie grande question en Irak: quel rôle allouer aux anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi -pour beaucoup des miliciens pro-Iran- désormais intégrés à l'État? Comment les faire travailler main dans la main avec des unités d'élite créées par les Américains?

Pas de "mains propres"

L'union sacrée de la guerre contre l'EI, de 2014 à 2017, quand coalition, Hachd et armée partageaient les informations, a cessé. Et l'administration Trump n'a fait que jeter de l'huile sur le feu en tuant à Bagdad le général iranien Qassem Soleimani et son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis.

"Le principal obstacle est politique", tranche M. Watling. Le Premier ministre, Moustafa al-Kazimi, en a plusieurs fois fait l'expérience.

Egalement chef du renseignement extérieur, proche de longue date des Américains, il est désormais directement pris à partie par des commandants pro-Iran.

Face à eux, il mobilise régulièrement les unités d'élite du contre-terrorisme, héros de la guerre anti-EI, mais aujourd'hui aussi utilisés pour aller arrêter des responsables corrompus ou des groupes accusés de tirer des roquettes sur l'ambassade américaine.

Ces unités sont les seules auxquelles M. Kazimi peut faire une totale confiance, selon des observateurs.

Mais les utiliser ainsi les met en compétition avec des forces également liées à l'Etat -- des groupes pro-Iran qui souvent ont fait libérer des hommes qu'ils avaient arrêtés, souligne la chercheuse Marsin Alshamary, du Brookings Institute.

"Revenir sur les ordres constamment et s'excuser auprès des groupes visés affaiblit le contre-terrorisme, le Premier ministre et l'État", affirme-t-elle.

Jeudi soir, M. Kazimi a annoncé un remaniement de tous les plus hauts postes de l'appareil sécuritaire, mais pour les experts, ce n'est pas au niveau du haut commandement que la question se joue.

"Dans un système bureaucratique et corrompu, personne n'a les mains propres", affirme M. Watling. (AFP)

 


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".