Dans les coulisses du plus grand fabricant de vaccins au monde, l'institut Serum, en Inde

Serum Institute of India produisait annuellement 1,5 milliard de doses de vaccins contre la polio, les oreillons, la méningite et la rougeole (Photo, AFP)
Serum Institute of India produisait annuellement 1,5 milliard de doses de vaccins contre la polio, les oreillons, la méningite et la rougeole (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 23 janvier 2021

Dans les coulisses du plus grand fabricant de vaccins au monde, l'institut Serum, en Inde

  • Fondé en 1966 à Pune (ouest), Serum Institute of India (SII) produit à grande cadence des millions de doses du vaccin contre le Covid-19 Covishield
  • Son PDG depuis 40 ans, Adar Poonawalla, a consacré près d'un milliard de dollars ces dernières années à l'agrandissement et à l'amélioration du vaste complexe de Pune

PUNE: Le tintement des minuscules flacons, contrôlés par des techniciens silencieux, en tenue de protection, contraste avec l'effervescence qui règne sur le site du plus grand fabricant de vaccins au monde, l'Institut Serum en Inde. 

Fondé en 1966 à Pune (ouest), Serum Institute of India (SII) produit à grande cadence des millions de doses du vaccin contre le Covid-19 Covishield, développé par AstraZeneca et l'université d'Oxford, pour l'Inde et une grande partie des pays en développement. 

A la différence de son concurrent de Pfizer-BioNTech - qui nécessite des supercongélateurs pour être conservé - le Covishield peut être stocké à des températures standard. Il est également meilleur marché que les vaccins de Pfizer ou de l'Américain Moderna, ce qui le rend plus accessible pour des pays pauvres, aux infrastructures rudimentaires. 

1
L'Institut Serum souhaite également fournir 200 millions de doses au système Covax, mis en place pour tenter de permettre une distribution équitable des vaccins anti-Covid et soutenu par l'organisation mondiale de la santé (OMS) (Photo, AFP)

Avant même la pandémie de Covid-19, Serum Institute of India produisait déjà annuellement 1,5 milliard de doses de vaccins contre la polio, les oreillons, la méningite et la rougeole, dont bénéficiaient deux enfants sur trois dans plus de 170 pays. 

L'aventure a débuté dans un haras, où la famille Poonawalla - propriétaire de l'entreprise - avait commencé à élever des chevaux en 1946.  

Avant qu'une discussion avec un vétérinaire ne fasse tout basculer : les propriétaires ont, à cette occasion, réalisé qu'un sérum anti-toxine extrait de leurs animaux pouvait être utilisé pour fabriquer des vaccins. 

L'Institut Serum domine rapidement le marché, grâce à ses médicaments efficaces et peu chers, très recherchés par des gouvernements et des consommateurs soucieux des prix, incitant l'entreprise à se développer à un rythme vertigineux. 

Son PDG depuis 40 ans, Adar Poonawalla, a consacré près d'un milliard de dollars ces dernières années à l'agrandissement et à l'amélioration du vaste complexe de Pune. 

Le résultat ne s'est pas fait attendre : lorsque le coronavirus a commencé à se propager à travers le monde, l'entreprise, qui a enregistré un chiffre d'affaires record de plus de 800 millions de dollars en 2019-20 sans s'être endettée - s'est retrouvée en pole position. 

« Habitués à la pression »  

1
Du Brésil à l'Afrique du Sud, les clients ne manquent pas et les gouvernements se pressent pour acheter le Covishield (Photo, AFP)

Bordé de palmiers, orné de topiaires en forme de cheval, clin d'oeil aux origines de l'entreprise, le campus de Pune abrite plusieurs bâtiments, où les vaccins sont fabriqués et contrôlés avant d'être placés dans des flacons stérilisés puis stockés avant leur distribution. 

Du Brésil à l'Afrique du Sud, les clients ne manquent pas et les gouvernements se pressent pour acheter le Covishield. 

Alors que Poonawalla s'est engagé à réserver 50% des stocks de Covishield au marché indien, New Delhi - qui veut immuniser 300 millions de personnes d'ici juillet - s'est lancé dans une délicate diplomatie vaccinale, prévoyant de fournir 20 millions de doses à ses voisins du sud de l'Asie. 

L'Institut Serum souhaite également fournir 200 millions de doses au système Covax, mis en place pour tenter de permettre une distribution équitable des vaccins anti-Covid et soutenu par l'organisation mondiale de la santé (OMS). 

Des perspectives écrasantes qui n'effraient pourtant pas les patrons de la société. 

« Nous sommes habitués à ce genre de pression car dans le passé il y a eu des situations où il fallait que nous accélérions la production pour satisfaire les demandes de pays » , explique Suresh Jadhav, le directeur général de l'Institut Serum.  

L'incendie, qui a fait 5 morts cette semaine, dans un bâtiment en construction de SII, n'a pas ébranlé cette confiance. 

« Il n'y aura pas de perte de production de #COVISHIELD en raison des nombreux sites de production que j'avais gardés en réserve pour faire face à de telles éventualités », avait aussitôt tweeté M. Poonawalla 

La pandémie a transformé son image, passée d'un milliardaire jet-setteur connu pour son goût des voitures de luxe et des arts à un magnat de la pharmacie, applaudi pour ses prises de risques et son engagement en faveur de vaccins abordables. 

Sans surprise, ce père de deux enfants n'a pas hésité à prendre à partie les anti-vaccins, y compris le rappeur américain Kanye West pour avoir relayé des théories du complot. 

« Bien que nous apprécions beaucoup votre musique @KanyeWest, votre opinion sur les #vaccins apparaît comme irresponsable et limite dangereuse, vu l'influence que vous avez aujourd'hui et que vous pourriez avoir à l'avenir ; les vaccins sauvent des vies », a tweeté M.Poonawalla en juillet. 


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Short Url
  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".