Macron s'engage à « agir » contre les violences sexuelles sur les enfants

Le président français Emmanuel Macron rencontre des étudiants à la Maison des étudiants de l'Université Paris Saclay à Saclay,  pour parler des conséquences du coronavirus le 21 janvier 2021. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron rencontre des étudiants à la Maison des étudiants de l'Université Paris Saclay à Saclay, pour parler des conséquences du coronavirus le 21 janvier 2021. (AFP)
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Publié le Dimanche 24 janvier 2021

Macron s'engage à « agir » contre les violences sexuelles sur les enfants

  • Emmanuel Macron a promis samedi aux victimes de violences sexuelles sur mineurs qu'elles ne seraient «plus jamais seules»
  • « On est là. On vous écoute. On vous croit », a déclaré le chef de l'Etat dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux suivie de tweets

PARIS: "Vous ne serez plus jamais seules": Emmanuel Macron a annoncé samedi une série de mesures pour lutter contre les violences sexuelles sur les enfants, en se félicitant que la parole des victimes se libère, en particulier sur l'inceste.


"On est là. On vous écoute. On vous croit", déclare le chef de l'Etat en s'adressant à ces victimes dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux suivie de tweets.


"Le silence construit par les criminels et les lâchetés successives, enfin, explose", ajoute-t-il, en saluant le "courage d’une sœur qui n’en pouvait plus de se taire".


Il fait ainsi référence, sans la nommer, à Camille Kouchner qui accuse, dans le récit autobiographique "La Familia Grande", son beau-père Olivier Duhamel, politologue de renom, d'avoir agressé sexuellement son jumeau "Victor" à la fin des années 1980. Le choc provoqué par ce livre a rouvert le débat sur l'inceste, un sujet profondément tabou, et suscité de très nombreux témoignages sur Twitter avec le hashtag #Metooinceste. 


"C'est aujourd’hui à nous d'agir", souligne Emmanuel Macron, qui ne veut laisser "aucun répit aux agresseurs".


Patrick Loiseleur, vice-président de l'association Face à l'inceste, s'est aussitôt félicité que "le président de la République reprenne la parole sur ce sujet", après une précédente intervention à l'automne 2017. "C'était attendu, vu l'ampleur du mouvement de société."


La psychiatre Muriel Salmona, présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie, s'est dite "soulagée" qu'Emmanuel Macron réagisse "enfin au mouvement historique #Metooinceste". Et d'ajouter sur Twitter: "Mais surtout ne nous décevez pas".

- Détection et accompagnement -
Pour adapter "notre droit", Emmanuel Macron demande au garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti, et au secrétaire d'Etat à l'Enfance et aux Familles Adrien Taquet d'engager "dès lundi une consultation afin d’approfondir les pistes qui permettront de renforcer la loi pour mieux punir les auteurs et qu’il ne soit plus possible d’entendre qu’un enfant consent à une relation sexuelle avec un adulte", selon le cabinet de M. Taquet.


Plusieurs voix se sont élevées ces dernières semaines pour rendre le crime d'inceste imprescriptible. Au moment où se sont déroulées les agressions que "Victor" dit avoir subies à la fin des années 1980, la loi prévoyait qu'une victime mineure pouvait porter plainte pour "viol par ascendant" pendant dix ans à compter de sa majorité. Deux lois, depuis, ont allongé ce délai de prescription, à 20 ans en 2004 puis 30 ans en 2018, mais elles ne sont pas applicables aux faits déjà prescrits. 


Jeudi, le Sénat a voté une proposition de loi visant à créer un nouveau crime sexuel pour protéger les mineurs de moins de 13 ans, enrichie en dernière minute par des mesures spécifiques à la lutte contre l'inceste.


Ce vote suscite des critiques sur les réseaux sociaux car il n'irait pas assez loin. Des femmes ont publié des photos d'elles jeunes: "J’ai 13 ans. J’ai une tête à consentir à une relation sexuelle?", a twitté l'actrice Alexandra Lamy.


Emmanuel Macron annonce également une série de mesures pour mieux détecter ces violences "en saisissant chaque signe, parfois en allant chercher ces signes, ces paroles, en demandant aux enfants à l’école, à l’hôpital, en rendant possible chaque parole, car tout ce qui semble anormal doit pouvoir être dit".


C'est ainsi que seront mis en place deux rendez-vous de dépistage et de prévention - l’un au primaire, l’autre au collège - dans le cycle de visites médicales obligatoires existantes.


Cette mesure est "capitale" car "plus on fait un dépistage tôt, plus on peut intervenir rapidement et limiter les dégâts", souligne Patrick Loiseleur.


Par ailleurs, pour "accompagner la reconstruction", les "soins psychologiques des enfants victimes de violences sexuelles seront remboursés", annonce le président.


Il indique aussi qu'une mission pour "recueillir les témoignages et protéger les victimes" est confiée à Edouard Durand, juge des enfants au tribunal de Bobigny et à Nathalie Mathieu, directrice de l’association Docteurs Bru, spécialisée dans l’accueil des enfants victime d'inceste. Ces derniers prennent la succession de l'ancienne ministre Elisabeth Guigou, qui a renoncé le 13 janvier à présider la commission indépendante sur l'inceste après avoir été citée parmi les proches d'Olivier Duhamel.

 


Tollé autour de l'interdiction d'une réunion de la droite nationaliste à Bruxelles

Des militants antifascistes manifestent devant le lieu où s'est tenue la conférence nationale sur le conservatisme "NatCon" réunissant des politiciens de droite dure, le 16 avril 2024 à Bruxelles, avant que les autorités n'ordonnent sa fermeture, après qu'elle ait été prise pour cible par des manifestants en ligne. (Photo Simon Wohlfahrt AFP)
Des militants antifascistes manifestent devant le lieu où s'est tenue la conférence nationale sur le conservatisme "NatCon" réunissant des politiciens de droite dure, le 16 avril 2024 à Bruxelles, avant que les autorités n'ordonnent sa fermeture, après qu'elle ait été prise pour cible par des manifestants en ligne. (Photo Simon Wohlfahrt AFP)
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  • Vers 15H30 locales (13H30 GMT), Eric Zemmour a été confronté à un cordon de police lorsqu'il a voulu accéder à la salle, à Saint-Josse
  • «On est vraiment dans le registre du communisme à l'ancienne, en gros si tu n'es pas d'accord avec moi tu dois être interdit», a fustigé l'une des principales têtes d'affiche de la réunion, Nigel Farage, champion du Brexit

BRUXELLES, Belgique : Les autorités bruxelloises ont ordonné mardi l'interruption d'une réunion controversée de représentants de la droite nationaliste, parmi lesquels Eric Zemmour et Nigel Farage, une décision dénoncée comme une atteinte à la liberté d'expression par plusieurs chefs de gouvernement européens.

«L'autonomie communale est une pierre angulaire de notre démocratie mais ne peut jamais l'emporter sur la Constitution belge, qui garantit la liberté d'expression et de réunion pacifique depuis 1830», a souligné le chef du gouvernement belge Alexander De Croo sur le réseau X.

Le dirigeant libéral flamand a jugé «inacceptable» la décision du bourgmestre de la commune bruxelloise de Saint-Josse, l'élu socialiste Emir Kir, d'interdire au bout de quelques heures cette réunion ouverte mardi matin.

Même tonalité chez le Premier ministre britannique Rishi Sunak, qui a qualifié la décision d'«extrêmement inquiétante».

«Cela nous laisse incrédules et consternés», a déclaré de son côté l'Italienne Giorgia Meloni, cheffe d'un gouvernement ultra-conservateur.

«On est vraiment dans le registre du communisme à l'ancienne, en gros si tu n'es pas d'accord avec moi tu dois être interdit», a fustigé pour sa part l'une des principales têtes d'affiche de la réunion, Nigel Farage, champion du Brexit.

Le Britannique comptait parmi les orateurs de la matinée, au moment où la police bruxelloise a notifié aux organisateurs de la «National Conservatism Conference» (NatCon) son interdiction en raison d'un risque de trouble à l'ordre public.

Il faut «garantir la sécurité publique» et «l'extrême-droite n'est pas la bienvenue», a justifié Emir Kir sur sa page Facebook, alors que des militants antifascistes promettaient de manifester en fin de journée sur les lieux de la conférence.

A quelques semaines des élections européennes, plusieurs centaines de responsables nationalistes et conservateurs eurosceptiques, dont de nombreux eurodéputés, participaient à la «NatCon» au premier des deux jours prévus pour les débats, selon des journalistes de l'AFP.

Vers 15H30 locales (13H30 GMT), Eric Zemmour a été confronté à un cordon de police lorsqu'il a voulu accéder à la salle, à Saint-Josse.

Le polémiste français, entouré de caméras, a quitté les lieux après avoir qualifié l'Europe et Bruxelles de «fossoyeurs» de la liberté d'expression.

La police pourrait rester déployée sur place jusqu'à mercredi pour empêcher tout accès au bâtiment, les organisateurs n'excluant pas que la conférence puisse se poursuivre ailleurs pour son deuxième jour.

- «Invités à partir» -

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban était la tête d'affiche annoncée pour mercredi, alors qu'il doit aussi participer à Bruxelles à un sommet des dirigeants de l'UE.

Mardi, il a dénoncé des méthodes dignes à ses yeux de l'époque soviétique.

«La dernière fois qu'ils ont voulu me faire taire en envoyant la police, c'était en 1988 avec les Communistes», a écrit Viktor Orban sur X.

La «NatCon» s'était déjà heurtée ces derniers jours à deux annulations dans deux autres communes bruxelloises.

Mardi, l'arrêté d'interdiction du maire de Saint-Josse n'a pas été assorti d'une évacuation des lieux, et certains des participants étaient toujours sur place en fin de journée.

«Il y a un dialogue, on les a déjà invités plusieurs fois à partir, on ne sait pas ce qu'ils souhaitent faire», a déclaré à l'AFP une porte-parole de la police locale.

A moins de deux mois du renouvellement du Parlement européen (par un vote dans les 27 pays membres prévu entre le 6 et le 9 juin), ce rassemblement nationaliste et eurosceptique intervient sur fond d'influence grandissante de cette famille politique dans de nombreux Etats européens.

Ces forces se partagent, au Parlement, en deux groupes politiques; d'un côté, les Conservateurs et réformistes européens (ECR) et de l'autre, Identité et démocratie (ID).

Certains experts prédisent que l'un d'eux pourrait, au lendemain du 9 juin, ravir la place de 3ème force politique du Parlement de Strasbourg derrière la droite pro-européenne (PPE) et les socialistes.


Un soutien mais pas inconditionnel, la délicate diplomatie de Paris vis-à-vis d'Israël

Le chef de l'armée, le général de corps d'armée Herzi Halevi (C), participe à une évaluation de la situation avec les membres du Forum de l'état-major général sur la base militaire de Kirya le 14 avril 2024(AFP)
Le chef de l'armée, le général de corps d'armée Herzi Halevi (C), participe à une évaluation de la situation avec les membres du Forum de l'état-major général sur la base militaire de Kirya le 14 avril 2024(AFP)
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  • En restant vague sur l'ampleur de son soutien à Israël contre l'Iran, la France a signalé sa volonté de ne pas apparaître comme un allié inconditionnel d'Israël, à la fois pour peser au Proche-Orient et ménager son opinion publique, décryptent des analyst
  • Le président Emmanuel Macron a, lui, confirmé lundi que la France avait procédé à "des interceptions" de missiles et drones iraniens, justifiant cette intervention par la présence d'une base aérienne française en Jordanie

PARIS : En restant vague sur l'ampleur de son soutien à Israël contre l'Iran, la France a signalé sa volonté de ne pas apparaître comme un allié inconditionnel d'Israël, à la fois pour peser au Proche-Orient et ménager son opinion publique, décryptent des analystes.

C'est le porte-parole de l'armée israélienne qui, dès dimanche, a fait savoir que la France était parmi les alliés d'Israël ayant contribué à neutraliser l'attaque iranienne survenue dans la nuit de samedi à dimanche. Ce que Londres et Washington ont rapidement reconnu.

Le président Emmanuel Macron a, lui, confirmé lundi que la France avait procédé à "des interceptions" de missiles et drones iraniens, justifiant cette intervention par la présence d'une base aérienne française en Jordanie dont l'espace aérien a été violé par les tirs iraniens.

Questionné dimanche sur le fait que les militaires français avaient bien défendu Israël, et sur un éventuel soutien de Paris à ce pays s'il ripostait contre l'Iran, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné avait, lui, botté en touche, insistant sur la volonté française de "désescalade".

Car la France, critiquée par moult pays arabes pour son soutien jugé trop appuyé à Israël après les attentats du 7 octobre - le président Macron avait notamment appelé à former une coalition internationale contre le Hamas -  s'efforce, depuis, d'apparaître équilibrée afin de maintenir ses aspirations à jouer un rôle de garant de la stabilité au Proche-Orient, affirment des analystes à l'AFP.

Paris fut ainsi le premier pays occidental à envoyer un bateau hôpital pour soigner des civils gazaouis au large de l'Egypte. La France procéda également très tôt, dès début janvier, à des largages d'aide sur Gaza.

- 'Gages' -

Elle n'a toutefois jamais condamné la frappe attribuée à Israël contre un consulat iranien en Syrie le 1er avril, qui a motivé l'attaque iranienne sur le sol israélien en réponse.

"Au fond, la position de la France est de soutenir Israël tout en donnant des gages aux pays arabes (...) pour essayer de maintenir ses liens avec la région", résume Agnès Levallois de l'Institut de recherche et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient.

Le 8 avril, Emmanuel Macron publiait une tribune commune avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II appelant à un cessez-le feu "immédiat" et une libération de "tous les otages" à Gaza, mettant aussi en garde Israël contre les "conséquences dangereuses" d'une offensive à Rafah.

Accusée "par les pays arabes et par certains politiques en France de soutenir Israël", "le souci du président Macron est de maintenir une position qu'il estime équilibrée", souligne Denis Bauchard, ancien directeur pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient au ministère français des Affaires étrangères.

- 'Nuance' -

Emmanuel Macron "ne possède pas une approche constante en matière de politique étrangère", estime de son côté Hasni Abidi, du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, à Genève, pour qui la position du chef de l'Etat français est "évolutive", "en fonction des circonstances".

Cette fois, le président a adopté une approche en deux temps.

Il a d'abord affirmé son soutien à Israël, se rangeant dans le camp occidental et mettant en avant une France disposée à défendre ses alliés avec en toile de fond "un message adressé aux États du Golfe, la Jordanie et l'Egypte, clients (en matière d'armements) traditionnels de la France", explique Hasni Abidi.

Puis il a fait montre de "nuance" et de "recul" pour aussi "se ménager une marge de manœuvre utile à la perception de son opinion interne et aux intérêts particuliers de la France", poursuit-il.

Car la diplomatie française au Proche-Orient est devenue particulièrement clivante depuis l'attaque sanglante du groupe islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre et la guerre d'Israël à Gaza qui a provoqué une situation humanitaire catastrophique.

Le 5 avril, une centaine de parlementaires de gauche avaient écrit à Emmanuel Macron pour lui demander "d'arrêter immédiatement toutes ventes d'armes (...) au gouvernement d'extrême droite de Netanyahu".

Lundi, des députés français de gauche radicale ont adressé un courrier au ministre des Armées Sébastien Lecornu pour lui demander des éclaircissements sur "le bien-fondé" de Paris à intercepter les missiles et drones iraniens.


Mayotte: nouvelle opération contre l'insécurité et l'immigration irrégulière

Un gendarme monte la garde lors d'une opération de sécurité dans le bidonville de Koungou, sur l'île de Mayotte, le 16 février 2024. (AFP)
Un gendarme monte la garde lors d'une opération de sécurité dans le bidonville de Koungou, sur l'île de Mayotte, le 16 février 2024. (AFP)
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  • Quelque 1 700 gendarmes, policiers et militaires doivent être engagés pour cette opération, baptisée «Mayotte place nette» et qui doit durer 11 semaines
  • Une enveloppe de cinq millions d'euros a été débloquée pour l'hébergement d’urgence des migrants interpellés dans le cadre de l'opération

PARIS: Une nouvelle opération contre l'insécurité, l'immigration irrégulière et l'habitat insalubre a été lancée mardi à Mayotte, archipel français de l'océan Indien, un an après le début d'une première intervention baptisée "Wuambushu", a annoncé le ministère français des Outre-mer.

Quelque 1.700 gendarmes, policiers et militaires doivent être engagés pour cette opération, baptisée "Mayotte place nette" et qui doit durer 11 semaines.

Dans le 101e département français -et le plus pauvre- une "centaine de renforts spécialisés (…), notamment des policiers aux frontières et des officiers de police judiciaire (...) vont nous aider à mener ce travail de précision", a souligné le ministère à l'AFP.

"On a 60 individus particulièrement recherchés et un objectif de 1.300 bangas (cases) à détruire, soit deux fois plus que ce qu’a permis de faire Wuambushu 1", a-t-il ajouté.

Une enveloppe de cinq millions d'euros a été débloquée pour l'hébergement d’urgence des migrants interpellés dans le cadre de l'opération.

En temps normal, 1.600 gendarmes et policiers sont déjà en poste sur ce territoire de 350.000 habitants, selon le ministère.

"Mayotte Place Nette" prend la suite de l’opération Wuambushu lancée au printemps 2023, qui visait déjà à lutter contre l'immigration illégale -largement venue des Comores voisines-, la délinquance et à détruire les cases insalubres organisées en bidonvilles, de plus en plus nombreux sur l’île.

Handicapée par des débuts chaotiques, Wuambushu n’avait pas eu les résultats escomptés.

Ces derniers jours ont été marqués par une recrudescence des violences à Mayotte, où les caillassages des automobilistes sont quotidiens, tout comme les affrontements entre bandes de jeunes de villages rivaux.

L'entreprise gestionnaire du réseau de transport scolaire a notamment évoqué un "record" de caillassages la semaine dernière.