La Chine met en garde contre une «nouvelle guerre froide» en ouverture du Forum de Davos

Cette capture vidéo prise le 25 janvier 2021 sur le site Web du Forum économique mondial montre le président chinois Xi Jinping parlant depuis Pékin alors qu'il ouvre un Forum économique mondial entièrement virtuel, qui se déroule généralement à Davos, en Suisse. (AFP)
Cette capture vidéo prise le 25 janvier 2021 sur le site Web du Forum économique mondial montre le président chinois Xi Jinping parlant depuis Pékin alors qu'il ouvre un Forum économique mondial entièrement virtuel, qui se déroule généralement à Davos, en Suisse. (AFP)
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Publié le Mardi 26 janvier 2021

La Chine met en garde contre une «nouvelle guerre froide» en ouverture du Forum de Davos

  • «Bâtir des clans ou déclencher une nouvelle guerre froide, rejeter, menacer ou intimider les autres (...), le bouleversement des chaînes d'approvisionnement ou des sanctions afin de provoquer l'isolement ne fera que pousser le monde dans la division»
  • Donald Trump avait opté pour la confrontation ouverte et les attaques verbales - sans résultats tangibles sur l'énorme déficit commercial américain avec la Chine

PARIS : Le président chinois Xi Jinping a mis en garde lundi contre une «nouvelle guerre froide» et s'est posé en champion du multilatéralisme, à l'ouverture du Forum économique mondial, qui abandonne cette année les neiges de Davos au profit d'un format complètement virtuel.

Sans jamais nommer les Etats-Unis, M. Xi - dont le pays est la seule grande économie à avoir connu la croissance en 2020 - s'est érigé en défenseur du multilatéralisme, comme il l'avait déjà fait face au même forum il y a quatre ans, juste avant l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Son successeur tout juste désigné, le démocrate Joe Biden, ne participe pas à ce rendez-vous annuel de l'élite politique et économique mondiale, se tenant habituellement dans la station de ski suisse de Davos.

«Bâtir des clans ou déclencher une nouvelle guerre froide, rejeter, menacer ou intimider les autres (...), le bouleversement des chaînes d'approvisionnement ou des sanctions afin de provoquer l'isolement ne fera que pousser le monde dans la division et même la confrontation», a averti Xi Jinping. 

Et ce alors que l'administration Biden est attendue au tournant sur sa politique face à la montée en puissance économique et technologique de la Chine. 

Donald Trump avait opté pour la confrontation ouverte et les attaques verbales - sans résultats tangibles sur l'énorme déficit commercial américain avec la Chine.

Si son successeur s'emploie à défaire une après une les mesures controversées de l'ère Trump, Joe Biden a néanmoins signalé que les Etats-Unis resteraient très attentifs à leurs intérêts. 

Il va signer un décret lundi pour inciter le gouvernement fédéral à acheter davantage de biens et services auprès d'entreprises américaines, au risque de crisper certains partenaires commerciaux.

«Immense opportunité»

De leur côté, les Européens avancent leurs pions. 

Le ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier a défendu lundi lors d'une table-ronde l'accord de principe controversé conclu fin décembre entre l'Union européenne et la Chine afin d'ouvrir le gigantesque marché chinois aux entreprises européennes, et vice-versa. 

Cet accord ne fait que «répliquer de nombreuses dispositions que les Etats-Unis avaient déjà avec la Chine», a-t-il fait valoir. Le patron de Volkswagen, Herbert Diess, a rappelé que la Chine, où le constructeur possède plusieurs usines, représentait une «immense opportunité» pour les entreprises européennes. 

Pourtant, l'accord est critiqué par des députés européens et des ONG qui estiment qu'il devrait être subordonné à la ratification par Pékin des conventions internationales interdisant le travail forcé. 

2021, «année de la reprise»

Réagissant au discours du président chinois, Kenneth Roth, le directeur de l'ONG Human Rights Watch, a jeté un froid en estimant sur Twitter que Xi Jinping «promeut la coopération internationale sur le Covid-19 pour autant qu'elle n'implique pas qu'une enquête soit menée sur le fait que la transmission interhumaine du virus a été cachée pendant trois semaines, ce qui a conduit à sa dissémination à toute la planète». 

Lors de l'édition 2020 du World Economic Forum (WEF), l'apparition en Chine d'une mystérieuse pneumonie ne suscitait encore qu'une vague inquiétude.

Un an plus tard, le monde est toujours aux prises avec une pandémie qui a déjà tué plus de 2 millions de personnes, et fait perdre 225 millions d'emplois selon l'Organisation internationale du travail - ce alors que les grandes fortunes mondiales n'y ont pas laissé une plume, a dénoncé l'ONG Oxfam.

L'optimisme qui a prévalu en novembre quand les vaccins sont devenus réalité n'est plus de mise, avec l'imposition de nouvelles restrictions, la progression de variants du coronavirus et des retards qui s'accumulent dans la livraison des précieux flacons.

Pourtant, la présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde a assuré que 2021 serait «l'année de la reprise». Certes, elle sera sans doute «un peu retardée, mais elle ne devrait pas dérailler». 

Parmi les autres sujets abordés lors de cette première journée, la taxation des géants du numérique, priorité affichée de la France, qui a déjà mis en place une «taxe Gafa» à son échelle - provoquant une crise diplomatique avec les Etats-Unis. 

Le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire s'est félicité du ton plus conciliant de la nouvelle administration Biden sur le sujet global de la taxation des entreprises, en espérant la conclusion d'un accord «d'ici la fin du printemps 2021» dans le cadre de l'OCDE. 

 


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.