L'acte d'accusation contre Trump devant le Sénat, les républicains divisés

L’ex-président américain Donald Trump embarque l’hélicoptère officiel Marine One, le 20 janvier (Photo, AFP).
L’ex-président américain Donald Trump embarque l’hélicoptère officiel Marine One, le 20 janvier (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 26 janvier 2021

L'acte d'accusation contre Trump devant le Sénat, les républicains divisés

  • Le deuxième procès en destitution de Donald Trump, une première pour un ancien président américain, ne démarrera que le 9 février
  • Derrière ce délai, sur lequel républicains et démocrates se sont mis d'accord : la volonté de laisser plus de temps au milliardaire républicain pour préparer sa défense

WASHINGTON: Les élus démocrates désignés « procureurs » dans la procédure en destitution de Donald Trump ont formellement transmis lundi soir son acte de mise en accusation au Sénat américain, marquant l'ouverture officielle du procès historique de l'ex-président pour « incitation à l'insurrection ». 

Dans un silence solennel, les neufs « procureurs » désignés par la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ont traversé, jusqu'au Sénat, les mêmes longs couloirs ornés de statues et tableaux pris d'assaut par des manifestants pro-Trump lors de l'attaque meurtrière du Capitole, le 6 janvier. Le procès débutera le 9 février.

Derrière ce délai, sur lequel républicains et démocrates se sont mis d'accord : la volonté de laisser plus de temps au milliardaire républicain pour préparer sa défense. Mais aussi à Joe Biden pour enclencher sa présidence, en voyant plus de membres de son cabinet confirmés par le Sénat et, espère-t-il de premiers grands projets de lois adoptés. 

En attendant, le nouveau président multiplie les décrets pour tenter de redresser la première économie mondiale et lutter contre l'épidémie.

Après un week-end d'un silence contrastant grandement avec les tweets qui rythmaient les fins de semaine de Donald Trump, le démocrate a signé lundi un nouveau décret renforçant le « Made in America ». 

« Impeachment » historique

Avec sa mise en accusation pour « incitation à l'insurrection » votée à la Chambre des représentants le 13 janvier, Donald Trump est devenu le premier président des Etats-Unis à tomber deux fois sous le coup d'un « impeachment ». 

Peu avant 19H00 (00H00 GMT mardi), les « procureurs » démocrates de la Chambre traverseront les couloirs qui les séparent du Sénat, sous le dôme du Capitole, pour aller présenter l'acte d'accusation du 45e président des Etats-Unis. 

Puis ils le liront devant les sénateurs. 

enquête... au ministère de la Justice

Une enquête administrative a été ouverte lundi pour déterminer si des responsables au sein du ministère américain de la Justice ont tenté de peser pour « altérer les résultats de l'élection présidentielle » en faveur de Donald Trump.

L'inspecteur général du ministère, Michael Horowitz, a annoncé ces investigations après des articles de presse mettant en cause Jeffrey Clark, un juriste en charge des affaires de droit civil au sein de cette puissante administration.

Assurant contre toute évidence avoir été victime de fraudes, Donald Trump a, selon le New York Times et le Washington Post, comploté début janvier avec Clark pour tenter d'évincer le ministre par intérim Jeffrey Rosen, qui refusait de le suivre dans sa croisade.

L'idée était que Clark le remplace et intervienne au nom du ministère pour refuser de certifier la victoire du démocrate Joe Biden dans l'Etat-clé de Géorgie. 

Le président aurait, selon ces médias, renoncé face à la menace de démissions massives au sein du ministère.

Donald Trump est accusé d'avoir incité ses partisans à se lancer à l'assaut du siège du Congrès le 6 janvier, pendant que les parlementaires certifiaient la victoire de son rival Joe Biden à la présidentielle. 

« Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles. Vous devez montrer de la force et vous devez être forts », avait-il lancé aux manifestants peu avant l'attaque du Capitole, qui a fait cinq morts. 

Ces scènes de violences ont bouleversé l'Amérique, et poussé plusieurs grands noms républicains à dénoncer le comportement du tempétueux milliardaire.

Mais une condamnation au Sénat apparaît à ce stade improbable, le magnat de l'immobilier, toujours très populaire auprès de ses électeurs, comptant encore sur des soutiens clés à la chambre haute. 

Procès « stupide »

Avant la cérémonie, le Sénat approuvera lundi après-midi la nomination de Janet Yellen comme ministre de l'Economie et des Finances. Le vote de confirmation du futur chef de la diplomatie américaine Antony Blinken pourrait lui intervenir dès mardi. 

Dressant un sombre tableau des crises qui frappent les Etats-Unis, Joe Biden a proposé un plan titanesque de relance de l'économie et de lutte contre la pandémie de 1 900 milliards de dollars. 

Mais son adoption au Congrès semble compromise par les vives oppositions de républicains et les réticences de démocrates modérés. 

Les négociations ne font « que commencer », a tempéré Joe Biden lors d'une conférence de presse lundi, en se donnant « deux semaines » pour avoir une idée claire du soutien pour ce vaste plan au Congrès. 

Les démocrates contrôlent désormais le Congrès. Mais leur majorité est extrêmement fragile au Sénat : ils occupent 50 sièges contre 50 pour les républicains. En cas d'égalité parfaite dans un vote, la vice-présidente Kamala Harris a le pouvoir de faire pencher la balance du côté démocrate.

Mais ils auront besoin de 60 voix pour soumettre au vote les grandes réformes. Et des deux tiers du Sénat pour condamner Donald Trump. 

Un objectif qui semble difficile à atteindre. 

Retour de journalistes écartés

Les médias internationaux publics des Etats-Unis ont à nouveau à leur tête des journalistes chevronnés, alors que Donald Trump avait nommé des dirigeants accusés de remettre en cause l'indépendance des rédactions, au risque de nuire à leur crédibilité.

Michael Pack, un producteur de films conservateur choisi par l'ex-président républicain pour diriger la holding qui chapeaute notamment les radios Voice of America (VOA), Radio Free Europe/Radio Liberty ou Radio Free Asia, a démissionné juste après l'entrée du démocrate Joe Biden à la Maison Blanche la semaine dernière.

Il avait tenté d'enfreindre la règle, garantie par le Congrès américain, selon laquelle le directeur général ne peut s'immiscer dans les décisions éditoriales. Et à la fin du mandat de Donald Trump, il avait invité le secrétaire d'Etat Mike Pompeo à s'exprimer au siège de Voice of America, où il avait accusé la radio de « dénigrer » les Etats-Unis sans prendre de questions des journalistes de l'antenne.

Le président Biden a nommé Kelu Chao, journaliste à VOA depuis plus de 40 ans, comme directrice générale par intérim de la holding.

Même si le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, n'a pas exclu de voter pour sa condamnation, il ne compte pas influencer ses troupes publiquement, et s'est bien gardé lundi dans l'hémicycle de se prononcer sur ce procès. 

« Je trouve ce procès stupide », avait tonné la veille le sénateur Marco Rubio sur Fox. « Le pays est déjà en flammes et cela revient à verser de l'essence sur ce feu ».

D'autres espèrent même bloquer tout bonnement la tenue du procès, en déclarant anticonstitutionnel de juger un ex-président.

« Cela ne fait aucun sens », a rétorqué le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, lundi. Car cette « théorie (...) reviendrait à donner un passe-droit constitutionnel à tous les présidents ».

Grand critique de Donald Trump, le sénateur Mitt Romney est l'un des rares républicains à soutenir la procédure, sans toutefois se prononcer encore sur le sens de son vote. 

Cet ex-candidat à la présidentielle fut le seul républicain à condamner Trump lors de son premier procès en destitution, en février 2020 dans l'affaire ukrainienne. 

Le président avait alors été acquitté. 


CIJ: l'impartialité de l'UNRWA suscite de «sérieux doutes» selon les Etats-Unis

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence". (AFP)
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  • La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre
  • Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ

LA HAYE: Un représentant des Etats-Unis a fait part mercredi à la Cour internationale de Justice de "sérieux doutes" concernant l'impartialité de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) lors d'audiences consacrées aux obligations humanitaires d'Israël envers les Palestiniens.

"L'impartialité de l'UNRWA suscite de sérieux doutes, du fait d'informations selon lesquelles le Hamas a utilisé les installations de l'UNRWA et que le personnel de l'UNRWA a participé à l'attentat terroriste du 7 octobre contre Israël", a déclaré Josh Simmons, de l'équipe juridique du département d'État américain.

La CIJ, située à La Haye (Pays-Bas), a ouvert lundi sa semaine d'audiences plus de 50 jours après l'instauration d'un blocus total sur l'aide entrant dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Israël, qui ne participe pas à ces audiences, a dénoncé lundi une "persécution systématique" de la CIJ.

M. Simmons a déclaré aux juges qu'Israël avait "de nombreuses raisons" de mettre en doute l'impartialité de l'UNRWA.

"Il est clair qu'Israël n'a aucune obligation d'autoriser l'UNRWA à fournir une assistance humanitaire", a-t-il déclaré.

Israël a promulgué une loi interdisant à l'UNRWA, d'opérer sur le sol israélien, après avoir accusé certains membres du personnel d'avoir participé aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, qui a déclenché le conflit.

Une série d'enquêtes, dont l'une menée par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a révélé des "problèmes de neutralité" à l'UNRWA, mais a souligné qu'Israël n'avait pas fourni de preuves de son allégation principale.

Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA, a déclaré mardi que plus de 50 membres de son personnel à Gaza avaient été maltraités et utilisés comme boucliers humains alors qu'ils étaient détenus par l'armée israélienne.

Lors de sa déposition face à la Cour, Diégo Colas, représentant la France, a appelé Israël à lever "sans délai" son blocage de l'aide vers la bande de Gaza".

"L'ensemble des points de passage doivent être ouverts, le travail des acteurs humanitaires doit être facilité, et le personnel doit être protégé conformément aux droits internationaux", a-t-il déclaré .

"Conséquences mortelles" 

Israël contrôle tous les flux d'aide internationale, vitale pour les 2,4 millions de Palestiniens de la bande de Gaza frappés par une crise humanitaire sans précédent, et les a interrompus le 2 mars dernier, quelques jours avant l'effondrement d'un fragile cessez-le-feu après 15 mois de combats incessants.

"L'interdiction totale de l'aide et des fournitures humanitaires décrétée par les autorités israéliennes depuis le 2 mars a des conséquences mortelles pour les civils de Gaza", a déclaré dans un communiqué Claire Nicolet, responsable de la réponse d'urgence de l'ONG Médecins sans Frontières dans la bande de Gaza.

"Les autorités israéliennes utilisent l'aide non seulement comme une monnaie d'échange, mais aussi comme une arme de guerre et un moyen de punition collective pour plus de 2 millions de personnes vivant dans la bande de Gaza," a-t-elle ajouté.

En décembre, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de rendre un avis consultatif "à titre prioritaire et de toute urgence".

La résolution demande à la CIJ de clarifier les obligations d'Israël concernant la présence de l'ONU, de ses agences, d'organisations internationales ou d'États tiers pour "assurer et faciliter l'acheminement sans entrave des fournitures urgentes essentielles à la survie de la population civile palestinienne".

Les avis consultatifs de la CIJ ne sont pas juridiquement contraignants, mais celui-ci devrait accroître la pression diplomatique sur Israël.

En juillet dernier, la CIJ avait aussi rendu un avis consultatif jugeant "illégale" l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, exigeant qu'elle cesse dès que possible.


Après la panne géante, les énergies renouvelables sur le banc des accusés en Espagne

Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
Des passagers attendent avant de monter dans leur train à la gare de Sants à Barcelone, le 29 avril 2025, au lendemain d'une panne d'électricité massive qui a touché toute la péninsule ibérique et le sud de la France. (Photo par Josep LAGO / AFP)
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  • Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne.
  • Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez.

MADRID : L'essor des énergies renouvelables a-t-il fragilisé le réseau électrique espagnol ? Deux jours après la panne géante qui a touché la péninsule, la nature du mix énergétique ibérique est au cœur de vifs débats mercredi en Espagne, malgré les messages rassurants des autorités.

« Le manque de centrales nucléaires et la multiplication par dix des énergies renouvelables ont mis à terre le réseau électrique », assure en une le quotidien conservateur ABC mercredi matin. « Les alertes sur les renouvelables depuis cinq ans » ont été « ignorées », regrette de son côté El Mundo, également classé à droite.

Dans le viseur de ces deux quotidiens, mais aussi des partis d'opposition, se trouve la politique énergétique mise en place depuis plusieurs années par le gouvernement du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, qui a fait de l'Espagne l'un des champions européens de la transition verte.

Selon le gestionnaire du réseau électrique espagnol REE, le solaire et l'éolien ont représenté en 2024 près de 40 % du mix électrique espagnol. C'est près de deux fois plus qu'en 2014, et près du double également de la part du nucléaire, tombée l'an dernier à 20 %. 

Cette évolution est défendue par l'exécutif, qui s'est engagé à fermer toutes les centrales nucléaires d'ici dix ans, mais elle est source de tensions dans le pays, plusieurs rapports ayant pointé ces derniers mois de possibles risques en l'absence de mesures fortes pour adapter le réseau.

- Une énergie « sûre » ?

Dans son document financier annuel publié fin février, Redeia, la maison-mère de REE, avait ainsi mis en garde contre « la forte pénétration de la production renouvelable sans les capacités techniques nécessaires à un comportement adéquat face aux perturbations ».

Cela pourrait « provoquer des coupures de production », qui « pourraient devenir sévères, allant jusqu'à entraîner un déséquilibre entre la production et la demande, ce qui affecterait significativement l'approvisionnement en électricité » de l'Espagne, avait-elle écrit. 

Un message relayé par l'organisme espagnol de la concurrence (CNMC) dans un rapport de janvier. « À certains moments, les tensions du réseau de transport d'électricité ont atteint des valeurs maximales proches des seuils autorisés, dépassant même ces seuils à certains moments », avait écrit l'organisme.

Après la coupure de lundi, certains experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande (difficile à corriger dans un réseau où l'éolien et le solaire ont une place prépondérante) qui aurait pu contribuer à l'effondrement du système électrique espagnol.

Dans un entretien accordé mercredi matin à la radio Cadena Ser, Beatriz Corredor, la présidente de Redeia et REE (l'ex-députée socialiste) a cependant assuré que la production d'énergies renouvelables était « sûre ».

« Relier l'incident si grave de lundi à une pénétration des énergies renouvelables n'est pas vrai, ce n'est pas correct », a-t-elle insisté, en assurant que le rapport de février ne faisait que dresser la liste de risques potentiels, comme l'y oblige la législation. 

- « Ignorance » -

Mardi déjà, Pedro Sánchez avait lui aussi défendu le modèle énergétique mis en œuvre par son gouvernement, rappelant que la cause précise de la panne qui a provoqué le chaos au Portugal et en Espagne durant de longues heures lundi n'était toujours pas connue à ce stade.

« Ceux qui lient cet incident au manque de nucléaire mentent franchement ou démontrent leur ignorance », a assuré le dirigeant socialiste.

« Les centrales nucléaires, loin d'être une solution, ont été un problème » durant la panne, car « il a été nécessaire de rediriger vers elles de grandes quantités d'énergie pour maintenir leurs réacteurs stables », a insisté le chef du gouvernement. 

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la panne depuis deux jours, dont celle d'une cyberattaque. Mardi, la justice espagnole a ouvert une enquête pour déterminer si la panne avait été provoquée par un « sabotage informatique » susceptible d'être qualifié de « délit terroriste ».

REE estime cependant que cette hypothèse est peu crédible. « Au vu des analyses que nous avons pu réaliser avec l'aide notamment du Centre national du renseignement espagnol (CNI), nous pouvons écarter un incident de cybersécurité », a ainsi assuré le gestionnaire.

D'après REE, l'équivalent de 60 % de la consommation électrique de l'Espagne, soit 15 gigawatts, a disparu en l'espace de cinq secondes seulement lors de la panne survenue lundi à 12 h 33 (11 h 33 GMT), un phénomène qualifié d'« inédit » et « totalement extraordinaire ».


Des rapports internes concluent à un climat antisémite et anti-musulman à Harvard

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël". (AFP)
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  • Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël
  • Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants

NEW YORK: Deux rapports distincts sur Harvard publiés mardi par l'université ont établi qu'un climat antisémite et anti-musulman s'était installé sur le campus de la prestigieuse université américaine, dans le viseur de Donald Trump, et la pressent d'agir pour y remédier.

Ces deux rapports de plusieurs centaines de pages, construits notamment à partir de questionnaires et de centaines de témoignages d'étudiants et d'encadrants menés depuis janvier 2024, sont rendus au moment où l'université implantée près de Boston (nord-est) s'est attiré les foudres de Donald Trump, qui l'a dernièrement dépeinte en "institution antisémite d'extrême gauche", "foutoir progressiste" et "menace pour la démocratie".

Harvard, comme d'autres universités américaines de renom, Columbia en particulier, est accusée par le président républicain d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur son campus pendant les mouvements étudiants contre la guerre à Gaza menée par Israël après l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023.

Un premier groupe de travail sur l'antisémitisme et les positions anti-Israël, composé principalement de membres du corps enseignant mais aussi d'étudiants, a établi que les deux phénomènes "ont été alimentés, pratiqués et tolérés, non seulement à Harvard, mais aussi plus largement dans le monde universitaire".

Le rapport exhorte l'université pluricentenaire à "devenir leader dans la lutte contre l'antisémitisme et les positions anti-Israël".

Un autre groupe de travail distinct, lui consacré aux positions anti-musulmans, anti-arabes et anti-Palestiniens, a conclu à "un sentiment profondément ancré de peur parmi les étudiants, les enseignants et le personnel". Les personnes interrogées décrivent "un sentiment de précarité, d'abandon, de menace et d'isolement, ainsi qu'un climat d'intolérance omniprésent", écrivent ses auteurs.

"Harvard ne peut pas - et ne va pas - tolérer l'intolérance. Nous continuerons à protéger tous les membres de notre communauté et à les préserver du harcèlement", s'engage dans une lettre accompagnant les deux rapports le président de Harvard, Alan Garber, à l'initiative des deux rapports, en promettant de "superviser la mise en oeuvre des recommandations" préconisées.

Harvard, l'université la plus ancienne des Etats-Unis et une des mieux classées au monde, s'est distinguée en étant la première à attaquer en justice l'administration Trump contre un gel de plus de deux milliards de dollars de subventions fédérales, décidé après que la célèbre institution a refusé de se plier à une série d'exigences du président.

Donald Trump, qui reproche aux universités d'être des foyers de contestation progressiste, veut avoir un droit de regard sur les procédures d'admission des étudiants, les embauches d'enseignants ou encore les programmes.

L'accusation d'antisémitisme est fréquemment employée par son administration pour justifier ses mesures contre les établissements d'enseignement supérieur, ainsi que contre certains étudiants étrangers liés aux manifestations contre la guerre à Gaza.