Les élections internes et «secrètes» du Hamas provoquent des divisions

Le chef du Hamas Ismail Haniyeh et le chef du Jihad islamique Ziyad al-Nakhalah assistent à la réunion des partis palestiniens sur l'accord entre Israël et les Émirats Arabes Unis pour normaliser leurs relations, à Beyrouth, Liban, le 3 septembre 2020 (Photo, Reuters)
Le chef du Hamas Ismail Haniyeh et le chef du Jihad islamique Ziyad al-Nakhalah assistent à la réunion des partis palestiniens sur l'accord entre Israël et les Émirats Arabes Unis pour normaliser leurs relations, à Beyrouth, Liban, le 3 septembre 2020 (Photo, Reuters)
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Publié le Samedi 30 janvier 2021

Les élections internes et «secrètes» du Hamas provoquent des divisions

  • Le Conseil Général de la «Choura» du Hamas a rejeté la demande des dirigeants politiques de reporter les élections internes
  • Haniyeh n'est pas assuré de rester à son poste suite à la possibilité du retour de l'ancien chef Khaled Machaal

GAZA: Les élections internes secrètes du Hamas sont devenues l’objet d’un clivage grandissant au sein du parti, alors que se multiplient les appels à une plus grande ouverture et représentation durant les quelques mois qui précèdent les élections législatives palestiniennes  prévues en mai 2021.

Le Conseil Général de la « Choura » du Hamas a rejeté la demande des dirigeants politiques de reporter les élections internes d'un an, afin de permettre au parti de consacrer du temps à la préparation des élections législatives, et œuvrer à assoir son influence politique.

Le Hamas, qui célèbrera son 34e anniversaire cette année, compte sur de l’émergence de nouveaux leaders pour diriger le parti au cours des quatre prochaines années, alors que des conflits internes font surface, allant à l’encontre de la tendance au secret et au traditionalisme qui ont longtemps régné au sein du mouvement.

Une source officielle du Hamas a déclaré que si le dialogue inter-palestinien, tenu au Caire, sur les prochaines législatives se révèle fructueux, le Hamas organisera immédiatement des élections internes, dans un cadre temporel de deux mois au lieu de six.

Traditionnellement, les élections internes pour choisir la direction du Hamas se déroulent tous les quatre ans dans le plus grand secret dans trois régions : la bande de Gaza, la Cisjordanie, et auprès de la diaspora. Les postes à pourvoir vont du leadership des sous-régions, aux postes du Conseil de la Choura, ainsi que les postes du Bureau politique représentant la plus haute «autorité exécutive» du mouvement.

Le Bureau politique se compose de quinze membres, répartis également à travers Gaza, la Cisjordanie et la diaspora. Ils sont choisis par la Choura, plus haute autorité de réglementation du Hamas, qui comprend un certain nombre de membres anonymes.

Les dernières élections internes ont eu lieu en 2017 et ont vu Ismail Haniyeh devenir chef du Bureau politique – alors une première pour un dirigeant élu à un poste exécutif tout en étant basé à Gaza.

Retour de Khaled Machaal ?

Selon des informations largement diffusées, Haniyeh n'est pas assuré de rester à son poste pour un second mandat, compte tenu du soutien turco-qatari au retour de l'ancien chef Khaled Machaal, qui, selon les règles de procédure, peut redevenir président.

Haniyeh, qui vient d'une famille de réfugiés, vit à l'étranger depuis plus d'un an, se déplaçant entre Ankara et Doha, tandis que Machaal, né au Koweït, réside de façon permanente à Doha depuis que le Hamas a quitté la Syrie à la suite de différends avec le régime de Bachar Assad.

Le mois dernier, le Hamas a organisé des élections pour la nouvelle direction de la Haute Autorité de Commandement dans les prisons israéliennes. Salama Al-Qatawi, un détenu, a été nommé chef, le détenu Abdel Nasser Issa son adjoint, tandis que treize autres prisonniers obtenaient l'adhésion au mouvement.

Une source proche du Hamas a affirmé à Arab News sous le couvert de l’anonymat que les prisonniers du Hamas étaient mécontents des positions du leadership et de leur manque de pouvoir dans la prise de décisions.

Notre source a ajouté que les prisonniers demandaient que les prisons soient adoptées comme quatrième région lors des élections, que leur chef devienne membre du nouveau Bureau politique, et que son adjoint soit membre du Conseil de la Choura.

Si leur campagne réussissait, les prisonniers auraient un représentant au Bureau politique pour la première fois depuis des années.

Wasfi Qabha, un important chef de file du Hamas en Cisjordanie et ancien ministre des prisonniers, a défendu le droit des prisonniers à être représentés au Bureau politique.

Il s'est dit mécontent de la représentation des prisonniers et de la Cisjordanie lors des dernières élections, ajoutant: «Il n'est pas acceptable que les prisonniers n'aient pas de représentant, ceux qui représentent la Cisjordanie ayant des membres résidant à l'extérieur.»

La Cisjordanie est représentée au Bureau politique par des ex-prisonniers et des dirigeants exilés qui se sont installés dans la région, ce qui a conduit à des accusations selon lesquelles sa direction manque d'authenticité.

«Le principe est que quiconque quitte la Cisjordanie rentre dans le quota de l'étranger, et laisse la représentation de la Cisjordanie à son peuple. La Cisjordanie n'est pas un enfant mineur qui a besoin de tutelle», a déclaré Qabha à Arab News.

Les élections en Cisjordanie sont supervisées par Saleh Al-Arouri, chef adjoint du Bureau politique, qui a vécu à l'étranger après son expulsion en 2011, à la suite de sa libération d'une prison israélienne, dans le cadre de l'échange de prisonniers avec Gilad Shalit.

Le système interne du Hamas repose sur le secret. Il interdit aux membres de se présenter directement à l'une de ses instances dirigeantes. Il repose plutôt sur le principe de l’approbation, selon lequel des personnalités sont sélectionnées pour se présenter aux postes à pourvoir - du niveau inférieur au niveau supérieur.

Changement du schéma traditionnel

Récemment, de nouvelles voix ont émergé au sein du Hamas, appelant à un changement dans le schéma traditionnel des élections pour suivre le rythme des développements et faire face aux défis internes et externes.

Il s'agit notamment de Ghazi Hamad, chef du ministère du Développement social à Gaza, qui a écrit l'article «Les élections du Hamas - entre les stéréotypes traditionnels et le renouvellement nécessaire», dans lequel il a soutenu qu'il était temps de «briser la tradition et d'adopter le changement, la franchise, l’audace et l’action qualitative.»

Hamad s'est adressé à la base du Hamas, affirmant qu'il était erroné de limiter les élections d'un grand mouvement ayant une histoire, une popularité et une présence nationale à des fins purement partisanes.

Il a ajouté que certaines personnes voulaient que les élections restent «traditionnelles, stéréotypées et secrètes», refusant aux membres la capacité de communiquer et de modifier le leadership, et limitant les choix à certaines zones géographiques.

Khalil Al-Hayya, membre du Bureau politique, a déclaré dans une interview accordée à Aqsa TV du Hamas que le mouvement avait pris sa décision d’organiser des élections internes aux dates prévues, ajoutant que les élections se dérouleraient «sans heurts et dans une atmosphère amicale.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.