GAZA: Les élections internes secrètes du Hamas sont devenues l’objet d’un clivage grandissant au sein du parti, alors que se multiplient les appels à une plus grande ouverture et représentation durant les quelques mois qui précèdent les élections législatives palestiniennes prévues en mai 2021.
Le Conseil Général de la « Choura » du Hamas a rejeté la demande des dirigeants politiques de reporter les élections internes d'un an, afin de permettre au parti de consacrer du temps à la préparation des élections législatives, et œuvrer à assoir son influence politique.
Le Hamas, qui célèbrera son 34e anniversaire cette année, compte sur de l’émergence de nouveaux leaders pour diriger le parti au cours des quatre prochaines années, alors que des conflits internes font surface, allant à l’encontre de la tendance au secret et au traditionalisme qui ont longtemps régné au sein du mouvement.
Une source officielle du Hamas a déclaré que si le dialogue inter-palestinien, tenu au Caire, sur les prochaines législatives se révèle fructueux, le Hamas organisera immédiatement des élections internes, dans un cadre temporel de deux mois au lieu de six.
Traditionnellement, les élections internes pour choisir la direction du Hamas se déroulent tous les quatre ans dans le plus grand secret dans trois régions : la bande de Gaza, la Cisjordanie, et auprès de la diaspora. Les postes à pourvoir vont du leadership des sous-régions, aux postes du Conseil de la Choura, ainsi que les postes du Bureau politique représentant la plus haute «autorité exécutive» du mouvement.
Le Bureau politique se compose de quinze membres, répartis également à travers Gaza, la Cisjordanie et la diaspora. Ils sont choisis par la Choura, plus haute autorité de réglementation du Hamas, qui comprend un certain nombre de membres anonymes.
Les dernières élections internes ont eu lieu en 2017 et ont vu Ismail Haniyeh devenir chef du Bureau politique – alors une première pour un dirigeant élu à un poste exécutif tout en étant basé à Gaza.
Retour de Khaled Machaal ?
Selon des informations largement diffusées, Haniyeh n'est pas assuré de rester à son poste pour un second mandat, compte tenu du soutien turco-qatari au retour de l'ancien chef Khaled Machaal, qui, selon les règles de procédure, peut redevenir président.
Haniyeh, qui vient d'une famille de réfugiés, vit à l'étranger depuis plus d'un an, se déplaçant entre Ankara et Doha, tandis que Machaal, né au Koweït, réside de façon permanente à Doha depuis que le Hamas a quitté la Syrie à la suite de différends avec le régime de Bachar Assad.
Le mois dernier, le Hamas a organisé des élections pour la nouvelle direction de la Haute Autorité de Commandement dans les prisons israéliennes. Salama Al-Qatawi, un détenu, a été nommé chef, le détenu Abdel Nasser Issa son adjoint, tandis que treize autres prisonniers obtenaient l'adhésion au mouvement.
Une source proche du Hamas a affirmé à Arab News sous le couvert de l’anonymat que les prisonniers du Hamas étaient mécontents des positions du leadership et de leur manque de pouvoir dans la prise de décisions.
Notre source a ajouté que les prisonniers demandaient que les prisons soient adoptées comme quatrième région lors des élections, que leur chef devienne membre du nouveau Bureau politique, et que son adjoint soit membre du Conseil de la Choura.
Si leur campagne réussissait, les prisonniers auraient un représentant au Bureau politique pour la première fois depuis des années.
Wasfi Qabha, un important chef de file du Hamas en Cisjordanie et ancien ministre des prisonniers, a défendu le droit des prisonniers à être représentés au Bureau politique.
Il s'est dit mécontent de la représentation des prisonniers et de la Cisjordanie lors des dernières élections, ajoutant: «Il n'est pas acceptable que les prisonniers n'aient pas de représentant, ceux qui représentent la Cisjordanie ayant des membres résidant à l'extérieur.»
La Cisjordanie est représentée au Bureau politique par des ex-prisonniers et des dirigeants exilés qui se sont installés dans la région, ce qui a conduit à des accusations selon lesquelles sa direction manque d'authenticité.
«Le principe est que quiconque quitte la Cisjordanie rentre dans le quota de l'étranger, et laisse la représentation de la Cisjordanie à son peuple. La Cisjordanie n'est pas un enfant mineur qui a besoin de tutelle», a déclaré Qabha à Arab News.
Les élections en Cisjordanie sont supervisées par Saleh Al-Arouri, chef adjoint du Bureau politique, qui a vécu à l'étranger après son expulsion en 2011, à la suite de sa libération d'une prison israélienne, dans le cadre de l'échange de prisonniers avec Gilad Shalit.
Le système interne du Hamas repose sur le secret. Il interdit aux membres de se présenter directement à l'une de ses instances dirigeantes. Il repose plutôt sur le principe de l’approbation, selon lequel des personnalités sont sélectionnées pour se présenter aux postes à pourvoir - du niveau inférieur au niveau supérieur.
Changement du schéma traditionnel
Récemment, de nouvelles voix ont émergé au sein du Hamas, appelant à un changement dans le schéma traditionnel des élections pour suivre le rythme des développements et faire face aux défis internes et externes.
Il s'agit notamment de Ghazi Hamad, chef du ministère du Développement social à Gaza, qui a écrit l'article «Les élections du Hamas - entre les stéréotypes traditionnels et le renouvellement nécessaire», dans lequel il a soutenu qu'il était temps de «briser la tradition et d'adopter le changement, la franchise, l’audace et l’action qualitative.»
Hamad s'est adressé à la base du Hamas, affirmant qu'il était erroné de limiter les élections d'un grand mouvement ayant une histoire, une popularité et une présence nationale à des fins purement partisanes.
Il a ajouté que certaines personnes voulaient que les élections restent «traditionnelles, stéréotypées et secrètes», refusant aux membres la capacité de communiquer et de modifier le leadership, et limitant les choix à certaines zones géographiques.
Khalil Al-Hayya, membre du Bureau politique, a déclaré dans une interview accordée à Aqsa TV du Hamas que le mouvement avait pris sa décision d’organiser des élections internes aux dates prévues, ajoutant que les élections se dérouleraient «sans heurts et dans une atmosphère amicale.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com







