Virage social aux États-Unis où Biden veut doubler le salaire minimum

Manifestation de soutien au projet de loi, composée de travailleurs de l’industrie du service, le 20 janvier à Washington (Photo, AFP).
Manifestation de soutien au projet de loi, composée de travailleurs de l’industrie du service, le 20 janvier à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 31 janvier 2021

Virage social aux États-Unis où Biden veut doubler le salaire minimum

  • L'ambitieuse proposition de Joe Biden, déjà sur le bureau des législateurs, pourrait s'avérer une révolution sociale pour les plus démunis aux Etats-Unis
  • «Avant même la pandémie, le salaire minimum fédéral de 7,25 dollars était économiquement et moralement indéfendable», a résumé le démocrate de l'Etat de Virginie, Bobby Scott

WASHINGTON: Doubler le salaire minimum pour extirper des millions d'Américains de la pauvreté. L'ambitieuse proposition de Joe Biden, déjà sur le bureau des législateurs, pourrait s'avérer une révolution sociale pour les plus démunis aux États-Unis, pays aux disparités socio-économiques criantes.

« Avant même la pandémie, le salaire minimum fédéral de 7,25 dollars était économiquement et moralement indéfendable », a résumé le démocrate de l'Etat de Virginie, Bobby Scott, en présentant le projet de loi.

Celui-ci n'a pas bougé d'un iota depuis le 24 juillet 2009.

Quoique très populaire dans la population - jusque dans les rangs des partisans républicains - et soutenue depuis plus d'une décennie par les syndicats, l'initiative se heurte à l'opposition des républicains sous la pression des lobbys d'entreprises qui refusent des coûts supplémentaires.

« Pas un idéal radical »

« Ce n'est pas un idéal radical », a assuré Bernie Sanders, ancien candidat progressiste à la présidentielle qualifiant les 7,25 dollars « de salaire famine ».

« Dans le pays le plus riche du monde, quand on travaille 40 heures hebdomadaires, on ne devrait pas vivre dans la pauvreté », a martelé le sénateur du Vermont qui porte le projet et espère convaincre les sceptiques.

Le marasme économique provoqué par la pandémie affecte surtout les petites entreprises, notamment du secteur de la restauration. Elles ne voient donc pas d'un bon œil cette proposition incluse dans le gigantesque plan de sauvetage de 1 900 milliards de dollars.

Le vice-président de la Fédération nationale des restaurants (NRA) Sean Kennedy a ainsi fraîchement accueilli le projet d'autant qu'il comprend l'obligation de payer intégralement ce salaire minimum indépendamment des pourboires imposés aux clients. Ceux-ci permettent aux patrons de ne rémunérer les salariés que deux ou trois dollars quand ces fameux « tips » comblent l'écart avec les 7,25 dollars.

Cette mesure « entraînera des coûts insurmontables » pour de nombreux établissements qui n'auront pas d'autre choix que de licencier davantage ou de fermer définitivement, prédit Kennedy. 

Les éléments clés du projet de loi sur le salaire minimum

Le projet de loi, « Raise the Wage Act of 2021 », déposé par le démocrate de l'Etat de Virginie, Bobby Scott, est largement soutenu par l'aile progressiste du parti démocrate.

Le texte prévoit de porter le salaire minimum à 9,50 dollars de l'heure, trois mois seulement après sa promulgation.

Quatre hausses interviendraient ensuite pour atteindre 15 dollars en 2025.

Par la suite, le salaire minimum fédéral serait indexé sur la croissance médiane des salaires. 

Un salaire minimum fédéral à 15 dollars est réclamé depuis longtemps par les syndicats et les démocrates.

L'ancien président Barack Obama n'est pas parvenu à le faire augmenter au cours de ses deux mandats face à la vive opposition des républicains.

Les 7,25 dollars avaient été atteints le 24 juillet 2009, fruit d'une loi votée deux ans plus tôt. Depuis, ce salaire est resté inchangé.

Le débat au Congrès promet d'être mouvementé alors que les économistes n'ont pas trouvé de consensus sur l'impact - positif ou négatif - d'une hausse du salaire minimum sur l'économie.

La nouvelle secrétaire au Trésor, Janet Yellen rétorque que « augmenter le salaire minimum permettra à des dizaines de millions d'Américains de sortir de la pauvreté tout en créant des opportunités pour d'innombrables petites entreprises du pays ». 

Tout dépend de la manière dont il va être mis en œuvre, a-t-elle argué, relevant une hausse graduelle -- 15 dollars à l'horizon 2025 -- donnant « suffisamment de temps pour s'adapter ».

Bon ou mauvais pour l'économie ? Le débat fait rage depuis des lustres au sein des économistes et n'est pas tranché, d'autant que la réalité économique n'est pas la même qu'on travaille à New York (nombreuses opportunités, coût de la vie élevé...) ou dans le Mississippi (tissu économique moins dense, vie beaucoup moins chère...).

Cercle vertueux ?

Mais l'administration Biden met en avant le cercle vertueux : rémunérer ceux qui ont les salaires les plus bas favoriserait des milliards de dollars de dépenses de consommation supplémentaires de biens et services fournis... par les petites entreprises. 

En 2019, 1,6 million de travailleurs avaient un salaire égal ou inférieur au minimum fédéral, soit 1,9% de tous les travailleurs payés à l'heure, selon le Bureau des statistiques. 

Un petit nombre car le salaire minimum, instauré en 1938 par Franklin Roosevelt pendant la Grande Dépression, est devenu au fil du temps théorique.

Si les Etats du sud et du centre appliquent généralement le salaire minimum, ceux de l'Est et la riche Californie ont acté un taux très supérieur : 12, 13 voire 15 dollars. 

Et, de grandes entreprises dont Amazon et Starbucks appliquent déjà un salaire de 15 dollars pour attirer la main d'œuvre.

En France, plus de «coup de pouce» mais des hausses de prestations sociales

En France, le salaire minimum (Smic) a fêté ses 50 ans en 2020. Depuis 2008, sa revalorisation intervient le 1er janvier de manière automatique selon deux critères : l'inflation et le pouvoir d'achat. En janvier, il a ainsi augmenté de 0,99% pour atteindre 10,25 euros brut (soit 1 231 euros net par mois).

En 2020, la revalorisation de 1,2% a bénéficié à 2,25 millions de salariés, soit 13% du secteur privé. La proportion de salariés au Smic est trois fois plus élevée parmi ceux à temps partiel (30% contre 9% pour ceux à temps complet) et au sein des petites entreprises. 

Chaque année, certains syndicats (comme la CGT qui réclame un Smic à 1 800 euros) demandent au gouvernement d'aller au-delà de cette hausse automatique, mais le dernier « coup de pouce » (de 2%) remonte à juillet 2012 au lendemain de l'élection du président socialiste François Hollande.

Les gouvernements qui ont suivi se sont abstenus de toute hausse exceptionnelle, jugeant que cela nuirait à l'emploi des moins qualifiés. Du fait de cotisations sociales fortement allégées ces dernières années, le coût du travail au Smic comparé à celui du salaire médian se situe dans la moyenne des pays de l'OCDE, devenant même en 2019 inférieur à celui de l'Allemagne. 

Pour soutenir le revenu des travailleurs modestes, les gouvernements ont préféré augmenter « la prime d'activité », créée en 2016. Face au mouvement des « gilets jaunes » fin 2018, Emmanuel Macron a décidé d'augmenter de 90 euros cette prime mensuelle pour les travailleurs au niveau du Smic. Fin 2019, 4,3 millions de foyers la touchaient, soit une hausse de 43% en un an, pour un montant moyen de 185 euros.

Le salaire de Maggie Breshears, employée du groupe Fred Meyer à Seattle, s'élève ainsi à 17,59 dollars contre 10 dollars en 2013.

« Quand on peut fournir un emploi à quelqu'un, on doit lui payer un salaire décent pour vivre », opine-t-elle.

Passage en force ?

Un taux horaire de 15 dollars d'ici 2025 augmenterait les salaires de 27,3 millions de personnes et sortirait 1,3 million de familles de la pauvreté, a calculé l'Office du budget du Congrès. Mais il estime aussi que cela pourrait faire perdre 1,3 million d'emplois.

Pour Gregory Daco, chef économiste chez Oxford Economics, au-delà de l'impact potentiel, la proposition illustre le virage social souhaité par Joe Biden. 

Cela « confirme la volonté d'une administration de se concentrer davantage sur les inégalités sociales et raciales qui avaient conduit à de fortes tensions l'année dernière », souligne-t-il.

La proposition sera difficile à faire adopter même si les démocrates dominent les deux chambres.

Bernie Sanders a déjà évoqué le recours à un dispositif pour entériner la loi par une simple majorité.


CMA CGM annonce la reprise de la compagnie aérienne cargo en faillite Air Belgium

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. (AFP)
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  • Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium
  • L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable

PARIS: Le transporteur maritime français CMA CGM a annoncé mercredi qu'il reprenait la compagnie aérienne belge Air Belgium qui était placée en liquidation en raison d'un passif important accumulé pendant la pandémie de Covid, en promettant de sauvegarder 124 emplois sur 401.

Le groupe marseillais, qui a lancé CMA CGM Air Cargo en mars 2021 pour proposer une offre de fret aérien, va mettre la main sur les quatre avions cargo d'Air Belgium. Il totalisera dès lors neuf appareils effectuant plusieurs liaisons depuis la France, la Belgique et les Etats-Unis. Sa flotte doit doubler d'ici 2027.

L'ajout des quatre appareils d'Air Belgium - deux Airbus A330F et deux Boeing B747F - "permet de renforcer immédiatement nos capacités aériennes tout en répondant aux défis logistiques actuels", s'est réjoui le vice-président exécutif de la division aérienne de CMA CGM, Damien Mazaudier.

L'offre de reprise du transporteur maritime avait été validée par le tribunal de l'entreprise du Brabant wallon fin mars. Air Belgium accumulait les difficultés depuis 2023, après avoir tenté de lancer une activité passager qui n'a jamais été rentable.

Les liens entre Air Belgium et CMA CGM sont anciens puisque la compagnie belge était chargée de l'exploitation de quatre Airbus A330F appartenant à CMA CGM Air Cargo basés à Liège, avant que la compagnie n'obtienne son certificat de transporteur aérien français et ne rapatrie ses appareils à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

CMA CGM a décidé de conserver la marque Air Belgium, "compagnie emblématique du paysage aérien belge", et les appareils resteront basés en Belgique. Deux d'entre eux effectuent une liaison régulière entre Bruxelles et la Chine, tandis que les deux autres sont exploités pour le compte de tiers, a indiqué Damien Mazaudier.

Parallèlement, le groupe marseillais a annoncé son intention de renforcer sa flotte basée à Chicago, où stationnent déjà deux Boeing B777F, "auxquels viendront s'ajouter trois autres appareils" du même modèle.

Ce hub permet d'effectuer des liaisons entre les Etats-Unis, la Chine et l'Asie du Sud-Est. CMA CGM n'a pas souhaité commenter l'impact de la guerre commerciale en cours entre Pékin et Washington sur cette activité.

"Ces avions renforceront la présence du groupe sur les routes transpacifiques et soutiendront l'expansion de ses activités cargo sur le marché américain", a expliqué CMA CGM.

En Europe, CMA CGM Air Cargo dispose déjà de liaisons régulières depuis Paris vers Hong Kong, Shanghai et Zhengzhou.


L’autorité portuaire saoudienne renforce l’attractivité de Dammam avec une zone logistique ambitieuse

La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de SR visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume.
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  • L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam
  • Le projet renfore l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique

RIYAD : L'Autorité portuaire générale d'Arabie saoudite, connue sous le nom de Mawani, a signé un nouvel accord pour développer une zone logistique d'une valeur de 300 millions de riyals saoudiens (79 millions de dollars) dans le port Roi Abdulaziz de Dammam, renforçant ainsi l'ambition du Royaume de devenir une plaque tournante mondiale de la logistique.

Le projet, lancé en partenariat avec Alissa International Motors - une filiale du groupe Abdullatif Alissa Holding - couvrira 382 000 mètres carrés. La nouvelle installation servira de plaque tournante pour l'importation et la réexportation de véhicules et de pièces détachées, a indiqué l'autorité dans un communiqué.

Cette initiative s'aligne sur les objectifs de la stratégie nationale de l'Arabie saoudite en matière de transport et de logistique, qui vise à améliorer l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement et à attirer les investissements étrangers et nationaux. La zone logistique de Dammam fait partie d'un plan d'investissement plus large de 10 milliards de RS visant à établir 20 centres logistiques intégrés à travers le Royaume sous la supervision de l'autorité.

La nouvelle installation comprendra un entrepôt de 7 000 mètres carrés consacré au stockage des pièces détachées et conçu pour accueillir plus de 13 000 véhicules.

"Ce développement renforcera l'avantage concurrentiel du port et sa position en tant que centre logistique régional en fournissant des services logistiques de haute qualité", selon Mawani.

L'autorité a également souligné que le projet contribuerait à la diversification de l'économie et renforcerait la participation du secteur privé à la croissance du Royaume.

Le port Roi Abdulaziz, qui constitue déjà un lien vital entre l'Arabie saoudite et les marchés internationaux, offre des infrastructures et des capacités logistiques de pointe, ce qui en fait une destination attrayante pour les entreprises de commerce international.

Par ailleurs, Mawani a signé un autre contrat avec Sultan Logistics pour l'établissement d'une zone logistique supplémentaire dans le port du roi Abdulaziz, d'une valeur de 200 millions de RS. D'une superficie de 197 000 mètres carrés, l'installation comprendra 35 000 mètres carrés d'espace d'entreposage, des bureaux administratifs, des parcs de stockage pour les conteneurs secs et réfrigérés, ainsi qu'une zone de réexportation dédiée.

"Ces installations amélioreront la qualité des services logistiques offerts dans le port et soutiendront le commerce grâce à une efficacité opérationnelle accrue", a ajouté Mawani.

La création de ces nouvelles zones devrait considérablement renforcer la capacité opérationnelle et la compétitivité du port Roi Abdulaziz.

En 2024, l'Arabie saoudite a lancé, développé et inauguré huit zones et centres logistiques, soutenus par environ 2,9 milliards de RS d'investissements du secteur privé. Ces efforts s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie plus large visant à consolider la position du Royaume en tant que puissance logistique mondiale de premier plan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Moody’s et Fitch attribuent des notes de qualité à AviLease, société du PIF

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, la société AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable. (Photo fournie)
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  • Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance
  •  Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030

RIYAD: La société saoudienne AviLease a reçu des notations de crédit de premier ordre de la part des agences Moody’s et Fitch Ratings, alors qu’elle poursuit l’expansion de son portefeuille et renforce son rôle stratégique dans le secteur aéronautique du Royaume.

Détenue par le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, AviLease a annoncé que Moody's lui avait attribué la note Baa2 avec une perspective stable et que Fitch lui avait attribué la note BBB avec une perspective stable.

Les deux agences ont mis en avant le portefeuille de haute qualité d'AviLease, composé d'avions de nouvelle technologie avec une forte combinaison de crédit, ainsi que la solidité de son bilan et sa trajectoire de croissance.

Elles ont noté que la société devrait devenir l'un des principaux acteurs du secteur mondial du leasing d'ici à 2030.

«Les notations ouvrent la voie à une flexibilité financière encore plus grande, car nous pourrons accéder aux marchés des capitaux de la dette non garantie», a déclaré Edward O'Byrne, PDG d'AviLease, dans un communiqué de presse.

Il poursuit: «L'obtention d'une notation de qualité en moins de trois ans depuis notre création est un exploit remarquable, et nous pensons qu'elle positionne AviLease dans un groupe restreint de bailleurs de l'industrie en un temps record.»

Les notations reconnaissent également le rôle stratégique d'AviLease dans le soutien des initiatives du secteur de l'aviation du PIF dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

«Ces notations permettront à AviLease d'accéder aux marchés de capitaux mondiaux pour financer ses stratégies commerciales, en se positionnant à l'avant-garde de l'industrie du leasing d'avions, en parfaite adéquation avec la stratégie nationale de l'aviation et la Vision 2030 de l'Arabie saoudite», a déclaré Fahad al-Saif, président d'AviLease.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com