Tinhinane Laceb : «Le féminicide de trop» ?

La nouvelle de la mort tragique de Tinhinane Laceb, journaliste de la Chaîne 4 de la télévision nationale et mère de deux filles en bas âge, circule sur les réseaux sociaux telle une traînée de poudre, suscitant choc et consternation (Photo, fournie).
La nouvelle de la mort tragique de Tinhinane Laceb, journaliste de la Chaîne 4 de la télévision nationale et mère de deux filles en bas âge, circule sur les réseaux sociaux telle une traînée de poudre, suscitant choc et consternation (Photo, fournie).
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Publié le Lundi 01 février 2021

Tinhinane Laceb : «Le féminicide de trop» ?

  • Ce énième fait divers, qui vient allonger la liste des féminicides commis en Algérie, suscite une vague de réactions sur les réseaux sociaux
  • Ces drames sont encore bien trop souvent perçus comme banals ou répertoriés comme crimes passionnels

ALGER: «Maman dévouée», «travailleuse acharnée», «amoureuse de la nature et de ses bienfaits», «collègue exemplaire», ce sont là les termes utilisés par les collègues et voisins de Tinhinane Laceb, journaliste de la chaîne tamazight (TV 4) de la télévision nationale algérienne.

Attristés par la terrible nouvelle tombée le 27 janvier dernier, toutes et tous ont du mal à croire que leur amie est morte. Et de quelle manière! Une mort brutale mais aussi et surtout énigmatique. La trentenaire, qui présentait une émission sur l’environnement en langue amazighe, a été retrouvée morte chez elle. Les circonstances de son décès restent «floues», mais une chose est certaine: une multitude d’indices accablent son mari. Une enquête, menée par les services de sécurité, est en cours pour déterminer les causes exactes qui ont conduit à cette mort mystérieuse.

Ce énième fait divers, qui vient allonger la liste des féminicides commis en Algérie, suscite une vague de réactions sur les réseaux sociaux. Entre indignation et choc, un flot de tristesse envahit la Toile. «Tinhinane était une femme dotée d’une éducation exemplaire, connue de tous», témoigne Sonia Gaci, journaliste et collègue de la défunte. «Elle était toujours souriante, douce, et nous tous l’appréciions. Elle va vraiment nous manquer», ajoute-t-elle.

«La nouvelle est un choc pour toute l’équipe de la rédaction», confie Lynda Argradj qui a exprimé sa tristesse à la suite de cette perte inattendue. «Sachez que Tina, par l’exemplarité de sa carrière, nous laisse le souvenir d’une femme intègre, droite, au grand cœur», ajoute-t-elle. «Je suis atterrée par la terrible nouvelle. Je suis de tout cœur avec sa famille, et mes pensées vont vers ses deux petites filles âgées à peine de 7 et 3 ans».

Son bourreau en a décidé autrement

En somme, tous les témoignages recueillis par Arab News en français s’accordent à dire qu’elle était appréciée par tous ceux avec qui elle a travaillé ou qu’elle a côtoyée. Tous gardent d’elle un souvenir positif: «Tinhinane a toujours présenté ses sujets de manière remarquable. Elle avait pour habitude de tout préparer, en n’oubliant aucun détail pour que ses émissions puissent être à la hauteur de ses espérances» indique Saliha Mohammedi. «En vraie professionnelle, elle était toujours à l’affût de l’information, d’une idée nouvelle qu’elle pourrait éventuellement développer.»

Lors d’une minute de silence observée à l’Établissement national de la télévision, ses supérieurs ont témoigné de son sérieux, de son dynamisme et de sa recherche continue de l’excellence prenant pour exemple sa dernière émission qui, selon eux, était «juste parfaite».

Tout porte à croire, qu’une brillante carrière l’attendait mais… son bourreau en a décidé autrement. Selon ses proches, «Tina» – comme beaucoup préfèrent l’appeler – vivait un enfer au quotidien avec un homme violent aujourd’hui soupçonné de l’avoir tuée.

C’est d’ailleurs ce que confirme un membre de sa famille. «Ce n’était plus toi, depuis longtemps. Amaigrie, amoindrie, dans ton voile exagérément ample, l’étincelle même de ton intelligence s’évadait. RIP Tinhinane», écrit Djamel Laceb, dans un hommage publié sur son Facebook.

Révoltées et abasourdies

Même sentiment d’indignation chez Narimane Mouaci Bahi et Wiame Awres, militantes féministes algériennes et fondatrices du site Femincides-dz.com: «C’est une journaliste, son meurtre devrait être médiatisé, mais, ironie du sort, ce n’est pas le cas. Elle a hélas été enterrée dans l’indifférence la plus totale des médias algériens», regrette Narimane.

Pour les militantes, ce meurtre vient confirmer, une fois encore, la réalité des violences conjugales commises par des hommes dans une société patriarcale discriminatoire, basée sur le sexe engendrant ainsi des relations de pouvoir. «Ces crimes sont l’aboutissement d’une mécanique qui aurait pu, et aurait dû, être identifiée et désamorcée», explique Wiame.

«L’indifférence des pouvoirs publics face à ces homicides est révoltante. Ces drames sont encore bien trop souvent perçus comme banals ou répertoriés comme crimes passionnels», note-t-elle.

Selon les militantes pour les droits des femmes rencontrées par Arab News en français, toutes se disent convaincues que les féminicides et les violences faites aux femmes ne sont pas une affaire privée ou personnelle et ne concernent pas exclusivement la victime et le criminel, mais devraient interpeller l’État, la justice ainsi que la société qui doivent assumer leurs responsabilités.

En outre, Narimane et Wiame insistent sur l’importance de la sensibilisation et de l’implication sérieuse de tous dans l’instauration de politiques de prévention et de protection des femmes victimes de violences, afin d’éviter les féminicides. Cela passe, selon elles, par des lois égalitaires et des mesures d’autonomisation des femmes.

En l’absence de statistiques officielles, le site fémécides-dz.com recense 54 cas de meurtre de femmes pour la seule année 2020, contre 75 en 2019. «Un chiffre vraisemblablement en deçà de la réalité», selon les initiatrices du projet.


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
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  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".


L’Arabie saoudite salue la décision des États-Unis de lever les sanctions contre la Syrie

L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
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  • L’Arabie saoudite estime que la levée des sanctions américaines contre la Syrie soutiendra la stabilité et le développement du pay
  • Riyad salue le rôle des États-Unis et les mesures prises par Damas pour favoriser la reconstruction et le retour des déplacés

RIYAD : L’Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu du Caesar Act, estimant que cette mesure soutiendra la stabilité, la prospérité et le développement du pays, et contribuera à répondre aux aspirations du peuple syrien.

Dans un communiqué publié vendredi, le Royaume a salué le rôle positif joué par le président américain Donald Trump dans ce processus, depuis l’annonce faite lors de sa visite à Riyad en mai 2025 de la décision de lever l’ensemble des sanctions contre la Syrie, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le communiqué précise que le processus a abouti à la signature par le président Trump de la loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2026, laquelle inclut l’abrogation du Caesar Act, a ajouté la SPA.

L’Arabie saoudite a également félicité les dirigeants, le gouvernement et le peuple syriens à l’occasion de la levée des sanctions, tout en exprimant sa reconnaissance pour les mesures prises par Damas afin de rétablir la stabilité dans l’ensemble du pays.

Le Royaume a souligné que ces efforts contribueront à créer des conditions favorables à la reconstruction de l’État syrien et de son économie, ainsi qu’à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées syriennes dans leurs foyers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une fondation caritative saoudienne célèbre la Journée mondiale de la langue arabe avec l’UNESCO à Paris

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
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  • Une célébration à l’UNESCO à Paris a mis en lumière le rôle mondial de la langue arabe et son apport au dialogue interculturel
  • Le partenariat entre l’UNESCO et la fondation saoudienne prévoit plusieurs projets clés pour renforcer la promotion de l’arabe

RIYAD : La fondation caritative Sultan bin Abdulaziz Al-Saud et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont célébré cette semaine à Paris la Journée mondiale de la langue arabe lors d’un événement placé sous le thème : « Des voies innovantes pour l’arabe : politiques et pratiques pour un avenir linguistique plus inclusif ».

Organisée en collaboration avec la délégation permanente du Royaume auprès de l’UNESCO, la rencontre a réuni, selon les organisateurs, un groupe distingué de dirigeants internationaux, de décideurs politiques, d’experts, d’intellectuels et de spécialistes des affaires linguistiques et culturelles venus du monde entier, afin de souligner le rayonnement mondial de la langue arabe et son rôle central dans la promotion de la diversité culturelle et du dialogue entre les civilisations.

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l’UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’organisation, ainsi que Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation.

Dans son discours, El-Enany a mis en avant l’importance du partenariat entre l’UNESCO et la fondation, estimant qu’il permet à l’organisation d’élargir l’ampleur de ses ambitions. Plusieurs projets majeurs sont prévus dans le cadre de cette collaboration, a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com