Les pourparlers entre Ankara et Athènes se déroulent sans grandes attentes

 Cette photo prise le 25 janvier 2021, et publiée par le bureau de presse du ministère turc des Affaires étrangères, montre le diplomate grec Pavlos Apostolidis (2eme à gauche), le vice-ministre turc des Affaires étrangères Sedat Onal (2eme à droite), le porte-parole du président turc Ibrahim Kalin (3eme à droite) et leurs délégations en réunion au palais de Dolmabahce à Istanbul, alors que les pourparlers reprennent pour tenter de régler le différend en Méditerranée orientale. (Photo, AFP/ministère turc des Affaires étrangères)
Cette photo prise le 25 janvier 2021, et publiée par le bureau de presse du ministère turc des Affaires étrangères, montre le diplomate grec Pavlos Apostolidis (2eme à gauche), le vice-ministre turc des Affaires étrangères Sedat Onal (2eme à droite), le porte-parole du président turc Ibrahim Kalin (3eme à droite) et leurs délégations en réunion au palais de Dolmabahce à Istanbul, alors que les pourparlers reprennent pour tenter de régler le différend en Méditerranée orientale. (Photo, AFP/ministère turc des Affaires étrangères)
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Publié le Mercredi 03 février 2021

Les pourparlers entre Ankara et Athènes se déroulent sans grandes attentes

  • Les relations gréco-américaines sont à leur apogée, renforcées lors des années Trump par de multiples accords sur le commerce et la défense mutuelle
  • Lier la Turquie à la Chine, le principal adversaire géopolitique des États-Unis, assène un coup dur aux espoirs d’Erdogan pour une relation étroite avec la nouvelle administration

WASHINGTON D.C.: Après les quatre années tumultueuses du règne de Donald Trump, Joe Biden est entré à la Maison Blanche avec un programme national chargé, notamment la pandémie en cours et ses répercussions économiques, mais aussi la question inquiétante des relations raciales. Rien que pour ces raisons, on pourrait s’attendre à ce que Biden mette les relations étrangères de l’Amérique en attente, du moins pour le moment.

Toutefois, Biden possède une solide expérience en matière de diplomatie de haut niveau, avec à son actif de nombreuses années qui l’ont vu s’impliquer auprès des amis comme des ennemis des États-Unis, et défendre ses intérêts à l'étranger. À présent qu’il occupe le plus haut poste du pays, il s’est engagé à restaurer l’image de son pays sur la scène internationale.

Coïncidence, le mandat de Biden débute à peine quelques jours avant que les pourparlers tant attendus entre la Grèce et la Turquie n’aient lieu à Istanbul, un nouveau tour de discussions dans un conflit territorial qui s’éternise et menace la paix en mer Méditerranée.

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Une photo publiée par le ministère grec de la Défense nationale le 26 août 2020 montre des navires de la marine hellénique pendant un exercice militaire en Méditerranée orientale, le 25 août 2020. (Photo, AFP/Ministère grec de la Défense/Archives)

Retardées de plusieurs mois, et survenues dans un contexte de relâchement relatif des tensions, les pourparlers entre la Grèce et la Turquie sont, ressurgis du moins; une tentative aux attentes minimales. Les pourparlers ont repris après une pause de cinq ans, reprenant là où ils s'étaient arrêtés en 2016.

Peu de progrès sur la voie de la normalisation des relations ont été réalisés entre 2002 et 2016, période au cours de laquelle une soixantaine de séries de pourparlers ont eu lieu. Et il y a peu de raisons de croire que les choses seront différentes cette fois-ci.

Mais Biden n'est pas Trump. Il lui ne lui faudra pas longtemps pour se familiariser avec le différend en Méditerranée orientale, et sa participation active à un potentiel règlement à travers son département d’État ne fait aucun doute.

De plus, Biden mettra fin à la pratique de la diplomatie directe de l'ère Trump entre la Maison Blanche et le président turc Recep Tayyip Erdogan, préférant plutôt agir par les canaux institutionnels standard.

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan (à gauche) et le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis (à droite) se serrent la main devant le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu (au centre) lors d'une réunion bilatérale en marge du sommet de l'OTAN à l'hôtel Grove à Watford, au nord-est de Londres. (Photo, AFP/Murat Cetinmuhurda/Service de presse présidentiel turc/Archives)

La Grèce a des raisons d'être optimiste quant à la position américaine. Biden a souvent appuyé la position grecque en vue d’un désamorçage de la crise, préférant invariablement la voie du dialogue et du recours au droit international. Il est également un partisan des droits religieux de la minorité grecque en Turquie, et particulièrement du rôle du patriarcat à Istanbul.

Dans tous les cas, les relations gréco-américaines sont à leur apogée, renforcées lors des années Trump par de multiples accords sur le commerce et la défense mutuelle.

 

EN BREF Grèce-Turquie

  • La Turquie se classe au 11ième rang des puissances militaires mondiales.
  • La Grèce se classe au 29ième rang comme puissance militaire mondiale.
  • Le budget militaire annuel de la Turquie est de 18,2 milliards de dollars.
  • Le budget militaire annuel de la Grèce est de 7 milliards de dollars.

Biden s'est également entouré de diplomates et de conseillers chevronnés qui ont travaillé avec lui pendant ses huit ans en tant que vice-président de Barack Obama, et dont le souci de paix et de stabilité dans la région s’accorde avec le discours et les initiatives politiques grecques.

En revanche, un gros point d’interrogation plane au-dessus du dossier turc à Washington. La relation florissante entre Ankara et Moscou, et l’achat du système de défense antimissile russe, le S-400, ont conduit à des sanctions américaines que Biden ne sera sûrement pas pressé de lever.

La position de la Turquie au sein de l’OTAN est affaiblie, et les États membres, dont la France, remettent en question sa fiabilité. En effet, Washington considère la présence du S-400 sur le sol turc comme une véritable menace pour ses avions de combat, les F-35, ainsi que pour les systèmes de défense de l'OTAN en général.

Ce n’est pas le seul problème qui nuit à la relation entre les États-Unis et la Turquie. Ankara continue de se plaindre du rôle qu’elle impute aux États-Unis dans la tentative de coup d'État de 2016. Elle nie aussi les accusations de Washington contre la banque publique Halkbank, soupçonnée d’aider l'Iran à échapper aux sanctions américaines.

Plus révélateur encore est le point de vue qui a émergé des discussions entre Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale de Biden, et Bjoern Seibert, chef du cabinet de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui «ont accepté de travailler ensemble sur des questions d'intérêt mutuel, notamment la question de la Chine et de la Turquie», selon un communiqué de la Maison Blanche.

Lier la Turquie à la Chine, le principal adversaire géopolitique des États-Unis, assène un coup dur aux espoirs d’Erdogan pour une relation étroite avec la nouvelle administration.

Si les États-Unis choisissent de s'impliquer dans le différend Grèce-Turquie, Athènes s'attend à juste titre à en récolter les fruits. Il serait pourtant prématuré de supposer que l'administration Biden exercera forcément des pressions sur la Turquie.

Premièrement, les entretiens préparatoires sont informels et ne nécessitent aucune médiation. Se parler directement, même si les désaccords sont importants, est préférable aux médiateurs externes.

Deuxièmement, la Turquie tente actuellement d’améliorer ses relations avec l'Occident ainsi qu'avec les pays plus proches de son pays, particulièrement les États du Golfe et Israël. Les États-Unis donneront probablement à Ankara le bénéfice du doute, du moins initialement, ainsi que le temps de prouver sa volonté d’une coopération constructive.

Troisièmement, malgré tous les récents actes de bravade de la Turquie, le pays reste un allié potentiellement important pour les États-Unis dans une région fortement instable. Non seulement la Turquie possède la deuxième plus grande armée de l’OTAN, mais elle a également une position stratégique pour freiner les ambitions de la Russie au Moyen-Orient, surtout en Syrie.

Quand les pourparlers ont pris fin le 25 janvier, quelques observations s’imposaient.

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Recep Tayyip Erdogan, en tant que président et chef du parti de la Justice et du développement (AK), prend la parole lors d'une réunion du groupe parlementaire, le 27 janvier 2021, à la Grande Assemblée nationale, à Ankara, en Turquie. (Photo, AFP/Archive)

Bien que les pourparlers aient été prévus pour se dérouler à un niveau purement technique, la délégation turque comprenait le conseiller de confiance d'Erdogan, Ibrahim Kalin. Cette décision voulait sans doute souligner la bonne foi d’Ankara, un message que son ministre des Affaires étrangères a communiqué aux responsables de l’UE la veille.

Un autre fait intéressant est que les deux parties ont suivi la pratique courante de ne pas révéler le contenu de leurs discussions. C'est en grande partie un signe positif, car les fuites de presse ont généralement pour but de rejeter la faute sur le côté opposé et de miner les perspectives d’un résultat positif.

Plus encourageant encore, la Grèce et la Turquie ont convenu de procéder au prochain cycle de négociations en mars, cette fois à Athènes.

Washington, tout comme Bruxelles, ont salué les discussions et insisté sur l’importance l'importance d’un dialogue fructueux entre les deux pays. Confirmant leur tentative d'adopter une approche raisonnable, les États-Unis continueront d'encourager Athènes et Ankara à résoudre au moins certains de leurs différends.

Pour la Grèce, ceux-ci sont limités et spécifiques: la détermination du plateau continental en mer Égée et la délimitation des zones économiques exclusives (ZEE) respectives des deux pays.

Pour la Turquie, en revanche, la liste comprend des questions telles que les droits des minorités, la démilitarisation des îles grecques du Dodécanèse et l’ajustement des frontières maritimes de la Grèce sur la mer Égée (6 milles) avec son espace aérien dans la même région (10 milles).

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Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a des raisons d'être optimiste quant à la position américaine sous l'administration Biden. (Photo, AFP/Archives)

Ce qui est certain, sauf pour de grosses surprises, c'est que les États-Unis et l'UE s'abstiendront d’imposer de nouvelles sanctions contre Ankara.

Les problèmes préexistants liés au différend égéen et au problème chypriote, principaux sujets de discorde depuis de nombreuses décennies, ont été récemment aggravés par des jeux à somme nulle avec l'exploration des hydrocarbures en Méditerranée orientale, ainsi que par la crise des migrants et des réfugiés, exacerbée par les effets de la pandémie de la Covid-19.

Le fait que d'autres États ayant des intérêts dans la région, tels que Chypre, Israël, la France, l'Italie, la Libye et l'Égypte, fassent désormais partie du différend, encore plus étendu, en Méditerranée orientale amplifie les enjeux et pousse Athènes et Ankara à adopter des positions extrêmes.

Malgré tout le désir de Washington de voir un retour à la normale entre la Grèce et la Turquie, il est très improbable que des progrès concrets soient accomplis dans les mois à venir.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël frappe à nouveau le sud du Liban, un an après le cessez-le-feu

L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
L'armée israélienne a déclaré avoir mené jeudi une série de frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, la dernière en date malgré le cessez-le-feu conclu il y a un an avec le groupe militant. (X/@fadwa_aliahmad)
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  • L’armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, ciblant des infrastructures et des sites d’armes du Hezbollah, malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis un an
  • Le gouvernement libanais est accusé par Israël et les États-Unis de tarder à démanteler la présence militaire du Hezbollah dans la zone frontalière, tandis que Beyrouth dément toute faute et rejette les accusations israéliennes

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé jeudi avoir mené de nouvelles frappes contre le Hezbollah dans le sud du Liban, au moment où elle intensifie ses attaques sur le territoire libanais malgré un cessez-le-feu avec le mouvement pro-iranien qu'elle accuse de chercher à se réarmer.

"Il y a peu, l'armée israélienne a frappé et démantelé des infrastructures terroristes du Hezbollah dans plusieurs zones dans le sud du Liban", écrit l'armée dans un communiqué.

"Dans le cadre de ces frappes, l'armée a visé plusieurs sites de lancement où des armes du Hezbollah étaient stockées", ajoute le communiqué, qui précise que les frappes ont également touché des "postes militaires utilisés par des membres du Hezbollah pour mener des attaques terroristes".

L'agence de presse d'Etat libanaise ANI a annoncé une série de "raids aériens israéliens sur Al-Mahmoudiya et Al-Jarmak dans la région de Jezzine."

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, signé il y a un an jour pour jour, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Mercredi, le ministre israélien de la Défense Israël Katz avait averti qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré M. Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

La Présidence libanaise a publié mercredi une déclaration du président Joseph Aoun qui "a rejeté les allégations israéliennes qui portent atteinte au rôle de l'armée et remettent en question son travail sur le terrain, notant que ces allégations ne reposent sur aucune preuve tangible."


Un an après le cessez-le-feu au Liban, la paix reste fragile alors que les violations israéliennes se multiplient

Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
Cette frappe est la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième à avoir lieu sans avertissement préalable. (Photo d'archive: AFP)
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  • Le cessez-le-feu demeure extrêmement fragile : plus de 5 000 violations israéliennes, une frappe majeure à Beyrouth et un risque réel d’escalade malgré les appels internationaux à la retenue
  • Le Sud-Liban vit une crise humanitaire profonde, avec des villages détruits, jusqu’à 70 000 déplacés et une population abandonnée entre l’État libanais et le Hezbollah

BEYROUTH : Alors que le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah s'apprête à entrer dans sa deuxième année vendredi, les signaux d'alarme retentissent plus fort que jamais quant au risque d’une reprise du conflit au Liban.

L’assassinat dimanche dernier de Haytham Ali Tabatabai, chef militaire du Hezbollah et deuxième figure la plus puissante du mouvement après le secrétaire général Naim Qassem, lors d’une attaque audacieuse dans la banlieue sud de Beyrouth, a brisé les espoirs d’une stabilité durable.

La réponse du Hezbollah — qu’elle prenne la forme d’une action militaire ou d’un simple blâme diplomatique, comme certains cadres l’ont laissé entendre — pourrait déterminer si le cessez-le-feu survivra.

Cette frappe représente la cinquième opération israélienne visant la banlieue sud depuis le 27 novembre 2024, et la deuxième menée sans avertissement préalable.

Les registres officiels font état de 5 350 violations israéliennes du cessez-le-feu en douze mois. Ces violations ont coûté la vie à plus de 340 personnes — principalement des combattants et commandants du Hezbollah, mais aussi des civils, dont des enfants et des femmes — et ont blessé plus de 650 autres.

Dans une escalade notable, les forces israéliennes ont frappé pour la première fois Aïn Al-Héloué, un camp de réfugiés palestiniens.

Les violations répertoriées comprennent 2 198 incursions terrestres, 2 983 opérations aériennes et 169 violations maritimes.

Les forces de maintien de la paix de l’ONU dressent un tableau encore plus sombre, rapportant plus de 7 500 violations aériennes et environ 2 500 violations terrestres au nord de la Ligne bleue depuis l’accord de l’an dernier, ainsi que la découverte et la saisie de plus de 360 caches d’armes abandonnées, remises à l’armée libanaise.

La stratégie d’Israël s’apparente à une campagne d’usure progressive contre le Hezbollah, visant à réduire systématiquement ses capacités tandis que l’armée libanaise s’emploie à désarmer le groupe au sud du fleuve Litani.

L’armée affirme avoir rempli plus de 80 % de ce mandat, avec une échéance fixée à la fin de l’année avant que les opérations ne s’étendent vers le nord — une zone dans laquelle le Hezbollah refuse catégoriquement de rendre ses armes, estimant que la décision revient aux dirigeants politiques libanais.

Le conflit lui-même a porté de lourds coups au Hezbollah, décimant ses rangs et infligeant des pertes catastrophiques à ses stocks d’armement. Mais le plus inquiétant est peut-être l’empiètement physique d’Israël sur le territoire libanais.

Les observateurs de l’ONU ont documenté la construction par l’armée israélienne de murs en T en béton près de la Ligne bleue. Des relevés confirment que ces barrières s’enfoncent dans le territoire libanais au sud-ouest de Yaroun, isolant plus de 4 000 m² de terres libanaises. Des constructions similaires sont apparues au sud-est de la même ville ces dernières semaines.

Plus largement, les forces israéliennes contrôlent cinq positions réparties sur 135 km de territoire libanais — des Fermes de Chebaa à Ras Al-Naqoura — situées 500 à 1 000 mètres au-delà de la Ligne bleue.

L’ONU a exigé des enquêtes rapides et impartiales sur les opérations militaires israéliennes, en particulier la frappe contre le camp de réfugiés palestiniens, évoquant des violations potentielles du droit international humanitaire et appelant à la reddition de comptes.

Vingt ressortissants libanais croupissent dans les prisons israéliennes, principalement à Ofer, parmi lesquels dix membres du Hezbollah capturés lors de combats près d’Aïta Al-Chaab, un officier de marine enlevé lors d’un raid commando, et neuf civils. Leurs familles n’ont reçu aucune information officielle du Comité international de la Croix-Rouge sur leurs conditions ou leur état de santé.

Une source officielle libanaise a estimé que « la libération des détenus fait partie des termes de l’accord de cessez-le-feu, tout comme le retrait des territoires occupés, et le Liban ne détient aucun prisonnier israélien en échange. »

La politique de la terre brûlée menée par Israël dans les villages frontaliers s’est poursuivie, les attaques visant toute tentative de reconstruction. La Banque mondiale estime le coût des travaux à environ 11 milliards de dollars.

« Entre 10 et 15 villages ont été complètement rayés de la carte », affirme Tarek Mazraani, ingénieur à Houla et coordinateur du « Rassemblement des villages frontaliers du Sud ».

Mazraani estime que 65 000 à 70 000 personnes restent déplacées de leurs maisons et de leurs villages détruits.

« Ceux qui sont revenus sont ceux qui ne peuvent littéralement aller nulle part ailleurs, principalement des personnes âgées vivant au milieu des décombres, exposées quotidiennement à l’horreur des bombardements et aux couvre-feux, sans aucun hôpital pour les soigner », a-t-il déclaré à Arab News.

Toute personne souhaitant enterrer un proche doit obtenir l’autorisation de la FINUL, qui informe ensuite Israël pour permettre l’inhumation.

« Malgré cela, l’armée israélienne bombarde à chaque fois les abords du cortège funéraire », ajoute Mazraani.

Il précise que les déplacés ont loué des logements à Nabatiyé, Tyr, Saïda, Iqlim Al-Kharroub, dans la banlieue sud de Beyrouth et au Mont-Liban. La plupart sont agriculteurs, mais on compte aussi des enseignants, des ingénieurs, des travailleurs indépendants et des membres des forces de sécurité.

« Depuis la fin de la guerre, ces gens sont laissés sans aucun soutien officiel ou partisan. L’un des habitants les plus riches de la région, qui a tout perdu, travaille désormais comme livreur », dit-il.

Les personnes déplacées sont prises entre l'État parallèle du Hezbollah et l'État libanais : « Tout le monde exploite leur tragédie, même au sein de notre propre communauté du sud. Les loyers sont extrêmement élevés et nous ne nous sentons jamais chez nous. »

L’un d’eux, qui souhaite rester anonyme, explique : « Ceux qui ne sont affiliés à aucun parti sont loin de la politique. Notre seule préoccupation est d’assurer notre subsistance et une couverture financière en cas d’hospitalisation. Nous nous sentons orphelins et abandonnés, surtout quand une institution du Hezbollah nous dit qu’elle n’a plus d’argent. »

Il ajoute : « Les habitants des zones détruites paient le prix fort. Certains en veulent au Hezbollah pour la guerre et les milliers de morts qu’elle a entraînés, tandis que d’autres craignent que l’autre camp se réjouisse de notre malheur sans jamais nous rassurer. »

Les attentes libanaises face aux menaces israéliennes de relancer la guerre — sapant l’accord de cessez-le-feu négocié par la France et les États-Unis et dont les termes ressemblent fortement aux points principaux de la résolution 1701 — restent contradictoires.

Certains observateurs politiques jugent ces menaces « exagérées », tandis que d’autres estiment qu’« une frappe est inévitable mais n’aboutira pas à une guerre totale ; elle vise à pousser le Liban à négocier ».

Plus tôt ce mois-ci, le président libanais Joseph Aoun a déclaré : « Le Liban n’a pas d’autre choix que de négocier, et le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre. »

Le Premier ministre Nawaf Salam l’a confirmé, exprimant son espoir d’un « soutien américain à une solution diplomatique ».

Pour l’heure, cependant, des négociations directes entre le Liban et Israël restent totalement exclues.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.