Amazon parée pour continuer de régner même avec un Bezos plus distant

Dans ce fichier, la photo montre le logo Amazon dans l'un des centres de l'entreprise à Brétigny-sur-Orge le 28 novembre 2019. (AFP)
Dans ce fichier, la photo montre le logo Amazon dans l'un des centres de l'entreprise à Brétigny-sur-Orge le 28 novembre 2019. (AFP)
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Publié le Jeudi 04 février 2021

Amazon parée pour continuer de régner même avec un Bezos plus distant

  • Le destin de la librairie en ligne devenue colosse des technologies semblait intimement liée à la vision et à la détermination d'un homme, Jeff Bezos
  • Le milliardaire américain, qui a fondé Amazon dans un garage en 1994, a bien précisé dans sa lettre à ses employés mardi, qu'il ne « prenait pas sa retraite »

SAN FRANCISCO : Le destin de la librairie en ligne devenue colosse des technologies semblait intimement liée à la vision et à la détermination d'un homme, Jeff Bezos. Sa décision de donner, d'ici l'automne, les commandes d'Amazon au quotidien à Andy Jassy, actuel patron de la branche de cloud (informatique à distance), soulève donc de nombreuses questions.

Amazon reste-t-il un géant sans Jeff Bezos aux manettes ?

Le milliardaire américain, qui a fondé Amazon dans un garage en 1994, a bien précisé dans sa lettre à ses employés mardi (1,3 million de personnes dans le monde), qu'il ne « prenait pas sa retraite ». En tant que président du conseil d'administration, il garde le pouvoir.

« Il s'était déjà retiré de l'essentiel des décisions à prendre au jour le jour (...) depuis 2016 », a souligné Doug Anmuth de JPMorgan. « Nous nous attendons à ce qu'il reste impliqué dans les décisions stratégiques essentielles. »

En outre, Andy Jassy n'est pas un petit nouveau. Le futur directeur général a rejoint la société de Seattle en 1997, comme directeur du marketing. Il a fondé la branche de cloud, Amazon Web Services, en 2003. Amazon domine aujourd'hui largement ce secteur devenu l'infrastructure fondamentale d'internet.

La nouvelle n'a pas suscité de mouvement majeur sur les marchés, et les observateurs ne s'inquiètent pas pour l'entreprise.

D'autant qu'elle sort très renforcée de la crise sanitaire qui l'a propulsée au rang de service quasi d'intérêt public, entre les serveurs qui alimentent de nombreuses industries et des services comme Netflix et les livraisons rapides.

Une position renforcée qui devrait perdurer « même après le retour à la normale », ont commenté les analystes de Canaccord.

Qu'est-ce qui attend le nouveau patron ?

Dans son ascension, Amazon s'est fait de nombreux ennemis. L'entreprise fait l'objet d'enquêtes de diverses autorités de régulation de la concurrence dans le monde.

Le groupe se voit notamment reprocher son statut de juge et partie sur sa plateforme de e-commerce.

« Amazon est seulement intéressé par l'exploitation de son monopole sur les ventes en ligne », a déclaré l'élu démocrate David Cicilline, lors d'une audition fin juillet. « Son double rôle d'hébergeur et de marchand sur la même plateforme est fondamentalement anti-concurrentiel. Le Congrès doit prendre des mesures ».

Jeff Bezos a martelé sa différence avec les sociétés de la Silicon Valley, en faisant valoir que son groupe « ne compte que pour 1% du marché mondial de la distribution, et 4% aux États-Unis », et qu'il avait créé « plus d'emplois aux États-Unis pendant la décennie écoulée que tout autre ».

Amazon dispose de nombreux atouts pour faire face aux critiques, dont son directeur de la communication, Jay Carney, qui connaît bien la Maison Blanche puisqu'il a été le porte-parole de Barack Obama.

Mais le nouveau directeur général ne devrait pas échapper à des questions difficiles, y compris sur le front social.

Quelles seront les priorités d'Andy Jassy ?

« Nous avons entendu des inquiétudes sur l'expérience plus limitée de Jassy dans la distribution », a noté M. Anmuth. « Mais nous ne pensons pas que beaucoup de choses vont changer. (...) Jassy va certainement continuer avec les mêmes valeurs et principes que Bezos ».

Selon plusieurs analystes, le choix de donner les rênes à ce responsable de 53 ans signale la détermination du groupe à rester leader de l'informatique à distance, un secteur où Microsoft et Google le talonnent.

Amazon détenait 32% du marché des infrastructures de cloud fin 2020, tandis que la part de Microsoft est montée à 20%, d'après Synergy Research.

Andy Jassy va aussi devoir s'occuper du reste de l'empire.

C'est un dirigeant « qui met la main à la pâte », a remarqué Daniel Newman de Futurum Research. « Il relit les communiqués de presse et surveille les lancements de produits, les événements, les échanges, et plus encore ».

« Il va être observé comme (le patron d'Apple) Tim Cook: un opérationnel avec un excellent CV, mais est-il le visionnaire qui peut emmener Amazon au niveau supérieur ? Nous avons des raisons de croire qu'il en a les moyens », poursuit-il.

Que va faire Jeff Bezos ?

Il a dit vouloir se concentrer sur sa société spatiale Blue Origin, ses organisations philanthropiques Day 1 Fund et Bezos Earth Fund, ainsi que sur le quotidien Washington Post, dont il est propriétaire.

Mais Jeff Bezos va aussi peser de tout son poids dans les inventions et autres idées risquées.

« Nous avons des projets dans les tuyaux qui vont continuer de vous ébouriffer », a-t-il écrit.


Le pétrole faiblit après l'augmentation de la production de l'Opep+

Cette décision marque la dernière étape d'un renversement progressif des réductions volontaires de production de 2,2 millions de barils par jour mises en œuvre par huit membres de l'OPEP+ en 2023.
Cette décision marque la dernière étape d'un renversement progressif des réductions volontaires de production de 2,2 millions de barils par jour mises en œuvre par huit membres de l'OPEP+ en 2023.
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  • Ryad, Moscou et six autres membres du cartel ont annoncé une hausse de leur « production de 547 000 barils par jour en septembre 2025 par rapport au niveau de production » en août, a indiqué l'Opep dans un communiqué.
  • Pour l'instant, les prix du pétrole ont mieux résisté que prévu au début de la réouverture des vannes en avril, soutenus par une demande estivale traditionnellement forte et une prime de risque géopolitique élevée.

LONDRES : Les cours du pétrole ont baissé lundi, après l'annonce dimanche par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) d'une forte hausse de la production, le marché anticipant une offre abondante au quatrième trimestre.

Ryad, Moscou et six autres membres du cartel ont annoncé une hausse de leur « production de 547 000 barils par jour en septembre 2025 par rapport au niveau de production » en août, a indiqué l'Opep dans un communiqué.

Cette décision, attendue par le marché, marque le retour complet de l'une des trois tranches de réduction de la production, celle de 2,2 millions de barils par jour, que l'Opep+ avait mises en œuvre en 2022 et 2023 pour lutter contre l'érosion des prix.

Vers 9 h 30 GMT (11 h 30 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre perdait 1,15 % à 68,87 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate pour livraison en septembre, perdait 1,22 % à 66,51 dollars. 

« La question est maintenant de savoir si le groupe va commencer à mettre en œuvre la prochaine série, soit 1,66 million de barils par jour », affirme Arne Lohmann Rasmussen, de Global Risk Management.

Pour l'instant, les prix du pétrole ont mieux résisté que prévu au début de la réouverture des vannes en avril, soutenus par une demande estivale traditionnellement forte et une prime de risque géopolitique élevée.

Mais à partir de l'automne, « l'équilibre entre l'offre et la demande indique des prix du pétrole plus bas », précise l'analyste.

Si rien ne change sur le marché, « le groupe a terminé ses hausses d'approvisionnement », selon les analystes d'ING. Beaucoup dépend cependant « de ce qui arrivera aux flux pétroliers russes ».

La semaine dernière, Donald Trump a menacé Moscou de sanctions si le conflit en Ukraine ne prenait pas fin d'ici « dix jours ».

Il a notamment évoqué des « droits de douane secondaires » pour les pays qui continuent d'acheter des produits provenant de Russie, ciblant notamment l'Inde, deuxième acheteur de pétrole russe après la Chine, avec près de 1,6 million de barils par jour.

« Si aucun autre acheteur ne se présentait pour ce pétrole, l'excédent prévu pour le quatrième trimestre et l'année 2026 serait effacé, ce qui laisserait l'opportunité à l'Opep+ d'augmenter encore sa production », expliquent les analystes d'ING.


Le dollar hésitant, le franc suisse toujours affecté par les droits de douane

Le président du Credit Suisse, Axel Lehmann, affirme que la banque a déjà pris « le médicament » pour réduire les risques (Shutterstock)
Le président du Credit Suisse, Axel Lehmann, affirme que la banque a déjà pris « le médicament » pour réduire les risques (Shutterstock)
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  • Vendredi, le rapport mensuel du ministère du Travail a montré que moins d'emplois avaient été créés aux États-Unis en juillet, mais aussi les mois précédents, ce qui a fait bondir la probabilité d'une baisse des taux en septembre.
  • Le franc suisse continue de pâtir des droits de douane exorbitants de 39 % visant les importations suisses aux États-Unis, annoncés par Donald Trump le 1er août.

LONDRES : Le dollar tangue lundi, après avoir dévissé en fin de semaine en raison de la dégradation du marché de l'emploi américain, tandis que le franc suisse souffre des surtaxes douanières qui doivent entrer en vigueur jeudi.

Vers 9 h 40 GMT (11 h 40, heure de Paris), la devise américaine progressait de 0,09 % par rapport à l'euro, à 1,1576 dollar, et reculait de 0,20 % contre la livre britannique, à 1,3306 dollar.

Vendredi, le rapport mensuel du ministère du Travail a montré que moins d'emplois avaient été créés aux États-Unis en juillet, mais aussi les mois précédents, ce qui a fait bondir la probabilité d'une baisse des taux en septembre.

Mais les membres de la Réserve fédérale (Fed) ont récemment « rejeté l'idée qu'une telle baisse était acquise », tempère Derek Halpenny, de MUFG.

Après un début d'année en forte baisse (- 10,7 % sur les six premiers mois de l'année), la devise américaine avait remonté d'environ 3,3 % au mois de juillet, d'après l'indice dollar, qui la compare à un panier d'autres grandes monnaies.

M. Halpenny souligne que « l'une des conséquences des mauvaises données de vendredi est la possibilité » que le dollar réagisse à nouveau « négativement » aux nouvelles annonces douanières, alors qu'il semblait y être immunisé depuis quelque temps.

Les menaces de Donald Trump sur l'indépendance de la Fed constituent une nouvelle ombre au tableau pour le dollar.

Vendredi, le président républicain a demandé le renvoi de la cheffe de la principale agence de statistiques économiques des États-Unis, l'accusant de manipuler les chiffres de l'emploi à des fins politiques, ce qui a surpris certains économistes.

Le même jour, l'une des gouverneurs de la Fed, Adriana Kugler, a annoncé sa démission, à quelques mois de la fin de son mandat.

Son successeur, qui sera désigné par Donald Trump, pourrait à terme remplacer le président de la Fed, Jerome Powell, lorsqu'il quittera son poste en mai prochain. Il sera probablement « plus enclin à acquiescer aux demandes de baisse des taux du président Trump », estime Kathleen Brooks, de XTB.

Le franc suisse continue de pâtir des droits de douane exorbitants de 39 % visant les importations suisses aux États-Unis, annoncés par Donald Trump le 1^(er) août.

La devise helvétique reculait de 0,53 % lundi, à 0,8083 franc suisse pour un dollar.

Les analystes s'attendent par ailleurs à ce que la Banque d'Angleterre abaisse son taux directeur d'un quart de point de pourcentage jeudi, pour le ramener à 4 %. 

Cours du lundi et celui du vendredi 

09:40 GMT – 21:00 GMT

EUR/USD: 1.1576 to 1.1587

EUR/JPY: 170.97 – 170.79

EUR/CHF: 0.9357 – 0.9315

EUR/GBP: 0.8699 – 0.8725

USD/JPY: 147.69 to 147.40

USD/CHF: 0.8083–0.8040

GBP/USD: 1.3306/1.3279


Pétrole : dernière salve de l'Opep+ avant une pause

Une réunion virtuelle a eu lieu en marge de la 38e réunion ministérielle de l'OPEP et des pays non membres de l'OPEP. (Photo Fournie)
Une réunion virtuelle a eu lieu en marge de la 38e réunion ministérielle de l'OPEP et des pays non membres de l'OPEP. (Photo Fournie)
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  • En pleine reconquête de parts de marché, Ryad, Moscou et six autres producteurs de pétrole de l'Opep+ se réunissent dimanche pour, selon toute attente, augmenter une nouvelle fois leurs quotas.
  • Bousculé à la fois par la politique commerciale erratique de Donald Trump et par les tumultes géopolitiques mondiaux qui menacent l'approvisionnement, l'avenir du marché pétrolier est difficile à prédire pour les experts.

LONDRES : C'est devenu un rendez-vous mensuel : en pleine reconquête de parts de marché, Ryad, Moscou et six autres producteurs de pétrole de l'Opep+ se réunissent dimanche pour, selon toute attente, augmenter une nouvelle fois leurs quotas.

La rencontre en ligne des huit ministres de l'Énergie doit fixer l'objectif pour septembre et parachever une série de hausses entamée en avril.

Début juillet, ils avaient déjoué les pronostics en accélérant le rythme à 548 000 barils par jour (b/j), contre 411 000 les mois précédents. Ils devraient poursuivre sur cette cadence, selon les analystes interrogés par l'AFP.

Selon Giovanni Staunovo d'UBS, cette hausse est « largement prise en compte dans les prix » et il ne prévoit pas de remous à la réouverture des marchés lundi.

Le cours du Brent, référence mondiale, évolue actuellement autour de 70 dollars. Si l'on est loin des sommets à 120 dollars atteints au printemps 2022 à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) préfèrent désormais se concentrer sur la reconquête du terrain.

Ils ont opéré ce tournant ces derniers mois, après avoir longtemps lutté contre l'érosion des prix en organisant une raréfaction de l'offre via plusieurs coupes de production.

C'est l'une d'entre elles, de 2,2 millions de barils par jour, consentie par l'Arabie saoudite, la Russie, l'Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l'Algérie et Oman, qui est actuellement réintroduite sur le marché. 

- « Trouver un équilibre » -

Une hausse de 548 000 barils par jour signifierait le retour complet de cette tranche, avant des horizons plus incertains.

« Notre scénario de base parie sur le fait que le groupe marquera ensuite une pause dans ses hausses », avance Warren Patterson, chez ING.

Les prix du pétrole ont mieux résisté que prévu au début de la réouverture des vannes en avril, soutenus par une demande estivale traditionnellement forte et une prime de risque géopolitique élevée, notamment depuis le début de la guerre entre l'Iran et Israël.

De plus, entre mars et juin, l'augmentation effective de la production a été moindre que celle des quotas affichés sur la même période, comme le soulignait récemment M. Staunovo dans une note.

Cependant, « le marché devrait connaître un excédent important d'offre de pétrole à partir du quatrième trimestre de cette année, et l'Opep+ devra veiller à ne pas aggraver cet excédent », estime M. Patterson.

« L'alliance s'efforce de trouver un équilibre entre regagner des parts de marché et éviter une chute brutale des cours du pétrole », ajoute Tamas Varga, de PVM.

L'Arabie saoudite, son membre le plus influent, compte particulièrement sur la rente pétrolière pour financer ses projets d'investissement et de modernisation du pays.

Pour l'instant, le retour des autres coupes de production (environ 3,7 millions de barils par jour) doit être discuté lors de la prochaine réunion ministérielle de l'Opep+ fin novembre, avec l'ensemble des 22 membres cette fois. 

- Environnement instable -

Bousculé à la fois par la politique commerciale erratique de Donald Trump et par les tumultes géopolitiques mondiaux qui menacent l'approvisionnement, l'avenir du marché pétrolier est difficile à prédire pour les experts.

Dernier rebondissement en date, le président américain a donné mardi un délai de « dix jours » à Moscou pour mettre un terme au conflit en Ukraine, sous peine de sanctions américaines contre la Russie.

« Nous allons imposer des droits de douane et d'autres choses », a averti le milliardaire républicain, qui avait précédemment évoqué une surtaxe indirecte de 100 % sur les pays qui achètent des produits russes, notamment des hydrocarbures, afin d'assécher les revenus de Moscou.

Le locataire de la Maison Blanche a notamment ciblé l'Inde, deuxième importateur de barils russes avec environ 1,6 million de barils par jour depuis le début de l'année.

Cela pourrait inciter l'Opep+ à poursuivre son offensive. Mais elle « ne réagira qu'en cas de perturbations réelles de l'offre », estime Giovanni Staunovo.